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EAN : 9782070497195
192 pages
Gallimard (04/03/1997)
3.48/5   21 notes
Résumé :
A bord de nos gros cubes, nous autres, les Beuark, on sème la panique dans les cités-dortoirs où les gens n'ont plus guère le temps de roupiller. Boulot, bistrot, moto...
on est très occupés vu qu'on joue aux agents électoraux
pour les prochaines législatives.
Ça y va sec, la châtaigne, lors des séances d'affichage contre les adversaires. Mais c'est surtout pour le sport, parce que les convictions politiques, on s'en tape joyeusement.
Et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman figurait dans ma PAL depuis longtemps déjà, curieuse que j'étais de lire cet auteur de néo-polar reconnu. Publié en 1973, ce premier roman coche en effet toutes les cases du genre : se déroule en banlieue, dénonce le fonctionnement et l'hypocrisie de la société, dégomme le système politique.
Dans les roues des motos de la bande des Beuarks, j'ai donc découvert la banlieue de Sarcelles des années 70, dans tout ce qu'elle pouvait avoir de glauque : ses logements « clapiers à loyers modérés », sa violence, sa pauvreté aussi. En pleine période d'élections législatives, l'atmosphère est tendue et le climat délétère, nos jeunes rebelles en profitent d'ailleurs pour exprimer à leur manière toute personnelle leur ras-de-bol et leur rejet de cette société. Non par conviction, ils n'en ont aucune. Si ce n'est qu'ils veulent être libre et qu'on leur foute une paix royale.
La politique, ce n'est pas leur tasse de thé, mais ils n'ont rien contre quelques billets pour des actions dissuasives menées auprès de certains colleurs d'affiches. À cette occasion, ils rencontrent Véronique, surnommée Vérole, la fille de la candidate Madeleine Charron-Delpierre. Après des débuts houleux, ils finissent par s'entendre autour d'une seule et même idée : à bas le système.
Mais cette belle entente signe aussi le début des galères...

Un roman noir donc, très noir, dont le pessimisme n'est sauvé que par la verve de l'auteur.
Jean Vautrin étant dialoguiste et scénariste de formation, en ayant collaboré notamment avec Michel Audiard, cette expérience se ressent évidemment dans la structure et la forme du récit.
Écriture vive, percutante et acide, il ne laisse rien passer sur cette société dont on devine qu'il n'en apprécie rien ou si peu.
Sans être véritablement dénonciateur, il décrit avec férocité un quotidien lugubre pour ces jeunes et ceux qui les entourent, sans perspectives et loin de tout. Mais avec humour, voire cynisme…

Je n'ai pas été conquise, je l'avoue, par cette lecture qui m'a semblé bien sombre.
Une drôle d'époque, un drôle de monde.
Peut-on d'ailleurs en parler au passé ? C'est sans doute cet aspect qui m'a le plus attristée, de me dire que le constat est peut-être encore plus déprimant aujourd'hui...
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"A bulletins rouges" est un roman noir. Très noir. Très drôle aussi, parce que particulièrement cynique et pas forcément désespéré. Vautrin raconte une histoire de jeunes contre tout, réfutant toute forme de système, une histoire de jeunes qui répondent par la violence à l'absurdité du monde immédiat qui les entoure: Paris et sa multitude survivant plus que vivant et subissant sans broncher dans des « clapiers à loyers modérés », la politique pourrie jusqu'à l'os, la morale pudibonde, le métro-boulot-dodo, l'urbanisme catastrophique, l'agressivité policière. La France en mode contre-vérité ? En tous les cas, une société qu'ils nient entièrement et insultent vertement. Ecriture âpre, percutante et originale à l'époque de sa parution . L'anglais « made in France » y côtoie souvent un français volontairement dégradé et abîmé volontairement . le texte oscille ainsi entre vulgarité et poésie.
Jean Vautrin nous a quitté en 2015 nous laissant quelques pépites outre ce roman je pense notamment à l'immense "Canicule" mis en scène par Yves Boisset ou "Gipsy Blues" rayonnant par sa générosité et son humanisme ..
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Emprunté dans la bibliothèque d'une amie. Me voici replongée dans les années post soixante huitarde. Comment des adolescents essaient de trouver le goût de vivre en enfourchant leur moto, en se moquant des adultes politiciens ou non. Comment la réalité du "bien pensant" les rattrape, les fait déraper, les tue.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Quelque part dans un sous-marin ou une tombe, Edmond Grignard s'éveille. Le silence commence à monter à l'assaut du quinquagénaire. Les battements de son cœur, les flux de son sang, la cadence de sa respiration rythment son angoisse. Un point familier lourd et mortel s'installe dans sa poitrine et cherche à l'asphyxier. La sueur trempe le creux de son dos. Dans sa poche, il trouve la boîte qui contient ses pilules. Le couvercle résiste puis cède. Un geste maladroit et les petites billes roulent dans tous les sens. A quatre pattes, dans le noir, Edmond cherche sa vie qui lui échappe (p.153)
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Je sors de l’usine. Arrêt sur le trottoir. Je relève mon col. Dans mon dos, tout autour de moi, les ouvriers. Mes frères de chaîne. Ça déferle. Des Parigots, des Algériens, des Espagnols. Comme des automates, ils avancent. Ils ont des steaks frites ou des merguez semoule plein l’imagination. Les premiers vont retrouver leur Josette, une mégachiée de mômes et France-Irlande à la Télé. Les autres, une piaule d’hôtel surchargée ou bien le bar à arcades et mosaïque tenu par Mohamed sur les hauteurs de Meudon. Ils ont tous en commun une serviette de cuir avachie ou un sac de gym.
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Vous êtes des trouillards, des fils de bourgeois, des types qui ne savent pas se servir de leurs mains… Luis veut intervenir. Il prend l’air du continent qui en a vu d’autres. Sans doute parce qu’il voit Tinou se dégonfler comme une baudruche. Je lui laisse pas le temps de placer un autre discours. Ça devient long, tous ces mots. Je lui colle mon poing dans la gueule. La force vient de prendre le pas sur l’intelligence.
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Dans le noir, des coups ébranlent une porte. Un glissement de savates s'approche. Une voix de femme enrouée par le pinard interroge :
- Voilà ! Voilà ! Qu'est-ce que c'est ? qu'est-ce que c'est ?
- Police ! Ouvrez !
La porte fait ce qu'on lui dit de faire. Un rai de lumière trace un sentier sur le parquet. Deux inspecteurs s'encadrent. La femme poissarde et avachie, dans une blouse à fleurs, demande :
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Police. Où est ton môme ?
- L'est pas là. L'est pas rentré.
Pour toute réponse, les inspecteurs repoussent la lourde et effacent la bonne femme à graisse savonneuse contre le mur. Ils entrent en force.
Là, il faut bien que je l'avoue, le tas de mousse, c'est ma mère. Y a pas de quoi être fier. Elle est moche.
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Si notre affaire s’était plaidée maintenant, si on avait cherché les raisons de notre violence, si on avait voulu expliquer notre délire, cela aurait été simple : on était ivres, mes bourriques, ivres-vivants.
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Videos de Jean Vautrin (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Vautrin
Dan Franck, auteur et scénariste prolifique revient pour un 9e tome des aventures Boro avec "Boro, Est-Ouest", cette fois sans son acolyte Jean Vautrin, décédé en 2015. Il nous parle ce lundi 16 mai 2022 de cette polyvalence dans l'écriture et de son attrait pour l'histoire et le romanesque.
#FranceCulture #écriture #DanFranck _____________________ Prenez place à la Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture https://www.youtube.com/watch?v=xJHbbKHstIM&list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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