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Critiques de Robert Littell (233)
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Conversations avec-- Shimon Peres

Les Conversations avec Shimon Peres de Robert Litell, ancien grand journaliste à Newsweek chargé de dossiers du Moyen-Orient et du Proche-Orient, ont été publiées en 1998, époque où le chef du Parti Travailliste israélien a déjà reçu le prix Nobel de la paix pour les accords d’Oslo (en 1994) en compagnie de Yasser Arafat et Yitzhak Rabin et est devenu Premier ministre (de 1995 à 1996) après l'assassinat de ce dernier.



Dans ce livre les questions, presque aussi intéressantes que les réponses, portent sur la vie intime et publique de Peres. De son enfance en Biélorussie à son arrivée en Palestine à onze ans, puis de sa participation à la construction du jeune Etat d’Israël aux côtés de Ben Gourion après un long séjour dans un kibboutz à sa carrière politique avec notamment ses engagements dans le processus de paix avec les Palestiniens.



On découvre un homme convaincu du bon droit des actions et de la supériorité d’Israël mais aussi un homme politique pragmatique qui est persuadé de la nécessité de trouver une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. Même si nous connaissons la suite de l’Histoire, puisque ce livre a été écrit il y a une vingtaine d’années, l’analyse de la politique israélienne et de la situation au Proche-Orient apportée par Shimon Peres est passionnante. Elle permet de mieux appréhender les tensions qui agitent cette partie du monde, même si bien sûr elle ne peut être que partisane.

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Koba

Face à un jeune garçon, dans le sombre Kremlin, le vieux tyran sans remords se souvient. L’écrivain américain raconte le dictateur qui l’obsède depuis toujours, et livre ce faisant un excellent roman.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Koba

Depuis que son père est mort et que sa mère a été arrêtée avec les autres médecins juifs de l’hôpital du Kremlin, Léon Rozental (le petit) traîne avec ses copains (une sorte de Club des Cinq sans le chien) dans les couloirs et les passages secrets souterrains de la Maison du quai où habitaient leurs parents. Il y rencontre par hasard dans une immense salle de bal abandonnée, Koba, un vieil homme protégé par une garde prétorienne qui semble tuer le temps (à défaut d’autre chose) en jouant aux échecs. Cette rencontre va déboucher sur plusieurs échanges entre le gamin et l’homme, enrichis des réflexions de Léon et des interrogations d’Isabeau, une de ses amies.



Léon c’est un peu Holden Caulfield (L’attrape cœurs) pour la pureté du cœur, mâtiné de Huckleberry Finn pour l’audace et le courage. Un courage dont il fait preuve d’entrée de jeu lorsqu’il dit à Koba qu’il n’a pas peur de lui parce qu’il ne sait pas qui il est et que le vieillard lui répond qu’il parle rarement à des gens qui n’ont pas peur de lui. Sur une telle base, le dialogue peut s’engager sur un ton franc et direct. Les argumentations sont rigoureuses de chaque côté et le ton souvent très drôle.



Sorte de biographie non-autorisée (ou « hypothétiquement autorisée » ?) du Petit père des peuples - peuples qu’il se chargeât sans états d’âme de déplacer ou d’éliminer) -, Koba revient sur la jeunesse de Staline, la révolution bolchévique et le rôle de ses dirigeants, les éliminations des koulaks et des opposants politiques - « Ecoute moi bien, petit. Retiens chacun de mes mots. Ce que je vais te dire, je le tiens de source sure : Personne n’est innocent ! » -, la guerre contre l’Allemagne nazie, les grandes famines (souvent provoquées) etc. C’est un livre magnifique, indispensable pour réviser ses connaissances (Robert Littell sait de quoi il parle) et réfléchir à ce que fut la période durant laquelle l’URSS fut menée d’une main de fer par un homme dont le romancier dresse un portrait ambigu, parfois vieillard débonnaire, le plus souvent tyran dépourvu de toute forme de conscience.



