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3,53

sur 465 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si, comme moi, vous ne l'aviez pas lu à sa sortie, ne ratez pas ce petit bijou de cynisme et d'ironie !
Sous couvert d'une histoire de famille somme toute banale (grand-mère riche, héritage en vue...), Tanguy Viel nous balade dans ce court roman noir féroce, drôle et malicieux tout à la fois.
Car c'est justement quand ses parents doivent quitter Brest, son père étant accusé d'avoir « emprunté » des millions au club de foot local, que sa grand-mère, elle, hérite de plusieurs millions de son compagnon, récemment épousé et récemment décédé.
Aucun rapport entre les deux, sauf que devoir s'exiler en Languedoc pour ces Bretons est une punition...
Surtout que le narrateur, grand adolescent, reste vivre dans l'immeuble de sa grand-mère (très riche donc...)
Et d'allusions en insinuations, de diversions en supputations,... arrivera ce qui doit arriver...

Inutile d'en dire plus car tout le talent de Tanguy Viel est dans cet art de l'allusion, dans des phrases étirées qui vous mènent par le bout du nez, et par des formules vachardes sur la famille et la bienséance !
Un petit régal donc que cet auteur dont « Insoupçonnable » ne m'avait pourtant pas emballée il y a quelques années.... (l'ambiance brestoise/finistérienne de ce livre y est-elle pour quelque chose ??;-) )
Et dans la foulée, je prends "Article 353..."

Une petite citation : "Je voulais faire un roman familial à la française, et cela d'autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu'en Bretagne, dans le Finistère Nord, c'est-à-dire dans la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne".
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Dans la famille brestoise, je demande la grand-mère, celle qui a aidé le vieux monsieur à descendre les marches au sortir du restaurant le Cercle Marin, et qui s'est vu offrir 18 millions, en échange d'une compagnie rassurante durant les derniers jours du vieil homme fortuné.

Je demande ensuite la mère, avec son serre-tête rivé sur ses cheveux grisonnants, son sac en plastique à portée de main pour calmer ses crises de rage, sa froideur et son sans-coeur brandis comme un étendard pour, avant tout, sauver les apparences. Et sa désopilante haine du Languedoc-Rousillon !

Il me faut aussi le père, ex vice-président de l'équipe de foot de Brest, accusé d'un trou de 14 millions dans la caisse du club et de l'usage d'un faux passeport pour un footballeur brésilien.

Et enfin, restent les deux fils, l'un devenu footballeur professionnel et l'autre, l'intellectuel, celui-là même qui rumine son histoire familiale et qui nous sert son roman, justement familial, à l'intérieur du roman.
« … mais tout le monde s'en fout des histoires de famille » dixit le fils Kermeur. Parce qu'il va falloir aussi composer avec le fils Kermeur dans cette histoire, le fils de la femme de ménage de la grand-mère, accessoirement le soi-disant vieil ami du fils écrivain qui ne l'épargne pas avec ses sarcasmes et ses réflexions ironiques.

Vous suivez toujours ? En fait, tout est simple. C'est un tableau de famille pas très reluisante avec au beau milieu une histoire d'argent qui alourdit incontestablement le climat familial.

Tanguy Viel nous livre ici un monologue d'une puissance dévastatrice. Le narrateur nous parle en martelant ses propos qui rentrent avec force dans notre esprit. J'ai adoré cette prouesse littéraire hors du commun. Tout en lisant, c'est la voix du narrateur que l'on entend et qui fait son chemin, irrémédiablement, vers cette version non expurgée de son histoire familiale.
En filigrane, le boulevard qui domine la rade de Brest, la mer, le vent. La brume étonnamment absente avant Noël, une mer d'un calme surprenant en fin d'année et une houle qui semble essentiellement contenue dans les cent soixante-quinze pages du roman familial du fils intellectuel !
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J'ai beaucoup aimé Paris-Brest ; même sans doute un peu plus que cela. Je me suis attachée à cette histoire, ou plutôt non, c'est elle qui s'est attachée à moi. Trop de résonances. Il faut dire que l'auteur raconte des trucs que j'ai vécu, dont je me souviens. Les repas au Cercle (au foyer du marin), moi aussi j'en ai fait. Ce n'était pas avec ma grand-mère, ou plutôt si, elle était là, mais c'est sa soeur qui nous invitait. La gare de Brest, le trajet en voiture jusqu'à la Pointe Saint Mathieu puis plus loin, cette côte sauvage d'où on devine Ouessant entre ciel et océan, ce côté un peu malaisant de la ville, et la vue sur la rade… tout cela je l'ai en moi. le pompon, dans ma lecture (j'en ris encore rien qu'à l'écrire), ça a été les millions absents des caisses du Stade Brestois, en 1991. Alors là. Que le père du narrateur soit mêlé à ça ! La crise de rire. C'était page 35, je crois bien que j'ai lu le livre d'une traite, ensuite.

