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EAN : 9782070705726
264 pages
Gallimard (03/01/1986)
3.63/5   217 notes
Résumé :
« Donne-moi la photo. »
Idriss gardait ses chèvres et ses moutons non loin de l'oasis de Tabelbala quand une Land Rover a surgi. Une jeune femme blonde aux jambes nues a pris en photo le petit berger saharien. Sa photo, elle la lui enverra dès son retour à Paris.
Idriss a attendu en vain. Son image volée ne lui a pas été rendue. Plus tard, quand il va partir vers le nord et jusqu'à Paris pour chercher du travail, il va se heurter à des images de lui-m... >Voir plus
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Idriss, jeune berbère, garde son troupeau dans le désert autour de l'oasis de Tabelbala. Passe une belle femme blonde dans une Land Rover. Elle photographie Idriss et lui promet de lui envoyer le cliché. Mais l'image n'arrive jamais. « Les vieux n'aiment pas trop les photos. Ils croient qu'une photo, ça porte malheur. Ils sont superstitieux, les vieux… » (p. 43) le jeune garçon décide de partir en France, à Paris, pour retrouver son portrait et pouvoir le clouer sur un mur. de Tabelbala en passant par Oran et Marseille jusqu'à la capitale française, il est saturé d'images qu'il ne comprend pas. Elles représentent le désert et les oasis, mais ne ressemblent pas à ce qu'il a toujours connu. « Petit migrateur venu du sud, embarqué dans une aventure incertaine que rien ne devait retarder, Idriss s'était posé là comme un oiseau de passage. » (p. 61) Pour toute richesse, Idriss n'a que la goutte d'or abandonnée par une danseuse : la breloque autour du cou, il ne sait pas qu'il va perdre plus que son innocence en France, mais aussi ses illusions. Image photographiée, image filmée, image moulée, Idriss n'en finit pas de servir de modèle et de perdre son identité. « Idriss se lève pour tenter de secouer la fantasmagorie qui une fois de plus menace de l'emprisonner, comme dans un filet d'images. » (p. 120) Son salut, il le trouvera dans le signe, auprès d'un maître calligraphe. Loin de la fascination et du danger des images, traîtres idoles, Idriss trouve la paix dans le mot.

Le parcours initiatique du jeune Idriss est semé d'embûches. Les récits enchâssés qui ponctuent son histoire illustrent à l'envi le danger des représentations picturales. Il y a quelque chose de maléfique dans le fait de saisir l'image d'un être vivant. Cette action le dépossède d'une partie de lui-même, de sa force. Il ne faut pas se fier aux images qui peuvent être trompeuses, menteuses. Seul le signe écrit, grâce à sa force abstraite, peut rendre compte du monde. Michel Tournier a produit un texte magnifique sur l'éternel affrontement entre texte et image. Laquelle est la servante de l'autre ? Faut-il les opposer ou tenter de les réconcilier pour parvenir à la compréhension ultime ? Loin de répondre à la question, l'auteur a offert un conte qui aurait toute sa place parmi ceux des Mille et une nuits. « Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît que l'on aime quelqu'un d'amour. C'est lorsque son visage vous inspire plus de désir physique qu'aucune autre partie de son corps. » (p. 178)
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Un jeune saharien, Idriss, quitte son oasis aux confins de Tabelbala à la recherche d'une vie plus facile à Paris ; et puis aussi, certainement, pour tenter de récupérer la photo que lui a « volée » cette jeune femme blonde aux jambes nues avec son appareil, alors qu'il menait paître son troupeau de chèvres.

Déjà, en Algérie, le choc est violent ; mais à Paris…

Deux cultures s'entrechoquent dans le cerveau du jeune garçon : celle du signe ancrée dans la culture arabo-musulmane - la sienne, celle d'Abel le berger nomade - et la culture de l'image de l'Europe d'aujourd'hui - celle de Caïn le sédentaire.
Michel Tournier, grand amateur de mythes, nous livre sur fond de choc des cultures, un roman (même si certains parlent plutôt de conte philosophique, ce qui n'est pas faux) d'une grande beauté sur fond de désert, physique, le Sahara ; et intellectuel, Paris l'impersonnelle…
D'expériences en expériences, Idriss conduira malgré lui sa propre initiation qui le mènera à la calligraphie, art où le mot est beau aussi et surtout à l'oeil…

A mon avis, le dernier « grand » roman/conte de l'auteur. Éblouissant.
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Dès les premières lignes, on pense à "Désert" de le Clézio. Le style est fluide, simple, avec ce petit rien d'enfantin qui fait la trame des contes. Et puis, cela bascule... On est soudainement plongé dans "Elise et la vraie vie". L'image se métamorphose, devient pesante, acier. Une industrie d'images et de rêves fabriqués à la chaine (comment ne pas évoquer les reproductions de Warhol ?). Mais n'ayez crainte, Michel Tournier est un magicien. Et c'est en poète et en conteur qu'il nous sauve une nouvelle fois de l'écoeurement.
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Il était une fois un jeune berger berbère qui vivait heureux au sein de sa communauté d'oasiens, dans un petit village nommé Tabelbala. Heureux au milieu de ses bêtes, le jeune berger coulait des jours heureux sous la caresse du soleil et l'amour bienveillant et protecteur que lui prodiguait sa famille. Une félicité qui vole en éclats le jour où le jeune Idriss croise la route d'une jolie touriste blonde sillonnant le désert à bord d'une Land Rover. Cette dernière lui fait la promesse de lui renvoyer la photo qu'elle a prise de lui. Idriss, confiant, espère en vain recevoir un cliché qui n'arrive pas. Après deux ans d'attente, le jeune homme quitte le cocon familial pour se rendre à Paris, afin de récupérer cette image promise et dérobée. Après un long périple et des conditions de voyage spartiates, le jeune homme retrouve son cousin Achour et le foyer Sonacotra qui sera sa nouvelle demeure. Ce dernier déchante de jour en jour, se retrouvant difficilement au milieu des images factices véhiculées sur sa petite oasis. de plus, sa candeur et sa jeunesse font de lui une proie sur laquelle fondent des vautours mal attentionnés. Fuyant le cortège de déconvenues que lui apporte "l'image" en pratiquant la calligraphie, Idriss finira enfin par trouver l'apaisement : "L'effigie est verrou, l'idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaînes : le signe."