Koba est aussi le roman d’initiation d’un gamin surdoué, qui le conduit à s’interroger sur le pouvoir et la façon de l’exercer, mais aussi sur le passage de l’enfance à l’âge adulte et la fragilité de la vie humaine alors que régne la terreur. Un des chapitres - Où le petit s’arme de courage pour dire l’indicible - évoque d’ailleurs la situation des Juifs persécutés à l’époque stalinienne (complot des blouses blanches en 1953) dans une conversation violente qui marquera la fin des échanges entre l’enfant et le vieux dictateur.



J’ai eu la chance d’être présent le 29 mai à la présentation de son livre par Robert Littel à la Librairie du Globe (bd. Beaumarchais à Paris), spécialisée dans tout ce qui touche à la Russie et à l’Union soviétique. Un excellent moment autour de la littérature et de l’histoire contemporaine.

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Koba

Dans la brillantissime famille Littell, je demande le père. Robert est historien. Il écrit sur des politiques, des écrivains, tout particulièrement sur ceux qui ont été pris dans la tourmente communiste, Mandelstam, Maïakovski..... tout comme sur l'espion Philby.

        Dans son dernier opus, il s'attaque tout simplement..... à Staline, le vieux Staline vu à travers l'oeil à la fois sagace et innocent d'un petit juif de dix ans.

        Leon vit dans la Maison du Quai, un énorme immeuble où loge toute la Nomenklatura, politique ou scientifique, tout comme Svetlana, la fille de Staline. Le papa de Léon est physicien nucléaire; sa maman, cardiologue à l'hôpital du Kremlin. Ils y ont donc toute leur place et  disposent d'un appartement quand les russes pauvres s'entassent dans des logements collectifs. Mais ce père meurt dans un accident de laboratoire. Et, un jour, on vient arrêter la mère, accusée d'appartenir au complot des blouses blanches. Leon naturellement n'en croit pas un mot, ses parents sont si fiers du grand camarade Staline, mais en attendant il se retrouve seul, tout comme son amie Isabeau, dont le père a été condamné à mort comme espion britannique, bien qu'il ne parle même pas l'anglais. Et d'autres enfants encore. La police politique se souciait peu de savoir si les personnes arrêtées laissaient des marmots derrière elles. Alors ils se cachent, vivant en communauté, car la Maison du Quai est truffée de passages secrets, portes dissimulées, escaliers dérobés..... et il y a de plus en plus d'appartements vacants, protégés par des scellés marqués NKVD. Et c'est au cours d'une de ces explorations qu'en haut d'un escalier qu'il vient de découvrir, Leon trouve quatre malabars en train de jouer aux échecs, et au dessus des malabars un petit vieux, intrigué par l'intrusion du gamin, que sa vivacité d'esprit réjouit (il en sait des choses le gamin, en particulier sur les réactions nucléaires, sa passion...), et qui l'invite à revenir lui rendre visite aussi souvent qu'il le veut, et à bavarder au dessus d'une superbe glace à la vanille nappée de chocolat chaud...

        Qui peut il être, ce petit vieux qu'on appelait Koba, qui pue du bec, pète, porte un collier d'ail autour du cou et boit du lait.... Surement un proche du grand camarade Staline, qu'il aide à gouverner le pays! Koba lui explique tout, la stratégie pour se débarrasser de cette saloperie de Hitler, les saloperies de koulaks qui préféraient égorger leurs deux vaches que de les remettre à la communauté, les saloperies de juifs, à commencer par Trotsky, qui infestaient le parti à ses débuts.... Quand même, Léon renâcle, il trouve qu'on a condamné beaucoup de juifs. Ah mais!  on a aussi fusillé énormément de Polonais, et c'étaient pas des youpins, ceux là! Argument imparable..... Koba parle, parle, explique, tu notes tout dans ton carnet, très bien, ahah ainsi tu pourras écrire une biographie autorisée quand je serai mort -quand Koba sera mort, s'intéressera t-on vraiment à lui? Aura t-il seulement quelques lignes de nécrologie à la dernière page de la Pravda?

