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EAN : 9782757857274
192 pages
Points (11/02/2016)
3.7/5   42 notes
Résumé :
Dans une écriture limpide et poétique, José Saramago nous livre une mosaïque de souvenirs d'enfance et d'adolescence. Entre Azinhaga, la terre de ses grands-parents, où il est né, et Lisbonne, où il a grandi, images, sensations, anecdotes reviennent pêle-mêle à la mémoire du grand écrivain: une famille de paysans pauvres, une grand-mère analphabète, un père devenu fonctionnaire de police à force de travail, et un enfant qui court dans les oliveraies, passe de longue... >Voir plus
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Menus souvenirs est l'autobiographie de José Saramago, le célèbre auteur portugais, nobelisé en 1998. Mais cette collection de souvenirs aborde très peu son oeuvre littéraire, on y retrouve quelques mentions ça et là mais l'essentiel se concentre sur son enfance, son adolescence. Bref, ces années qui ont fasciné l'homme qu'il est devenu. J'ai cru comprendre qu'il projetait d'écrire un autre tome pour les années suivantes.

Au début de ma lecture, j'étais un peu déconcerté, les souvenirs se suivaient mais ils n'étaient pas tous dans l'ordre chronologique (pas que je tienne à tout prix à un pareil ordre, parfois ennuyeux) mais ça semblait aller dans toutes les directions. Il ne semblait pas y avoir de liens dans cette succession d'événements. Mais c'était mal connaître Saramago. Un tel esprit classique fonctionne souvent par circonlocutions et il revenait sans cesse aux mêmes thèmes, aux mêmes faits marquants qui trouvaient leur écho et leur dénouement plus tard.

C'est fascinant de voir comment le cerveau fonctionne, ce dont il se rappelle et ce qui reste flou. C'est que Saramago a entrepris l'écriture de Menus souvenirs sur le tard. À la fin du 20e siècle, se remémorer des dates et des événements s'étant déroulée dans les années '30, alors qu'Internet n'existait pas et que les traces écrites sont incomplètes… Tout un tour de force.

J'ai trouvé l'auteur honnête dans sa démarche. Quand il n'était pas certain d'une information avancée, il le mentionnait. Et parfois il corrigeait une impression quelques pages plus loin. de plus, il décrivait les choses comme elles étaient. le paysage campagnard portugais devait avoir ses côtés bucoliques mais le travail des champs, des oliveraies, pas nécessairement. Pareillement pour les immeubles des quartiers pauvres. Mais la plume réalistes et simple (dans le genre, sans prétention) restait belle et évocatrice.

Il faut dire que la nostalgie battait à plein régime pendant ma lecture. C'est que, à cet âge, l'auteur était tout jeune, des premiers souvenirs de cinq-six ans à son passage au lycée. Et il est un garçon comme tous les autres, espiègle, intelligent et doué (quoique personne ne suspecte encore qu'il deviendra un grand écrivain, à commencer par lui-même), puis charmé par les premiers émois de l'amour.

C'est tout aussi fascinant de constater les situations (vie à la campagne, mort du frère, déménagements, passage à l'école, blessures, etc.) qui auront laissé une impression durable chez Saramago, lesquels il juge important et pourquoi. Pendant ma lecture, je me suis pris au jeu, les souvenirs de l'auteur faisaient remonter les miens à la surface. J'adore être transporté ainsi, voir une oeuvre se prolonger et trouver une résonnance chez moi. Au final, j'en ai appris beaucoup autant sur l'enfance de ce personnage que sur moi.
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« Pendant toute mon enfance et aussi durant les premières années de l'adolescence, ce village pauvre et rustique, avec sa frontière bruissante d'eau et de verdure, avec ses maisons basses entourées du gris argenté des oliveraies, tantôt brûlées par les ardeurs de l'été, tantôt transies par les gelées meurtrières de l'hiver ou noyées par les crues qui pénétraient par les portes, fut le berceau où ma gestation s 'acheva, la poche où le petit marsupial se blottissait pour faire de sa personne, en bien et peut être en mal, ce qui ne pouvait être fait que par elle-même, silencieusement, secrètement, solitairement. (p. 13) »

Lecture débutée en 2015, enfin reprise et savourée complètement, en ce printemps 2020…
Un volume de « menus souvenirs » du Prix Nobel portugais, nous offrant réminescences, anecdotes de son enfance pauvre mais heureuse dans des paysages magnifiques, des grands-parents maternels vénérés… et des évocations de scènes, de personnages réels de cette enfance et adolescence… qui habiteront plus tard ses romans ...!

