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EAN : 9782070383023
535 pages
Gallimard (22/11/1990)
4.21/5   579 notes
Résumé :
« Moi, Abou Obeïd el-Jozjani, je te livre ces mots. Ils m'ont été confiés par celui qui fut mon maître, mon ami, mon regard, vingt-cinq années durant : Avicenne, prince des médecins, dont la sagesse et le savoir ont ébloui tous les hommes. De Samarkand à Chiraz, des portes de la Ville-Ronde à celles des soixante-douze nations, résonne encore la grandeur de son nom... »
Ainsi commence le récit consacré à l'une des plus hautes figures de la pensée universelle. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 579 notes
Abou Obeïd el-Jozjani, disciple de Ibn Sina qui l'a sauvé de la maladie, est le narrateur qu'a choisi Gilbert Sinoué pour nous raconter une biographie romancée de Abu 'Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina que ses contemporains appellent respectueusement cheik el-raïs, prince des médecins, alors qu'il n'est âgé que de dix-huit ans. Ali Ibn Sina, né en 980 sera le plus grand savant de son époque, l'histoire le reconnaîtra sous le nom de Avicenne.
Avicenne ou La route d'Ispahan est un grand roman d'aventure et un roman historique très intéressant. J'ai voyagé en Perse aux dixième et onzième siècles, dans les grandes villes mais aussi perdue dans le désert ; j'ai eu très chaud et très froid. J'ai visité un pays qui était en guerre perpétuelle ... autrefois Perse aujourd'hui Iran dont les frontières ne sont plus les mêmes mais où l'intolérance aux différentes religions est demeurée. Â lire !

Challenge PAVÉS 2015-2016
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Biographie romancée d'Ali Ibn Sina, plus communément appelé en Occident Avicenne. Avicenne fait partie de ces personnages emblématiques qui font l'histoire où sont des jalons de l'histoire.
Le bref résumé de Wikipedia peut donner une idée de l'envergure du Grand Homme :
Avicenne, ou Ibn Sīnā, né le 7 août 980 à Afshéna, près de Boukhara, faisant partie de la province de Khorasan Grand Khorasan (actuellement en Ouzbékistan) et mort en juin 1037 à Hamadan, est un philosophe, écrivain, médecin et scientifique médiéval persan. Il s'intéressa à de nombreuses sciences, notamment l'astronomie, l'alchimie, la chimie et la psychologie.
Ses disciples l'appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins, le Maître par excellence, le troisième Maître (après Aristote et Al-Farabi).

Polymathe par essence, il réussit tout ce qu'il touche : une sorte d'alchimiste consubstantiel ! Son nom est encore repris de nos jours pour nommer des hôpitaux en France … Essayez donc de trouver des hopitaux publics français avec un nom non français … Cela ne court pas les rues, n'est-ce-pas ? Alors imaginez la stature du gaillard !
Eh bien, on n'est pas déçu ! Outre ses qualités intellectuelles, Avicenne avait un fort penchant pour la dive bouteille (n'oublions pas que nous sommes dans l'âge d'or de l'Islam dans une contrée, la Perse, aux mains de divers sultans dont le pouvoir provient entre autres choses de leur propension à préserver la foi et même de la propager …) mais aussi chaud lapin, grand séducteur et pas une seule fois marié … Cela fait tâche pour un des plus grands intellectuels de l'Islam !
Si on ajoute une trame historique où les différents sultans se font la guerre avec pour trophée de guerre les savants de son ennemi, on peut imaginer aisément la place de choix donnée à Avicenne dans ces combats !
On ne s'ennuie donc pas dans cette biographie romancée narrée par son fidèle et docile (même un peu niais ?) disciple ! Un scénario idéal pour du cinéma grand spectacle …
Je ne me suis donc pas ennuyé et j'en suis sorti tout hâlé par le soleil du désert ! Seul bémol mais pas le moindre : on oublie trop souvent l'intellectuel au profit du trublion ! La narration par le disciple est d'ailleurs astucieuse car on se rend que beaucoup de subtilités lui passent par-dessus la tête : n'est pas un génie qui veut … Mais ce roman aurait pris une autre dimension si on avait su mettre cet aspect en valeur.
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A la croisée des chemins entre biographie romancée, roman d'aventures et roman historique, ce livre est tout à fait passionnant. Il retrace la vie du célèbre médecin et philosophe perse Ali Ibn Sina – plus exactement Abu Ali al-Husayn ibn Abd-Allah Ibn Sina (980-1037) - et plus connu en occident sous le nom d'Avicenne. Sa renommée était telle qu'il était surnommé le cheikh el-raïs, le prince des savants.

Les pratiques médicales m'ont particulièrement impressionnée. Je ne pensais pas la médecine si évoluée au Xème siècle. Les méthodes et déductions d'Ali Ibn Sina sont bluffantes. Il faut dire que c'est un domaine dans lequel il excelle, comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs, tels que les mathématiques, l'astrologie, la philologie, la philosophie etc. Sa soif de connaissance est insatiable.

