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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La masse critique privilégiée de Babelio, c'est une belle opportunité de lire un livre très récent -- celui-ci a été imprimé en mars 2024 -- mais surtout de tomber sur ce que certains lecteurs appellent des pépites et c'est bien le cas de ce polar en huis clos où le suspense pousse le lecteur à tourner très vite les pages. Je remercie donc Babelio pour cette sélection, les éditions le mot et le reste qui m'ont envoyé le livre et Sébastien Vidal d'avoir écrit un si roman d'une telle qualité.

De neige et de vent déroule tous les fils de ce qui est apprécié dans une lecture où peuvent être satisfaits ceux qui aiment la montagne et la nature, l'intrigue policière qui va ici s'exacerber de manière inattendue, les douleurs et doutes de l'existence, le bien et le mal, la bêtise humaine qui se décuple lorsqu'elle est portée en groupe.

Je pense qu'il ne faut rien dire de l'histoire hormis ce qu'en livre la quatrième de couverture que chacun peut choisir de lire ou non, donc pas de développement de ma part dans ce commentaire.

C'est donc un roman dans lequel de très fortes personnalités vont s'exprimer, des plus douteuses suivre le mouvement de la masse, d'autres plus isolés se démarquer d'une violence injustifiée. Ce texte est porteur d'analyses sociétales assez classiques avec l'ordre déboussolé, les marginaux dangereux uniquement dans l'imagination des bien pensants, l'honneur, les blessures physiques et morales, tous les protagonistes dévoilant peu à peu nombre de secrets, le plus tragique sans doute dévoilé à la toute fin.

C'est aussi un vrai roman de nature writing avec des références au Montana, au Wyoming, à des écrivains comme Richard Wagamese qui est cité par Sébastien Vidal, mais aussi le héros des livres de Craig Johnson non cité mais que ses fans reconnaîtront. Toutes les descriptions de cet enferment montagnard de l'hiver en montagne, le blizzard, l'avalanche contribuent à renforcer l'atmosphère saisissante de ce très beau roman.
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C'est l'hiver. Un marcheur, sac à dos et chien, arrive dans un bled de montagne bien paumé pas très loin de l'Italie où il veut se rendre. La neige tombe à gros flocons et ce qui se prépare, c'est une tempête, une vraie, la pire de toutes. Il doit très vite trouver refuge pour lui et sa bête. Personne dans les rues de ce bled sans âme. Il se réfugie dans un café. le patron n'est pas bien bavard. Il n'aime pas trop les étrangers surtout s'ils sont un peu basanés. Il lui conseille quand même d'aller passer la nuit à la ferme Arc-en-ciel où se trouve une bergerie. La nuit sera terrible…
La seule patrouille de flics qui traîne encore dans le coin a hâte de redescendre dans la vallée. Mais avant de partir, ils ont bien envie d'aller acheter quelques fromages de chèvre à la ferme Arc-en-ciel, paraît qu'ils sont très bons ces fromages... Faudrait quand même pas perdre trop de temps… Ils risqueraient de le regretter….
Allez, je me tais. J'ai adoré ce roman dans lequel l'atmosphère est particulièrement bien rendue grâce à un travail d'écriture exceptionnel. Franchement, c'est assez rare dans un roman policier de lire une évocation aussi vive et impressionnante des lieux. En effet, le paysage est presque le personnage principal de l'histoire tellement les descriptions sont saisissantes et l'atmosphère terriblement oppressante. On est plongé dans une tempête apocalyptique qui va retenir prisonniers dans un huis clos effrayant des gens qui se haïssent.
Cette tempête semble être la métaphore des tourments de certains, des haines qui les torturent et des souffrances intérieures qui les dévorent.
La pire des tragédies va avoir lieu. Et croyez-moi, vous êtes loin d'imaginer le degré de cruauté dont certains hommes sont capables par ignorance, bêtise et préjugés stupides ! Coupés du monde, les hommes deviennent des fauves. La justice, ils la font eux-mêmes ! Tout est permis… le village devient alors le microcosme d'une société xénophobe et raciste renfermée sur elle-même, toujours prête à désigner du doigt des coupables et à user de la violence pour faire disparaître les boucs émissaires. La noirceur de l'âme humaine n'est pas belle à voir… C'est un gouffre sans fond… Effrayant...
Avec en sus un petit côté western pas piqué des vers… Faites gaffe de ne pas vous retrouver nez à nez avec une Winchester modèle 1894 calibre 30-30 ou un Colt modèle 1911 calibre 45. Ça fait des gros trous ces petites choses-là !
Si vous aimez les flics qui lisent Hugo et apprécient la poésie, allez-y, ce roman est fait pour vous !
Un prix Landerneau Polar 2024 archi-mérité !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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"En souvenir de notre rencontre 2024…" Lorsque j'ai su que Sébastien venait à l'espace Culturel du Leclerc de Trélissac, j'avais mon après-midi de fixer. Je lui ai donc demandé une dédicace pour ce titre ainsi que pour "Ça restera comme une lumière" que je n'avais pas!