Roman écrit à la troisième personne, "La Goutte d'or" relate l'histoire d'un jeune berbère (attiré par le chant des sirènes que représente le monde occidental) qui va perdre sa "liberté" dans le culte de l'image. L'histoire se déroule à une époque où "l'Office national algérien de la main-d'oeuvre" acheminait en moyenne 30 000 travailleurs algériens en France (de 1963 à 1973) afin de faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. Idriss, comme la plupart des travailleurs exilés volontaires, va se retrouver confronté à la difficulté de trouver sa place dans un monde aux règles et aux idées nouvelles, un monde qui se trouve être aux antipodes du sien. Il finira cependant par acquérir ses propres repères et réussira à se défaire du pouvoir aliénant de l'image en goûtant à la calligraphie. Il serait cependant dommage de réduire le roman qu'est "La goutte d'or" au récit des déboires d'un jeune berbère naïf foulant le sol parisien. C'est aussi un récit à la dimension féerique, notamment quand l'auteur s'octroie une pause enchantée dans cette aventure, nous captivant avec les contes de "Barberousse" et de "La reine blonde".
Un pied ancré dans la réalité, un pied foulant les terres de l'imaginaire et nous permettant de renouer avec notre notre âme d'enfant... Une dualité qui génère la force narrative des écrits de Michel Tournier !
Lien : http://leslecturesdisabello...
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Tabelbala, une oasis en plein désert. C'est de là que vient Idriss, pétrit de croyances et des pratiques de berger du désert. Une jeune femme blonde en 4x4 le prend en photo. Longtemps il attendra, et aucune photo n'arrivera. Il décide alors de partir pour Paris, pour récupérer sa photo directement auprès de la jeune femme.
Ce voyage migratoire est en fait une sorte de voyage initiatique durant lequel il va apprendre, se faire avoir, et découvrir la vie parisienne à travers les métiers qu'il va exercer. C'est un immigré plutôt chanceux. Tout en pratiquant plusieurs petits boulots, l'image le rattrape sans arrêt. Une version originale de sa photo et des paroles qu'il avait échangées avec la jeune femme se retrouve transposée dans un album illustré. Il confond alors fiction et réalité et se fait remarquer. Modèle pour mannequin, figurant dans des film...Alors que les croyances de sa culture lui font croire qu'une photo prend un peu de votre âme, il se retrouve confronté aux images partout présentes en occident. Jusqu'à ce qu'il apprenne à s'en détacher et à les interpréter par l'abstrait et la calligraphie.
Le récit est entrecoupé de légendes qui s'éclairent, pour Idriss, à la lumière du présent.
Un beau conte initiatique.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Pour ne pas être blessé par le mauvais œil, passer autant que possible inaperçu est une saine précaution. Tirer l’œil par sa mise, sa force, sa beauté, c'est tenter le diable. Les mères de Tabelbala négligent volontairement leurs bébés, et les maintiennent dans un certain état de saleté pour qu'ils n'excitent pas l'admiration à un âge particulièrement vulnérable. L'homme qui exhibe fièrement le couteau flambant neuf qu'il vient d'acquérir a toutes les chances de se couper dès qu'il s'en servira. La nourrice étalant une poitrine plantureuse, la chèvre d'une fécondité ostentatoire, le palmier à la floraison opulente s'exposent aux coups de l’œil dont le pouvoir tarit, stérilise, dessèche. Toute image avantageuse est grosse de menace. Que dire de l’œil photographique et de l'imprudence de celui qui s'offre complaisamment à lui !
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Idriss savait que sa photo ne pouvait pas se trouver dans le courrier arrivant quatre jours seulement après le passage de la Land Rover. Il assista cependant à la distribution car c’était comme cela qu’il la recevrait, et désormais chaque distribution le concernait et le concernait davantage à mesure que l’arrivée de la photo deviendrait plus probable. Combien de temps faudrait-il attendre ? Trois, cinq, sept semaines ?
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« Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît que l’on aime quelqu’un d’amour. C’est lorsque son visage vous inspire plus de désir physique qu’aucune autre partie de son corps. » (p. 178)
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Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, - Alors tais-toi!


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Le boulevard Diderot et plus loin l'enfilade de la rue de Lyon n'étaient qu'un scintillement de phares, d'enseignes, de vitrines, de terrasses de café, de feux tricolores. Idriss hésita un moment avant de se laisser glisser dans cette mer d'images.
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Vidéo de Michel Tournier
Enseignante à l'Institut Universitaire Tous Âge d'Amiens, Micheline Foré avait invité Michel Tournier à présenter une conférence dans ce lieu. En raison de problèmes de santé, celui-ci lui proposa plutôt une rencontre chez lui au Presbytère de Choisel. S'en suivirent des échanges amicaux entre l'écrivain et l'enseignante. Leur rencontre eut lieu en mai 2008 en compagnie de sa fille Blandine et de deux amis, Françoise et Jean-Claude Leleux qui filma l?entretien. La librairie du Labyrinthe les remercie tous de lui avoir confié ces images afin de les monter et de les diffuser pour le plaisir de tous.
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