C'est à travers le regard d'un de ses fervents disciples, Abou Obeïd el-Jozjani que nous le découvrons. El-Jozjani voue à son maître une admiration sans faille bien qu'il déplore certains de ses excès, notamment le vin et les femmes. Mais la vie d'Ali Ibn Sina (et de son disciple qu'il entraine dans son sillage) n'est pas une oasis tranquille. Elle est mouvementée, jalonnée de périodes fastes et d'exils au gré des guerres, qui le contraignent à rechercher un mécène dont il accepterait la protection et les faveurs.

Et surtout, au-delà de la vie d'Ali Ibn Sina, nous sommes immergés dans les croyances de l'époque, les pratiques médicinales, les courants de pensées intellectuels (on y croise d'ailleurs d'autres célèbres savants comme Ibn Ahmad el-Birouni) et les instabilités géopolitiques entre les dynasties Ghaznawides, Buyides, Samanides. Un petit bémol sur la fin cependant, un peu trop expédiée à mon goût.

Cet ouvrage est captivant et instructif, tout à fait accessible quand on ne connait pas grand-chose (comme moi) à cette période. Il est une invitation à en découvrir encore davantage.
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Je pense que nombreux sont ceux qui connaissent le nom d'Avicenne sans trop savoir ce que fut son apport et encore moins quelle fut sa vie. C'était mon cas avant de lire le roman de Sinoué. Si je savais qu'il avait été un savant reconnu, je n'avais aucune idée de l'ampleur de son travail ni du romanesque de sa vie.

« Avicenne ou la route d'Ispahan » prend sans doute beaucoup de libertés avec la réalité. Il s'agit bien d'un roman historique et non d'une véritable biographie, ce qui m'allait très bien. J'ai ainsi pu découvrir la vie mouvementée du grand savant. J'ai été plongée dans un contexte historique passionnant.
J'ai été vraiment séduite par l'écriture de Sinoué que j'ai trouvée élégante et poétique.
Mais bizarrement, malgré toutes ces qualités, il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour m'enthousiasmer totalement. Cette réserve n'est sans doute le fait que d'une mauvaise période personnelle et ne peut pas être imputée au roman de Sinoué. Quoi qu'il en soit, « Avicenne, ou la route d'Ispahan » m'a fait voyager et surtout m'a fait découvrir la plume de Sinoué.

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Parfois le hasard fait bien les choses. Les copines et moi on a organisé cette LC au débotté parce que deux d'entre elles voulaient le lire. Finalement on s'est tous régalés avec ce roman biographique exotique à la fois divertissant et instructif, et nos échanges ont été riches et fructueux. Grand merci à elles.

Au travers du récit de la vie d'Ibn Sina – nom occidentalisé en Avicenne – c'est toute une époque peu connue par chez nous du Moyen Orient médiéval que l'on découvre : les régions de Perse, du Turkménistan ou d'Afghanistan aux alentours de l'an mille (calendrier de chez nous aussi). La première croisade est encore loin dans le futur et la civilisation de l'Islam se développe aussi bien dans son identité religieuse que dans la succession de la culture antique. En usant du chausse pied, je ferais bien un parallèle avec l'Europe du 16ème siècle : une civilisation qui développe sa connaissance du monde par les sciences et la philosophie (toujours un peu mélangées sauf à notre époque), bâtit des merveilles et, en parallèle s'investit dans la foi. Les rois sont des mécènes mais ce sont aussi des rivaux et les guerres locales sont légion, bien qu'interdites par l'Islam si elles ne sont pas « saintes ». Les courant religieux « irréconciliables » jouent leur rôle ici. Si Avicenne nous montre une région essentiellement chiite, la menace turque sunnite impérialiste et intolérante, dont la cruauté est aussi légendaire que celle d'Attila, le grignote peu à peu. On peut retrouver une atmosphère similaire dans la première partie de Samarcande de Amin Maalouf (au travers du poète mathématicien Omar Khayyâm).

A travers le récit – probablement un peu hagiographique – de son disciple et biographe Abou-Obeïd el-Jozjani (aimablement « traduit » par Gilbert Sinoué), Avicenne apparaît comme un géant de la connaissance, une machine de travail, un touche-à-tout du cérébral autant à l'aise en médecine qu'en mathématique, en philosophie ou en grammaire arabe. Tous ses pairs s'inclinent devant lui. Mais c'est clairement dans le domaine de la médecine que ses connaissances et son expérience impressionnent. Nombreuses sont les scènes où il les met en pratique avec l'esprit affuté d'un détective qui en aurait remontré à Sherlock Homes pour trouver le bon diagnostic. J'ai à chaque fois été soufflé par le niveau atteint par cette discipline à l'époque, et par les innovations apportées par Avicenne.
Hagiographique ai-je dit ? Pas vraiment non plus. Abou-Obeïd ne cache pas les « défauts » de cet homme parfois fier jusqu'à la présomption, abusant du vin, abusant des femmes même si seules quelques-unes ont su trouver le chemin de son coeur (le personnage de Yasmina, sa dernière épouse, est d'une incroyable richesse). Tombant parfois dans de profondes déprimes.
Et pourquoi ne déprimerait-il pas parfois ? Je n'imaginais pas que sa vie ait été autant en dent de scie très pointues, avec des hauts très élevés et des bas très profonds se succédant à une vitesse fulgurante. Avicenne se considère comme un éternel exilé et, le temps passant, a de plus en plus de mal à l'accepter.