        Ce qu'il adviendra de la maman de Léon (il a demandé à son vieil ami s'il pouvait faire quelque chose pour elle, non il n'a rien à voir avec le NKVD, mais il va essayer de se renseigner, pas de chance: elle a avoué...); et de la maman d'Isabeau; et que va faire Léon en grandissant, vous le saurez en lisant ce superbe, intelligentissime livre....

        Comment dire? Robert Littell ne dédouane pas Staline, évidemment. Mais il essaye de le comprendre, en évoquant un enfant terrorisé par cette brute alcoolique  de cordonnier qui lui servait de père, qui le frappait et enfermait dans un cagibi plein d'araignées le petit Joseph qui en avait une peur panique. Croyez en la spécialiste mondiale de la terreur des araignées: il y a de quoi vous donner ensuite l'envie de massacrer le reste du monde.....

        Magnifique! à lire absolument
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Koba

Comme l’a évoqué Iouri Trifonov dans son livre éponyme, la “Maison du quai” était l’immeuble où était logée une partie de l’élite soviétique. Ses locataires changeaient souvent, au gré des purges, des déportations et des assassinats des “organes”, le NKVD à l’époque du roman. L’auteur qui ne révèle pas clairement, astuce de rédaction et de maintien du suspens, que “Koba” était un des pseudos de Staline dans la clandestinité emmène son lecteur dans les méandres de la politique communiste de Lénine à Staline. Peint par petites touches, le portrait du tyran se révèle, au sens photographique du terme, aux yeux de son jeune interlocuteur. Habile narration pour un sujet tragique. Quand on passe aujourd’hui devant l’immeuble, les sentiments restent mitigés, mélange incertain et variable suivant les gens, de l’Histoire, de l’anecdotique et du tragique. Une connaissance minimale de cette époque reste sans doute nécessaire à la lecture du “roman”.
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Koba

J aime cet enfant un peu naïf mais pas trop

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Koba

Biographie romancée pour tenter de réhabiliter un des plus grands dictateurs du 20eme siècle au seuil de sa vie .

Robert Littell utilise le dialogue entre Koba (un des nombreux pseudonymes de Staline) et un enfant de dix ans prénommé Léon afin de justifier la politique appliquée en ces temps trouble pour l'URSS et le désir de Staline de passer à la postérité.

Entre les purges et les disparitions, Koba et Léon continuent de converser sans que l'enfant, d'une candeur due à son âge, ne prenne toute la mesure de ce qui se joue y compris au sein de sa propre cellule familiale.

Autour de ce duo, gravitent les "imperméables", police secrète, les gardes du corps de Staline et les autres enfants de l'immeuble du palais, amis de Léon qui tentent de survivre après la disparition de leurs parents.

Certains passages, surtout lorsque Staline est en crise, sont vulgaires et des mots orduriers utilisés me semblent déplacés dans le contexte sauf si on tient compte de l'état de santé mentale de Staline à la fin de sa vie , enfin durant sa vie.



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Koba

Après avoir lu requiem pour une révolution, voici donc "KOBA".

Ce livre ne retrace presque rien de la révolution d'octobre, mais s'attarde sur la période de 1953 et du "fameux complot des médecins" et du regard que pourrait avoir eu Staline sur les "juifs", ou plutôt les personnes de confession juive, qui figurez vous peuvent être de nationalité française, russe, américaine,...tout comme l'islam ne concerne ne concerne pas uniquement les "arabes", ...les chrétiens ne sont pas uniquement européens...

C'est d'ailleurs ce que l'auteur fait dire à Staline, ce dernier a fait condamné des opposants au régime et il se trouve que parfois certains étaient de confession juive.

Dialogue intéressant, mais léger, très léger, trop???

Est-ce dû au fait qu'il s'agit d'un enfant?

