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Citations de Roland Dorgelès (179)


- Des poilus qui sortent !... On attaque de l'autre côté du ruisseau...
Tout le monde avait crié ensemble, puis aussitôt, on s'était tu, anxieux cloués. Une compagnie venait de sortir des tranchées, sur notre gauche, et en tirailleurs, sans sacs, à la baïonnette, les soldats couraient dans les champs nus.
Le régiment voisin tentait un coup de main et c'était eux que cherchait la maxim au tap-tap régulier de machine à coudre. Le tir, s'étant fixé dans la ligne d'hommes un large accroc.
- Ils sont fauchés.
- Non, ils se planquent..
[...]
Sur cette troupe massée, la mitrailleuse bloqua son tir, et presque d'un coup, les hommes s'abattirent.
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Alors on se rassied, le dos au mur, et on attend. Faire la guerre n’est plus que cela : attendre. Attendre la relève, attendre les lettres, attendre la soupe, attendre le jour, attendre la mort… Et tout cela arrive, à son heure : il suffit d’attendre…
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C'était Pierre Mac Orlan, ce joyeux flâneur en chandail qui nous sonnait le réveil en jouant du clairon ? C'était Francis Carco, ce maigre adolescent pâle comme un pierrot qui, debout sur une table, chantait des refrains de Marseille ? C'était Van Dongen, ce bohème à barbe blonde qu'on voyait, le matin, aller faire ses emplettes, nu-pieds dans des sandales et brimbalant sa boîte à lait ?
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Malgré la mort qui nous suit et prend quand elle veut ceux qu'elle veut, une confiance incensée nous reste. Ce n'est pas vrai, on ne meurt pas ! Est-ce qu'on peut mourir, quand on rit sous la lampe, penchés sur le plat d'où monte un parfum vert de pimprenelle et d'échalote ?
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Prenez un compas, piquez-en la pointe sur une carte de Paris, entre le Sacré-Coeur et le Moulin de la Galette, et décrivez un cercle qui ira de la place Ravignan à la rue Lamarck, du square Saint-Pierre à la rue Caulaincourt, vous aurez les frontières d'un tout petit pays dévasté par la guerre : Montmartre, où se déroule ce récit. La tourmente a sans doute emporté des Etats plus fameux ; elle n'en a pas détruit de plus charmant.
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[...] Bouffioux se laissait injurier, mais n'y montait pas. Depuis la guerre, il avait fait tous les métiers ; un seul le répugnait vraiment : le nôtre.
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Tu parles d'une guerre à la noix. Ils se battaient une journée tous les mois et ils croyaient avoir tout bouffé...ça me fait marrer moi, des guerres comme ça.
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Il me semble que ma vie entière sera éclaboussée de ces mornes horreurs, que ma mémoire salie ne pourra jamais oublier.
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Elle a reconnu le jeune officier en veste blanche qui l’a surprise, comme elle se baignait, pudique, derrière les rochers, et ses joues se sont empourprées, sous leur safran. Maintenant, assis l’un près de l’autre au pied d’un flamboyant en fleurs, ils s’apprennent des mots charmants, en se pressant les mains.
Ils seront heureux, loin du monde, fuyant les fêtes de l’escadre. Le soir, à l’heure où s’éveillent les lourds papillons de velours, elle lui chantera des airs anciens, s’accompagnant sur la cithare. Elle l’embrassera à la manière des filles d’Annam, en approchant son petit nez de son visage et en aspirant très fort, comme si elle respirait une fleur, et elle lui donnera un joli nom pour elle seule, Minh, par exemple, ce qui veut dire Mon mien, Ma chose... Rien ne marquerait la marche du temps, que parfois la chute d’une mangue trop mûre...
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Peu de gens l’ont réellement connu, ce coin disparu du Vieux Paris. On le confond toujours avec le Montmartre d’en bas, celui des boîtes de nuit et des coiffeurs pour dames : c’est lui faire peu d’honneur. Chez nous, on se serait cru à la campagne. Pas d’autobus, pas de grands immeubles, pas de trottoirs encombrés. Chaque carrefour avait sa borne fontaine, chaque maison son bout de jardin, et les cafetiers vous offraient au lieu de moleskine, de rustique bancs de bois.
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Incipit.

