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EAN : 9782070134007
104 pages
Gallimard (06/05/2011)
3.91/5   104 notes
Résumé :
Un seul soupir du chat défait tous les noeuds invisibles de l'air. Ce soupir plus léger que la pensée est tout ce que j'attends des livres.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Lu le 31 août 2021

Un des rares textes de Christian Bobin que je n'avais pas lu, déniché dans les rayonnages d'amis jurassiens, où j'étais invitée quelques jours…J'ai donc doublement savouré ce très beau texte, dans les belles montagnes du Jura…

Récit pétri d'émotion, d'instants fugitifs, miraculeux, d'autant plus intenses que ce récit se déroule dans un temps personnel particulièrement éprouvant : les visites de l'auteur à sa mère qui est en maison de retraite . « Chaque fois que je sors de la maison de retraite j'ai une vingtaine de visages étonnés dans mon panier. Je les mets sur la page, avec un peu d'encre aux joues ils retrouvent de vraies couleurs » (p. 50)

Un hymne répété à la Poésie comme respiration essentielle…
« Un jour nous comprendrons que la poésie n'était pas un genre littéraire mal vieilli mais une affaire vitale, la dernière chance de respirer le bloc du réel. « (p. 90 )

Il nous fait , comme toujours, ses enthousiasmes littéraires ; cette fois pour la poétesse, Marceline Desbordes-Valmore, et l'écrivaine du XIe, Sei Shônagon, avec ses « Notes de chevet »…et le peintre japonais, Hokusaï…

Une lecture toujours positive, aussi rêveuse que lucide sur notre monde si matérialiste !

« Sur le pont Alexandre III à Paris un marchand cuit des marrons en leur évitant de charbonner, les présente dans un cornet à double soufflet -- un pour les marrons, un pour les épluchures, et offre en plus un rince-doigts. Par son calme et son goût démodé de la perfection, il défait à lui seul la sinistre économie mondiale.”

« le monde est une plaque de plâtre qui se décolle d'un mur: ce qui apparaît dessous est d'une dureté de fer. Ne resteront bientôt de tendres que les nuages, les fleurs, et quelques visages de loups. (...)
Les livres sont des huttes pour les âmes, des mangeoires pour les oiseaux de l'éternel, des points de résistances. Je tends une main de papier à des êtres invisibles. « (p. 9)

Un très beau texte qui offre., comme chaque fois une pause poétique… et un grand bol d'air pur , dans notre quotidien terre-à-terre!!
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Quand j'entame un livre de Christian Bobin, c'est comme si j'ouvrais un bel écrin dans lequel se niche un trésor à la fois précieux et mystérieux.
Ce petit livre est un bijou, au détour de chaque phrase, on est tenté de s' arrêter tout simplement pour savourer, remâcher les mots, les envisager comme on le ferait d'une belle vue panoramique.
Il est impossible de raconter Bobin, c'est un petit souffle d'éternité, un regard malicieux et joyeusement nostalgique sur la vie et la mort.
Lire Bobin, c'est communier avec lui l'amour de vivre dans la pleine conscience d'une fin inéluctable.
À lire à toutes les saisons de la vie.
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Le monde meurt. Et c'est ainsi. Une fatalité. C'est bien pour cela qu'il faut savoir voir tout ce qu'il y a à voir, aussi insignifiant soit-il. Profiter de chaque instant pour contempler tout ce qui fait ce monde, tout ce qu'il a de beau, c'est quelque part ce qui nous rend éternels. C'est ainsi que j'ai ressenti ce récit qui est encore un coup de coeur pour moi. Christian Bobin nous parle des livres « Un poème palpite entre mes mains comme un moineau ressuscité. La beauté est de la digitaline pour le coeur. Je sens le souffle des mots à mon visage, comme d'une bombe lointaine« , de la musique « Un grand musicien est quelqu'un qui donne après plusieurs années de travail ce que donne le rossignol au premier jet de chant. ». Il nous parle de l'éternel, de l'immuable, de la mort « le premier, bras comblés de pains emmaillotés de papier brun, s'en va gaiement vers sa mort qui l'attend quelques années plus loin, éprise de celui qui vit sa vie inconsciente et de l'allègre odeur du pain chaud qui parfume ses vêtements.« Il parle de sa mère bientôt centenaire qui repense à sa jeunesse bercée par les poèmes De Lamartine, mais aussi de son père décédé. Il nous parle de peinture « le pharmacien badigeonne de Mercurochrome le genou écorché de l'enfant où le sang, en caillant, retient gravillons et étoiles. Matisse avec de larges appliques vertes, de jaune et de bleu badigeonne l'âme endolorie du spectateur, après l'avoir nettoyée du gravier de la mélancolie.« Il aime observer les gens, leurs instants de vie sans intérêts apparents comme cet homme qui va chercher son pain. Il cherche leur « âme » « Un jour les incessantes femmes d'affaires rencontrent quelque chose qui les arrache à leur modernité précautionneuse, défait sans douceur les bandelettes du chic et du lisse et confie à l'air pur l'immémoriale blessure d'enfance« . C'est un observateur, un contemplateur. Il aime à errer ainsi absorbant tout ce qui l'entoure, odeur, couleur, senteur et cetera « Je vais chercher mon pain, mes nuages et mes étoiles dans l'unique librairie du Creusot. L'acacia au bas de la rue du Guide surgit comme un donateur fou. Son haleine sent le miel et l'or.«

