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EAN : 9782072992995
128 pages
Gallimard (24/08/2023)
3.69/5   130 notes
Résumé :
Des voix s’élèvent, s’approchent du centre de la scène qu’est ce livre et s’expriment. Ce qui les lie, c’est qu’elles portent toutes des contradictions. On pourrait s’en inquiéter, dans un monde où il faut constamment choisir son camp. Mais ici, l’homme n’est ni bon ni mauvais. Il hésite, souffre, espère et doute, comme nous tous. N’est-ce pas là l’expérience qui est la nôtre aujourd’hui ? Chercher tant bien que mal à accorder nos paroles et nos actes ? Tenter de tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Hum, hum, me voilà bien ennuyée à l'heure de rédiger cette chronique.
Les contradictions se sont muées en consternation pour ma part. Hélas, j'avais tant aimé Mahmoud ou la montée des eaux, un de mes coups de coeur de ce début d'année. J'étais enthousiaste à l'idée de continuer à découvrir l'oeuvre d'Antoine Wauters. Patatras, je n'ai pas retrouvé la plume poétique de l'auteur dans ce musée des contradictions.
En 107 pages et 12 nouvelles, Antoine Wauters m'a perdue, désorientée dans ce qui ressemble à 12 manifestes, 12 diatribes révoltées, appelant à la rébellion contre notre société actuelle ou ce qu'elle sera dans un avenir trop proche. Les sujets foisonnent : surconsommation, maltraitance des personnes âgées en ehpad, pollution, violences intra-familiales, …
Si les thèmes sont forts, puissants, le discours m'a paru abscons. Il n'y a le plus souvent pas de personnages clairement identifiés dans la plupart des textes. J'ai été gênée par le fait que les protagonistes ne soient pas des personnages précis mais des « nous », des « on », des entités nébuleuses, « les filles de la marge », il faut attendre parfois plusieurs pages avant qu'Antoine Wauters nous en dise plus sur qui s'exprime. Cela m'a gênée dans ma lecture, je n'arrivais pas à me projeter, à m'identifier.
De même, il n'est pas toujours facile de comprendre à qui s'adresse le pamphlet, « des maris », le Président (on suppose Macron), Dieu, un Juge, un Docteur…
Tout cela m'a paru terriblement nébuleux et confus, et l'auteur trop détaché de ses propos pourtant virulents. Cette contradiction m'a perturbée, je n'ai pas réussi à adhérer aux discours, pourtant très habités.
Dénoncer, c'est nécessaire, le premier pas, la première pierre indispensable, mais il m'a manqué la suite, des propositions de solutions, comment voir la lumière au bout du tunnel …
De superbes idées, mais leur traitement n'a pas résonné en moi, l'auteur s'est trop éloigné de ma zone de confort (le roman) et je n'ai pas réussi à rentrer dans sa bulle de rage et d'invectives, sous une forme trop conceptuelle à mon goût.
Je retiendrai cependant le « Discours d'une troupe en pyjama » et le « Discours du château en cendres » qui dénonce, pour le premier, le regard méprisant de notre société sur ses vieux en ehpad, et, pour le deuxième, les violences faites aux enfants dans la cellule familiale avec un voisinage qui ferme trop facilement les yeux.

La majorité des lecteurs est enthousiaste, j'en suis sincèrement ravie, c'est donc moi qui semble être passée complètement à côté de ce livre, et qui n'ait malheureusement pas été touchée cette fois par la plume brillante d'Antoine Wauters.
Je ne peux donc que vous encourager à lire ce livre s'il vous tente afin de vous faire votre propre opinion.
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Un musée des protestations... voilà ce que nous propose Antoine Wauters qui, dans un style différent de Mahmoud, nous offre une visite de notre 21e siècle désenchanté. Non il ne s'agit pas de mécontents du confinement ou de râleurs à propos des factures d'électricité (pas seulement) mais de plaidoyers qui surgissent de nulle part... de partout, d'un théâtre en chair et en os, empli de vécu, débordant de cicatrices, de solitude et de désespoir, plaidoyers d'une jeunesse déjà vieille de ses désillusions.
Car ils ne viennent pas les mains vides ceux qui semblent nous reprocher notre pensée bien confortable, non, ils sont peu loquaces mais parlent d'une expérience, longue et douloureuse de la vie comme on ne veut pas se la figurer. Une vie d'abandon, ce qu'ils nous apportent c'est cela, le sentiment d'abandon, la perte totale de confiance en notre société et ses discours vides et leur reconstruction vacillante autrement.
Cela se lit vite, une déception à la fois, cela laisse un goût amer mais d'une très grande poésie.
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J'ai découvert Antoine Wauters il y a un peu plus d'un mois avec Moi , Marthe et les autres que j'ai aimé, j'ai continué avec Mahmoud ou la montée des eaux et là j'ai été bouleversée et je viens de terminer le musée des contradictions. Ce sont des nouvelles. Toutes ont un thème différent , la deuxième raconte l'évasion d'un vieux , il ne supporte plus l'ehpad ,et petit à petit il fait une merveilleuse déclaration d'amour à sa femme morte . Chaque nouvelle raconte une histoire différente ,chaque vie est faite parfois de noirceur, de routine ,mais aussi de questionnements ,de remises en question et de beaucoup de "contradictions " . Et il y a surtout le style d'Antoine Wauters , un poète au service de causes justes ,de récits profonds . GT
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Moi qui suis pétrie de contradictions, je ne pouvais que me retrouver dans ce livre. La première nouvelle m'a cueillie pour m'emmener là où j'avais envie d'être bousculée. Et la seconde m'a bouleversée par ce qu'elle évoquait de ce que j'avais vécu et fait subir… Vous n'y comprenez rien, c'est normal. C'est tellement personnel. Car, c'est aussi ça la littérature. Des mots qui te remuent parce que tu as l'impression qu'ils ont été écrits pour toi. Alors, en deux mots, pour éclairer votre lanterne : dans ce second texte, un vieil homme fuit avec quelques autres l'Ehpad des Six myrtilles.

