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Critique de Sabinedarroze


Un randonneur et deux gendarmes son retranchés dans les locaux de la mairie de Tordinona, un village d'une centaine d'habitants à la frontière des Alpes italiennes. En pleine montagne, l'isolement du village est aggravé par une tempête violente où les éléments se déchainent et détruisent les voies d'accès vers la vallée. Dans ce confinement climatique, le maire du village, dirige aussi l'entreprise du coin, qui fait vivre la plupart des familles du village. Forte carrure et caractère, il impose sa loi à tout le monde. Il vient d'apprendre par son cantonnier que le corps de sa fille sans vie git au bord d'un chemin dans la neige.
Vitor et son chien Oscar ont pris la route pour se rendre en Italie. Ils traversent le village, se réchauffent dans le seul café du village, puis profite de l'hospitalité de trois couples de jeunes gens dans leur ferme.
L'équation explosive dans un territoire aussi reculé s'aligne rapidement: d'une part la douleur insupportable d'un père qui perd sa fille unique construit le désir de trouver un coupable et de rendre une justice expéditive et exemplaire, et d'autre part un étranger et son chien, un vagabond, venu de nulle part. La violence entretenue collectivement, par une troupe masculine soudée et alignée derrière la bannière du magnat local, matinée de testostérone et de bêtise rance fait le reste des évènements.
C'est un état de siège qui va s'électriser de jour comme de nuit. Les dérapages sont annoncés, aucune dissuasion, de l'action, de l'agression. Les armes ont raison de toute humanité, de toute réflexion.
Le suspense va crescendo très rapidement. L'ambiance apocalyptique, glaciale participe de la tension, l'entretient, l'excite. Les éléments se déchainent comme déraille la folie des hommes contre l'étranger, l'autre, forcément un salaud, pire, un assassin. La construction de la spirale de la haine de celui qui ne nous ressemble pas, celui qui ne vit pas comme nous et bientôt celui qui ne pense pas comme nous, celui qui nous résiste, celui qui ne se rallie pas sans sourciller implacable. On est au bord de l'écoeurement, on a beau s'indigner, crier, se révolter, mais chacun a une « bonne raison » de se taire, se coucher et répondre présent à la « mobilisation générale» contre le criminel, derrière la seule incarnation de celui que ces hommes reconnaissent comme leur chef, leur autorité. Ce qui fait société ne fait pas le poids, ne fait plus le poids. Les dernières digues ont cédé, on y est !
Victor et les gendarmes sont otages de l'association de malfaisance violence+bêtise.
La nature est un personnage à part entière des panoramas qui font écho aux tensions et aux émotions, elle s'y reflètent, et s'en nourrissent. C'est très séduisant et parfois étourdissant.
Le style est d'une sublime élégance, le vocabulaire recherché, précis, parfois lyrique lorsqu'il faut faire parler, le vent, les tourbillons des flocons, les lumières, la chaine des montagnes ou les ombres maléfiques. Tous les personnages sont intéressants dans leur évolution, dans leurs motivations.
La fin vous frigorifie d'horreur; la scène d'affrontement final se la joue en monde western du cercle polaire. Exceptionnel. Vous serez glacé, mais vous aurez chaud aussi. Votre coeur va se caler dans vos tempes à faire exploser votre boite crânienne. La puissance est irrésistible.
Ce roman est mon premier coup de coeur de l'année 2024.
Ne passez pas à côté de cette histoire et retenez le nom de cet auteur : Sébastien Vidal, il est sacrément talentueux.
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