"De neige et de vent" est avant tout un roman d'atmosphère. Glaciale et envoutant, ce thriller policier nous emmène dans le village de Tordinona, isolé, enneigé. Deux gendarmes pour ce petit village : Marcus et Nadia, ils se retrouvent coincé par une avalanche qui a détruit le seul passage pour redescendre dans la vallée. Entre temps, le garde champêtre découvre un cadavre, celui de la fille du maire, aussi, un randonneur de passage se trouve lui aussi bloqué ici.

"Côtoyer la détresse humaine ronge l'âme, même si on se protège, car la sensibilité ne supporte pas les armures…"

La question du résumé fait tout le roman. de la violence il y aura, un environnement hostile, d'une froideur inhospitalière autant que les humains qui logent à Tordinona et vouent un culte sans réserve à leur maire. Nous voici dans un huis clos, oppressant à souhait, écrit d'une main de maître.

"Un autre grondement arrive, porté par le souffle des sommets. L'homme pense à un bloc qui s'est décroché d'une falaise, quelque part. Son chien s'est arrêté lui aussi, il est là, posé sur ses pattes puissantes, oreilles dressées en direction du bruit suspect. Sa truffe s'articule pour décrypter le monde, elle trie les odeurs, lit dans l'air vif, un langage formant une écriture évanescente inaccessible à son maître…"

La plume de l'auteur est sublime, les mots sont choisis avec précision, la lecture fluide et entrainante, l'intrigue sombre et les personnages décrits minutieusement. L'auteur est à l'image de ses récits, posé et réfléchi, une personne adorable. Merci Sébastien pour ce petit moment partagé. À lire sans modération…

*Prix Landerneau 2024*



Lien : https://passionlectureannick..
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« De neige et de vent » se déroule près de la frontière italienne, dans le petit village de Tordinona. le lieu importe peu finalement, puisque, si je ne m'abuse, il est fictif. Seul le « Teatro Tordinona », théâtre situé à Rome, construit en 1670, puis reconstruit trois fois, ayant changé de nom plusieurs fois, dispose aujourd'hui de trois salles d'exposition dont l'une porte le nom d'un illustre dramaturge, Luigi Pirandello. Heureux hasard ou coïncidence, Tordinona est précisément le lieu où se joue une pièce de théâtre grandeur nature, où les acteurs de l'intrigue imaginée par Sébastien Vidal pourraient être vous et moi. Car, dans ce microcosme, miroir de notre société, fleurissent nos humanités, qu'elles soient abjectes ou honorables.

Ce qui distingue Tordinona de n'importe quel village est son emplacement où un seul pont permet de s'en échapper. Isolé, en zone blanche, entouré de montagnes, il est aisé d'en demeurer prisonnier. Ce sont précisément des conditions météorologiques dantesques « De neige et de vent » qui vont séquestrer ses habitants du reste du monde. « Le blizzard furieux malmène les flocons qui grêlent les murs et les toits, piquent avec acrimonie leur visage, tout est balayé et bouleversé. le hurlement de la bise qui se prend dans les gouttières et les branches dépouillées agresse les tympans, la lumière donne l'impression de mourir. de sombres nuages obèses formant un vaste océan aux limites inconnues compriment le village. le clocher a désormais disparu dans leur ventre et on ne sait plus où commencent les rafales de neige et où finit le ciel, plus bas que jamais. » Parallèlement, Marcus et Nadia, gendarmes, vont être appelés par le garde champêtre sur les lieux d'un drame : le corps d'une jeune femme a été retrouvé, sans vie. Il s'agit de la fille du maire, Basile Gay.