« A croire qu'ils se moquent de nous ! le ridicule des noms de résidence pour vieux, mon amour… »

Ce texte oscille entre vitupérations contre un système et poésie du souvenir, avec une magnifique déclaration d'amour à celle qui n'est plus. « Qui a dit que vieillir, c'est oublier ? »

« Pendant dix ans, ils ont placé des bavoirs autour de chacun de mes repas, mis des pailles dans l'eau à la grenadine de mon vin, et m'ont aboyé dans les oreilles pour que je reste tranquille. Ils disaient que j'étais agité, que j'étais dur de la feuille, que j'avais perdu la boule et que la maladie de la mémoire m'avait atteint. T'ai-je dit que pendant tout ce temps tu n'as pas quitté mes pensées, Lucia ? »

Ces douze textes ne sont pas vraiment des nouvelles, mais plutôt des monologues enragés. Avec l'utilisation du « nous » collectif, l'auteur libère les paroles. Ça bouscule, ça remue, ça dérange, ça gratte, et c'est ça qui est bon !

De l'amertume de l'enfant qui subit la violence d'un père, aux regrets des femmes d'avoir mis des enfants au monde, ce livre est un manifeste pour un monde meilleur. Les mots de Wauters, on a envie de les lire à voix haute, de les cracher à la face du monde pour essayer de redonner du sens à nos vies.

Et cette nouvelle adressée à Dieu de celles qui arrivent au paradis, celles qui ont vécu dans le respect de la religion, dans le silence, qui n'ont pas osé, mais qui n'ont pas écouté non plus leurs enfants, celles qui ont travaillé dans la recherche, sur les textes anciens, loin du présent de notre société, celles qui ne peuvent même pas offrir trois euros à la main tendue qui leur demande, parce qu'il est pauvre, parce qu'il est peut-être chinois ou coréen, parce qu'il les gêne, là, sur leur chemin, parce qu'il est un caillou dans leur chaussure, parce qu'il met en évidence leurs petites contradictions. J'ai envie de la lire, de la déclamer, de l'offrir à voix haute et intelligible à tous ceux dont les oreilles sont prêtes à écouter ce qui dérange.

Questionnements, remises en cause, dénonciations, et surtout des réflexions. Oui, c'est noir, oui c'est désespéré, mais c'est le reflet de notre monde, de notre société, de ce que les hommes ont fait et laissent aujourd'hui à nos enfants, parce que «l'avenir est dans le regret ».
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Le musée des contradictions est un recueil de douze textes, douze discours empreints de fougue, de violence et de rage. Jeunes gens interdits de baignade, pensionnaires d'Ehpad en fuite, enfants battus, mères inquiètes, enfants de la ferme, marginaux, épouses brimées, tous ceux qui n'ont plus foi en cette société qui ne les écoute pas, qui les prive de leur liberté. Tous crient leur colère à une personne, juge, président, parent ou voisin.
Résolument contemporaines, significatives de notre société, ces clameurs mettent en lumière l'exclusion, la privation de liberté, la dénonciation, l'indifférence, le retour difficile à la nature, la marginalité, la condition féminine et finalement le désaveu politique.
J'avais déjà beaucoup aimé Mahmoud ou la montée des eaux pour son histoire et sa poésie. Avec ce recueil politique et poétique, Antoine Wauters montre sa puissance stylistique. Ces discours ont la grandeur des tragédies, la sensibilité des êtres qui n'ont plus rien à perdre.
Chaque discours est le reflet du malaise de notre société. Un malaise universel parce que cet auteur belge exprime aussi le reflet de la société française. Une société de gens qui se sentent exclus, déshumanisés et qui ne croient plus aux promesses politiques.

Et pourtant, ils continuent à se battre, avec leurs mots. Désabusés, ils clament leurs peurs, leurs blessures et leur rébellion. Car toujours ils espèrent un monde meilleur. C'est sûrement le côté optimiste de ces cris tragiques. A force d'indignation, il est possible de bouger les lignes.

