Le musée des contradictions est un recueil de douze textes, douze discours empreints de fougue, de violence et de rage. Jeunes gens interdits de baignade, pensionnaires d'Ehpad en fuite, enfants battus, mères inquiètes, enfants de la ferme, marginaux, épouses brimées, tous ceux qui n'ont plus foi en cette société qui ne les écoute pas, qui les prive de leur liberté. Tous crient leur colère à une personne, juge, président, parent ou voisin.
Résolument contemporaines, significatives de notre société, ces clameurs mettent en lumière l'exclusion, la privation de liberté, la dénonciation, l'indifférence, le retour difficile à la nature, la marginalité, la condition féminine et finalement le désaveu politique.
J'avais déjà beaucoup aimé
Mahmoud ou la montée des eaux pour son histoire et sa poésie. Avec ce recueil politique et poétique,
Antoine Wauters montre sa puissance stylistique. Ces discours ont la grandeur des tragédies, la sensibilité des êtres qui n'ont plus rien à perdre.
Chaque discours est le reflet du malaise de notre société. Un malaise universel parce que cet auteur belge exprime aussi le reflet de la société française. Une société de gens qui se sentent exclus, déshumanisés et qui ne croient plus aux promesses politiques.
Et pourtant, ils continuent à se battre, avec leurs mots. Désabusés, ils clament leurs peurs, leurs blessures et leur rébellion. Car toujours ils espèrent un monde meilleur. C'est sûrement le côté optimiste de ces cris tragiques. A force d'indignation, il est possible de bouger les lignes.
« Dans
le musée des contradictions, le malheur est total, mais la pensée que d'un merdier sort quelque fois une rose ne nous abandonne pas, monsieur le juge. Et nous sourions. Voilà comment nous vivons. »
Pour la peinture très réaliste de notre société, le style, la puissance des mots. Un livre à lire, à relire. Et un auteur à suivre.
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