À Tordinona, plusieurs camps s'affrontent : les anciens et les néoruraux. Les premiers vivent là de père en fils depuis le dix-neuvième siècle. Des bourrus, des taiseux, aux coeurs aussi durs que la roche. Leurs femmes sont dévouées, soumises, l'émancipation a raté le virage du village. Les seconds ont repris une ferme, élèvent des chèvres et des brebis, font du fromage et ne sont pas acceptés par les habitants. « Ici, on n'aime pas le changement, donc on n'aime pas les étrangers, même les touristes, qu'ils aillent se faire escroquer ailleurs. » Alors, quand Victor Pasquinel, voyageur « de passage où il ne fallait pas » arrive dans le bourg avec son chien, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit accueilli les bras ouverts… La découverte d'un cadavre catalyse une multitude d'émotions, et pas seulement les plus positives.

« De neige et de vent » est un huis clos où la notion de justice n'existe plus et où les haines suscitées par la méfiance de l'autre prennent toute la place. « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. », si ce n'est ton frère, c'est ton voisin, ou ces néoruraux « ces accidents de la nature » qui empoisonnent notre manière de vivre, ou encore cet étranger qui a franchi le pont de la ville récemment. C'est l'heure du déchaînement des haines déclenché par ce décès incompréhensible. La mort de Caroline n'est d'ailleurs qu'un prétexte à cette étude sociologique où la fourmilière s'agite, retirée des règles sociales de base à cause d'une mauvaise tempête. »(…) on serait plutôt dans un état ségrégationniste américain quelque part à la charnière des années cinquante-soixante. Au point où ils en sont, ils vont arborer des cagoules pointues et enflammer des croix devant les maisons de ceux qu'ils détestent. » L'observation de ce déchaînement de la nature humaine est aussi passionnante que pathétique, ceux qui pensent être dans leur bon droit face à ceux qui défendent le droit. Un maire omnipotent, deux gendarmes blessés par la vie, mais combatifs et déterminés, des villageois résignés et manipulés.

Sur la grande scène du théâtre de la vie, « De neige et de vent » est un flocon de neige presque insignifiant, mais pourtant fort révélateur de ce dont l'homme est capable, livré à lui-même. Sébastien Vidal y développe la peur de « l'étranger », la haine de la différence, l'apogée d'une forme d'extrémisme, la violence exacerbée, le désir de vengeance qui vient balayer toute raison. Dans l'esprit des grands romans américains, une large partie est consacrée au décor, cette nature qui reprend ses droits et vient ensevelir les dernières onces d'humanité. « La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d'amour et le manque de mots. Il n'y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfreindre la règle de la saison froide et muette. » Au-delà de la poésie qu'il manie avec grande dextérité pour décrire l'environnement, quand tous sont retirés du monde et ne rêvent que de vengeance, seuls les deux gendarmes profitent de cette opportunité pour faire le point sur leurs existences. Nadia touchée dans sa chair, Marcus dans son esprit. Leur retranchement forcé dans ce monde où tout va trop vite permet ce temps d'introspection dont ils sont si cruellement besoin. Pour Victor, l'homme à protéger, l'observation de sa conscience et le souvenir de ses voyages passent par l'écriture. Il tient un carnet où se mélangent textes divers, poèmes et pensées. Même les « âmes grises » de ce village n'ont pas le pouvoir d'arrêter ses mots. « Il se dit que la vie des humains devrait être rythmée par ces deux évènements fondamentaux que sont l'horreur et le crépuscule. La Grande Parenthèse dans laquelle se développe la Vie. Ce serait un beau moyen de reprendre contact avec leur origine, la Nature. »

« De neige et de vent » prend souvent la forme de toiles que l'on visite en arpentant le roman. Les tableaux se succèdent, jour, nuit, jour, nuit, mais je souhaite insister sur l'écriture de Sébastien Vidal qui autorise ce prodige : « Le jour est là, la nuit s'est réfugiée dans les sous-sols, dans les greniers et les caves humides. Elle s'est repliée au plus profond des forêts, sous la neige et peut-être aussi dans le tunnel. Elle n'est pas partie loin car elle sait que l'intermède sera bref. La lumière qui ratisse le village tombe de fatigue. Grise, lente, dessinée au crayon de papier. Elle jette sur toute chose un masque de mort, une allure affligée d'exister. », la nature se façonne pour prendre des allures humaines, « Les ventres blancs marbrés de noir des bouleaux accentuent le tableau morne qui se peint et se dépeint sans cesse. On dirait qu'ils pleurent et que du rimmel coule sur leurs troncs d'un marmoréen sale. », la neige et le vent écrasent tout, les contours des lieux, les paysages, les hommes et leur raison. « La neige recouvre le village. Tout est blême. Les turbulences du vent augmentent. L'océan de nuages est si bas qu'il projette une couleur écrue, parcourue de veines grises et noires. La lumière rasante donne une impression d'épuisement. »

