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EAN : 9782070129119
120 pages
Gallimard (01/04/2010)
3.77/5   90 notes
Résumé :
J'ai appris la nouvelle ce matin, en écoutant le répondeur.
Isa disait: Papa est décédé. Je me suis fait couler un café et je l'ai rappelée, puis j'ai composé le numéro d'Air France. Thierry est entré en bâillant, m'a regardée et a dit: Qu'est-ce qui se passe? J'ai répondu: Papa est mort. lsa dit: décédé. Moi je dis: mort. Je ne vois pas pourquoi je prendrais des gants. Depuis le temps que l'idée de la mort m'accompagne, je ne dirais pas qu'elle m'est devenue... >Voir plus
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La narratrice, Sophie, revient dans sa région natale, la Bretagne, pour enterrer son père. Elle retrouve dans le petit village du Finistère Nord, sa mère et sa soeur Isa, puis quelques jours plus tard, son frère Eric les rejoint. Ces retrouvailles autour de la dépouille du père sont l'occasion de remonter les souvenirs d'une enfance marquée par un père honni car autoritaire et tyrannique. Un père qui, les trente dernières années de sa vie, s'est vu progressivement diminué par la maladie sans pour autant se départir de sa violence.

En quelques chapitres qui rassemblent le récit sur sept jours, "Le crieur de nuit" déroule le fil d'une existence marquée par la tyrannie d'un père. Celle des enfants d'abord - la fratrie de Sophie, Isa et Eric - et celle d'une femme, la mère. Comme très souvent dans ces moments- là, les préparatifs de l'enterrement d'un parent sont l'occasion de se remémorer la vie passée avec ce dernier, de revenir sur ces moments d'enfance, heureux ou malheureux. Pour Sophie et son frère et sa soeur, il s'agit plutôt d'une évocation très douloureuse où toutes les anecdotes sont marquées du sceau de la violence, certes pas physique mais bien réelle. Qu'il s'agisse du quotidien ou des vacances d'été, tout reste entaché de fureur, de brimades, de vexations, d'humiliation et de peur. L'entrée dans la vie adulte de Sophie ne sera pas simple, traumatisée par ce père qui vomissait une haine incompréhensible à l'égard de ses enfants. Pour quelle raison ? La question reste posée.
Au coeur de ce récit intime, Nelly Alard évoque également sa région natale, la Bretagne, inextricablement liée à son enfance. Celle du Nord, des "ploucs" comme disait son père où se rassemblent les membres affectueux côté maternel, et celle du Sud, la ville de Lorient, où sa grand-mère paternelle, distante, parlait le bon Français. Tout le récit est entrecoupé de passages du livre " La légende de la mort chez les Bretons armoricains" d'Anatole le Braz. Et ces extraits se glissent, s'insèrent parfaitement dans le livre expliquant le caractère de la mort en Bretagne et, notamment, le choix du titre.

Roman sur le deuil, la violence, les traumatismes, l'incompréhension, le pardon, "Le crieur de nuit" est un récit très émouvant sur les relations très complexes qui se tissent entre les parents et les enfants. D'aveux lapidaires en longues phrases qui distillent des éléments de la vie adulte de Sophie, le style de l'auteure nous entraine dans les pensées de la narratrice et glisse le lecteur au coeur de cette histoire familiale où l'urgence de raconter est prégnante. Un seul regret : un roman trop court...
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"Tu es mort. Enfin."
C'est le cri de soulagement de la narratrice après l'écoute de son répondeur, un matin.
Ce père n'était pas un bourreau, aucun coup n'a accompagné ses colères et ses insultes, mais la terreur qu'il faisait régner sur ses trois enfants les a détruit à tout jamais, un huit- clos familial où pointent l'ironie et le ressentiment sur ce tyran domestique.
Nelly Alard ose enfin lui dire ce qu'elle a sur le coeur, à ce père, avec qui le dialogue était rompu depuis l'enfance!
Un beau coup de coeur, cet ouvrage! narquois, acide, nerveux, tempêtueux, intelligent, profond, plein d'humanité, de naturel, de bienveillance et de vie, digne, presque enjoué!
Le ton y est drôle,l'humour souvent noir, toujours présent,aucun pathos, pas de règlement de comptes ni de ton revanchard, comme trop souvent!
De plus, Nelly Alard, à l'intérieur de chaque chapitre enchâsse des citations de "la légende de la mort chez les Bretons Armoricains" d 'Anatole le Braz, ce qui ajoute de la beauté à la Bretagne mystérieuse et à ses rites et donne un supplément d'âme à ce récit bouleversant !
Elle dénonce le drame sans fin dont elle a été la victime, une violence des "mots", plus sournoise, plus subtile et insidieuse qui sauve les apparences car " la famille c'est sacré"...
Elle minimise la gravité de ce qu'elle subit:"il y a des gens dont le père est un serial killer ou un Nazi."
"Il y a des enfants violés ou battus. On ne va pas se lamenter."
C'est l'avis de renaissance pudique et droit d'une fille après la mort de celui qui n'a jamais su lui prodiguer la moindre bienveillance.
Une écriture pressée, urgente et enjouée qui frappe par son rythme houleux, bref,rageur et dense!
Un livre sur le deuil, très loin de la complaisance, de l'enjolivement et du pardon,une adresse à ce père totalement naturelle. L'auteur fait de la loyauté le moteur de son écriture et colle à la vérité pour vivre enfin en paix!
Un livre remarquable qui fait du bien!



