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EAN : 9782815944748
248 pages
L'Aube (02/09/2021)
3.97/5   78 notes
Résumé :
« A’Samar. J’aime la nuit. D’ailleurs c’est la nuit que je suis née. C’était un samedi. On s’en souvient tous. Le problème avec la Nuit. C’est que la Nuit y a personne pour emmener maman à l’hôpital. Parce que papa est à la mine, au travail de nuit. »

Le soir tombe sur les corons du nord de la France, et une fratrie se presse devant l’écran de télévision. Soudain apparaît le visage attendu : celui du père.
Qu’y raconte-­t-il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 78 notes
Rentrée littéraire 2021 #8

Je referme avec émotion cet riche roman qui oscille entre chronique sociale et récit de l'intime avec une ferme assurance. Il s'ouvre en 2016 avec la garde à vue d'Hannah, professeur des écoles, suite à une faute grave dont la teneur ne sera révélée qu'à la toute fin. L'interrogatoire est l'occasion pour elle de remonter le fil de sa vie, comment les choses se sont imbriquées depuis le début des débuts. Et c'est à son enfance qu'elle pense, qui «  comme une claque froide se jette sur (son) visage ».

La première partie est centrée sur le parcours de Hannah depuis son enfance en 1987 à Lens. Hannah est fille d'un mineur marocain. Cinq enfants et les parents dans un minuscule coron sans salle de bain. « On mange la mine, on dort la mine, on sent la mine. » Germinal plane partout, du nom des rues, du collège, aux textes étudiés en classe. Samira El Ayachi manie une plume à la fois vive et tendre, pleine d'humour et de saveur pour raconter le manque d'intimité, la précarité, la chaleur d'une maisonnée bordélique, la solidarité entre voisins, la lecture comme refuge ( «  à chaque fois que je sors d'un livre, je m'allonge, je m'agrandis. Je m'agrandis »). Les phrases sont riches, colorées, incroyablement vivantes. Et elles savent aussi dire la douleur du transfuge de classe lorsque Hannah accède brillamment aux études supérieures mais massacre ses chances de réussite au CAPES de français comme pour ne pas trahir ceux dont elle s'éloigne à mesure qu'elle accède à la culture et au savoir.

Puis dans la deuxième partie, absolument passionnante, le roman prend une autre dimension avec l'histoire du père qu'Hannah découvre sur le tard à travers un carnet écrit en arabe et une copie de l'enregistrement d'une interview. La voix du père, emplie de la poésie des simples et d'un lyrisme droit, se fait entendre et à travers elle, c'est tout un angle mort du récit national qui est exhumé. C'est très clairement le récit du père qui m'a le plus accrochée. Entre les années 1960 et 1980, le sergent-recruteur Félix Mora a écumé le Sud du Maroc, autour du Haut-Atlas pour trouver des mineurs qui manquaient aux houillères du Nord et de Lorraine. C'est lui qui a recruté le père en 1974 comme 100.000 autres Marocains prêts à tout pour fuir les premières conséquences de la sécheresse et rejoindre un pays de Cocagne. C'est bouleversant de voir Hannah découvrir cette histoire cachée du père et ces parcours migratoires douloureux  : le tampon vert apposé à même la poitrine pour valider les candidatures, la traversée terrifiante de la Méditerranée en 5ème classe, les baraquements en bois à l'arrivée, la découverte suffocante de l'abattage du charbon, l'humiliation de se voir refuser le statut de mineur et ses avantages. Et les combats du père comme porte-parole des autres mineurs marocains lors des grèves de 1987 à l'annonce de la fermeture des mines ( cyniquement connues dès les recrutements de Mora, plus faciles de se débarrasser des étrangers que des Français ... ).

Par contre, je n'ai pas compris le choix de Hannah et j'ai presque été déçue de découvrir ce qu'elle avait fait, ce qui l'a conduit en garde-à-vue. le parallèle entre l'ample rébellion du père, pleine de sens, inscrite dans un collectif, me semble tellement supérieure au geste de la fille, que j'ai trouvé « petit » et incohérent … La transgression du père me semble bien plus légitime que celle qu'entreprend Hannah dans sa salle de classe. Même si je ne pars pas du principe qu'il faut à tout crin comprendre un personnage pour apprécier un roman, j'ai été gênée par les atermoiements de Hannah adulte alors que les souvenirs d'elle enfant et ceux du père m'ont tour à tour touché et bouleversé, jusqu'aux derniers mots, superbes.