Grâce à une écriture riche et évocatrice, Sébastien Vidal dépeint le décor hivernal impitoyable qui enveloppe le village, créant ainsi une atmosphère sombre et oppressante. Les descriptions minutieuses des paysages enneigés et des tempêtes de vent renforcent le sentiment d'isolement et de désespoir qui imprègne le récit. « De neige et de vent » se présente comme une exposition de toiles où chaque tableau dépeint une scène saisissante, où les éléments naturels semblent refléter les tourments intérieurs des personnages. L'écriture de Sébastien Vidal offre une immersion totale dans ce huis clos oppressant, où les émotions et les doutes des personnages s'entrelacent avec la force de la tempête qui fait rage à l'extérieur. Même dans cette lumière épuisée, l'auteur souligne la résilience de ces trois personnages retranchés, déterminés à vaincre la folie des hommes. « C'est Soulages qui doit être aux manettes, et dont Marcus acquiert la certitude qu'il y aura, à un moment donné, un trait de lumière sublime. » Si la lumière semble faible ou éteinte, elle offre pourtant un contraste saisissant avec l'obscurité d'une situation sombre et désespérée.

Découvrir la plume de Sébastien Vidal c'est comme se laisser envelopper par les rayons d'une flamme douce et apaisante dans un paysage enneigé et déchaîné. Chaque mot est une étincelle de poésie qui réchauffe l'âme et éclaire les recoins les plus sombres de l'histoire.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Vous qui recherchez un roman d'ambiance, vous allez vous régaler. Vous qui aimez les thrillers bucoliques de Franck Bouysse, vous avez trouvé la bonne plume. Vous qui avez savouré La vallée de Bernard Minier ou essuyé la Tempête Yonna de Cyril Herry, vous êtes à la bonne adresse !

Dans une ambiance de fin du monde aux confins de l'Italie, notre société en modèle réduit va se déchirer parce que Victor, l'étranger, le marginal, passe par là. Alors que le corps de la fille du Maire, principal employeur de la vallée, est retrouvé, les clans vont se positionner sans nuance : soit on est pour, soit on est contre. Point de discussion possible. Pris au piège de cette guerre des clans qui va opposer les bobos écolos aux villageois obtus, deux gendarmes vont tenter de faire respecter leurs valeurs et leur mission de protection des populations.
Les habitants inféodés au Maire, les écolos qui fournissent la vallée en fromage et les villageois … en cachette, vont prendre parti radicalement, pour ou contre Victor, tandis que les gendarmes seront obligés de se retrancher avec lui dans la Mairie, en mode survivance.
Notre société est ainsi passée au crible de ses incohérences et de ses extrémismes dans ce western alpin et enneigé. Une intrigue en huis clos qui questionne sur notre capacité collective à dépasser les clichés avec un suspense qui monte efficacement en puissance. Et l'humanisme dans tout ça ? le lecteur en trouvera une part chahutée dans chacun des protagonistes.

Mention particulière pour le vétéran Vosloo qui incarne à sa façon une forme de sagesse, faisant preuve de recul face aux événements sanglants que le village traverse. Il a une certaine filiation avec le sculpteur de Ca restera comme une lumière ou l'Indien de Où reposent nos ombres. Que j'aime ces personnages !

Une fois le livre terminé, il ne cessera pas de vous habiter et à son souvenir vous aurez encore longtemps matière à réflexion sur vos choix.
Avec ce thriller Sébastien Vidal confirme son talent de conteur engagé pour notre plus grand plaisir.
Je remercie les Editions le Mot Et le Reste pour leur confiance et la pertinence de leur catalogue


Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Aujourd'hui je vous parle du roman ayant remporté le prix Landerneau 2024. Un auteur qui m'a été fortement recommandé par @ophelie_cohen_ avec son précédent roman

Sébastien nous embarque et nous séquestre avec habileté dans un petit village isolé à la frontière des Alpes italiennes. Un huis clos à ciel ouvert qui nous diffuse dès les premières pages une atmosphère chargée pour nous envelopper sous son poids à laquelle se lie une sensation de danger permanent.  Un voyageur de passage avec son chien vient trouver refuge alors qu'une tempête fait rage. Au petit matin, la fille du maire est retrouvée, sans vie gisant dans la neige. le coupable est très vite désigné, l'étranger est pris pour cible par le père de la victime entraînant avec lui un groupe de villageois. Nadia et Marcus deux gendarmes vont tout mettre en oeuvre au péril de leur vie pour s'opposer aux hostilités des habitants qui veulent se faire justice.
Les interactions entre les gendarmes et les assaillants deviennent très vite tendues et imprévisibles.

