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Citations de Roland Dorgelès (179)


Nous étions tous -et sans la moindre affectation- anarchistes, aristocrates, anticléricaux, fermement croyants et principalement anti tout, ce qui est, pour le jeune âge, la seule opinion convenable. Nous affections de dédaigner les femmes, qui étaient néanmoins notre préoccupation essentielle, et nous méprisions l'argent qui nous le rendait bien.
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Poverini! se récria-t-il, cela leur est bien égal, la politique. Ils sont tout juste assez savants pour comprendre le parroco quand il prêche le dimanche. Le reste leur passe au-dessus de la tête. Il faut être socialiste. Bene... II faut être fas- ciste. Benone... l'essentiel est qu'ils reçoivent un bon de pain et des souliers.
- Pourtant, j'en vois ici qui semblent fiers d'arborer l'insigne du Parti.
-P.N. F. railla-t-il. Savez-vous ce que cela veut dire?
-Partito Nazionale Fascista.
Il se claqua les cuisses. Puis, se penchant sur la table, de peur que Beppe n'entendit.
- Non. Per necessita familiale. Vous comprenez ?
Il s'en étouffait de rire:
-En Italie, on peut se passer d'extrait de naissance et de bulletin de baptême, mais pas de la carte du Parti. Alors, pour obtenir des places, tout le monde s'inscrit. Moi, je veux rester libre.
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- Vos bourgeois, raillait-il un jour, se figurent que le fascisme est une garde mobile devant les coffres-forts. Gardes mobiles, nous le sommes peut-être, mais les coffres-forts, nous les avons vidés.
C'est une parole que devraient bien méditer les demi-riches et les demi-ruinés qui placent leur dernière espérance dans un régime frère de celui-là. A quoi bon répéter au militant syndicaliste, au professeur libéral, à l'écrivain indépendant qu'ils ne seraient pas heureux dans un Etat autoritaire ? Je suppose qu'ils le savent. Cest sous le front ingénu des autres qu'il faudrait enfoncer cette idée. Dans votre bonne tête, bou- tiquier, mon ami, ou vous, petit rentier, patron d'usine qui supposez qu'une dictature remettrait tout en place, sans toutefois déranger votre fau- teuil ni chiffonner vos habits.
II ferait comme ses devanciers, croyez-moi. Il prendrait aux pauvres leur seul arme: l'indépendance. Et à vous votre bouclier : I'argent.
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Certains bourgeois français, lui disais-je regrettent que nous n'ayons pas un Mussolini. Penché sur une vitrine, où il examinait ds médailles, ce vieux socialiste leva simplement la tête, sa loupe un instant retombée :
- Nous pourrions peut-être leur envoyer le nôtre? me proposa-t-il doucement.
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Vous êtes mécontents ? Vous voulez prèsenter des revendications ? Aux urnes, citoyens !
Décidément tous les régimes autoritaires se ressemblent. Ils condamnent les démocraties mais prennent toutes les mesures pour se donner l'air démocratique. Celui-ci n'y parvient guère.
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Que ces Orientaux sont donc heureux ! Même lorsqu'ils travaillent, ils ont l'air de flâner. Dans les souks, c'est ma joie de voir ces centaines de marchands, sciés en deux sur leur tapis, qui attendent le client en fumant leur pipe à eau. Leur Dieu ne les a pas frappés, comme le nôtre, de la punition originelle et, ayant sans doute le choix entre différents péchés, ils ont préféré la paresse.
C'est un péché de soleil... La proverbiale sobriété de ces Syriens n'a même pas d'autre raison : quel bon pain vaudrait le mal qu'on se donne à le gagner ?
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Le capitaine Tarasse, dit "Tracasse", qui commandait ma compagnie détestait par-dessus tout la contradiction, l'indépendance d'esprit, la fantaisie et tout ce qui pouvait rappeler de loin ou de près la liberté, forme déguisée de l'insubordination. Un ordre, quel qu'il fût, devait s'exécuter sur-le-champ, sans chercher à comprendre et surtout sans discuter. Demi-tour et rompez...
Il se méfiait des gens trop instruits, qui sont généralement "raisonneurs", et ne faisait exception que pour les instituteurs, déjà pliés à la discipline.
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Rares minutes où le bonheur vient nous visiter, comme un ami qu'on espérait plus revoir. Rares instants où l'on se souvient d'avoir été un homme, d'avoir été un maître, le plus puissant de tous : son maître. UN feu qui flambe, une table, une lampe, voici le passé qui revient…
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Pareil aux enfants pauvres, qui se construisent des palais avec des bouts de planche, le soldat fait du bonheur avec tout ce qui traîne.
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La guerre… Je vois des ruines, de la boue, des files d'hommes fourbus, des bistrots où l'on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux aguets, des troncs d'arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix… Tout cela défile, se mêle, se confond. La guerre...
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Comme c'est triste, un panorama de victoire ! La brume en cache encore des coins sous son suaire et je ne reconnais plus rien, sur cette vaste carte de terre retournée.
[...]
- Il y a vingt mille cadavres boches ici, s'est écrié le colonel, fier de nous.
Combien de Français ?
Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque. Mais je puis chercher, je ne reconnais plus rien. Les lieux où l'on a tant souffert sont tout pareils aux autres, perdus dans la grisaille comme s'il ne pouvait y avoir qu'un même aspect pour un même martyre. C'est là, quelque part... L'odeur fade des cadavres s'efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes à eau. Mais moi,c'est dans ma tête, dans ma peau que j'emporte l'horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l'odeur de la pitié.
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Il ne reste plus, dans le monde, que quelques uns de ces îlots où, le passé survit. Du passé vivant, comme les archéologues, sous la pierre, retrouvent le passé mort. Ce ne sont pas des monnaies, des poteries, des armes, que le voyageur met ici à jour : ce sont des coutumes, des mœurs. (p. 109)
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Ceci n'est pas un effet littéraire, mais une affirmation que nul ne peut contester. On dira au chasseur : « avec votre permis, vous n'avez le droit de tuer qu'un éléphant, un gaur et deux buffles », mqais personne n'a le pouvoir de dire à une riche compagnie : « la mortalité dans votre concession a dépassé trente pour cent, nous vous dépossédons au nom de l'humanité ». C'est pour cela que je m'indigne. (p. 48)
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Il m’aime… un peu…beaucoup… » comme si elle effeuillait la marguerite. Ah ! tendres balivernes qui faisiez rêver les vétérans crédules et fleurir Madelon
sur les lèvres des conscrits. Ah ! les belles du front…
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Comme la guerre sera jolie, racontée dans cent ans ! Ce sont toujours les mêmes histoires qu’on nous raconte, d’ailleurs, et cela se déroule dans le même village rose et bleu, dont les habitants marcottent des hortensias
au lieu de vendre de l’amadou au mètre
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