Malgré cette réserve, je trouve que Samira El Ayachi interroge puissamment sur l'identité, la transmission, sur les héritages invisibles. Elle questionne intelligemment notre rapport aux lois, à l'autorité face aux injustices sociales. Comment se construire et garder sa propre lumière quand tout concourt à l'obscurcir, dans un contexte post-attentat 2015 très anxiogène ? Ou comment la mémoire d'une fille devient le tombeau le plus digne pour son père.

Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée
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J'avoue rencontrer des difficultés à me lancer dans le commentaire d'un livre qui , je dois le dire , ne m'a pas vraiment convaincu dans la mesure où Hannah en est la narratrice et que Hannah , ma foi , ne représente pas pour moi un " témoin " parfaitement fiable .
Lorsque s'ouvre l'histoire , Hannah est arrêtée, en classe , devant ses élèves. Cet acte d'une violence extrême a de quoi interpeller , ce " geste " n'étant pas trop crédible, la police redoutant plus que tout ,les interventions, très traumatisantes, en milieu scolaire . C'est spectaculaire , certes , mais ....
Ensuite , on revient en arrière pour faire la connaissance de Mohammed , le père marocain d'Hannah , venu travailler dans les mines du Nord au moment où la main d'oeuvre manquait et où, oui , les promesses de l'état français pouvaient laisser croire à l'accès à une vie plus " facile " sur une terre "accueillante " . La réalité, hélas, était tout autre et les " regroupements familiaux " ne garantissaient pas à ces gens de rester dans leur " nouvelle patrie " .Le courage et l'instruction de Mohammed allaient lui permettre de gagner le respect de ses compatriotes et le regard " plein de tendresse " de sa fille , cette fille de l'exil . On peut toutefois deviner la détermination de Mohammed lors de ces réunions secrètes avec ses amis , réunions sur lesquelles un voile pudique.....
Hannah , on le vit avec elle , se nourrit de lectures , de puissantes lectures . Intelligente , courageuse , brillante élève, elle peut passer pour une superbe " intégration réussie " mais la voilà à retrouver les pans de l'histoire de son père et à vouloir , elle aussi , vivre " son exil ".Là , je me désolidarise. J'aimerais savoir en quoi être professeur des écoles est moins " prestigieux " que professeur de lycée ? Apprendre à lire et à écrire à des enfants de CP serait moins important qu'une discussion philosophique menée avec des élèves de terminale ? Pourquoi se " réclamer " du père pour justifier le refus d'être " soi - même ? Il me semble que " tout se mélange " dans la tête d'Hannah au point de lui faire perdre toute raison par rapport à sa mission d'enseignante . Son couple avec Nils......
" L'exil dans l'exil " , mettre ses pas dans ceux de son père, reprendre son combat , appliquer ses propres règles. Je vais lâcher le terme , " se victimiser " . Hannah se victimise .Oui ,la révolte de son père mérite le respect et se justifie .A chacun d'entre nous de compléter la même phrase , mais concernant Hannah , en son âme et conscience .
Ce récit est un récit personnel qui n'engage que celui qui l'a écrit .L'auteure est tout à fait en droit d'écrire ce qu'elle ressent , tout comme le lecteur peut ou non adhérer , se laisser emporter , " vivre " avec les personnages . Personnellement , et je le regrette , je n'ai rien " senti vibrer " en moi .Le style est particulier mais bien adapté aux pensées qui se télescopent dans la tête de la narratrice , les témoignages du père sont émouvants par leurs accents de sincérité....
Élèvé dans une ancienne et bien modeste cité minière fermée en 1964 juste après l'effondrement d'une galerie sur le père d'un de mes copains de classe , devenu prof. de collège , je pensais trouver dans ce livre un " je ne sais quoi " de ma jeunesse mais j'avoue avoir seulement retenu la colère un peu " égoïste "d'Hannah ...à une autre époque...Etait-ce vraiment perpétuer la colère ou assurer un bel avenir à ses enfants le plus grand désir de Mohammed ?
Je tiens vivement à remercier toute l'équipe de Babelio et les Éditions de l'aube qui m'ont permis de lire ce livre " en avant - première ", un grand honneur , une belle confiance.
Ah ! l''ouverture du livre....Vous saurez tout à la fin....Moi , je me suis dit : " Tout ça pour ça ? "....Mais si j'ai mes raisons de penser ainsi , je ne prétends pas avoir raison ....Rien de mieux que de se faire sa propre opinion .
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2016, des parents, des enfants, des curieux, dont les yeux se fixent sur Hannah institutrice qui vient d'être arrêtée par la police, dans sa salle de classe. Pendant son audition au commissariat elle se souvient.