Avec ce récit Sébastien excelle dans l'exploration des tensions et des dynamiques sociales qui déploient entre les personnages. Il nous invite à réfléchir sur la façon dont les relations humaines et les comportements interagissent sous la pression et les circonstances.

Un roman que j'ai dévoré et qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout, les rebondissements sont légion et s'enchaînent sans jamais nous laisser reprendre notre souffle. Pour ceux qui connaissent le film, ça m'a parfois fait penser à "Assaut sur le central 13".

Je ne peux que vous recommander ce roman pour lequel je ne suis pas passé très loin du coup de coeur. J'ai découvert une plume qui m'a totalement convaincu et que je vais dorénavant suivre de très près. 

Merci aux éditions le mot et le reste pour cette découverte !
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 De neige et de vent », crépusculaire, vertigineux, dans les boucles d'une nature indomptée, hivernale, d'une beauté surprenante. C'est un roman sidérant de maîtrise, contemporain, sombre et tempétueux.
Un décorum emblématique, l'atmosphère à l'instar d'un brouillard épais. Ici, le reflet des noirceurs de l'âme humaine.
L'intensité d'une histoire, qui attire les torpeurs manichéennes. L'ombre et la lumière, la dualité et les disparités.
Les gravités sourdes et sournoises, des faillites sociétales. Bien au-delà d'un récit captivant, l'adrénaline fois mille, les signaux vifs des vulnérabilités. le passage à l'acte sur un fil de plus en plus mince, où tout peut vite basculer dans l'épaisseur des paysages.
Aux lisières qui retiennent immanquablement les désenchantements, les jalousies, les rêves blessés, les affres intestines. Ce qui diffère du vertigineux et de l'enchantement.
Ne pas oublier que : « L'homme est un loup pour l'homme » selon Hobbes. Ici, tout prend sens.
Dévorant de messages, efficace, ce récit bouscule avec évidence et rigueur, le point d'altitude de la sérénité.
Le village de Tordinona est lui aussi un protagoniste central de ce huis-clos.
C'est une mise en abîme finement politique, sociétale, et sociologique. Une plongée dans le microcosme des préjugés prégnants. Entre la violence, la radicalité des a priori.
« C'est un vent féroce. C'est un hurlement. C'est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Une silhouette se dessine à peine. »
Un voyageur des hasards, l'étrange (er), arrive subrepticement dans ce village où d'aucuns n'échappent aux virulences du rejet de l'autre. Qui, du regard, de l'hostilité, guetteurs (euses) des ombres.
Défendre le territoire, l'exigence de tranquillité. Il est ici. Cet homme. Victor Pasquinel.
« Ça fait des années qu'il marche à travers la France, et aussi en Italie. C'est là-bas qu'il veut se rendre. »
La tempête s'élève, insidieuse. le vent tourne. Il fragilise, embrase et se métamorphose, insensible et irrémédiable.
L'écriture coopère avec ce temps des vulnérabilités.
« Les flocons jetés contre le visage de l'homme deviennent des balles cinglantes. »
On ressent le tumulte des neiges chahutées, l'effroi presque gémellaire avec ce qui va advenir d'implacable.
La langue d'une trame sublime, qui happe entre la fureur et le calme. Elle laisse surgir les profondeurs obsédantes dans une orée d'une nature writing majestueuse. Victor Pasquinel se dirige vers la ferme des jeunes marginaux. Des néoruraux, dont les villageois se méfient. Tout est mêlé, au corpus des éléments. Dans un même tempo, Orazio prévient le maire qu'un drame vient de se produire. Basile Gay, le maire, un homme xénophobe, anti-héros, rude et pervers, apprend de plein fouet qu'il s'agit de sa fille. Ils vont auprès d'elle. le maire comprend que sa fille a été assassinée.
C'est le basculement dans le chaos. L'électrochoc qui va enclencher les haines et le vertige glacé des similitudes avec notre monde. Un absolu de rage, une scène au ralenti, filmique, irrévocable. L'hostilité ténébreuse et le froid qui gerce les coeurs. Tout est lié au délitement de ce village dont les frontières mentales vont être un exutoire de rejet.
Victor Pasquinel est soupçonné. Ce ne peut être que lui. Les frontières entre l'Italie et la France, le coeur des Alpes est foudroyé. L'unique pont qui relie le village du reste du monde vient de s'écrouler sous une avalanche. Prémonition. le piège tarentule devient une parabole. On ressent d'emblée les déchirures d'un village où l'ambiance délétère est l'idiosyncrasie d'un racisme aux abois. Un village, emblème de faux-semblants, des hypocrisies, d'un racisme, celui du maire qui dirige les habitants d'une poigne de fer. Un gourou. Les anciens contre les justes arrivés. le liant ne prend pas. Un village où d'aucuns est une cible. Une cabale est lancée. L'étau se resserre. Nadia et Marcus, sont les deux seuls policiers de ce village damné, virulent et prêt à imploser. Ils vont faire bloc contre le maire et ses acolytes qui accusent d'emblée Victor.
« La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d'amour et le manque de mots. Il n'y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfeindre la règle de la saison froide et muette. »
« Et peu importe le prix à payer. Ce qui compte, c'est assouvir ses bas instincts et ses passions tristes. »
« De neige et de vent » est un huis-clos palpitant et lucide. La nature signifiante peinte avec l'art des mots de Sébastien Vidal. C'est un livre charnel, magnétique.
« Nous avons tous un destin, mais nous avons le libre arbitre. »
Un roman profondément humain, fulgurant et hypnotique.
Une canopée ténébreuse qui tient en haleine jusqu'à l'apothéose du point final. Publié par les majeures Éditions le Mot et le reste.
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Quelle superbe découverte 🤩🤩🤩. J ai été scotché par ce polar étouffant de Sébastien Vidal.