Les plus belles heures de mon enfance, je les ai passées avec des livres, le front posé sur mes petits poing brûlants. La dernière page tournée, je ne voulais pas que le roman fût fini et, tout fiévreux encore, je le continuais dans mon esprit, entraînant ses personnages dans de nouvelles aventures où je tenais enfin mon rôle.
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on oubliera. les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. l'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le coeur consolé de ceux qu'ils aimaient tant. et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
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La relève serpentait, silencieusement. Des compagnies , en file obscure, nous croisaient, si clairsemées qu'elles faisaient peur à voir. Une odeur de poudre, d'acide et de cadavres s'exhalait ce cette terre rongée. De loin en loin on distinguait, coupant la plaine, les silhouettes penchées de brancardiers au joug.
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La grille de la douane franchie, et débarrassé des changeurs qui font tinter les piastres dans leur sacoche, on s'engage dans la grande rue où tout le paquebot s'écoule, classes mêlées. Personne ne manque.
L'escale, en mer, c'est le dimanche.
Dès le premier Arabe, les dames s'extasient. "Ce que c'est drôle !" Drôle, oui mais pas plus...Port-Saïd, ce n'est pas une ville, ce n'est ni l'Europe, ni l'Asie, ni l'Afrique : c'est une terre de transition, le bouchon du canal entre trois continents, le bazar intermédiaire, pour que le voyageur s'habitue. Supposez un filtre entre deux océans, c'est Port-Saïd. Les immondices s'y collent.
Autant de boutiques que de maisons bijouteries, confiseurs, librairies, marchands de tabac d'Orient, étalages de melons et de fruits, baraques de changeurs. Mais le plus beau, ce sont ces larges vitrines où sont exposés tous les fléaux de l’Égypte : vases de cuivre, tapis, armes damasquinées, lampes, tulles pailleté d'argent, horreur dont personne ne voudrait à Paris, mais qu'on se dispute ici parce que "c'est du pays".
Arrivées là, les voyageuses s'arrêtent éblouies l'Orient de leurs rêves est à vendre...
(extrait du chapitre IV "A Port-Saïd")
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Roland Dorgelès
L'expérience ressemble aux cure-dents: personne ne veut s'en servir après-vous.


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C'était le bon temps... Oui, malgré tout, c'était le bon temps, puisqu'il vous voyait vivants... On a bien ri, au repos, entre deux marches accablantes, on a bien ri pour un peu de paille trouvée, une soupe chaude, on a bien ri pour un gourbi solide, on a bien ri pour une nuit de répit, une blague lancée, un brin de chanson...
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Picasso en veste de toile bleue ressemblait à un zingueur, et son ami Vlaminck à un coureur cycliste sous son chandail à col roulé. D'autres s'affublaient de culottes de sport, de redingotes, de macfarlanes, de salopettes, de pet-en-l'air, de vestes à martingale, de capuchons, de houppelandes, de cache-poussière, tout le décrochez-moi-ça des magasins de confection. Max Jacob se distinguait par un caban soutaché de rouge ramené de Bretagne, André Salmon par son carrick de cocher londonien. La fantaisie n'était pas moindre pour les coiffures : Chas Laborde son chapeau de pasteur, Mac Orlan sa casquette de jockey, et Le Fauconnier, le cubiste, un curieux petit feutre, retroussé par derrière qui rappelait facétieusement Louis XI
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Tu copies de la viande, tu contrefais de la vaisselle, tu mets ta signature sous des bottes de radis. Voilà ce que tu appelles peindre. Une œuvre d’art ne doit pas se lire comme une image de calendrier. Dès que tu comprends, c’est moins bien.
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On récitait pêle-mêle du Villon et du Verlaine, du Baudelaire et du Laforgue, et quand Barbenfeu réclamait du Lecomte de Lisle, le grelottant Hubert, pour lui faire plaisir, se mettait au piano, sans quitter ses mitaines ni sa toque de fourrure et improvisait un accompagnement.
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Les paysans du front ont le cœur endurci et ne s'émeuvent plus guère, après tant d'horreurs; pourtant, quand ils virent déboucher la première compagnie de ce régiment d'outre-tombe, leur visage changea.
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