Les auteurs continuent d'explorer les blancs de la vie de Ric Hochet laissés ignorés par Tibet et Duchateau... Probablement situé quelques jours après les évènements du 3ème tome, ce 4ème tome reprend l'information du 9ème tome de la série originale, Alias Ric Hochet, où le détective journaliste s'est découvert un père en la personne de Richard, gentleman cambrioleur. Si le fait n'était pas vraiment exploité dans Comment réussir un assassinat, ici il prend toute sa valeur : lorsque Ric se heurte à la commission de censure du gouvernement, non seulement son père est arrêté grâce à la délation d'un médecin voyeur, mais en plus Ric est dénoncé comme déserteur! En effet, tant qu'il était orphelin, il était exempté de service militaire, ce qui n'est plus d'actualité avec la découverte de Richard... Et la censure gaullienne ne se prive pas d'en informer tous les journaux rivaux de la Rafale! C'est ainsi qu'en décembre 1968, Ric est donc envoyé sous les drapeaux pour 16 mois, au grand soulagement de sa logeuse madame Bajart qui ne pensait pas abriter un tel gibier de potence sous son toit!
On verra donc notre héros le crâne rasé et rejoignant une chambrée peu amicale, mis à part le gentil et obèse Garibaldi Tonaletti, dit "dix-tonnes"... Avec lui, il écopera de corvée de pluche, pour un cuisinier qui lit, clin d'oeil au tome 3, un guide marabout " la cuisine facile"! Et c'est aussi Tonaletti qui s'évanouira devant un cadavre ambulant le soir du réveillon, provoquant la curiosité de Ric, qui, surveillé par le sergent Laquéreur et ne pouvant sortir, chargera Nadine d'enquêter pour lui sur cette étrange affaire...
Un tome que je ne saurais qualifier ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. On y sent toujours l'envie de
Zidrou d'écorner l'image trop lisse de Ric tout comme la nostalgie "c'était mieux avant" qu'on pourrait avoir de la France des Trente Glorieuses... C'est louable et inétressant, mais décidément, malgré l'humour toujours très présent, on perd le côté "ludique" et "whodunit" qu'avaient les albums originaux, pour se rapprocher plus du polar/récit noir... Et si le sujet de l'homosexualité dans l'armée (coucou le rire du sergent de Sardou de 1971!) est abordé, c'est plutôt maladroitement... Les fans du commissaire Bourdon seront un peu déçus, car il ne fait que de rares apparitions ; à propos d'apparition, on remarque un rapide hommage à
Mittéï avec un des informateurs de Nadine. Enfin bref pas très convaincue par cette enquête, ni par un titre que je trouve finalement peu adéquat ; mais en revanche il y a pas mal de scènes plutôt réussies, comme l'hypocrisie de la plus belle eau de la discussion entre madame Bajart et une voisine, les bagarres de Ric avec ses petits camarades, l'interrogatoire de Richard ou les recherches de Nadine... En tout cas, mieux vaut lire ce tome pour comprendre la position délicate de Richard dans le tome 6!