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Critiques de Robert Littell (233)
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L'hirondelle avant l'orage

Ossip Mandelstam est un poète russe qui aura eu le sinistre privilège d’ébranler le système stalinien. L’hirondelle avant l’orage est une version romancée de sa vie, du récit de ses démêlés avec ce qui était la « justice » de l’époque.



Robert Litrell, après sa rencontre avec la veuve du poète, a décidé de raconter à sa manière le conflit entre Staline et Mandelstam, qui avait osé critiquer son régime dans un de ses derniers poèmes. L’auteur, via les voix des acteurs de cette sombre période, nous donne à voir une Russie en pleine déchéance ainsi que le danger de s’élever contre le système stalinien.



Parmi les voix qui traversent le livre, il y a celle de Nadedja Mandelstam, muse et épouse du poète, mais aussi celles du garde du corps personnel de Staline, du poète Pasternak, et celles d’un ancien champion russe d’haltérophilie et d’autres personnes qui croisèrent la route d’Ossip.



Plein de poésie et d’un réalisme étonnant, ces témoignages, bien que fictifs, nous entraînent au coeur d’un système sans compromis, qui remet en cause le statut d’écrivain et sa place au sein de la société. Nous assistons à la descente aux enfers de Mandelstam, qui refusa de se plier à l’hypocrisie de son époque…



« Peut-être devrions-nous tous commettre les crimes dont on va nous accuser »



Lorsque l’on repense au début du roman, en connaissant tout ce que vont endurer les Mandelstam, on ne peut s’empêcher de ressentir un pincement. En effet, L'hirondelle avant l’orage s’ouvre sur la description de Mandelstam par sa femme. Le lecteur a alors affaire à un écrivain-génie, charmeur et plein de force. Rien à voir avec l’homme broyé par les tortures et les persécutions que le régime stalinien lui aura fait subir, quelques centaines de pages plus loin.



Il en est de même pour la situation de ce fameux soir qu’évoque Nadedja : Ossip et son épouse prennent sous leur aile une jeune femme avec qui ils vont faire un ménage à trois, le temps d’une nuit… Mais méfiance, on ne peut être audacieux avec tout le monde… La lecture d’un poème de Mandelstam fera souffler un vent de trahison parmi ses proches.



« C’est le siècle chien-loup qui sur moi s’est jeté ». Ces paroles de Mandelstam résument parfaitement ce qui le mènera en prison, puis en déportation : Staline est un dictateur et on ne peut l’attaquer sans en subir gravement les conséquences. Ces mots vont le conduire au cachot : « montagnard du Kremlin », « bourreau », « assassin », « ses doigts sont gras comme des vers », « moustache de cafard ».



En parallèle du destin du poète, le livre nous donne à voir ceux de ses contemporains. Il y a parmi eux Fikrit Shotman, un ancien champion d’haltérophilie, accusé de crimes qu’il n’a pas commis, amené à confesser des traîtrises que sa naïveté n’aurait jamais imaginées.



L’entraide des amis du couple Mandelstam croise les actes de torture dans les prisons du Kremlin, où les tortionnaires jouent à la roulette russe avec les prisonniers.



Mandelstam se laisse submerger par la folie et imagine qu’il rencontre en personne Staline, qui se confie à lui. Malade, exilé loin de Moscou, nous pensons que le régime va l’abandonner à son triste sort. Non, jusqu’au bout, il s’acharnera sur lui.



L'hirondelle avant l’orage nous présente un âge sombre, un pays en pleine décomposition sous le joug de son dictateur, Staline. Mais il témoigne aussi du courage d’Ossip Mandelstam qui refusa toujours de s’incliner et qui plaça la poésie au-dessus de toute règle.
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La compagnie

Captivant. Palpitant. De bout en bout.

Bien écrit, facile à lire.

C’est un roman d’espionnage couvrant la période de la guerre froide. Les services d’espionnages, la CIA et le KGB, y sont passés au crible à travers trois personnages clés, Jack, Léo et Eugene auquel il faut rajouter Ebby et bien d’autres.

Du Berlin d’après guerre, en passant par l’insurrection de Budapest en 1956, la baie des Cochons en 1960, la guerre en Afghanistan, au putsch manqué des nostalgiques du communisme soviétique en 1991, les évènements nous sont relatés au travers des services - très actifs - d’espionnage.