Victor est un voyageur infatigable, avec son fidèle compagnon arrive a Tordinona. Peu de temps après son arrivée la fille du maire est découverte assassinée. La colère des habitants du village va se déchaîner contre cet intrus, coupable tout désigné du meurtre. Seul Marcus et Nadia, gendarmes vont prendre sa défense, contre tous...ou presque.

Il ne faut pas s attendre à une enquête suite au meurtre de la fille du maire. Dans ce polar étouffant la rumeur ne s embarasse pas de preuves. le maire et ses administrés vont prendre d assaut le lieu où les gendarmes protègent cet étranger. le tout au milieu d'une tempête de neige qui fait rage. Ce polar m a rappelé le film de Carpenter "Assaut sur Central 13" (d ou la musique choisie).

C'est rythmé, avec des personnages à la fois fort et fragile, avec bien évidemment Marcus, Nadia et Victor qui m ont vraiment fait vibrer. Comment faire face à la fureur deraisonnée de ces habitants contre ce voyageur, qui représente l étranger. J ai beaucoup aimé la façon de Vidal de dénoncer cette haine aveugle de l autre venant d ailleurs. Car l attitude de cette vallée reculée n est malheureusement pas isolée.

Et cette fin qui vous arrache une larmichette, mais qui est magnifique. Il y a de vrais moments d émotions fortes qui vous emportent.

Une vraie belle surprise 🤩🤩🤩
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Avec “De neige et de vent”, je découvre Sébastien Vidal… Quelle belle surprise !

Une histoire de montagnes, de neige et de nature, mais pas seulement…
Un roman policier qui n'en est pas vraiment un…
Un superbe huis clos où le suspense m'a porté jusqu'à la fin du roman.
Où se situent le bien et le mal ?
Beaucoup de psychologie, de nombreuses blessures morales, de fautes à se faire pardonnées et de secrets bien cachés…

Avec une écriture riche et un style très fluide, l'auteur réussit une immersion totale dans un village isolé en pleine tempête de neige. le souffle du vent m'a suivi durant toute ma lecture et j'imaginais très facilement les habitants livrés à eux-mêmes, sans électricité dans l'incapacité de partir et quitter cette situation oppressante, plus d'accès pour se sauver, impossibilité de contacter l'extérieur.
Lorsqu'il n'y a plus de règles et que le pouvoir est laissé aux “plus forts”, il n'arrive jamais rien de bon. Nadia et Marcus vont se trouver face à de très fortes personnalités qui ont décidé de punir avant de juger, d'imposer avant de laisser s'exprimer, utilisant la bêtise humaine portée par la haine et la peur dès que des groupes se forment. Comment vont-ils à deux seulement pouvoir s'opposer à ce soulèvement soudain ?