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Koba

L'improbable rencontre, presque théâtrale, d'un enfant et d'un tyran. Littell joue sur la candeur de son narrateur et sur l'apparence usée de Staline pour asseoir le quiproquo. La fraîcheur, la franchise de Léon amusent le vieillard, dont le romancier trace un portrait atypique. Celle d'un mort en sursis, nostalgique de son enfance perdue qu'il retrouve en Léon. Personne n'est innocent, comme l'affirme véhémentement Koba ? Vraiment ?
Lien : https://appuyezsurlatouchele..
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Koba

Koba, est presque une fable qui nous transporte dans le cerveau usé et paranoïaque d’un Staline vieillissant confronté au regard d’un enfant. Staline, LE grand sujet de Littell avec la CIA, sa grande quête, sans doute inlassable.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Koba

Dans une tentative de justification et de réhabilitation face à la postérité représentée ici par Léon, un garçon de dix ans dont les parents ont été victimes du régime, le vieux Staline, terré dans son bureau surveillé jour et nuit par des gardiens, s’adresse à son jeune interlocuteur en lui cachant sa véritable identité. Soliloquant plus souvent qu’autrement, Koba (surnom de ses années de jeunesse) dresse un portrait édulcoré de sa gouvernance sous les yeux scrutateurs de Léon, qui le questionne innocemment sur son rôle dans la révolution bolchevique et l’avènement du communisme.

Robert Littell connaît bien son sujet et l’a traité de diverses manières dans son œuvre romanesque et Koba ouvre une perspective intéressante sur l’époque stalinienne en donnant la parole aux enfants privés de leurs parents au nom du dogme politique. J’ai aimé cette approche mais j’aurais apprécié que le roman soit plus étoffé au niveau des personnages. Cela dit, les dialogues à eux seuls valent le détour et pour mieux comprendre l’histoire russe à travers le roman, Robert Littell s’avère incontournable.

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Koba

Mouais mouais.

Veuillez m'excuser d'aller à contre-courant des critiques enthousiastes sur ce roman;

Me voilà dans le camp des dissidents...

Non, je n'ai pas aimé, et ai même dû me forcer à aller jusqu'au bout.

Pourquoi ce manque d'appétence ? Voici les aveux que je m'engage à signer de ma volonté propre :

J'avoue avoir trouvé les personnages peu crédibles, que ce soit le jeune héros ou "le vieux", à la personnalité tellement éloignée de ce que l'on sait de lui...

J'avoue avoir eu du mal avec la traduction, du fameux "conciliabule" utilisé à X reprises pour une discussion, un échange, un dialogue... par un gosse de 10 ans, jusqu'aux nombreuses approximations de traduction de termes russes pourtant connus (notamment des noms propres), des tournures de phrases peu naturelles en français, bref, une gêne permanente à la lecture.

J'avoue avoir trouvé étrange le fait que le petit héros soit à la fois si intelligent, et si ... naïf sur d'autres points.

J'avoue ne pas avoir compris l'intérêt même de créer cette rencontre complètement improbable, cette confiance qu'aurait eu Staline dans cet enfant sorti de nulle part, juif de surcroît et enfant de "traîtres"... Un peu loufoque et irréaliste, je ne sais pas si l'auteur a cherché le 2nd degré de lecture, tout cela n'est pas très clair.

En conclusion, alors que l'idée était sympa, la couverture, super attirante, mais quand j'y ai goûté... Goût fade malgré un super dressage, si je puis dire !

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L'amateur

Je voulais faire connaissance avec les romans de Robert Littell par un livre court, ne sachant pas si un investissement dans la lecture du gros tome de La Compagnie vaudrait la peine. Ce roman achevé, il me semble bien que oui.

Le début de L'Amateur semble poussif, désuet, comme un roman des années soixante, et peu à peu les enchaînements de faits et d'actions entraînent vers de plus en plus de complexité. Et de duplicité tordue, roman d'espionnage au temps de la Guerre froide oblige. Je me suis attachée rapidement au personnage de Charlie Heller, spécialiste des monocodes à la CIA, plus complexe et profond qu'il ne le sait lui-même, ainsi qu'à tous les personnages qui vont croiser sa route et l'aider.

Chaque détail compte, et ce qui est dit à un moment pourra se révéler une arme redoutable par la suite ; plaisir des ramifications souterraines qui se rejoignent quand on s'y attend le moins.

Le texte est écrit au présent, ce qui rend le récit plus vif et percutant, loin des fioritures inutiles.