Dans Paris-Brest, Tanguy Viel écrit un roman familial autour du roman familial de son narrateur. Et quelle famille ! Gast. Ici on ne s'aime pas ; ici on compte. Il y a la mère, bourgeoise dans son acception la plus vénale et hypocrite, l'argent à la Balzac. Il y a Louis, le narrateur, suivi de près par son double maléfique, le fils Kermeur. Il y a la grand-mère, qui hérite dix-huit millions d'un vieux monsieur rencontré au Cercle. Et le père, qui lui n'a pu justifier l'absence de quatorze millions des caisses du Stade Brestois, quand il en était vice-président. Les parents s'exilent dans le sud de la France, Louis reste à Brest, dont il ne partira pour Paris que lorsque eux rentreront… Avant d'en revenir pour un Noël, valise alourdie d'un manuscrit, lui plus léger de l'avoir écrite, cette histoire de famille.

Il y a un rythme étonnant dans ces pages. le livre est minutieusement construit, tout en donnant l'impression que le lecteur découvre le texte en temps réel de son écriture. La prose affiche un faux débraillé étudié. Tout au long du livre on grince des dents, on perce des mystères, aucun des personnages n'en ressort sympathique, et pourtant l'ensemble est attachant. Et cet humour ! Les sacs en plastique de la mère, le briquet aux armes de Palavas-les-Flots. Tanguy Viel explore, questionne. Et moi, hais-moi, aime-moi… Et toi ?

Vraiment très heureuse d'avoir sorti ce roman de ma pile à lire (acheté il y a des années chez Dialogues, d'ailleurs), je sais déjà que j'en lirai d'autres de cet auteur !

« Quand chaque phrase venue d'elle, à peine franchie ses lèvres, on aurait dit qu'elle tombait en chute libre pour s'écraser au sol. Alors lui, je ne sais pas, comme plein d'indifférence, à son tour on aurait dit qu'il se baissait tranquillement puis qu'il les ramassait, chaque phrase gisante au sol, et qu'il y répondait. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Une histoire familiale avec des relations compliquées comme il y en a tant. Dès les toutes premières pages, on veut aller jusqu'au bout du récit.
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Lorsque la grand-mère, vieille dame digne qui fréquente «Le Cercle Marin», endroit guindé pour gens honorables et vieux aristocrates, aide ce monsieur riche, quatre-vingt-huit ans, à descendre les marches du perron de l'endroit chic, elle signe sa fortune, car il veut très vite en faire son épouse et légataire universelle. En échange de quoi, simplement, il faudrait qu'elle paye de sa présence auprès de lui, de tous les jours qui le séparaient, lui, de la mort, les dix-huit millions d'actifs qu'il possédait. À une seule condition: employer la même femme de ménage, Madame Kermeur. le père du narrateur, président du club de football de Brest est mêlé à une histoire trouble de détournement d'argent: la ville jase. La réputation de la famille est sérieusement entamée au point de les contraindre à quitter Brest pour le Sud, en Languedoc. Survient la mort du légateur testamentaire et il n'est pas question de laisser la mamy seule avec les millions, avec Madame Kermeur. Quand on a de l'argent il faut se méfier de tout le monde, a dit ma mère. le narrateur, auquel sa mère, mire du récit, ne laisse pas le choix, habitera le nouveau rez-de-chaussée de l'aïeule. L'histoire se complique quand on sait que par le passé, la mère a usé de ses relations pour faire renvoyer de l'école le fils Kermeur après un vol en magasin. Puis ce Kermeur insinue le cambriolage qui précipitera les événements : l'argent volé permet au narrateur de partir à Paris. Lorsqu'il fera plus tard le voyage Paris-Brest, il aura dans sa valise le manuscrit d'une histoire de famille encombrante, salissante, enjeu d'un règlement de comptes avec la mère impérieuse et vénale, avec une jeunesse ternie.