De la devise de résistance d’un Jack aux abois, « vivre pour lutter un jour de plus », à celle d’Eugene et de son mentor Starik, « permettre à la générosité et au génie humains de s’épanouir », on cerne bien à tout moment les enjeux et les ressorts psychologiques de cette guerre froide.

Au-delà de la désinformation (Vrai-faux; Faux-Vrai), on comprend aussi les biais de connaissance induits par le contre-espionnage: les informations mal interprétées, car non conformes à la logique souhaitée ou attendue, conduisent à des décisions politiques absurdes et mortifères .



A couper le souffle. C’est un roman fascinant.

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La compagnie

Un des meilleurs romans d'espionnage que j'aie lu depuis longtemps surpassant même le grand John LeCarré. À travers les personnages de Maman, Le Sorcier,l'Apprenti Sorcier, Sacha et quelques autres, Littell nous raconte l'histoire de la CIA depuis sa création jusqu'à aujourd'hui. De la baie des cochons jusqu'à Poutine en passant par Budapest, Berlin Est et l'épisode des trois espions britanniques Philby, McClean et Burgess on est de tous les complots, infiltrations, exfiltrations et cafouillages des 70 dernières années. Captivant, vivant et instructif. Ce pavé de 1200 pages a été édité en format poche bien qu'il ne rentre dans aucune poche, en tout cas pas les miennes.
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La peste sur vos deux familles

Un mythe revisité…

« Roméo et Juliette est une tragédie de William Shakespeare. Écrite vers le début de sa carrière, elle raconte l'histoire de deux jeunes gens, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, qui s'aiment malgré la haine que se vouent leurs familles et connaissent un destin funeste » …

D’autres s’y sont aventurés… Jo Nesbo avec « Macbeth » … Merete Pryds Helle avec « oh, Roméo » … de belles réussites, chacune dans leur genre.

Que Robert Littell s’y aventure aussi, pourquoi pas !

C’est plutôt pas mal fait, mais …

Ce qui me gêne, c’est qu’il n’y a rien de bien neuf dans tout ça … les ingrédients de ce qui pourrait être un suspens sont certes là… les personnages croqués avec intelligence et bien intégrés dans la société russe des années 1990 … le dénouement n’apporte pas grand chose … tout est déjà écrit !

Je vois dans cette adaptation d’un grand classique, la maîtrise de l’écriture de l’auteur certes, mais une volonté de s’accaparer des préoccupations inquiétantes de l’actualité internationale sur les causes qui ont provoquées l’état du régime actuel russe pour nous laisser imaginer des révélations qui pourraient nourrir notre vision de l’avenir de cette partie du monde.

Mythe revisité oui, mais pour moi, juste une opération commerciale comme une autre !

Dommage, il devait bien y avoir d’autres choses à écrire sur le sujet !
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La défection de A.J. Lewinter

Ecrit au début des années soixante-dix, en période de guerre froide, ce roman traite des manipulations à plusieurs bandes entre les services de sécurité de l’URSS et des USA, suite à une défection d’un guignol qui entre dans l’Histoire comme un chien dans un jeu de quilles. L’auteur y déploie un cynisme de belle tenue, faisant des portraits de pieds nickelés arrivistes et manipulateurs. Des héros “à la Colombo”, mais qui n’amusent personne.
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L'hirondelle avant l'orage

Robert Littell a mis trente ans pour accoucher de ce livre, dont il raconte l'origine dans l'épilogue. En 1979, l'ex-reporter de Newsweek, spécialiste de la Russie et du Moyen-Orient, avait eu la chance de rencontrer à Moscou la veuve du poète Ossip Mandelstam. « Ne parlez pas anglais dans le couloir », avait lâché Nadejda en le raccompagnant à sa porte.

Cette phrase, depuis, n'a cessé de le hanter.

Il est dangereux de parler anglais à Moscou en 1979. L'HIRONDELLE AVANT L'ORAGE, d'une épure formelle impeccable, rend compte de façon déchirante ce que peut être l'arbitraire le plus absolu, un arbitraire confinant à la folie pure et simple.

Ce livre est tout à la fois bouleversant et tragiquement drôle. On lit, écœuré et médusé, les procès de Moscou ; les détours tortueux empruntés par les procureurs zélés (futurs accusés pour la plupart) pour faire avouer des fautes inexistantes dont la plupart des victimes finiront par se croire réellement responsables.

L'HIRONDELLE AVANT L'ORAGE est peut-être le plus beau livre de son auteur, pas de l'ampleur phénoménale de LA COMPAGNIE, mais d'une poésie et d'une humanité sans pareille.

