Un mort tout neuf nous fait vivre un moment de deuil sur quatre jours, ils dépeignent les quatre moments, la surprise, le souvenir, le vide et l'acceptation, qui relient encore le mort aux siens juste avant que l'oubli éloigne peu à peu ses souvenirs. C'est tout neuf, tout frais, douloureux, sensible, funeste, affligeant et c'est tout autant sympathisant.
Le mort tout neuf n'est autre que Albert Singer, homme célibataire de la cinquantaine qui meurt brusquement chez sa maitresse que, sa famille, ni ses amis ne connaissent. Il y règne une atmosphère de sympathie et d'humanité à travers la surprise et les souvenirs, les personnages interviennent à tour de rôle et chacun finit par penser à sa propre mort. Sur un fond sinistre, Eugène Daddit mène une étude de la société de l'époque avec des rencontres amoureuses par correspondance occasionnés par des annonces dans les journaux, la femme actrice qui est traitée de poulet, la chasse au testament...
Bien que l'écriture soit vieille mais la lecture est plaisante et les personnages attachants!
Commenter  J’apprécie         160
Une langue entre écrit et oral, et une voix légèrement désuète, un langage parlé qui appelle les voix un peu nasillardes des acteurs d'avant-guerre, qui va avec le zinc des comptoirs, les bidons de lait, les téléphones rares. Des vies ordinaires, des préoccupations, sentiments qui sont de tous temps (quelques modifications dans les formalités et les objets à travers les âges seulement) mais teintés par la société, l'époque. La méfiance de la soeur pour l'autre femme, la prise en charge des démarches par le beau-frère, le souci du fils pour ses parents, son attention, les frères, le choc, le désarroi de l'amante, et sa fuite intérieure, etc... Les notations qui laissent deviner des modes de vie, des ressources légèrement dissemblables. La famille, les souvenirs que l'on creuse, les solidarités qui se resserrent. L'énigme de la mort, les questions qu'on ne peut plus poser. Les amis, touchés, ou non, ou ennuyés. Les intérêts qui reprennent force. Des personnages qui ne sont pas présentés, dans la familiarité desquels on entre brusquement, et le poids de la mort qui influe brusquement sur les gestes, les actes, qui colore cette vie quotidienne qui, avec des adaptations provisoires, continue.
Commenter  J’apprécie         70
Mais le gros Édouard, c’est Albert qu’il regarde, son frangin qu’il retrouve comme huit jours avant, son frère bien-aimé dont le visage était à l’image du sien. Et, à présent, tous deux sont tête-à-tête, comme souvent… silencieux, mais ils n’avaient pas besoin de paroles pour se comprendre, ni de sourires, ni d’un seul geste, après tant d’années de vie commune.
Ils auraient dû en forcer la porte et l’arracher malgré lui à sa solitude… car il en crevait, ses recherches matrimoniales le prouvent bien.
Puisqu’on vit, il faut manger, cuisiner, recommencer les gestes quotidiens, rapprocher les deux tables, y poser les assiettes, les couverts, des bouteilles.
C’est la mort qui leur souffle presque chaque parole, qui commande à chacun de leurs gestes, elle qui a pris pour vivre la forme d’Albert.
Je lui ai remonté le moral, à Paula. « Vous, les Italiennes, je lui ai dit, vous êtes chaudes. Vous remettrez ça avec un autre homme. »
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel hôtel parisien incarne pour les touristes du monde entier le Paris du petit peuple de l'entre deux-guerres ? Au bord d'un canal… devant les péniches…
« L'Hôtel du Nord », d'Eugène Dabit, c'est à lire en poche chez Folio.