Retour en 1987, dans le Pas-de-Calais, Hannah a cinq ou six ans, sa famille habite dans une petite maison des mines. Les bacs en zinc, les toilettes à l'extérieur, le poêle à charbon. Les corons, la solidarité, l'intimité partagée. Madame Vache l'institutrice et la découverte de la langue française. La mine qui tire sa révérence, la dernière remontée des mineurs.

L'attrait de la télévision, le collège et le temps des copines, la surveillance incessante du père. L'Amérique, le lieu du rêve de tous les possibles. L'horreur du monde, la guerre en Irak à la télévision comme un grand jeu vidéo avec ses frappes chirurgicales et ses dommages collatéraux dans la population civile. Elle ne comprend rien aux dingueries du monde adulte.

La terminale et la découverte de la philosophie, une science où l'on aime se poser des questions sans fond. La petite fille qui ne se reconnaît plus dans le corps de la femme qu'elle devient. Les études supérieures, la grande ville, elle découvre que tout le monde n'est pas comme elle, elle a honte de sa provenance, elle a mal à sa famille.

Et puis un jour, elle lit Germinal et quelque chose se passe.

Le père qui a quitté la terre sèche et brûlante de son village, la femme qu'il vient d'épouser, son enfant qui vient de naître, il a tout quitté, pour creuser un trou dans une mine. Les mots du père retranscrits tels quels dans un cahier pour expliquer l'histoire de trois mille Marocains envoyés dans les mines du Nord de la France avec la complicité du roi Hassan II et jetés comme des pommes pourries à la fermeture des puits. Des hommes déracinés, traités comme des bêtes, le corps et le coeur déchirés en deux parties.

Une ode à la diversité de la langue française, aux bibliothèques, à la magie des livres. L'admiration d'une fille pour le combat de son père pour faire reconnaître ses droits par la France. Une réflexion sur la désobéissance, sur le métier d'enseignant, sur la montée de l'islamisme et de l'extrême droite sur fond d'attentats terroristes et de la peur qui s'installe dans le pays. Sur le bonheur de ne rien posséder.

Quelques fac-similés de documents d'époques éclairent le propos, le dernier, de la direction du personnel des houillères, intitulé « conseils à la maîtrise concernant le comportement envers les ouvriers nord-africains » termine ce roman social et engagé, résolument ancré dans notre société, porté par une écriture vivante, militante et émouvante.