Grand grand livre.
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Requiem pour une révolution

Initialement paru en 1989, Requiem pour une Révolution de Robert Littel est un pur chef-d’œuvre. Avec talent, cet écrivain de renom manie avec une grande habilité la plume et emmène son lecteur dans une histoire où se mêlent fiction et réalité. Histoire dont le dénouement audacieux imaginé par Robert Littel surprendra plus d’un lecteur.

Le lecteur suit avec intérêt, le périple d’Alexander Til, de New York jusqu’en Russie . Ce jeune idéaliste, entouré de ses amis et de celle dont il est tombé amoureux sera le témoin d’atrocités perprétrées au nom de la cause et qui plongeront le peuple russe dans la souffrance.

A lire ou à relire.

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Une belle saloperie

Pour aller droit au but concernant ce polar, je dirais que je m'y suis tellement ennuyée que je ne l'ai pas terminé. J'ai tenu 106 pages avant de renoncer. Immédiatement, je me suis heurtée à un style qui ne me plaisait pas du tout...

LA SUITE
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La compagnie

Un bon gros roman d'espionnage qui mélange fiction et faits réels. La CIA lutte contre son ennemie intime le KGB.

On voyage dans le temps, pour tenter une exfiltration en RDA, d'aider une révolution hongroise dans les années 50, d'intervenir à Cuba et ainsi de suite.

En parallèle on suit différents personnages pendant toutes ces années.

On s'ennuie très peu durant cette lecture. Le fait de lire un livre de près de 1000 pages n'est pas gênant tellement l'histoire est prenante.
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Une belle saloperie

C’est le premier ouvrage de Robert Littell que je lis. A vrai dire, c’est Claude qui l’avait acheté car il apprécie beaucoup cet auteur et ses romans d’espionnage si bien documentés comme "La Compagnie". Et j’imagine que cette histoire est l'exercice de style d’un écrivain confirmé, qui s’est amusé à concevoir une nouvelle aventure de Philip Marlowe, incarné par Humphrey Bogart, sans doute sur la sugggestion de son éditeur pour en faire un coup marketing.



La référence à Raymond Chandler est d’ailleurs explicite. Dans le texte. Les personnages sont en ligne avec ceux du « Grand Sommeil », on a tout de suite une petite idée de la duplicité d’un des personnages. Le héros, Lemuel Gunn – avec deux n – est un ancien de la CIA reconverti en détective privé après avoir combattu dans les territoires talibans de l’Afghanistan. Un dur à cuire qui connaît les techniques du combat rapproché, de la poursuite de nuit avec des lunettes spéciales, de la survie dans le désert. Âgé de la petite cinquantaine, il est encore agile et ne craint pas d’engager une bagarre de temps en temps. Naturellement, il va tomber amoureux de la belle Ornella aux multiples visages, qui court après un suspect pour lequel elle a assuré une caution de 125 000 dolllars. Une belle saloperie ? C’est la guerre contemporaine, bien entendu, mais c’est aussi tour à tour, les deux protagonistes de cette histoire caricaturalement américaine.



Le paysage du Nouveau Mexique, la route du désert Mojave, le Désert Peint … les camps de mobil-homes où des Américains peu fortunés viennent passer l’hiver pour économiser du combustible, les policiers à Stetson, les mafieux qui passent leur temps à se canarder, parfois même avec de petits pistolets qui tiennent juste dans le creux de la paume… voilà l’ambiance de ce romans bien construit mais très convenu.



Quelques trouvailles, une histoire d’amour sans issue, un style qui doit beaucoup aux maîtres du thriller américain mais sonne le déjà-vu … J’ai terminé le livre, mais je n’en lirai pas d’autre du même auteur. Il faut toujours lire les critiques de livres avant de les acheter !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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L'hirondelle avant l'orage

Le combat poignant et le destin tragique d’un poète persécuté par la dictature stalinienne sont évoqués dans un récit polyphonique par les personnes qui ont croisé la route d'Ossip Mandelstam, grand poète russe opposé au Stalinisme.