Un roman subtil, emprunt d'une nostalgie dont les racines plongent dans les tragédies du XXe siècle, mais aussi un roman intelligent et addictif.
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L'amateur

« L'amateur » de Robert Littell est tiré du scénario qu’il a écrit pour le film de Charles Jarrott, « L’Homme de Prague ». Paru en 1981, « L'amateur » témoigne du temps de la guerre froide. Le roman débute par une scène cinématographique classique: une prise d’otages et un assassinat. Le fiancé de la victime, Charlie Heller, travaille à la CIA où il conçoit les systèmes d’encodage. Il décide de se venger … Cette improbable histoire déploie une cascade de rebondissements où se mêlent espionnage, trahisons, rencontres « fortuites » et hasards « heureux ». Charlie Heller n’en poursuit pas moins ses recherches et décryptages pour découvrir le véritable auteur des pièces de William Shakespeare… La version littéraire du scénario est inégale, elle alterne séquences d’action au rythme visuel, explications techniques des encodages (ardues et de fait complexes), une orientation culturelle (certes limitée). Un roman divertissant mais qui n’est pas le meilleur de Robert Littell.
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L'amateur

En pleine période de la guerre froide, une intrigue dont les espions sont les héros mais en moins complexe que les romans de John Le Carré. Le début est Un peu long mais les évènements se précipitent et s'enchaînent comme dans un film. Un bon moment de lecture quoique de facture classique.
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L'hirondelle avant l'orage

L'artiste (ici le poète Ossip Mandelstam) face au pouvoir (Staline). C'est passionnant.
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L'hirondelle avant l'orage

Dans la famille Littell, tout le monde connaît désormais Jonathan, auteur des inoubliables Bienveillantes ; on a moins lu son père, Robert, journaliste américain longtemps posté à Moscou, et grand spécialiste de l’espionnage.

Ce que nous offre ici Robert Littell est un chef d’œuvre : c’est l’histoire de la fascination mutuelle que se vouent Ossip Emilievitch Mandelstam, poète russe, et Joseph Vissarionovitch Staline. En 1934, Mandelstam écrit sur le maître du Kremlin des épigrammes de plus en plus critiques, au point de le traiter de « bourreau et d’assassin de moujiks ».

La Tchekha se déchaîne, et Mandelstam entre dans le noir univers de la torture physique et morale, où il retrouve quelques braves soviétiques innocents, qui finissent par se dire que si la Parti les trouve coupables, c’est qu’ils ont bien commis quelque faute, mais laquelle ?

Staline, qui admire le poète, décide qu’il aura la vie sauve, ce qui nous fait visiter une société où on survit grâce à la profonde et débrouillarde humanité dont est capable le Peuple russe, et où les jeunes cadres dénoncent allègrement leurs supérieurs pour prendre les bonnes places, et s’approprier leurs glacières électriques.

Mandelstam, « armé du pouvoir explosif enfermé dans le noyau des poèmes », choyé par sa douce épouse Nadejda, tient le coup un moment, terrorisé et divagant, mais toujours vivant. Il meurt en 1939 au « Camp de la Deuxième rivière », ce qui fait dire à Staline : « Le con ! comment vais-je faire maintenant ? »

Il y a eu beaucoup de tableaux du Goulag, mais celui-ci, avec son humour, son humanité, sa vérité, son écriture splendide, mérite absolument d’être lu.











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L'hirondelle avant l'orage

Ossip Mandelstam est un poète russe qui aura eu le sinistre privilège d’ébranler le système stalinien. L’hirondelle avant l’orage est une version romancée de sa vie, du récit de ses démêlés avec ce qui était la « justice » de l’époque.



Robert Litrell, après sa rencontre avec la veuve du poète, a décidé de raconter à sa manière le conflit entre Staline et Mandelstam, qui avait osé critiquer son régime dans un de ses derniers poèmes. L’auteur, via les voix des acteurs de cette sombre période, nous donne à voir une Russie en pleine déchéance ainsi que le danger de s’élever contre le système stalinien.



