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Citations de Aziz Mohammed (89)


Aziz Mohammed
Tout dans cet appartement me ramène aux réprimandes reçues, pour une raison précise ou sans raison aucune, ma simple présence étant en elle-même potentiellement condamnable. Le couloir qui conduit à sa chambre est faiblement éclairé, un rai de lumière s'insinue par l'entrebâillement de la porte. Je regarde à travers l'ouverture et je le vois : le sphinx, assis dans le même vieux fauteuil, immobile, figé. Il m'est difficile de déterminer s'il est réveillé ou non, quoi qu'il en soit je me mets à trembler. Je n'obtiens pas de réponse après avoir frappé à la porte. Je pénètre dans la pièce avec prudence, comme si je redoutais l'existence d'une manière fautive d'entrer, et, pour parachever mon angoisse, la porte grince.
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Aziz Mohammed
Elle est à la fois la domestique, la cuisinière et l'infirmière, tout cela gravé sur un visage morose et vieilli, un visage qui semble accoutumé à essuyer mille avanies par jour. Elle m'ouvre la porte, lentement, en me fixant des yeux tel un spectre asiatique fourbu. Toute une vie perdue dans cette maison, gâchée année après année, peut-être ne sait-elle même plus pourquoi elle est venue ici, il est en tout cas certain qu'elle n'a plus rien au pays.
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Il jouit d'un statut à part, et il ne serait pas mon grand-père que cela ne devrait pas l'empêcher de se comporter de cette façon, dans la mesure où il semble jouir d'un droit intrinsèque à la crainte et au respect. Ce n'est pas simplement l'âge qui lui a conféré ce privilège, mais je n'ai jamais réussi à savoir exactement d'où il le tenait, ni à quel moment il est devenu ce personnage. Il m'a toujours donné ce sentiment d'avoir été grand-père depuis sa naissance. Comme si, à l'image, des prophètes, il avait su, par le truchement d'une quelconque révélation, et sans en concevoir ni joie ni fierté, qu'il était voué à vieillir pour devenir ce grand-père, et avait accepté ce rôle comme on accepte un destin inéluctable
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Quelque chose empêche l’être humain d’être pleinement conscient du fait qu’il va à son tour finir là-bas, et plus l’échéance approche, plus son évidence se fait nébuleuse.
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Trouver le mot juste me demande un effort surhumain, même me souvenir du mot de passe de mon laptop ou de ma boîte mail ne va plus de soi. Je suis régulièrement amené à en changer, je les note alors sur des bouts de papier que je mets dans un tiroir ou à côté de l’ordi, pour m’aider à m’en souvenir la fois suivante. Et puis, qu’est-ce que je voulais faire déjà, ouvrir le traitement de texte pour écrire ou faire une recherche sur le Net ? Je peux rester comme ça de longues minutes, à flotter, sans pouvoir me rappeler ce que je voulais faire ni comment passer à l’étape suivante.
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Le médecin s’est mis à parler plus fort, pour avoir toute mon attention et souligner l’importance de qui allait suivre. Le seul traitement possible dans mon cas est la radiothérapie, il a dit. Les rayons classiques ne sont pas une option car ils auraient tôt fait d’endommager les tissus sains, mais il existe une autre façon de procéder, par l’implantation d’isotopes radioactifs à proximité du foie. Durant les deux prochains mois, ces foyers vont émettre un rayonnement, dont l’intensité ira décroissant jusqu’à la fin du traitement.
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Il y avait deux nouvelles : une mauvaise, et une bien pire. La mauvaise était que je n’étais pas éligible au don d’organes, car un cœur, un foie ou un poumon gorgé de produits chimiques ne serait pas d’une grande utilité au receveur, comme me l’a fait comprendre le médecin dans une version plus édulcorée.
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Quel sentiment agréable peut procurer le fait de bénéficier des services de quelqu’un qui vous exècre ; pas étonnant que tous ces fils de putes de chefs aient l’air aussi épanouis.
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Je sentais son parfum puissant ; ses charmes auraient dû suffire à me donner envie de me montrer à mon avantage, mais il ne m’est venu aucune pensée de ce genre, je savais bien que mes chances avec elle étaient proches du zéro absolu. En fait, tout dans mon apparence est là pour rappeler l’ampleur du mal dont je souffre. Il aura donc fallu une transformation aussi radicale que celle-ci pour que je prenne conscience que, en fin de compte, je n’étais peut-être pas si mal que ça avant.
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De manière générale, on peut dire qu’elle était d’une élégance très apprêtée qui restait toutefois dans les limites du convenable pour un contexte professionnel ; elle portait au poignet une montre scintillante probablement hors de prix, afin de ne laisser planer aucun doute sur le fait qu’elle était d’une classe sans égale lorsqu’il lui était permis de retirer ses vêtements de travail.