Un merci infini aux éditions de L'Aube et à Babelio de m'avoir permis de lire ce grand roman en avant-première.
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C'est par une irruption d'hommes en bleu dans une salle de classe que débute ce roman, le lundi 14 novembre 2016. Ils viennent embarquer la maîtresse-narratrice pour le commissariat à la recherche de faits semble-t-il, même si les faits elle ne les a pas. Mais c'est surtout le premier mystère d'un roman qui en déploiera aussitôt un autre : celui d'un père vu par les yeux de sa gamine en 1987, un père exilé du Maroc et qui passe un soir à la télé, au JT. Nous remontons le temps et c'est bien le monde d'Hannah que nous découvrons, future maîtresse, petite tout d'abord Rue Georges Bizet, quelque part dans le Pas-de-Calais, quelque part dans les corons : « Dans la maison des mines, on est tellement les uns sur les autres que la maison des mines n'en peut plus. » Son père est mineur, son père est marocain, son père est exilé. Sa famille est déjà grande pour un si petit poste de télé, deux petites, deux moyens et deux grands. Sa maison repoussera tant bien que mal les murs, surtout pour y accueillir d'autres mystères aux yeux d'Hannah, et aussi d'autres mondes : « Du monde dans le petit salon sans bonbons. du monde dans le grand salon, dans le couloir. »
Le roman traite d'un sujet historique bien sûr, et tout autant délaissé, le lecteur aura vite fait de le comprendre. Les mineurs marocains, recrutés quand on avait besoin d'eux dans les années 60, vite oubliés et invités à rentrer chez eux au moment des fermetures minières. Leur vie leur combat, vues depuis l'enfance d'Hannah tout d'abord, puis le reste de sa vie.
Mais c'est aussi à un beau personnage d'Hannah en rébellion auquel on aura droit en filigrane. Campé et vivant au possible, il se développe à petites doses, à se demander s'il est pas là aussi le sujet principal en plus du père marocain et son combat à la mine. Son enfance dans les corons au milieu des terrils, une adolescence qui s'en éloigne, des chapitres aux noms d'adresse comme le parcours d'une fille de l'exil chez qui souffle la liberté, autant de points d'ancrage dans une vie à revisiter plus tard, même si elle s'interdit la nostalgie. Et puis le flux, le reflux des sentiments, un fond de colère, à travers lesquels sa silhouette s'affermit par bribes successives : depuis la petite écolière modèle pour répondre aux injonctions parentales d'exilés, l'adolescence un brin insoumise, beaucoup plus tard la découverte des autres mondes possible et du déterminisme social - merci Bourdieu, l'insertion sociale difficile, et son amour de Nils, sa rébellion d'enseignante, sa passion des livres pour s'agrandir des vies qu'elle n'a pas eues.
Il y est aussi question de langue, omniprésente. La langue de Samira El Ayachi comme vecteur du roman tout d'abord, vive et alerte, libre et évolutive, à coups de phrases le plus souvent courtes et incisives au début pour finir longues et déployées, comme nourries de lyrisme, au bord de la nostalgie même si le plus souvent imagée. Une langue qui emporte tout et secoue le lecteur de bout en bout. Mais elle est aussi sujet du roman, très vite conscientisée par Hannah dans les corons au milieu de polonais, italiens ou maghrébins : «Autour de moi chacun parle et gesticule ses langues. Moi aussi je parle la mienne ». Elle apparaitra aussi dans les expressions de la famille exilée, ou dans un enregistrement sonore du père.
On pourra s'accommoder d'une histoire qui semble hésitante, d'un sujet à l'autre, de l'exploitation des immigrés discriminés dans les mines à l'éducation en passant par les attentats ou les transfuges de classe, même si tout est plus ou moins lié dans le fond, comme s'il y avait eu quelque chose en héritage d'un père à sa fille : « J'en ai pas dormi de la nuit. La nuit me rejetait. Me faisait tourner dans le vide. Est-ce dans ce vide-là que tournait mon père lorsqu'il a pris la parole, il y a ce qui semble une éternité ? Est-ce dans ce vide-là que ce jeune travailleur immigré a dit « Je demande mes droits à la France »... ? »