Je vais vous laisser découvrir la plume et l'intrigue de ce récit sombre et si plein de poésie, de violence injustifiée dans un village enveloppé d'un décor hivernal des plus pesants. La nature ainsi que les personnages du roman subissent des interactions ambiguës et déchaînées.

Un roman à lire au coin d'un bon feu de cheminée, mais je vous conseillerai quand même de regarder par la fenêtre de temps en temps… On ne sait jamais !

Bravo et merci Sébastien, je suis allé de surprises en surprises… toujours avec beaucoup d'émotions…
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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Un randonneur et deux gendarmes son retranchés dans les locaux de la mairie de Tordinona, un village d'une centaine d'habitants à la frontière des Alpes italiennes. En pleine montagne, l'isolement du village est aggravé par une tempête violente où les éléments se déchainent et détruisent les voies d'accès vers la vallée. Dans ce confinement climatique, le maire du village, dirige aussi l'entreprise du coin, qui fait vivre la plupart des familles du village. Forte carrure et caractère, il impose sa loi à tout le monde. Il vient d'apprendre par son cantonnier que le corps de sa fille sans vie git au bord d'un chemin dans la neige.
Vitor et son chien Oscar ont pris la route pour se rendre en Italie. Ils traversent le village, se réchauffent dans le seul café du village, puis profite de l'hospitalité de trois couples de jeunes gens dans leur ferme.
L'équation explosive dans un territoire aussi reculé s'aligne rapidement: d'une part la douleur insupportable d'un père qui perd sa fille unique construit le désir de trouver un coupable et de rendre une justice expéditive et exemplaire, et d'autre part un étranger et son chien, un vagabond, venu de nulle part. La violence entretenue collectivement, par une troupe masculine soudée et alignée derrière la bannière du magnat local, matinée de testostérone et de bêtise rance fait le reste des évènements.
C'est un état de siège qui va s'électriser de jour comme de nuit. Les dérapages sont annoncés, aucune dissuasion, de l'action, de l'agression. Les armes ont raison de toute humanité, de toute réflexion.
Le suspense va crescendo très rapidement. L'ambiance apocalyptique, glaciale participe de la tension, l'entretient, l'excite. Les éléments se déchainent comme déraille la folie des hommes contre l'étranger, l'autre, forcément un salaud, pire, un assassin. La construction de la spirale de la haine de celui qui ne nous ressemble pas, celui qui ne vit pas comme nous et bientôt celui qui ne pense pas comme nous, celui qui nous résiste, celui qui ne se rallie pas sans sourciller implacable. On est au bord de l'écoeurement, on a beau s'indigner, crier, se révolter, mais chacun a une « bonne raison » de se taire, se coucher et répondre présent à la « mobilisation générale» contre le criminel, derrière la seule incarnation de celui que ces hommes reconnaissent comme leur chef, leur autorité. Ce qui fait société ne fait pas le poids, ne fait plus le poids. Les dernières digues ont cédé, on y est !
Victor et les gendarmes sont otages de l'association de malfaisance violence+bêtise.
La nature est un personnage à part entière des panoramas qui font écho aux tensions et aux émotions, elle s'y reflètent, et s'en nourrissent. C'est très séduisant et parfois étourdissant.
Le style est d'une sublime élégance, le vocabulaire recherché, précis, parfois lyrique lorsqu'il faut faire parler, le vent, les tourbillons des flocons, les lumières, la chaine des montagnes ou les ombres maléfiques. Tous les personnages sont intéressants dans leur évolution, dans leurs motivations.
La fin vous frigorifie d'horreur; la scène d'affrontement final se la joue en monde western du cercle polaire. Exceptionnel. Vous serez glacé, mais vous aurez chaud aussi. Votre coeur va se caler dans vos tempes à faire exploser votre boite crânienne. La puissance est irrésistible.
Ce roman est mon premier coup de coeur de l'année 2024.
Ne passez pas à côté de cette histoire et retenez le nom de cet auteur : Sébastien Vidal, il est sacrément talentueux.
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