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Hum, hum, me voilà bien ennuyée à l'heure de rédiger cette chronique.
Les contradictions se sont muées en consternation pour ma part. Hélas, j'avais tant aimé Mahmoud ou la montée des eaux, un de mes coups de coeur de ce début d'année. J'étais enthousiaste à l'idée de continuer à découvrir l'oeuvre d'Antoine Wauters. Patatras, je n'ai pas retrouvé la plume poétique de l'auteur dans ce musée des contradictions.
En 107 pages et 12 nouvelles, Antoine Wauters m'a perdue, désorientée dans ce qui ressemble à 12 manifestes, 12 diatribes révoltées, appelant à la rébellion contre notre société actuelle ou ce qu'elle sera dans un avenir trop proche. Les sujets foisonnent : surconsommation, maltraitance des personnes âgées en ehpad, pollution, violences intra-familiales, …
Si les thèmes sont forts, puissants, le discours m'a paru abscons. Il n'y a le plus souvent pas de personnages clairement identifiés dans la plupart des textes. J'ai été gênée par le fait que les protagonistes ne soient pas des personnages précis mais des « nous », des « on », des entités nébuleuses, « les filles de la marge », il faut attendre parfois plusieurs pages avant qu'Antoine Wauters nous en dise plus sur qui s'exprime. Cela m'a gênée dans ma lecture, je n'arrivais pas à me projeter, à m'identifier.
De même, il n'est pas toujours facile de comprendre à qui s'adresse le pamphlet, « des maris », le Président (on suppose Macron), Dieu, un Juge, un Docteur…
Tout cela m'a paru terriblement nébuleux et confus, et l'auteur trop détaché de ses propos pourtant virulents. Cette contradiction m'a perturbée, je n'ai pas réussi à adhérer aux discours, pourtant très habités.
Dénoncer, c'est nécessaire, le premier pas, la première pierre indispensable, mais il m'a manqué la suite, des propositions de solutions, comment voir la lumière au bout du tunnel …
De superbes idées, mais leur traitement n'a pas résonné en moi, l'auteur s'est trop éloigné de ma zone de confort (le roman) et je n'ai pas réussi à rentrer dans sa bulle de rage et d'invectives, sous une forme trop conceptuelle à mon goût.
Je retiendrai cependant le « Discours d'une troupe en pyjama » et le « Discours du château en cendres » qui dénonce, pour le premier, le regard méprisant de notre société sur ses vieux en ehpad, et, pour le deuxième, les violences faites aux enfants dans la cellule familiale avec un voisinage qui ferme trop facilement les yeux.

La majorité des lecteurs est enthousiaste, j'en suis sincèrement ravie, c'est donc moi qui semble être passée complètement à côté de ce livre, et qui n'ait malheureusement pas été touchée cette fois par la plume brillante d'Antoine Wauters.
Je ne peux donc que vous encourager à lire ce livre s'il vous tente afin de vous faire votre propre opinion.
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Un musée des protestations... voilà ce que nous propose Antoine Wauters qui, dans un style différent de Mahmoud, nous offre une visite de notre 21e siècle désenchanté. Non il ne s'agit pas de mécontents du confinement ou de râleurs à propos des factures d'électricité (pas seulement) mais de plaidoyers qui surgissent de nulle part... de partout, d'un théâtre en chair et en os, empli de vécu, débordant de cicatrices, de solitude et de désespoir, plaidoyers d'une jeunesse déjà vieille de ses désillusions.
Car ils ne viennent pas les mains vides ceux qui semblent nous reprocher notre pensée bien confortable, non, ils sont peu loquaces mais parlent d'une expérience, longue et douloureuse de la vie comme on ne veut pas se la figurer. Une vie d'abandon, ce qu'ils nous apportent c'est cela, le sentiment d'abandon, la perte totale de confiance en notre société et ses discours vides et leur reconstruction vacillante autrement.
Cela se lit vite, une déception à la fois, cela laisse un goût amer mais d'une très grande poésie.
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J'ai découvert Antoine Wauters il y a un peu plus d'un mois avec Moi , Marthe et les autres que j'ai aimé, j'ai continué avec Mahmoud ou la montée des eaux et là j'ai été bouleversée et je viens de terminer le musée des contradictions. Ce sont des nouvelles. Toutes ont un thème différent , la deuxième raconte l'évasion d'un vieux , il ne supporte plus l'ehpad ,et petit à petit il fait une merveilleuse déclaration d'amour à sa femme morte . Chaque nouvelle raconte une histoire différente ,chaque vie est faite parfois de noirceur, de routine ,mais aussi de questionnements ,de remises en question et de beaucoup de "contradictions " . Et il y a surtout le style d'Antoine Wauters , un poète au service de causes justes ,de récits profonds . GT
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Moi qui suis pétrie de contradictions, je ne pouvais que me retrouver dans ce livre. La première nouvelle m'a cueillie pour m'emmener là où j'avais envie d'être bousculée. Et la seconde m'a bouleversée par ce qu'elle évoquait de ce que j'avais vécu et fait subir… Vous n'y comprenez rien, c'est normal. C'est tellement personnel. Car, c'est aussi ça la littérature. Des mots qui te remuent parce que tu as l'impression qu'ils ont été écrits pour toi. Alors, en deux mots, pour éclairer votre lanterne : dans ce second texte, un vieil homme fuit avec quelques autres l'Ehpad des Six myrtilles.