Hommage au dissident comme au poète, et réflexion intéressante sur le statut de l’artiste face au pouvoir, sur l’opposition entre idéologie communiste et création littéraire, Robert Litell nous éclaire sur un épisode méconnu de la dictature staliniste à l'issue duquel, Nadejda, la femme du poète, n'aura d'autre choix que d'apprendre par coeur tous ses poèmes afin qu'ils échappent à la destruction !
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Légendes

Un roman qui se lit à toute allure, assemblant à travers les nombreux flash-back un puzzle monstrueux d'actions et de rebondissements qui ne laisse personne indemne, ni le personnage principal de cette édifiante histoire (on souhaite penser que l'idée sous-jacente du roman n'est que pure fiction), ni le lecteur qui doit se remettre de ses nuits blanches.

Les différents rôles endossés par le héros (les "légendes") construisent un parcours complexe qu'il faut défricher peu à peu, dévoilant parallèlement l'origine de la névrose du personnage et les indices permettant à l'enquête d'avancer jusqu'à son dénouement final.

Moins encyclopédique que "La Compagnie", ce roman est plus attachant car il est centré sur l'histoire personnelle d'un seul ex-agent de la CIA, devenu détective privé, qui sera contraint de se confronter à la fois à la manipulation de ses anciens employeurs, à ses ennemis d'hier qu'il croyait pouvoir oublier, et à ses démons intérieurs.

Merci monsieur Littell pour ce renouvellement magistral d'un genre pourtant bien rebattu.
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L'amateur

« L'amateur » de Robert Littell est tiré du scénario qu’il a écrit pour le film de Charles Jarrott, « L’Homme de Prague ». Paru en 1981, « L'amateur » témoigne du temps de la guerre froide. Le roman débute par une scène cinématographique classique: une prise d’otages et un assassinat. Le fiancé de la victime, Charlie Heller, travaille à la CIA où il conçoit les systèmes d’encodage. Il décide de se venger … Cette improbable histoire déploie une cascade de rebondissements où se mêlent espionnage, trahisons, rencontres « fortuites » et hasards « heureux ». Charlie Heller n’en poursuit pas moins ses recherches et décryptages pour découvrir le véritable auteur des pièces de William Shakespeare… La version littéraire du scénario est inégale, elle alterne séquences d’action au rythme visuel, explications techniques des encodages (ardues et de fait complexes), une orientation culturelle (certes limitée). Un roman divertissant mais qui n’est pas le meilleur de Robert Littell.
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Requiem pour une révolution

Certes, au début (livre 1 et une partie du livre 2), les personnages et situations me semblaient posées de manière un peu rapide, sans qu'on puisse saisir leurs ressorts ou tenants et aboutissants, et puis le livre 3, qui s'ouvre sur cette citation de Maxime Gorki : "Tout comme les Anglais ont un don particulier pour l'humour, les Russes en ont un pour la cruauté. C'est une cruauté spéciale, de sang-froid, qui va aux limites de l'endurance humaine..." (tiré d'un opuscule de 1922, inédit en URSS, A propos du paysan russe). Le livre vient de basculer, comme on va s'en apercevoir à la lecture de ce qui suit et qui voit les personnages errer dans le pays en proie à la guerre civile de l'été 1917, dans la droite ligne des quelques phrases d'introduction. C'est d'autant plus terrifiant que l'on comprend que c'est basé sur des faits réels, et forcément glaçant compte tenu de l'actualité, et je suis presque gêné de dire que le livre y trouve un nouveau souffle. Le niveau de reconstitution historique devient éblouissant ! On EST avec les personnages dans la campagne russe dévastée par la cruauté de la guerre civile, puis dans les années 30 à Moscou, au cœur de la population maintenue en état de stress post-traumatique par la terreur des purges staliniennes. Robert Littell déclare dans sa postface deux ans de documentation et trois ans de rédaction pour son ouvrage. Encore fallait-il en tirer le meilleur, il l'a fait et on ne peut que sentir de la gratitude pour ce travail. Dans la dernière partie enfin (livre 5), tout rebondit dans de la fiction de haut vol mêlant l'Histoire, l'aventure, la poésie. Le suspense est magnifiquement agencé, les personnages un peu plats du début, tant qu'ils étaient ballotés par des convulsions historiques balayant les existences comme des fétus de paille, prennent toute leur épaisseur, comme sous l'effet du face-à-face avec eux-mêmes dans le silence de la terreur, et finissent par arriver, comme souvent chez Littell, au rendez-vous du destin qui résume et ordonne leurs existences entières. Ce livre qui au passage - ce n'est pas le moins prodigieux - contient déjà, entre autres trésors, toute l'histoire de "L'hirondelle avant l'orage" (que Littell rédigera pourtant quelques années plus tard) nous entraîne à des hauteurs irrespirables, d'où il nous force à contempler l'abîme de la Russie du XXème siècle. Vertigineux.
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Vladimir M.