Parmi les voix qui traversent le livre, il y a celle de Nadedja Mandelstam, muse et épouse du poète, mais aussi celles du garde du corps personnel de Staline, du poète Pasternak, et celles d’un ancien champion russe d’haltérophilie et d’autres personnes qui croisèrent la route d’Ossip.



Plein de poésie et d’un réalisme étonnant, ces témoignages, bien que fictifs, nous entraînent au coeur d’un système sans compromis, qui remet en cause le statut d’écrivain et sa place au sein de la société. Nous assistons à la descente aux enfers de Mandelstam, qui refusa de se plier à l’hypocrisie de son époque…



« Peut-être devrions-nous tous commettre les crimes dont on va nous accuser »



Lorsque l’on repense au début du roman, en connaissant tout ce que vont endurer les Mandelstam, on ne peut s’empêcher de ressentir un pincement. En effet, L'hirondelle avant l’orage s’ouvre sur la description de Mandelstam par sa femme. Le lecteur a alors affaire à un écrivain-génie, charmeur et plein de force. Rien à voir avec l’homme broyé par les tortures et les persécutions que le régime stalinien lui aura fait subir, quelques centaines de pages plus loin.



Il en est de même pour la situation de ce fameux soir qu’évoque Nadedja : Ossip et son épouse prennent sous leur aile une jeune femme avec qui ils vont faire un ménage à trois, le temps d’une nuit… Mais méfiance, on ne peut être audacieux avec tout le monde… La lecture d’un poème de Mandelstam fera souffler un vent de trahison parmi ses proches.



« C’est le siècle chien-loup qui sur moi s’est jeté ». Ces paroles de Mandelstam résument parfaitement ce qui le mènera en prison, puis en déportation : Staline est un dictateur et on ne peut l’attaquer sans en subir gravement les conséquences. Ces mots vont le conduire au cachot : « montagnard du Kremlin », « bourreau », « assassin », « ses doigts sont gras comme des vers », « moustache de cafard ».



En parallèle du destin du poète, le livre nous donne à voir ceux de ses contemporains. Il y a parmi eux Fikrit Shotman, un ancien champion d’haltérophilie, accusé de crimes qu’il n’a pas commis, amené à confesser des traîtrises que sa naïveté n’aurait jamais imaginées.



L’entraide des amis du couple Mandelstam croise les actes de torture dans les prisons du Kremlin, où les tortionnaires jouent à la roulette russe avec les prisonniers.



Mandelstam se laisse submerger par la folie et imagine qu’il rencontre en personne Staline, qui se confie à lui. Malade, exilé loin de Moscou, nous pensons que le régime va l’abandonner à son triste sort. Non, jusqu’au bout, il s’acharnera sur lui.



L'hirondelle avant l’orage nous présente un âge sombre, un pays en pleine décomposition sous le joug de son dictateur, Staline. Mais il témoigne aussi du courage d’Ossip Mandelstam qui refusa toujours de s’incliner et qui plaça la poésie au-dessus de toute règle.
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L'hirondelle avant l'orage

Staline aime la poésie c’est pourquoi il ne fait pas tuer le grand poète Ossip Mandelstam qui ose s’opposer à lui, mais la souffrance et la mort dans un camp sera quand même au bout du chemin de celui qui l’appelait « Le montagnard du Kremlin ». Cette biographie romancée raconte les dernières années du poète par sa voix, celles de sa femme et de ses derniers amis. On assiste à sa descente aux enfers, mais aussi à celle d’hommes que l’on torture pour leur faire avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis.

L’Hirondelle avant l’orage est une mise en scène remarquable du peuple russe face au système arbitraire et terrifiant mis en place par Staline.

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L'hirondelle avant l'orage

Printemps 1934 le poète Mandelstam s’élève contre le régime stalinien, on suit tout au long du livre la chute, l’exil de ce personnage et de son entourage (milieu culturel dont Pasternak.

L’auteur fait parler différents personnages, chacun se situant à la fois dans sa condition et par rapport au poète.

Pas nouveau comme façon de faire mais cela fonctionne bien. Intéressant.

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