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Citations de Roland Dorgelès (179)


Le vieil amateur s’était ainsi offert à des prix raisonnables des Picasso, des Modigliani, des Utrillo, des Van Dongen, tous ces produits de Montmartre que dédaignaient les grands marchands…
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La vie va reprendre son cours heureux. Les souvenirs atroces qui nous tourmentent encore s'apaiseront, on oubliera, et le temps viendra peut-être où, confondant la guerre et notre jeunesse passée, nous aurons un soupir de regret en pensant à ces années-là.
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Alors on se rassied, le dos au mur, et on attend. Faire la guerre n'est plus que cela : attendre. Attendre la relève, attendre les lettres, attendre la soupe, attendre le jour, attendre la mort… Et tout cela arrive, à son heure : il suffit d'attendre.
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L'odeur fade des cadavres s'efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes à eau. Mais, moi, c'est dans ma tête, c'est dans ma peau que j'emporte l'horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l'odeur de la pitié.
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Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque. Mais je puis chercher, je ne reconnais plus rien. Les lieux où l'on a tant souffert sont tout pareils aux autres, perdus dans la grisaille comme s'il ne pouvait y avoir qu'un même aspect pour un même martyre. C'est là, quelque part... L'odeur fade des cadavres s'efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes à eau. Mais moi,c'est dans ma tête, dans ma peau que j'emporte l'horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l'odeur de la pitié.
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Tout le long de la berge, des croix de bois, grêles et nues, faites de planches ou de branches croisées, regardaient l'eau couler. On en voyait partout, et jusque dans la plaine inondée, où les képis rouges flottaient, comme d'étranges nénuphars.
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Il ne fallait pas dormir, il ne fallait pas mourir
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- L'égalité, c'est un mot, l'égalité...Qu'est-ce que c'est l'égalité ?
Sulphart réfléchit un instant. Puis il répond sans vouloir rire :
- L'égalité, c'est de pouvoir dire m... à tout le monde.
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C'est vrai, on oubliera. Oh ! je sais bien, c'est odieux, c'est cruel, mais pourquoi s'indigner : c'est humain... Oui, il y aura du bonheur, il y aura de la joie sans vous, car, tout pareil aux étangs transparents dont l'eau limpide dort sur un lit de bourbe, le coeur de l'homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond...
On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le soeur consolé de ceux qu'ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
Non, votre martyre n'est pas fini, mes camarades, et le fer vous blessera encore, quand la bêche du paysan fouillera votre tombe.
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Le capitaine Morache avait arrêté la colonne et l'odre nous parvint, à peine murmuré :
- Baïonnette au canon.
Face à l'immense tombe, la compagnie se rangea. Une fusée lointaine fit briller d'un fugace éclair, la haie des baïonnettes.
- Aux soldats morts au champ d'honneur... Présentez, armes !
Toutes les crosses claquèrent d'une unique détente, puis plus rien. Corps raidis, têtes hautes, nous regardions muets, les dents serrés : les soldats n'ont rien à offrir que leur silence.
- Reposez, armes...
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Les paysans du front ont le cœur endurci et ne s'émeuvent plus guère, après tant d'horreur ; pourtant, quand ils virent déboucher la première compagnie de ce régiment d'outre-tombe, leur visage changea.
- Oh ! les pauvres gars...
Une femme pleura, puis d'autres, puis toutes... C'était un hommage de larmes, tout le long des maisons, et c'est seulement en le voyant pleurer que nous comprîmes combien nous avions souffert. Un triste orgueil vint aux plus frustes. Toutes les têtes se redressèrent, une étrange fierté aux yeux.
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- Comme vous l'avez deviné, les Allemands creusent une mine. Le génie va peut-être venir pour faire une sape, mais la leur doit être bien avancée pour qu'on puisse la couper.
Alors... n'est-ce pas... il est inutile que tout le monde reste ici... Vous comprenez bien ça...