Tout le récit, possiblement autobiographique, paraît se dérouler sans éclat de voix, le père n'a que des silences, les choses ne se disent pas. Je garde l'impression d'un roman muet, sans gestes, néanmoins violent. Et satirique. La rancune – pour ne pas dire la haine - envers la mère, symbole de la prison familiale et de la pression sociale, est déterminante. le roman du narrateur, ce manuscrit qu'il ne compose pas exactement fidèle à l'histoire vécue, souligne les pouvoirs multiples de l'écriture où il est permis de recomposer l'intime, de dire ce qui a été tu.

Romans singulier et élaboré, malgré une apparente simplicité. Ne faites pas l'économie de cet auteur qui dit son admiration pour Conrad "qui fait passer la psychologie, les sentiments dans la couleur du ciel, dans l'épaisseur des arbres, dans la mer, bref dans les choses." Que vous ayez ou pas des affinités avec l'écriture contemporaine, Viel est le terrain idéal pour s'y aventurer.

Lu en version numérique (ePub).
Lien : http://www.christianwery.be/..
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PARIS-BREST de Tanguy Viel

J'ai adoré. On a l'impression que ce roman a été écrit d'une traite tellement ça coule de source avec ce qu'il faut d'humour et de surprises. J'ai appris qu'on en avait fait un film mais, la bande-annonce ne me donne aucune envie de le voir.
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C'est le premier roman que je lis de cet auteur et j'ai vraiment été emballée par son style d'écriture : pure, efficace, précise, incisive et fluide. On a quasiment l'impression de l'écouter nous raconter son récit. Ce roman est original dans le sens où il pose la question des conséquences d'un récit personnel sur l'entourage de l'auteur.
La force de l'écriture et du talent de cet auteur est de parvenir à introduire une bonne dose de suspens, d'intrigue dans ce récit familial.
Tout se déroule à Brest, berceau de la famille du narrateur : une grand-mère à la fois digne et indigne, reçoit en héritage 18 millions de francs alors que son gendre est accusé de malversations au sein d'un club de foot pour une somme de 14 millions… Au centre de cette famille, la mère particulièrement manipulatrice et dépourvue de scrupules, froide, distante…tient plus de la marâtre des contes de fées que de la figure maternelle douce et aimante !
L'argent est au coeur de cette intrigue et de cette famille qu'on sent bancale, désunie avec de grandes rivalités : la mère voudrait s'approprier la fortune de sa mère pour effacer les dettes de son mari, ne plus avoir honte et mener grand-train, le narrateur est rongé par la culpabilité de s'être laissé entraîner à dérober 200 000 francs à ma grand-mère… Lorsqu'il se décide à écrire sur sa famille, c'est clairement pour lui le seul moyen de continuer à vivre sans étouffer sous le poids des secrets et non-dits qui étaient la règle jusqu'alors….mais quelles seront les conséquences pour lui et les siens de cette confession écrite ?
Les personnages, leur personnalité et leurs interactions sont particulièrement bien croqués par la plume de l'auteur, de manière toujours concise et très précise.
A la fin du livre, on se demande comment l'auteur a pu faire tenir une histoire si dense et riche en moins de 200 pages !
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Quel plaisir de relire les romans de Tanguy Viel ! Je crois que j'apprécie encore plus cette relecture. Un monde où chacun est assigné à sa place, où le désir de paraître et l'argent bouleversent les existences, des familles où tout est tu pour sauver les apparences, l'impossible échappée malgré l'éloignement, l'étau qui se resserre, l'épée de Damoclès, la condamnation qui fatalement tombera. Une écriture précise, cruelle, ironique. Une mise en abîme intéressante mais jamais démonstrative des pouvoirs de la fiction. Un roman, très maîtrisé, à mon sens aussi réussi que L'absolue perfection du crime.
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C'est magistral, c'est vraiment un roman remarquable. L'air de ne rien y toucher, l'air de ne pas trop en dire, en faisant des détours que l'on pense inutiles, il dévoile peu à peu une intrigue saisissante, des caractères percutants, et une tragédie familiale sur un arrière-plan de roman à suspense.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Le cinquième roman de Tanguy Viel est un roman familial construit comme un roman policier, avec une intrigue sous-jacente et de nombreux flashbacks. Des rapports familiaux conflictuels, une touche d'hypocrisie, une dose d'humour et de méchanceté, le tout saupoudré d'une machination machiavélique et vous obtenez un roman jubilatoire qui se lit malheureusement trop vite.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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