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Une semaine de la vie de la narratrice, du lundi, jour où elle apprend la mort de son père, au dimanche, jour où elle rentre à Paris après que son père ait été enterré.
Et pendant cette semaine en Bretagne, ressurgissent les souvenirs d'enfance, la violence verbale du père, la force de la fratrie.
Réquisitoire pour obtenir l'amour d'un père, hommage à la Bretagne, Nelly Allard nous offre un beau roman, sans verbiage, avec juste les mots qu'il faut pour dire l'impact du harcèlement moral et ses traces indélébiles.
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"Moi je dis; mort je ne vois pas pourquoi je prendrai des gants", ainsi commence ce petit livre , tout petit , trop petit , tellement il est jubilatoire , drôle , caustique, enlevé et puis ce point final , ZUT quoi on voudrait avoir oublié une ou deux pages.
Si vous êtes breton Lorientais ou léonard , ce sera drôle ou la soupe à la grimace, si vous êtes parisien vous apprendrez les mots comme Poivre d'Arvor pour passer pour un breton pure souche .
Bonne lecture
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Voici un livre qui « fleur » bon la Bretagne , mais la Bretagne des tempêtes venues de l'océan amenant avec elle des nuages noires de la pluies et du vent. Celle ou l'on voit des marins disparus en mer depuis des années errer certains soirs le long des jetées.
C'est une histoire de deuil et de pardon , d'images de ce père omniprésent qui hantera ses proches durant leurs vies entières. L'auteur arrive grâce à une écriture simple et fluide à restituer les émotions ressenties. L'insertion de citations d'Anatole le Braz ( la légende de la mort chez les bretons armoricains) , une sorte de récit parallèle, rajoute à l'histoire une dimension historique et spirituelle.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Tu me traitais de putain. Pas la peine de dire le contraire, tu me disais putain, je m'en souviens, tu parles. Tu disais putain, salope, ce sont les mots que tu employais. Et pouffiasse, aussi. Ce n'est pas grave, ça ne me gênait pas vraiment, je ne savais pas ce que ça voulait dire.
Ce qui me dérangeait ce qui me faisait peur, c'était la violence de ta voix, de tes yeux. Les mots, j'y étais habituée, ils n'avaient pas de sens,
Une enfant de six ou huit ans ne peut deviner que ce ne sont pas des mots qu'un père dit à sa fille, en général. Que ce n'est pas pareil chez les autres.
De toute manière, chez les autres, on n'y va jamais, alors, comment pourrais- je savoir?
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Anatole le Braz dans la légende de la mort raconte un naufrage ,
et Nelly Alard revisite les croyances de ses ancêtres :
Interrogés les gens de la côte répondirent en baissant le tête qu'ils avaient bien entendu ses appels , mais que justement à cause du caractère déchirant de ses hurlements ils ils avaient cru qu'il s 'agissait des âmes des noyés du gouffre de plougrescrant Ou peut être bien du crieur de nuit qui n'est pas pour les bretons un veiller mais un esprit torturé en forme de géant, qui hante la lande et qu'il ne faut à aucun prix croiser le regard.
P122
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par ailleurs il avait été difficile de faire saisir aux employés des pompes funèbres les subtilités du regroupement familial qui nous tenait à cœur...

Nous pouvions dormir sur nos deux oreilles , notre arrière grand-mère Cueff en B2 retrouverait son fils qui reposait actuellement en D4 et son époux en C3 , et tout ce petit monde emménagerait dans un reliquaire tout neuf qui remplacerait celui où était déjà ses parents et qui serait déposé en A2
P38
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D'anorexie en boulimie, il faut croire que j'avais fini par la vomir tout entière , cette enfance qui m'était restée si longtemps sur l'estomac . J'avais un peu moins mal au cœur ,... mes cauchemars avaient cessé .
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«Tu ne nous as jamais frappés, mais tu m’as appris la peur, le doute, la sensation au fond de moi que tout se désagrège et s’effrite, la terreur constante de sentir le sol se dérober sous mes pieds. Jamais en ta présence je n’ai eu le sentiment de la terre ferme. C’était ce que tu voulais, sûrement.»
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Vidéo de Nelly Alard
Critique de "La vie que tu t'étais imaginée" par Olivia de Lamberterie dans Télématin du 11/01/2020
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