Merci aux Éditions de l'Aube ainsi qu'à Babélio pour cette belle lecture !
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Hannah fille d'immigrés marocains,grandit dans la précarité mais réussit pourtant à faire des études et à devenir professeur de français. Ce roman aurait pu être un énième récit sur le déracinement et les conflits intergénérationnels entre 1 ère,2 ème ou même 3 ème génération d'immigrés, mais il est bien plus que ça ! Samira El Ayachi nous transmet un épisode peu relaté de " l'amitié franco-marocaine"( entendez accords entre dirigeants pour s'enrichir sur le dos du peuple). En 1963 une convention est signée entre la France et le Maroc afin de recruter massivement de la main d'oeuvre bon marché pour travailler dans les mines du bassin houiller du Nord et Pas de Calais. Il faut des bras et si possible pas de tête. La consigne est claire,si l'on veut faire partie des élus ,ne surtout pas dire qu'on sait lire ! le père d'Hannah arrive en France dans ce contexte. le statut de ces immigrés est lamentable. Contrairement aux Italiens, polonais, algériens, ils n'ont pas droit au statut de " mineurs" ce qui impacte leurs droits et surtout,aura une importance capitale dix ans plus tard lorsque les mines fermeront. Dans le mépris et l'hypocrisie l'état français, toujours de mèche avec le roi du Maroc lance sa politique de " retour au pays", c'est " la banalité du mal". Samira El Ayachi raconte cette histoire à travers le récit et le regard de l'enfance puis de l'adulte qu'est devenue Hannah. Par ce biais elle aborde de nombreux sujets transversaux comme la place de la littérature,le lien inconscient avec la langue d'origine,la filiation du sang mais aussi du coeur et son devenir lorsqu'une séparation conjugale sépare l'enfant de son beau parent. Elle questionne également le rôle de l'enseignant et les carcans qui empêchent parfois d'enseigner autre chose que la défiance de l'autre. J'ai été touchée par la finesse avec laquelle elle décrit la violence du regard extérieur sur une famille,une population,ceci en toute bonne conscience. le vécu de l'enfant est emplit d'imaginaire qui lui permet d'avoir un regard positif sur ce qu'il vit et c'est parfois ce que lui renvoie l'extérieur qui le brise: "il est une douleur plus forte encore que d'être plus pauvre que les autres. C'est d'être vue comme miséreux par ces gens là. Et petit à petit par soi".
Le ventre des hommes transmet l'histoire et redonne dignité à ces hommes en replaçant leur vécu et leur combat dans L Histoire collective. Elle leur redonne fierté ainsi qu'à leurs descendants. Non, ils ne sont pas " la bête enfant d'analphabétes". Car ce récit est aussi celui de la lutte menée par son père et Hannah ne comprendra que tardivement cet engagement et l'importance de la parole car " si elle n'est pas prise,elle aussi, bouffe le ventre,vient te chercher la nuit, t'empêche de dormir..."
J'ai eu de la chance de découvrir ce roman en avant première grâce à la masse critique privilégiée de Babelio et je l'en remercie vivement ainsi que les éditions de L'Aube . L'écriture de L'auteure est vivante, spontanée tout en étant souvent très poétique. Je ne suis pas enseignante mais je pense que cet ouvrage serait très intéressant à travailler avec les jeunes car il regorge de sujets de société qui ouvre au débat et à la réflexion en plus de faire connaître une page de notre histoire.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Lire en contexte de famille nombreuse,c’est gratter un trou de souris où y mettre ses rêves en attendant. En attendant l’aurore,celle de l’âge émancipation, je cherche en dehors de moi mon salut,je finis par revenir sur ma terre promise. Dans mes cahiers. M’accrocher à la boucle, aux deux petits ponts,au bâton avec à la fin une petite queue de souris. Aux voyages possibles qu’offre l’école de la République. À tout ce que j’attends et qui arrivera nécessairement par le travail aimant, par les livres. L’émancipation ne viendra que par l’école. J’en reviens finalement à mes doudous, à mes fétiches, à mes livres. À la fin des fins, c’est le seul espace de nuit et de noir où je viens par l’effort creuser de la lumière, chercher ma part de ciel.Découvrir à mon tour comme le peintre Soulages l’a fait, Cette lumière secrète venue du noir. Je ne vois pas d’autre issue.Et vous ? (P. 101-2)
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Jawad propose une boîte à recycler les gros mots : tous les gros mots qu'on y met deviennent une pâte à modeler qu'on peut transformer à l'infini en mots maigres et gentils. mélodie a trouvé une formule magique chimique pour changer les chewing-gums usagés en petites abeilles qui ne se laisseront plus voler leur miel. Sofiane a inventé un ramasse larmes. Toutes les larmes qui coulent tombent dans un récupérateur de plastique recyclé et servent à arroser les plantes et les fleurs.
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j'attrape le visage du père, le père qui me repousse car il voit grandir ses enfants dans un pays qu'il ne connaît pas, et qu'il prend peur, qu'il se demande s'il a bien fait ou pas, et que de toute façon il a la flemme de tout reprendre, revenir à la case départ encore, j'attrape le visage du père, ses yeux pliés par l'inquiétude, je serre sa main dans la mienne, à deux on fait la révolution, la révolution de la douceur, tant qu'on sera dans les bras l'un de l'autre, mon papa, toi et moi, ça va aller, ça va aller.
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C'est en aveugles que vous montez dans le car pour rejoindre la fosse, c'est en aveugles que vous en descendez sur le carreau, les yeux troués par la nuit et le froid. Vous rejoignez la salle des pendus, puis l'ascenseur, puis du matin jusqu'au débauchage, tout ce que vous touchez s'habille de noir, du café jusqu'au pantalons, même les casse-croute, même les tiges des cigarettes, même les blagues et les chansons qui résonnent entre vos lèvres sont noires.
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J'ai appris ce que voulait dire le mot " mineur" aussi: quelqu'un qui n'est pas responsable légalement,qui dépend de ses parents. Ils nous ont pris au pied de la lettre. Enchaînés au pied de leurs lettres."
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Vidéo de Samira El Ayachi
Les Matinales présentées par Sandrine Sebbane. Thème : Les femmes avec Samira Al Ayachi, auteure de « Les femmes occupées », La bajon, humoriste, Louise Ebel, auteure de « Excessives ! », Fernanda Barth et Régis de Martrin-Donos, comédienne et auteur de la pièce « Des femmes ».
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