« L'homme qui s'approche ainsi, brouillé par la pluie qui tombe à seaux, est mon grand-père. le vieillard est fatigué. Il traîne avec lui soixante-dix ans de vie difficile, de privation, d'ignorance. Et pourtant c'est un homme sage, silencieux, qui n'ouvre la bouche que lorsque c'est indispensable. (…)
C'est un homme comme tant d'autres sur cette terre, dans ce monde, peut-être un Einstein écrasé sous une montagne d'impossibles, un philosophe, un grand écrivain analphabète. Quelque chose qu'il ne pourra jamais être. « (p. 123)

Un style limpide et fort poétique, plus fort dans les descriptions de la terre originelle, et des états d'âme de l'enfant qu'était l'auteur ; d'autant plus admirable exercice de la mémoire que José Saramengo a rédigé ses souvenirs d'enfance à la fin de sa vie…rendant vie et hommage à sa famille ainsi qu' à différents personnages, tel le « cordonnier « de son village, lisant Fontenelle !...

Mes deux dernières lectures , même très différentes, se rejoignent sur un thème central : le pays, ainsi que les paysages de nos enfances nous construisent, mais aussi nourrissent en profondeur les artistes, les écrivains. Ce qui est le cas pour Marie-Héléne Lafon avec ses montagnes cantaliennes, et Saramengo, avec le village « rustique » de ses grands-parents maternels, dont il conserve les souvenirs « fondateurs » de ce Portugal pauvre…la vaillance de ses proches dans un quotidien très âpre…


« Sans que quiconque s'en soit aperçu, l'enfant avait déjà déployé des vrilles et des racines, la graine fragile que j'étais alors avait eu le temps de fouler l'argile du sol de ses pieds minuscules et mal assurés pour recevoir la marque indélébile et originelle de la terre, (…) les vents et les bonaces, les douleurs et les joies, les êtres et le néant. J'étais le seul à savoir, sans en avoir conscience, que dans les feuillets illisibles du destin et dans les méandres aveugles du hasard il était écrit je devrais encore retourner à Azinhaga pour finir de naître."