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Confrontés à un ennemi commun, nous voilà alliés finalement. J’ai même commencé à prendre les antidépresseurs qu’il m’avait prescrits, bien qu’il m’ait averti qu’il allait falloir attendre au moins deux mois avant de voir les premiers effets. Je me dis parfois que je m’y prendrais tellement différemment si tout ça était à refaire. Mais il vaut mieux ne pas commencer à regretter ; quand on commence, on ne s’arrête plus.
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Je n’ai jamais eu d’ami à proprement parler et ça ne m’a pas manqué, mais le cannabis a eu le don de me rendre un peu plus sociable durant cette période. À l’époque, je ne fumais pas du fait d’une quelconque accoutumance ni par désir de retrouver un état particulier, mais simplement parce que c’est ce que font les gens durant leurs années universitaires.
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Comment voulez-vous faire confiance aux médecins ? Eux qui lèvent à peine les yeux vers vous quand ils vous parlent de tout ce qu’ils vont infliger à votre corps.
Face à son refus de me donner plus de calmants, j’ai décidé d’appeler un ami de l’époque de l’université. Le qualifier d’ami est lui faire beaucoup d’honneur, en réalité, c’était juste mon pourvoyeur de marijuana, même s’il nous arrivait parfois de fumer ensemble ses joints magistralement roulés et de rester assis un moment à enchaîner les réflexions sagaces et autres débats stériles voués à disparaître de la mémoire comme un nuage de fumée.
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Qu’est-il arrivé à ce vieil homme dur, âpre, au cœur de pierre ? Déjà quand il m’a appelé à l’hôpital la semaine dernière, il a pleuré au téléphone et m’a donné l’impression de n’avoir même plus la force de raccrocher. J’ai attendu qu’il finisse, mais ses sanglots ne s’arrêtaient que pour reprendre de plus belle. Ce qui m’a le plus troublé, c’est qu’il ne cherche pas à me cacher ses larmes, on aurait dit au contraire que ma présence l’incitait à sombrer davantage. Rien de ce que je lui disais n’était de nature à le consoler ni à susciter la moindre récrimination de sa part, peut-être n’attendait-il de moi que cette présence.
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J’ai tout de suite trouvé dégradant de devoir en passer par cette espèce de mendicité pour apitoyer le médecin, j’ai eu le sentiment de m’être trahi, et qui plus est pour aucun résultat digne de ce nom. En guise de riposte, j’ai dégainé mon obstination, résolu à lui montrer de quel bois je me chauffais et à lui faire comprendre qu’il aurait tort de me sous-estimer. Ainsi, après une grève de la faim et un chantage sur la poursuite du traitement, il n’a pas tardé à me promettre de me laisser rentrer si je terminais la séance sans présenter de complications. J’ai accepté ; j’en suis à ma deuxième séance, je sais à quoi m’en tenir.
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Ce sont tous des recueils de poésie moderne, faciles à lire ; je n’ai plus la concentration suffisante pour lire des romans ou de la philosophie, je n’arrive plus à suivre le fil d’un récit ou d’un raisonnement, avec tous ces effets secondaires, ces assoupissements perpétuels et cette léthargie, cette léthargie qui pèse comme une chape de nuages sur mes facultés intellectuelles.
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L’autre jour, je faisais semblant de dormir pendant qu’elle priait, quand je l’ai entendue pleurer en implorant Dieu de me faire guérir bientôt, ou sinon d’avoir la bonté de me rappeler à lui. Je n’oublie pas les trémolos dans sa voix à la fin de son invocation, comme pour marquer sa préférence pour la deuxième partie, après “ou sinon”. J’ai pensé que c’était tout de même un peu prématuré, mais peut-être me faut-il reconsidérer ma situation. Les termes de la problématique auraient donc changé, on serait passé de “je ne me remets pas suffisamment bien” à “je ne meurs pas assez vite”.
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Le virus pénètre ainsi le système informatique et l’endommage tout en continuant à se répandre, sans autre objectif que celui de causer toujours plus de dégâts.
J’attends midi que les autres soient partis manger pour considérer la question. Les virus informatiques ne fonctionnent pas tellement différemment des maladies organiques, c’est d’ailleurs précisément pour cette raison qu’ils portent ce nom. Chaque virus consiste en une suite d’instructions qui, lorsqu’elle parvient à pénétrer un programme, va se répliquer, de la même façon qu’un virus se réplique une fois qu’il s’est introduit dans le noyau de la cellule.
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La nausée est un visiteur quotidien, mais je me suis fait à sa présence. Certains jours sont pires que d’autres, mais je m’attendais au pire. Parfois, quand mon état est stable, je me sens détendu et je me dis que la maladie a ceci de charitable qu’elle vous accorde ces quelques moments de répit après les périodes éprouvantes.
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J’ai relu Le Vieil Homme et la Mer pour me donner de la force avant cette journée et, le jour J, je me suis levé plein d’allant, à l’aube, comme un pêcheur qui prend la mer, confiant dans la pêche à venir. J’ai pris ma douche, mangé léger et je me suis habillé tranquillement.
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