« A croire qu'ils se moquent de nous ! le ridicule des noms de résidence pour vieux, mon amour… »

Ce texte oscille entre vitupérations contre un système et poésie du souvenir, avec une magnifique déclaration d'amour à celle qui n'est plus. « Qui a dit que vieillir, c'est oublier ? »

« Pendant dix ans, ils ont placé des bavoirs autour de chacun de mes repas, mis des pailles dans l'eau à la grenadine de mon vin, et m'ont aboyé dans les oreilles pour que je reste tranquille. Ils disaient que j'étais agité, que j'étais dur de la feuille, que j'avais perdu la boule et que la maladie de la mémoire m'avait atteint. T'ai-je dit que pendant tout ce temps tu n'as pas quitté mes pensées, Lucia ? »

Ces douze textes ne sont pas vraiment des nouvelles, mais plutôt des monologues enragés. Avec l'utilisation du « nous » collectif, l'auteur libère les paroles. Ça bouscule, ça remue, ça dérange, ça gratte, et c'est ça qui est bon !

De l'amertume de l'enfant qui subit la violence d'un père, aux regrets des femmes d'avoir mis des enfants au monde, ce livre est un manifeste pour un monde meilleur. Les mots de Wauters, on a envie de les lire à voix haute, de les cracher à la face du monde pour essayer de redonner du sens à nos vies.

Et cette nouvelle adressée à Dieu de celles qui arrivent au paradis, celles qui ont vécu dans le respect de la religion, dans le silence, qui n'ont pas osé, mais qui n'ont pas écouté non plus leurs enfants, celles qui ont travaillé dans la recherche, sur les textes anciens, loin du présent de notre société, celles qui ne peuvent même pas offrir trois euros à la main tendue qui leur demande, parce qu'il est pauvre, parce qu'il est peut-être chinois ou coréen, parce qu'il les gêne, là, sur leur chemin, parce qu'il est un caillou dans leur chaussure, parce qu'il met en évidence leurs petites contradictions. J'ai envie de la lire, de la déclamer, de l'offrir à voix haute et intelligible à tous ceux dont les oreilles sont prêtes à écouter ce qui dérange.

Questionnements, remises en cause, dénonciations, et surtout des réflexions. Oui, c'est noir, oui c'est désespéré, mais c'est le reflet de notre monde, de notre société, de ce que les hommes ont fait et laissent aujourd'hui à nos enfants, parce que «l'avenir est dans le regret ».
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Douze textes courts aux sujets très différents, qui touchent profondément le lecteur par leur force évocatrice de maux de notre société, de questionnements, de réflexions emballés dans une forme poétique et un style remarquables. Comme toutes ces formes d'écriture, textes courts, nouvelles, il est difficile d'extraire un fil conducteur, puisqu'il y en a autant que de scènes différentes, et l'ensemble ne peut être apprécié qu'à l'aune du grand plaisir pris à sa lecture.
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Le musée des contradictions est un recueil de douze textes, douze discours empreints de fougue, de violence et de rage. Jeunes gens interdits de baignade, pensionnaires d'Ehpad en fuite, enfants battus, mères inquiètes, enfants de la ferme, marginaux, épouses brimées, tous ceux qui n'ont plus foi en cette société qui ne les écoute pas, qui les prive de leur liberté. Tous crient leur colère à une personne, juge, président, parent ou voisin.
Résolument contemporaines, significatives de notre société, ces clameurs mettent en lumière l'exclusion, la privation de liberté, la dénonciation, l'indifférence, le retour difficile à la nature, la marginalité, la condition féminine et finalement le désaveu politique.
J'avais déjà beaucoup aimé Mahmoud ou la montée des eaux pour son histoire et sa poésie. Avec ce recueil politique et poétique, Antoine Wauters montre sa puissance stylistique. Ces discours ont la grandeur des tragédies, la sensibilité des êtres qui n'ont plus rien à perdre.
Chaque discours est le reflet du malaise de notre société. Un malaise universel parce que cet auteur belge exprime aussi le reflet de la société française. Une société de gens qui se sentent exclus, déshumanisés et qui ne croient plus aux promesses politiques.