Alors... c'est votre escouade qui va rester, Bréval : on a tiré au sort. On va relever les deux sections qui se porter en deuxième ligne, et vous resterez ici avec votre escouade et des mitrailleurs... Ce n'est pas beaucoup, mais le colonel a confiance en vous : on sait que vous êtes des braves...
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Il portait ainsi en lui le nom de quelques camarades, laissés dans les petits cimetières de Champagne ou de l'Aisne, ou bien entre les lignes, sur la terre à personne, et il leur parlait, les écoutait se plaindre, ces pauvres hommes que, vivants, il n'avait pas toujours aimés, parce qu'ils étaient parfois grossiers, le geste et l'esprit lourds. Il n'en oubliait aucun et aimait se pencher sur leur souvenir, alors qu'il ne restait déjà plus d'eux qu'un nom banal dans la mémoire oublieuse de leurs copains d'escouade.
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Depuis le mort de Noury il était arrivé deux lettres à son nom. On aurait pu les retourner, avec le brutal avis de décès, dans le coin : "Le destinataire n'a pu être atteint."
Demachy avait cru mieux faire de les prendre. Il les sortit de sa cartouchière, les déchira sans les ouvrir, et sur cette tombe réglementaire de soldat, carrée comme un lit de caserne, il effeuilla les pétales de lettres, pour qu'il pût au moins dormir sous des mots de chez lui.
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Les moins gais n'ont jamais de souvenirs tristes à raconter : on en devine dans l'existence d'aucuns. Ils ont connu des deuils, pourtant, des misères. Oui, mais c'est passé... De sa vie, l'homme ne garde que les souvenirs heureux ; les autres, le temps les efface, et il n'est pas de douleur que l'oubli ne cicatrise, pas de deuil dont on ne se console.
Le passé s'embellit ; vus de loin, les êtres semblent meilleurs. Avec quel amour, on quelle tendresse, on parle des femmes, des maîtresses, des fiancées ! Elles sont toutes franches, fidèles, joyeuses, et l'on croirait, à nous entendre ces soirs-là, qu'il n'y a que du bonheur dans la vie.
Parfois, quelque chose claque sur le mur, comme un coup de fouet. C'est une balle perdue.
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Insoucieux, solides, nos vingt-cinq ans éclatent de rire. La vie est un grand champ, devant nous, où l'on va courir. Mourir ! Allons donc ! Lui mourra peut-être, et le voisin et encore d'autres, mais soi, on ne peut pas mourir, soi...
Cela ne peut pas se perdre d'un coup, cette jeunesse, cette joie, cette force dont on déborde. On en a vu mourir dix, on en verra toucher cent, mais que son tour puisse venir, d'être un tas bleu dans un champ, on n'y croit pas. Malgré la mort qui nous suit et prend quand elle veut ceux qu'elle veut, une confiance insensée nous reste. Ce n'est pas vrai, on ne meurt pas !
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Allons, il y aura toujours des guerres, toujours, toujours...
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On embarqua. En un instant tout le monde fut casé, les sac empilés au fond des camions, et l'on pouvait encore s'asseoir, s'étendre, prendre ses aises.
-Ils auraient dû prévoir, dit en haussant les épaules le conducteur qui nous observait à genoux sur son siège. Ils ont commandé juste autant de voiture que pour vous amener, et vous n'êtes plus aussi nombreux, pas vrai...
Alors seulement on remarqua les place vides... Ce qu'il en manquait !
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A quelques pas sous un tertre crayeux, des allemands étaient enfouis. leurs croix serviraient pour les nôtres, un calot gris sur une branche, un calot bleu sur l'autre.
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En dépit des apparences, Fagus avait toujours mené une existence très régulière ; on ne pouvait en dire autant de François Bernouard, devenu son ami au retour de la Grande Guerre. A part leur amour de la poésie et de la bouteille, ils n'avaient rien de commun ; mais dans les cafés de Saint-Germain-des- Prés, c'était un lien suffisant. Si le bohème fonctionnaire représentait une espèce assez rare, le bohème homme d’affaires était encore plus surprenant.
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