Clara sans majuscule, clara toute petite qui ne s'oppose jamais, qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre, clara qui fait constamment passer les besoins des autres avant les siens, clara qui se fait manipuler, manquer de respect. Clara toujours au front. le père (Bertrand) ayant fui ses responsabilités pendant huit ans, c'est Clara qui s'est trouvée en charge de trois enfants (Romain, Gabriel et Alexia), situation tellement fréquente...Elle a une lourde charge sur ses épaules et lorsqu'il y a des flammèches avec les enfants, qui paie la note ? Elle, bien-sûr, puisque papa n'est pas là...personne ne peut lui en vouloir, à lui, qui s'en lave les mains.
Alors du jour au lendemain, Clara plaque tout. Laisse les jeunes (plus si jeunes que cela) à leur sort et s'envole de Montréal pour Paris (date de retour prévue: aucune) dans le but de ramener le père à ses obligations, de le ramener dans ses tranchées. Ils les ont fait à deux, ces enfants-là, après tout ! Pourquoi serait-ce seulement le rôle d'un des deux de pourvoir à tout ? Ses enfants, elle les aime plus que tout mais au fil des années, Clara a oublié de vivre, elle s'est perdue en chemin et surtout, a besoin de se reconstruire. Ses enfants, tout comme leur père, doivent apprendre à se responsabiliser et cesser de croire que tout dépend, tout se contrôle à partir d'elle. En partant retrouver son ex-mari, Clara part en quête de soi également. Un beau voyage qui s'annonce même si pavé d'embûches...
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Clara sans majuscule" est une histoire magnifiquement bien racontée. C'est actuel, moderne aussi bien en ses lieux qu'en son temps. Un ballet de mots qui virevoltent, qui nous emportent. C'est coloré, doux, mélancolique, riche en vocabulaire, on valse à travers les phrases, on trébuche sur les émotions. C'est romantique, aussi, même si Clara est le plus souvent seule, à déambuler dans les quartiers de Paris tout en cogitant, peu importe le temps qu'il fait, peu importe où; sous le ciel bleu, sous la pluie, dans ses cafés, ses musées, ses cours intérieures fleuries. C'est poétique, artistique, lumineux, nostalgique. On compatit beaucoup avec Clara, qui ne passe pourtant pas son temps à s'apitoyer sur son sort. Au contraire, elle analyse sa situation, sa vie, son passé et tente de se comprendre, de se réapproprier, de se réapprivoiser. de trouver comment recoller les morceaux. Comment redevenir forte. À quel point une mère devrait oublier qu'elle aussi a des besoins ? Toute maman monoparentale pourra y trouver un élément qui la rejoint, c'est certain. Clara, on la comprend peu importe. Et on aime l'écouter penser. Ce roman comporte peu de dialogues et c'est bien construit. (Souvent, les accents circonflexes sont absents du texte et j'ai le sentiment que c'était intentionnel.) Vraiment un très beau roman que j'ai adoré !
Un énorme MERCI à Babelio et aux éditions Lévesque pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une "Masse Critique 100 % québécoise" ! Je ne connaissais pas cette auteure de chez nous. Danièle Simpson écrit merveilleusement bien ! J'ai été éblouie par son style, sa lumière et aurai définitivement envie de lire son premier roman "Solos" de même que ceux écrits pour la jeunesse. Cela fût pour moi une superbe découverte ce mois-ci, grâce à vous ! Merci ! Un beau livre à acheter et à offrir parce que c'est une histoire touchante.