Un magnifique récit… authentique, autobiographique, rendant grâce aux Humbles, aux milieux des plus modestes dont il est issu et fier…
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Dans ce texte assez court le prix Nobel de littérature José Saramago raconte des souvenirs d'enfance dans un ordre à peu près chronologique mais avec des sauts d'un souvenir à l'autre sans lien évident pour le lecteur, des allusions à un souvenir ultérieur, des retours sur un événement déjà mentionné. C'est un peu difficile à suivre, du moins au début.
Il est issu d'une famille très pauvre, sa mère était analphabète et ses grands-parents maternels menaient une vie très simple à la campagne. Ces souvenirs sont ceux d'une enfance en liberté à vadrouiller à travers la campagne, sans horaire, pieds nus. Souvenirs d'une enfance où il a pu rêver des heures devant le Tage ou en admirant le ciel étoilé, d'une scolarité plutôt brillante qu'il ne put poursuivre pour raison financière (il devint serrurier). Il faut préciser que ces souvenirs sont fort anciens puisque Saramago est né en 1922 et qu'il écrit ce texte près de soixante-dix ans plus tard, ce qui est du coup l'occasion pour l'auteur de s'interroger sur la sélectivité de la mémoire et son fonctionnement, ce qui justifie la forme a priori chaotique du récit et accroît le sentiment d'authenticité, de modestie. Une lecture à mettre étrangement en parallèle avec la façon dont Annie Ernaux parle de son enfance ! Ni honte ni regrets chez José Saramago, juste tout simplement la nostalgie tranquille d'une enfance plutôt rude mais heureuse.
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Les menus souvenirs d'une douce nostalgie, souvenirs plein d'espièglerie, sensations et naïveté de l'enfance que l'écrivain a inventorié et gardé précieusement pour mieux redonner vie, à travers son écriture, à un monde disparu, une sorte de paradis perdu : le Portugal de la première partie du XXeme siècle : un monde attachant et chaleureux de petites gens plutôt pauvres, agriculteurs ouvriers vivant dans une nature peuplée de champs d'oliviers et de figuiers, de masures improbables, des quartiers lisboètes tout un environnement que le temps a définitivement balayé mais dont les vestiges sont reconstitués dans la mémoire du vieil auteur…Un livre d'une grande tendresse qui réchauffera les coeurs non seulement des amateurs de littérature portugaise, mais aussi d'un public en mal d'évasion poétique.
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José Saramago, à l'hiver de sa vie, se remémore son enfance, son adolescence et son parcours scolaire. Avec lucidité, authenticité il nous décrit sa jeunesse. Il est né à Azinhaga, au Portugal, commune distante d'une trentaine de kms de Lisbonne. Ses grands-parents possèdent une petite propriété avec des oliviers, un peu de bétail et une pauvre petite maison, sise au bord du Tage. Son père, grand séducteur est employé dans la police à Lisbonne. Parfois sa mère effectue des heures de ménage pour apporter une contribution aux frais du ménage. L'enfant partagera son temps entre la capitale et son village natal pendant les vacances scolaires.. José réussira sa scolarité. Cet enfant a toujours été avide de savoir et n'a pas ménagé ses efforts pour apprendre.
Au cours de son enfance, dans les années 1920-1935, la vie était dure , aussi bien en ville qu'à la campagne. L'industrialisation, le machinisme et les progrès n'avaient pas encore envahi le monde rural ni la vie citadine.
Cela a été une époque heureuse dans la vie du jeune enfant, malgré les nombreux aléas du quotidien. Il se souvient avec nostalgie de son existence passée;Avec beaucoup de verve et de retenue il fait revivre les habitants du petit village et ses voisins dans les divers appartements qu'il a occupé à Lisbonne En dix ans il a connu dix déménagements.D'où de nombreuses fréquentations et des amis.
Son écriture est poétique , authentique.L'enfant est émerveillé par la campagne. C'est une belle page de souvenirs d'enfance. J'ai été attirée par la couverture en noire et blanc : cette photographie d'un jeune garçon , portant une casquette, dont le visage est à moitié masqué par des feuilles mortes est très originale. J'ai passé un moment très agréable et je vais lire d'autres ouvrages de ce prix Nobel de littérature que je ne connaissais pas.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
À vrai dire, je pense que ce qu'on appelle faux souvenirs n'existe pas, que la différence entre ceux-ci et ce que nous considérons comme véridique et avéré se réduit à une simple question de confiance. la confiance que nous faisons dans chaque situation à ce flou incorrigible que nous dénommons certitude. Le seul souvenir que je conserve de Francisco est-il faux? Peut-être, mais la vérité est que je le tiens pour authentique depuis quatre-vingt-trois ans...
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L’homme qui s’approche ainsi, brouillé par la pluie qui tombe à seaux, est mon grand-père. Le vieillard est fatigué. Il traîne avec lui soixante-dix ans de vie difficile, de privation, d’ignorance. Et pourtant c’est un homme sage, silencieux, qui n’ouvre la bouche que lorsque c’est indispensable. (…)
C’est un homme comme tant d’autres sur cette terre, dans ce monde, peut-être un Einstein écrasé sous une montagne d’impossibles, un philosophe, un grand écrivain analphabète. Quelque chose qu’il ne pourra jamais être. (p. 123)
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Pendant toute mon enfance et aussi durant les premières années de l'adolescence, ce village pauvre et rustique, avec sa frontière bruissante d'eau et de verdure, avec ses maisons basses entourées du gris argenté des oliveraies, tantôt brûlées par les ardeurs de l'été, tantôt transies par les gelées meurtrières de l'hiver ou noyées par les crues qui pénétraient par les portes, fut le berceau où ma gestation s 'acheva, la poche où le petit marsupial se blottissait pour faire de sa personne, en bien et peut être en mal, ce qui ne pouvait être fait que par elle-même, silencieusement, secrètement, solitairement. (p. 13)
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L'enfant que j'ai été n'a pas vu le paysage tel que l'adulte qu'il est devenu serait tenté de l'imaginer du haut de sa taille d'homme. L'enfant, pendant tout le temps qu'il le demeura, se trouvait simplement dans le paysage, il en faisait partie, il ne l'interrogeait pas. (p. 15)
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[...] L'homme qui approche ainsi, brouillé par la pluie qui tombe à seaux, est mon grand-père. Le vieillard est fatigué. Il traîne avec lui soixante-dix ans de vie difficile, de privations, d'ignorance. Et pourtant c'est un homme sage, silencieux, qui n'ouvre la bouche que lorsque c'est indispensable. [...] C'est un homme comme tant d'autres sur cette terre, dans ce monde, peut-être un Einstein écrasé sous une montagne d'impossibles, un philosophe, un grand écrivain analphabète. Quelque chose qu'il ne pourra jamais être.
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Videos de José Saramago (80) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Saramago
Charlotte Ortiz, traductrice de "Traité sur les choses de la Chine" de Frei Gaspar da Cruz (ouvrage à paraître) nous fait le plaisir de nous parler de deux livres importants pour elle. "L'aveuglement" de José Saramago, roman parlant d'une pandémie ... elle vous en dira plus et, "Européens et japonais, traité sur les contradictions et les différences de moeurs" de Luís Froís où il est question, entre autres, de genre, de cuisine et de belles perspectives ;) !
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