Sans doute l'une des dernières manifestations littéraires d'un authentique argot parisien et populaire; langage qui a disparu avec ceux qui en étaient les porteurs.
L'ouvrage risque donc bien de tomber désormais dans des oreilles sourdes à sa poésie ... Qui arpentera la Mouf contemporaine en comprendra fort bien les raisons. A la tienne Giraud !
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je me suis arrêtée à la p.56, je n'ai pas pu aller plus loin : pas du tout prise par l'histoire qui n'en est pas vraiment une (certes, il y a un narrateur, des rencontres, mais rien n'est lié, tout est décrit comme des épisodes sans queue ni tête) et par le style encore moins (et pourtant, il est très original, avec un vocabulaire très particulier du Paris des années cinquante, mais non, je n'accroche pas du tout)
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Un voyage dans Paris des années 40-50 dans les nuits avec tous les quartiers et ses personnages qui vivotent de tout et de rien, entre forts des halles et prostitués, poivrots et clochards, tenanciers de bars et habitués du zinx à toutes heures. Voyage en argot de plus, indispensable pour une plongée immersive d'une époque disparue, avec beaucoup de picoles.
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Robert Giraud fut un authentique piéton de Paris. Je ne sais pas s'il existe encore. J'ai tendance à croire, sans aucune nostalgie d'ailleurs, que ces rêveurs des rues sont morts en même temps que leur ville car de Paris aujourd'hui, il n'existe plus guère qu'une cité vidée de ses entrailles, comme une grande carcasse saignant encore un peu, mais dont les viscères et les organes vitaux s'entortillent dans un bac, non loin, presque étonnés d'être rejetés sur les marges, au-delà du périphérique, avec le sentiment amer d'être des laissés-pour-compte.
Paris demeure un nom pour touristes émerveillés qui vont de rues pittoresques en monuments, comme ils l'ont fait avant ou le feront après à Pompéi, à Gizeh, à Angkor, c'est-à-dire dans des lieux sublimes mais résolument défunts. Paris pour hommes d'affaires dépeçant la bête assassinée et se payant sur elle. (extrait de la préface rédigée par Philippe Claudel, mars 2009)
On but une longue gorgée avant d'allumer les cigarettes. Papillon qui avait chaud d'un revers de main remonta la visière de sa casquette qu'il ne quittait jamais et pour cause, elle lui servait enfoncée jusqu'au yeux à masquer le papillon, ailes déployées, qu'il s'était fait tatouer au milieu du front en correctance. C'était sa raison sociale : comme lui je vole, ça voulait dire tout simplement.
C'est en se frottant, une nuit, que Pierrot l'assassin s'était fait marquer en douce par une poupée, sa régulière tout simplement. Pierrot chassait dur dans une gosseline pendant que sa femme dévidait du ruban vers la Saint-Denis. Elle apprit l'aventure comme s'apprennent toujours les histoires de fesses, au cours d'une engueulade avec une voisine de persil.
Aux Innocents, la pute unijambiste sentinelle avancée veille droite sur ses béquilles. C'est la gagneuse du coin. Sa jambe, celle qui lui manque, est restée à Nantes, pendant les bombardements. - Elle est démerde, disent ses collègues, elle se chausse avec une bottine à lacets, comme les vieilles pierreuses, tous les vicelards la grimpent en passe. Qu'est ce qu'elle ramasse comme artiche ! Les patrons de la taule où elle va sont chouettes avec elle. Ils lui réservent toujours une piaule au rez-de-chaussée, faut être juste c'est une infirme, ça la fatigue moins que s'taper des escaliers.
Quelques mois avant sa mort, nous embauchâmes Fréhel la Grande pour venir chanter ses vieux succès. (...) En pantoufles sur des socquettes de laine rouge, en jupe noire plissée de fille des Halles, poings sur les hanches, dans un coin de la piste elle regardait la salle puis se tournait vers l'accordéoniste.
- Vas-y, minet vert ...
R. Giraud : Faune et flore argotique - A. Bruant : L'argot du XXème siècle
Olivier BARROT présente deux ouvrages sur l'argot :
- "Faune et flore argotiques "de
Robert GIRAUD aux éditions le Dilettante. Recueil composé de trois volumes.
- "L'argot du XXème siècle" d'Aristide BRUANT aux éditions Fleuve Noir.