« Dans le musée des contradictions, le malheur est total, mais la pensée que d'un merdier sort quelque fois une rose ne nous abandonne pas, monsieur le juge. Et nous sourions. Voilà comment nous vivons. »
Pour la peinture très réaliste de notre société, le style, la puissance des mots. Un livre à lire, à relire. Et un auteur à suivre.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
06 septembre 2022
Dénoncer les manichéismes pour mieux nous amener à réfléchir tant sur la marche du monde que sur notre humaine condition, tel est l'un des pivots du travail de ce natif de Fraiture qui a étudié la philosophie à l'ULB.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
FocusLeVif
25 avril 2022
En douze discours tendus vers des alternatives plus supportables, Antoine Wauters prend le pouls d'un monde englué dans la perte de sens et l'accélération.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
LaLibreBelgique
14 mars 2022
“Le Musée des contradictions” est le superbe nouveau livre d’Antoine Wauters. Avec douze discours cinglants et poétiques qui nous invitent à nous réapproprier nos vies, à redonner du sens.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Nous, nous n'avons rien. Nous avançons nus et n'avons plus confiance en aucun mot, aucun acte, aucun discours, aucune vérité, aucun ciel, aucune promesse. Ce pourquoi nous faisons ce que nous faisons, avec nos clous et nos trous. Oui. Nous nous montrons et nous exhibons, c'est vrai, mais à bien y regarder, les signes visibles et sur-visibles que nous arborons, et qui courent comme des puces d'eau sur le suint gras de notre ennui, ne traduisent qu'une envie: disparaître, quitter le corps mort de ce pays mort, monsieur le juge, le corps mort de l'avenir mangé par la génération d'ogres qui nous y a fait naître, après un retentissant dernier rot ponctuant un royal dernier mets (ils ont pillé le buffet). Voilà de quoi nous parlons. Nous ne voulons plus mêler notre souffle au souffle de la mort. Nous voulons des lieux où nous sommes libres d'aller et venir, de nous aimer, d'écouter notre musique à nous, des lieux où l'air que nous nous efforçons de respirer depuis vingt ans, monsieur le juge, depuis l'heure où nous avons ouvert les yeux sur le carnage laissé par ceux qui nous ont faits, des lieux où cet air-là n'existe plus. Nous n'avons plus de croyances. La famille, le couple, la nation, l'engagement, la militance, les manifestes - surréalistes, dadaïstes, futuristes -, la religion, la transcendance, le lien, plus rien de tout ça n'existe.
Si.
Il nous reste le climat.
On oubliait le climat, monsieur le juge.
Mais qui a sérieusement envie que le climat soit son combat? Qui a envie d'élever au rang de droit le fait de respirer? Personne ne demande à souffrir, n'est-ce pas? Or nous sommes là.
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Nous, nous voulons le retour des lucioles, du printemps. Rester espiègles, légères. Que nos enfants soient libres de se vêtir ou non, d'apprendre à lire ou non. Nous ne voulons plus jouer le rôle de super parents, qui savent et anticipent tout. Nous voulons être vraies et sommes prêtes à dire que nos enfants en savent sur la vie bien davantage que nous. Ils portent la culotte. Ils représentent la loi, ils sont la loi. Chez nous, ils la font.
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Nous, nous voulons le retour des lucioles, du printemps. Rester espiègles, légères. Que nos enfants soient libres de se vêtir ou non, d'apprendre à lire ou non. Nous ne voulons plus jouer le rôle de super parents, qui savent et anticipent tout. Nous voulons être vraies et sommes prêtes à dire que nos enfants en savent sur la vie bien davantage que nous. Ils portent la culotte. Ils représentent la loi, ils sont la loi. Chez nous, ils la font.
Il y a plus: nous croyons que des deux vivent cachés dans le babil de nos petiots. Nous croyons que le murmure des dieux est à trouver en eux. Ce que nous leur apprenons (et nous disons cela les larmes aux yeux, parce que nous ne nous sommes jamais senties paumées à ce point), c'est à écouter avec leur cœur, leurs émotions, et à accepter l'autre comme il est. Nous leur parlons; de choses positives, de façon positive, afin qu'ils réagissent positivement.
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Nés il y a vingt ou trente ans (un peu plus, un peu moins-notre âge importe peu), nous n’avons déjà plus que nous-mêmes en ce monde, contrairement à vous, monsieur le juge, qui pour vous abriter des affronts du temps avez à portée de main le musée de la nostalgie (vos souvenirs), car vous au moins vous avez perdu quelque chose. Nous, nous n’avons rien. Nous avançons nus et n’avons confiance en aucun mot, aucun acte, aucun discours, aucune vérité, aucun ciel, aucune personne. (Pages 9 et 10)
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Nos mots ? Ils nous collaient aux tripes comme les enfants que nous n'avons pas eus. On en avait partout, des mots, toujours plus. Personne n'attendait rien de nous et séduire un public était une idée tellement saugrenue qu'elle n'en était pas une.
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Videos de Antoine Wauters (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine Wauters
À l'occasion de la 25ème éditions des correspondances de Manosque, Antoine Wauters vous présente son ouvrage "Le plus court chemin" aux éditions Verdier. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2887254/antoine-wauters-le-plus-court-chemin
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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