Derrière l'initiale du titre se cache, en fait, le grand poète russe Vladimir Maïakovski (1893-1930). Si vous n'en avez jamais entendu parler ou si vous détestez sa production, passez votre chemin ! Mais si, au contraire, vous appréciez la force de ses vers et si vous êtes fasciné par sa trajectoire incandescente, dans son siècle très agité, je vous propose de lire cette oeuvre un peu surprenante.

Robert Littell imagine une rencontre hypothétique (en 1953) entre quatre femmes très différentes, qui ont aimé Maïakovski; leurs échanges sont enregistrés sur magnétophone. La plus connue d'entre elles est Lilia (Lili Brik), qui passera dans la postérité comme la principale muse du poète. Ces quatre femmes se remémorent leurs amours - sans pudeur - tout en se chamaillant entre elles. Il s'ensuit un portrait vigoureux et très haut en couleurs de Maïakovski dont la vie s'arc-boute sur trois obsessions: la poésie, le sexe et la Révolution (tiercé donné dans le désordre). L'homme, génial et audacieux, est aussi plein de contradictions et fragile: il finira par se suicider, la motivation de son geste étant probablement moins politique que certains l'ont prétendu.

C'est donc un livre original et assez cru, peut-être un peu trop long, qui évoque un homme exceptionnel. Toutefois, j'ai préféré l'émouvant roman "L'hirondelle avant l'orage", écrit par le même auteur (qui, incidemment, est le père de Jonathan Littell)

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La compagnie

Mon avis ne sera malheureusement pas élogieux. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi. Je ne suis pas friande de roman d’espionnage. J’avais déjà lu l’an dernier « la trilogie Jason Bourne » et j’avais pas trop apprécié, j’ai aussi lu quelques Tintin, mais voilà je n’accroche pas à ce genre de récit. Pourtant, j’aime bien les regarder en film ou série.



La mise en place est assez lente, mais nécessaire au roman. Il y a beaucoup de moment où j’ai trouvé cela très intéressant, mais ce ne fut pas la majorité du temps, je me suis surtout ennuyée. Il y a aussi des moments que j’aurais aimé retrouver dans ce roman et qu’ils n’y sont pas, mais je crois que cela n’aurait pas pu entrer en un seul volume.

Par contre, le travail de recherche est colossal. Je pense que pour les amateur du genre c’est un très bon roman

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Koba

L'improbable rencontre, presque théâtrale, d'un enfant et d'un tyran. Littell joue sur la candeur de son narrateur et sur l'apparence usée de Staline pour asseoir le quiproquo. La fraîcheur, la franchise de Léon amusent le vieillard, dont le romancier trace un portrait atypique. Celle d'un mort en sursis, nostalgique de son enfance perdue qu'il retrouve en Léon. Personne n'est innocent, comme l'affirme véhémentement Koba ? Vraiment ?
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La défection de A.J. Lewinter

"Si vous avez ce que vous prétendez avoir, dit-il, ce serait une grosse affaire pour nous. Et bien entendu, nous vous en serions très reconnaissants. Mais les gens ne surgissent pas comme ça pour vous offrir une information de cette taille." Première lecture de Littell (père), et plutôt une bonne surprise.



A.J. Lewinter, ingénieur américain travaillant dans le secteur de l'armement, vraisemblablement détenteur d'informations sensibles sur les missiles nucléaires des Etats-Unis, vient de passer à l'Est, via l'ambassade soviétique au Japon. Pour les Américains comme pour les Russes, cette défection est, à bien des niveaux, incompréhensible. De part et d'autre du Rideau de fer, les responsables des services secrets (Diamond d'un côté, Pogodine de l'autre) s'affrontent dans une joute psychologique extrêmement prenante.



Grand absent du récit, Lewinter est un personnage en creux, flou, insaisissable, paradoxal en diable - et cette trouvaille narrative fait clairement l'originalité du moment, en laissant constamment le lecteur balancer dans le doute. Alors, taupe ou pas taupe ? C'est justement tout le problème. "Mon métier n'est pas l'espionnage, c'est la maîtrise des jeux. C'est moi, ton pion agressif. J'essaie d'imaginer ce que les Américains sont en train de faire. Ils essaient d'imaginer ce que nous sommes en train de faire. Et puis j'essaye d'imaginer ce qu'ils pensent que nous faisons. Et ils essaient d'imaginer ce que je pense qu'ils pensent que nous faisons. Et ainsi de suite, ad infinitum."