Il parle aussi de Rimbaud, de l'écriture, de la maison de retraite de sa mère, du monastère et de couleurs. Il rend éternel l'éphémère, en parlant beaucoup de la nature, et aussi de notre vie. Il rend LA vie éternelle, l'illumine, l'éclaire. le temps qui passe. « Nous usions du temps comme si nous allions toujours l'avoir à notre disposition. Au fond l'éternité nous est acquise. Nous le sentons et ce n'est pas la petite contradiction de la mort qui nous fera voir les choses autrement. » Il y a dans ce récit une connotation bien sûr religieuse, mais en fait peu importe. Que l'on ait cette croyance en Dieu ou pas, l'essentiel est la beauté de ce qu'il y dit, de sa poésie magnifique. Nous avons tous une croyance, qu'elle soit en Dieu, en nous ou ailleurs encore. Moi-même je n'ai pas cette croyance en Dieu et rassurez-vous, elle y est par touche et sans volonté de convertir quiconque. Et il sait de plus pratiquer l'auto-dérision, sans doute par rapport à ses détracteurs « Je parle si souvent de Dieu qu'on va finir par croire que je le connais ».

La mort est insignifiante et n'empêche pas l'éternité. Tout est dans la force de la contemplation, la nature, les animaux, le monde. Nous mourrons, oui, mais pas avant d'avoir pris l'essentiel de la vie et du monde.

La multitude d'aphorismes qui parsèment ce récit est transcendant. C'est un bain de jouvence, pourrait-on dire. Il excelle dans l'art de rendre le beau, de sublimer la moindre petite chose, même le pire. Ce récit est comme une façon de défier la mort et de se guérir de cette souffrance donnée par celle-ci, qu'elle soit dans la peur de l'affronter, dans la peur de perdre un être cher. Un hymne à la nature et à l'art. Baigner dans les plaisirs que donne la vie. Christian Bobin est définitivement un auteur, un poète qui me parle. Un vrai coup de coeur à nouveau pour ce court roman d'une poésie envoûtante, d'un lyrisme certain (94 pages) qui dit tant de choses. Ces mots me font du bien.
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Que dire, si ce n'est que chaque lecture de Christian Bobin est un enchantement, un apaisement, un souffle d'éternité, ce n'est que sagesse et amour des petites choses infimes, savoir être en osmose avec le cosmos, écouter le chant de la vie, lire et s'enivrer des mots.
J'ai plus qu'apprécié cette lecture, et noté un tas de phrases.
pas toutes mises sur le site car j'aurai quasi mis tout le livre.
Un livre qui a lire à relire.
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Toujours pleine de joie à la lecture d'un nouveau petit livre de Christian Bobin miniaturiste, enlumineur qui recueille ce que la plupart délaisse et sait donner l'éternité au moindre brin d'herbe.
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Citations et extraits (204) Voir plus Ajouter une citation
Chaque jour est une lutte avec l'ange des ténèbres, celui qui plaque ses mains glacées sur nos yeux pour nous empêcher de voir notre gloire cachée sous notre misère. (P49)
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Je ne connais pas cette femme avec qui je parle au téléphone. La voix est la manière qu'a une âme de naviguer sur le fleuve lumineux des atomes. Celle-ci m'intrigue jusqu'à ce que mon interlocutrice me dise : "Je suis aveugle." Je comprends alors mon plaisir à l'entendre : sa voix est un soleil qui roule dans le noir. L'aveugle donnait de la lumière.
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Quand le peintre japonais Hokusai meurt en 1849 il a, par ses dessins, rendu la vie dix mille fois plus vivante qu'elle n'était avant lui. Sans doute est-ce là le travail que chacun doit accomplir par sa vie : frotter la pièce d'or mise dans notre main à notre naissance, afin qu'elle brille dix mille fois plus quand la mort nous la volera.
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Sur le pont Alexandre III à Paris un marchand cuit des marrons en leur évitant de charbonner, les présente dans un cornet à double soufflet -- un pour les marrons, un pour les épluchures, et offre en plus un rince-doigts. Par son calme et son goût démodé de la perfection, il défait à lui seul la sinistre économie mondiale.
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Les livres anciens avec leurs chairs froissées m'émeuvent de revenir triomphants des ténèbres.Les objets de la science vieillissent à une vitesse infernale.Morts,ils encombrent,empoisonnent,enlaidissent.Les livres de papier dans leurs lits de cristal dorment comme des anges.Un regard et ils sortent d'un sommeil de plusieurs siècles,fraternels,vifs encore.(p17)
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Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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