Ce roman figurait dans ma PAL depuis longtemps déjà, curieuse que j'étais de lire cet auteur de néo-polar reconnu. Publié en 1973, ce premier roman coche en effet toutes les cases du genre : se déroule en banlieue, dénonce le fonctionnement et l'hypocrisie de la société, dégomme le système politique.
Dans les roues des motos de la bande des Beuarks, j'ai donc découvert la banlieue de Sarcelles des années 70, dans tout ce qu'elle pouvait avoir de glauque : ses logements « clapiers à loyers modérés », sa violence, sa pauvreté aussi. En pleine période d'élections législatives, l'atmosphère est tendue et le climat délétère, nos jeunes rebelles en profitent d'ailleurs pour exprimer à leur manière toute personnelle leur ras-de-bol et leur rejet de cette société. Non par conviction, ils n'en ont aucune. Si ce n'est qu'ils veulent être libre et qu'on leur foute une paix royale.
La politique, ce n'est pas leur tasse de thé, mais ils n'ont rien contre quelques billets pour des actions dissuasives menées auprès de certains colleurs d'affiches. À cette occasion, ils rencontrent Véronique, surnommée Vérole, la fille de la candidate Madeleine Charron-Delpierre. Après des débuts houleux, ils finissent par s'entendre autour d'une seule et même idée : à bas le système.
Mais cette belle entente signe aussi le début des galères...
Un roman noir donc, très noir, dont le pessimisme n'est sauvé que par la verve de l'auteur.
Jean Vautrin étant dialoguiste et scénariste de formation, en ayant collaboré notamment avec
Michel Audiard, cette expérience se ressent évidemment dans la structure et la forme du récit.
Écriture vive, percutante et acide, il ne laisse rien passer sur cette société dont on devine qu'il n'en apprécie rien ou si peu.
Sans être véritablement dénonciateur, il décrit avec férocité un quotidien lugubre pour ces jeunes et ceux qui les entourent, sans perspectives et loin de tout. Mais avec humour, voire cynisme…
Je n'ai pas été conquise, je l'avoue, par cette lecture qui m'a semblé bien sombre.
Une drôle d'époque, un drôle de monde.
Peut-on d'ailleurs en parler au passé ? C'est sans doute cet aspect qui m'a le plus attristée, de me dire que le constat est peut-être encore plus déprimant aujourd'hui...