Moins vertigineux qu'un Le Carré (voir sa brillantissime Taupe), mais nécessitant aussi moins la concentration ultime et l'attention extrême aux détails que son collègue exige, Robert Littelle offre ici, avec son grand classique, un divertissement d'une belle qualité, rondement mené, et non sans humour. Et vraisemblablement très bien traduit (les Manchette sont aux commandes), ce qui ne gâche rien. Avec quelque chose de Graham Greene (voir l'exceptionnellement drôle Notre agent à La Havane), construit avec la rigueur d'une partie d'échecs, La défection d'A.J. Lewinter se déroule comme un délicieux jeu du chat et de la souris, qui broie les individus au profit des stratégies et des ambitions. En bref : diabolique et joliment fichu !



"Nous avons toutes les raisons de nous faire du souci pour l'anodin M. Lewinter. Parce qu'ils l'ont pris chez eux."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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La compagnie

La compagnie



Cinquante ans au cœur de la CIA depuis les débuts de la guerre froide avec Hoover jusqu’à la glasnost de Gorbatchev et l’avènement de Boris Telline.



Parfaitement structuré ce roman met en scène des personnages qui traversent l’histoire en famille – chez les espions , les fils succèdent aux pères – passant entre autre par l’invasion de la Hongrie en 1956, la baie des cochons en 61, la crise du pétrole de 74 et la guerre soviétique en Afghanistan. Une bonne façon de réviser l’histoire contemporaine et de côtoyer les politiques des deux bords.



Chaque épisode est une occasion d’évolution pour les personnages qui prennent de l’âge et de l’expérience sur le parcours d’une vie.



Une incroyable paranoïa préside à tous les échanges, toutes les combines foireuses où chacun est la dupe de l’autre au point qu’on ne sait plus qui est du bon côté du rideau de fer, qui regrette d’être là où il est, qui ment, qui est vraiment à la bonne place.



De cette incroyable confusion nait un sentiment d’amateurisme et d’improvisation criminelle, qu’il vienne des élus qui, impuissants, se cachent la tête dans le sable (Kennedy) ou sont tout simplement hors du coup (Reagan), ou des directeurs successifs de la CIA et du KGB qui décident sans cohérence et conduisent les

militaires à des hécatombes.



Ainsi la CIA offre-t-elle au combattants afghans les armes qui se retourneront contre l’Amérique et qui seront à l’origine de tous les conflits à venir, compris la Syrie et l’Irak.

Personne ne ressort vainqueur dans les deux camps et c’est finalement une poignée d’intouchables russes qui accélérera la fin de l’empire soviétique en ratant son coup d’état.



1200 pages qui débutent un peu lentement par trop d’apocopes, mais il faut bien planter le décor et les personnages. Suit un récit captivant et rigoureux à l’écriture impeccable.

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Une belle saloperie

Le héros de ce roman s’appelle Gunn (avec deux « n », s’il vous plaît), Lemuel Gunn. Il est un détective privé à l’ancienne, pas né dans le bon siècle. Sa devise pourrait être « satisfait ou remboursé », sauf que Gunn ne se fait payer que s’il obtient des résultats.

La très belle et très touchante Ornella vient le voir : le truand, pardon, le présumé coupable dont elle s’est portée caution s’est fait la malle, et elle ne récupérera pas les 125 000 $ de la caution. Qu’à cela ne tienne, Lemuel, un survivant, commence son enquête, avec les bonnes vieilles méthodes. Lui qui est un ancien de la CIA, lui qui a survécu à l’Afghanistan – mais y a laissé sa carrière – n’est pas branché haute technologie. Il téléphone, se déplace, interroge, utilise quelques subterfuges, essuie des échecs, parfois mais ne se laisse pas abattre, quitte à s’en prendre plein la figure.

L’intérêt de ce roman tient à la personnalité de ce détective, qui n’est pas sans rappeler le héros de Chandler. Ce qu’il découvre reste très classique, dans une guerre des clans qui, elle aussi, semble d’un autre siècle. Et les femmes sont toujours fatales.

Une belle saloperie est un roman au charme désuet, sous le soleil du Nouveau-Mexique.

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