Après Léon l'Africain, c'est mon second coup de coeur historique oriental de l'année, un peu pour les mêmes raisons. Et c'est mon premier Gilbert Sinoué. Gageons que ce ne sera pas le dernier.
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
L’Islam interdit à un musulman de verser le sang d'un autre musulman. Il prohibe également toute sorte de guerre à l'exclusion de la guerre sainte. Est seule légitime une guerre dont le but final est religieux, c'est-à-dire qui sert à imposer la shari'a, la loi sacrée, ou empêcher une transgression contre elle. Aucune autre forme n'est légale à l'intérieur et à l'extérieur de l'Etat islamique.
[…] D'où les efforts que faisaient les princes pour représenter leur adversaire comme ayant, au moins en quelque manière, contrevenu aux commandements de la foi ou à l'orthodoxie : proclamant qu'il ne pouvait y avoir entre eux d'autre solution possible que le glaive manifestant le jugement d'Allah... Comme hier, comme aujourd'hui...
En réalité, songea Ali, tout cela n'était que prétexte. La guerre était liée à la nature de la société humaine depuis le stade tribal, et aucune loi fût-elle sacrée n'aurait pu y changer quoi que ce fût.

(Vingtième makama)
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"notre existence s'écoule en quelques jours. Elle passe comme le vent du désert. Aussi, tant qu'il te restera un souffle de vie, il y a deux jours dont il ne faudra jamais t'inquiéter : le jour qui n'est pas venu, et celui qui est passé…"
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L'ouverture des cadavres était considérée par les croyants comme une véritable profanation. Un sacrilège. Certains ouvrages racontaient que même Galien hésitait à disséquer l'homme et recommandait à ses élèves de s'exercer d'abord sur les animaux; surtout sur le singe. Dans ces conditions, ni l'anatomie ni la chirurgie ne pouvaient faire de grands progrès. La structure interne de l'être demeurait tel un livre fermé que seuls les hasards du temps entrouvraient parfois. Les savants étaient réduits à supputer sur l'emplacement des veines tranquilles, des viscères majeurs,des ligaments, des nerfs ou des muscles. Aussi lorsque les circonstances les amenaient en présence de restes humains, il fallait en remercier l'Invincible et surtout ne pas laisser passer l'occasion.
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Suis-le à travers le vaste plateau qui compose mon pays, tantôt torride, tantôt glacé, ses étendues désertiques et salées… Pour toi les caravanes déballeront les gemmes et les épices du pays jaune, les armures de Syrie, les ivoires de Byzance. Dans les bazars d’Ispahan rouleront sous tes pas les fourrures, l’ambre, le miel et les esclaves blanches….

Tu coucheras parmi les gueux et dans la splendeur des palais. Tu traverseras des villages oubliés, aux ruelles étroites et aux maisons aveugles. Tu pénétreras le secret des puissants, l’intimité des sérails, la volupté des harems. Tu verras souffrir pareillement les princes et les mendiants et tu te convaincras ainsi (si un doute subsistait en ton esprit) que nous sommes éternellement égaux devant la douleur….

Tu apprendras le mépris devant la petitesse des puissants, tu connaitras le respect devant la grandeur des petits.
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"...Mon nom est Vivant; mon lignage, fils du Vigilant; quant à ma patrie, c'est la Jérusalem céleste. Ma profession est d'être toujours en voyage : faire le tours de l'univers au point d'en connaître toutes les conditions. Mon visage est tourné vers mon père, et mon père est Vigilant. J'ai appris de Lui toute science, les clefs de toutes les connaissances m'ont été données par Lui. Vers les extrêmes plages de l'univers, c'est lui qui m'a montré les chemins qui sont à parcourir, de sorte que par mon voyage en embrassant le tour, c'est comme si tous les horizons de tous les climats se trouvaient rassemblés devant moi."
Ibn Sina interrompit l'écriture de son récit et fit quelques pas en direction de la fenêtre en serrant contre sa poitrine les pans de son manteau de laine. Ses doigts couverts de gerçures s'enroulèrent autour des barreaux et il se laissa aller à fixer le paysage noyé d'aurore qui s'étirait à perte de vue. En deux mois, il avait eu le temps d'apprendre le moindre recoin, le contour des gorges rocheuses découpées en cicatrices sanguines au pied de la montagne. Il pouvait dire de mémoire l'ombre des pierres ocres et mauves engravées sur le flanc des collines et les respirations de la nuit.
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