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Citations de Sorj Chalandon (2556)


Il ne fallait plus que Barbie reparaisse. Sa présence transformait ce procès en cirque. Au lieu de témoigner, de raconter, de se souvenir, les victimes pleuraient des mots sans suite. Le regard du nazi abîmait ce que nous avions à entendre. Pour que les martyrs osent parler, il fallait le silence d’un box désert. Jusqu’à ce jour, nombre d’entre eux n’avaient jamais partagé leur calvaire, leur douleur ou leur héroïsme. Des parents, des enfants, des amis entendaient leur histoire ici pour la première fois. Depuis la guerre, ils s’étaient tus. Et toutes ces années plus tard, ni la souffrance ni l’effroi ne pouvaient être partagés devant l’homme qui en souriait. Barbie ne répondrait pas de ses crimes. Il l’avait dit au premier jour de son procès et en resterait là. Alors pourquoi encombrer les débats de son mépris ? La venue de l’homme n’apporterait pas d’élément nouveau aux faits qui lui étaient reprochés. Elle n’aiderait pas à la manifestation de la vérité. Au contraire, elle dépossédait les victimes de leurs dernières forces. Elle leur volait leurs gestes et leurs phrases. Elle transformait leurs témoignages en lamentations inaudibles. La présence de Klaus Barbie portait atteinte à la dignité de son procès. 
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Sur son salaire de décembre 1974, les Houillères avaient enlevé trois jours à mon homme.
- Trois jours ! Et vous savez pourquoi? Parce qu'il est mort au fond le 27. Voilà pourquoi. "Absence non garantie", c'est écrit là ! Pas justifiée, ça veut dire. Il lui a manqué trois jours pour finir le mois. Il était mort, merde ! C'est pas justifié ça?
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Le quatrième mur, c'est ce qui empêche le comédien de baiser avec le public, a répondu Samuel Akounis.
Une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l'illusion. Une muraille qui protège leur personnage. Pour certains, un remède contre le trac. Pour d'autres la frontière du réel. Une clôture invisible, qu'ils brisent parfois d'une réplique s'adressant à la salle.
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Il y avait un mort avant le nôtre, des dizaines de voitures, un deuil en grand. Nous étions le chagrin suivant.
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Il aime l'odeur du temps. Il regarde le dehors, le dedans, les cartons piqués d'humide, les malles en osier, tout cet hier recouvert de silence.
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Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de ses bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes.
(page 34)
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Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux.
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Tes mensonges m’avaient fait tellement de mal que la vérité ne pouvait être pire.
(dit le fils au père)
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Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans traces, sans repères, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s’est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l’ont interrogé, les partisans qui l’ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre, puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes.
(page 260)
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J’aurais espéré que tout s’éclaire, sans que jamais personne ne juge. Sans un mot plus déchirant que l’autre. Me dire où tu étais à 22 ans, lorsque Barbie et ses chiens sont venus arracher les enfants à leur Maison.
(page 30)
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Sorj Chalandon
■ L'ARME A L'OEIL.
Le 14 février 2018 à Parkland, en Floride, Nikolas Cruz franchit les grilles de son ancien lycée. Le jeune homme a 18 ans. Armé d'un fusil d'assaut semi-automatique AR15, il tire sur la foule. Dix-sept personnes sont tuées.
Chaque année, 350 [?] tueries de masse endeuillent les Etats Unis. Parkland constitue la 291e fusillade en milieu scolaire depuis 2013, et aussi celle qui a réveillé les consciences.
Le jeune Cruz a pu acheter légalement un fusil d'assaut car le 2e amendement de la Constitution américaine lui en a donné le droit. [...]
Alors que la loi lui interdit d'acheter de la bière avant 21 ans.
Pour les lycéens rescapés, le crime de Parkland a été la tuerie de trop. Depuis, nombre d'entre eux se sont mobilisés pour protester auprès des sénateurs, des médias et du public. Quelques semaines après le drame, ils ont même réussi à faire descendre plus de 1 million de personnes dans les rues américaines et à exiger des élus qu'ils s'opposent à la National Rifle Association (NRA), l'influent lobby américain des armes. Mais leur tâche est compliquée.
Face à eux, les jeunes ont affaire à des hommes et à des femmes persuadés que leur survie tient à l'arme qu'ils possèdent. [...]
Aux Etats-Unis, la NRA est une association toute-puissante. [...]
Engraissée par les marchands d'armes, la NRA est généreuse avec les politiciens qui soutiennent sa politique. Chaque année, elle note les sénateurs américains. Un A+ pour ceux qui la défendent, un F pour ceux qui militent pour une nouvelle législation sur les armes. Les plus obéissants sont récompensés. Comme John McCain, sénateur républicain qui a reçu 7,7 millions de dollars de la NRA de son vivant. Et les opposants sont châtiés, à l'image du démocrate John Morse, destitué après un référendum populaire organisé par le lobby.
« Vous avez désormais un véritable ami à la Maison Blanche », avait lancé Donald Trump aux responsables de la NRA après son élection. Avec les 30 millions de dollars versés par l'association de l'armement pour sa campagne, c'était bien le moins.

• article dans le Canard enchaîné, 06/02/2019
à propos de l'émission 'USA, la loi des armes', à voir le 12/02/2019 à 20h50 sur France 5
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Parfois dans l'obscurité, après m'avoir giflé, il passait ses doigts sous mes yeux. Il voulais savoir si je pleurais. Je savais qu'il aurait ce geste. Dès les premiers coups, je le savais. Il terminait toujours ses punitions en vérifiant ma douleur. Mais je ne pleurais pas. Jamais je n'ai pleuré. "Mais pleure donc !", suppliait ma mère. Pendant que je protégeais mon visage, je glissais les doigts dans ma bouche. Je les mouillais de salive et barbouillais mes joues. Alors il prenait ma bave pour des larmes, certain que son diable de fils avait enfin compris la leçon.
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- La France a du bon, tu sais ? Ça vient de chez toi, ça...
Le chrétien me montrait son fusil de bois blond, avec lunette de visée.
- Je te présente mon ami le FR-F1. Bipied, poignée, mire de nuit, tout le confort moderne. Et puis c'est précis à 800 mètres. De quoi voir venir.
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Cécile a été incinérée.
J'étais contre, mais c'était sa volonté. Je voulais que son corps dorme en terre contre le mien. La glaise grignote, le feu dévore. Brûler ma femme, c'était comme l'offrir au grisou.
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Mon père le disait souvent : l'héroïsme ne s'explique pas.
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- Il s'appelait Maroun. C'était notre ange. Il a été égorgé.
Je regardais l'aiguille, la laine. Je me suis demandé si les autres viendraient.
- Il était dans les Forces Libanaises ?
Simone a levé son aiguille et secoué la tête.
- Il avait dix-huit mois, monsieur Georges.
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- Le maitre, il doit faire attention aux plus petits. Pas les plus petits en taille, les plus petits en tout. Ceux qui regardent dehors pendant la classe, ceux qui sont seuls pendant la récréation, ceux que les autres embêtent, ceux qui ont des trous dans leurs chaussures; ceux qui ont un bleu sur la figure le matin, ceux qui n'ont pas mangé quand ils arrivent en classe, ceux qui n'ont pas de manteaux d'hiver.[...]
- Ceux-là, il faut encore plus leur montrer qu'on fait attention à eux. Il faut encore plus les regarder, encore plus les écouter, encore plus leur demander s'ils sont tristes.
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Il a son front de peine, ses rides profondes, ses paupières lourdes et la bouche en soucis.
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Il n'aime pas ce jour qui traîne, ce pluvieux de presque automne.
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Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit.
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