Et pourtant, ils continuent à se battre, avec leurs mots. Désabusés, ils clament leurs peurs, leurs blessures et leur rébellion. Car toujours ils espèrent un monde meilleur. C'est sûrement le côté optimiste de ces cris tragiques. A force d'indignation, il est possible de bouger les lignes.

« Dans le musée des contradictions, le malheur est total, mais la pensée que d'un merdier sort quelque fois une rose ne nous abandonne pas, monsieur le juge. Et nous sourions. Voilà comment nous vivons. »
Pour la peinture très réaliste de notre société, le style, la puissance des mots. Un livre à lire, à relire. Et un auteur à suivre.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Mais quel livre quel livre et quel auteur !
bluffant à chaque fois
même en devenant « poétiquement plus consommable »
Ici de très courtes nouvelles
hybrides fictives/philosophiques
qui s'imbriquent à l'endroit du cerveau combatif
cette maison d'édition me ravit de ses choix plutôt osé, engagé et engageant
lisons Antoine Wauters et vivons conscients
(la littérature à l'ouverture me semble un beau programme politique)
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Des textes courts, des monologues. Des vies qui se livrent, avec leurs révoltes, leurs contradictions. Des discours étendards, du particulier qui finalement a une portée bien plus large. Chacun devrait y trouver matière à être touché, par un discours ou un autre.
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Ce sont douze discours ou "nouvelles" qui interpellent et questionnent. Douze discours qui mettent en lumière nos contradictions, les dichotomies propres à l'être humain.

Un livre engagé, politique et magnifique de par sa plume avec une petite touche poétique. C'est super puissant. On s'interroge sur notre monde, sur l'existence, sur la nécessité d'être là, de vivre des choses.

Des voix s'élèvent et expriment leur malaise.

Des jeunes qui n'ont pas de souvenirs, de nostalgie et n'ayant plus rien, plus le droit de le dire, prêts à se battre, à revendiquer leur existence, des vieux s'enfuyant d'un EPADH, s'accrochant aux souvenirs enfouis, aux êtres aimés.

Antoine Wauters raconte la violence des mots devenus vains mais aussi les mères regrettant d'avoir enfanté dans un monde de plus en plus ravagé, en perdition économique.

C'est le constat d'un monde saccagé à cause du pouvoir de l'argent, de notre société de sur-consommation, de la destruction de notre planète.

A quoi bon vouloir posséder si l'on passe à côté de l'essentiel !

Discours contre la répression, la suppression de nos libertés. Pourquoi devons-nous sans cesse nous conformer à "rentrer dans le moule" alors que nos envies sont ailleurs !

Tellement de questions : réflexions sur les maux de notre société, croire que l'on fait bien mais ..., ne pas s'endormir, revenir aux sources, à force de vouloir toujours plus, on s'égare parfois. N'est-il pas temps de retrouver du sens là où il n'y en a plus.

Bref, vous l'avez compris, beaucoup de réflexions à picorer aux détours de ces douze discours, à lire et relire.

Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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COUP DE COEUR

Ce texte est un recueil de douze nouvelles sous la forme de "discours" qui permettent à Antoine Wauters d'interroger notre monde. Ce sont des voix qui portent toutes des contradictions." Nous nous rendons dans notre musée à nous, le musée de la contradiction. Un musée où il y a, d'un côté, l'envie de se faire un peu de mal, de l'autre, l'envie de se faire un peu de bien."

A travers ces voix Antoine Wauters donne la parole à des faibles, des blessés de la vie, "des mioches non choyés et salement tombés sur terre... Nous n'avons plus de place où vivre. Et nous brûlons", à des femmes qui rêvent d'un monde habitable pour leurs enfants loin de la violence du monde, à une bande de résidents d'une EHPAD qui prend la poudre d'escampette dans le "discours d'une troupe en pyjama", à deux enfants dans le "discours du château en cendres" qui fuient la violence d'un père et retrouvent un peu de tendresse auprès de leur oncle mort dans les ruines du château...
Il émane de ces différentes voix de la rage, de la révolte, des envies de liberté. Une lueur d'espoir brille car, si toutes ses voix savent que tout est perdu, elles gardent quand même la volonté de ne pas baisser les bras et l'espoir de voir changer le monde.
Une lecture génératrice de multiples émotions. Des nouvelles de quelques pages d'une telle densité que j'en ai espacé la lecture sur plusieurs jours tellement certaines me prenaient aux tripes. Un texte aussi fort par son fond engagé que par la puissance et la poésie de l'écriture d'Antoine Wauters.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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