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EAN : 9782070381425
288 pages
Gallimard (25/05/1989)
3.63/5   102 notes
Résumé :
Paris, 1942. Constantin von Meck, metteur en scène allemand qui a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, tourne un film pour la U.F.A. Il ironise sur ses compatriotes, s'insurge contre les brutalités policières, tente de sauver deux techniciens juifs, est révolté par une scène de torture, mais il ne remet fondamentalement en cause ni l'Allemagne nazie, ni la collaboration, ni sa propre attitude. Il aime la vie et les femmes - surtout la sienne, la belle Wanda.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Le début du roman a été pour moi assez poussif , mais au fur et à mesure de l'intrigue, l'intérêt s'est fait plus vif et même si la fin était plus ou moins prévisible, le suspens a mis du piquant à la lecture et cette aventure se déroulant pendant la seconde guerre mondiale m'a intéressée : il y a à la fois des scènes hélas conformes à la réalité dramatique de l'époque et d'autres fictionnelles , quelques fois irréalistes, mais en résumé, un bon moment de lecture.
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L'auteur

A son époque, on a énormément reproché à Françoise Sagan (de son vrai nom Françoise Quoirez; 1935-2004) son goût pour la provocation alors que pour beaucoup, elle était un symbole de la modernité et de la révolution féministe. Elle faisait partie d'une jeunesse argentée, désabusée et qui aimait boire, conduire et faire la fête. Ses romans et pièces de théâtre ont connu un grand succès, lui apportant argent et gloire, avec en premier lieu, Bonjour tristesse publié en 1954. Après un scandale lié au fisc, elle meurt désargentée et à l'écart du monde. Elle a écrit son dernier livre en 1996.

Le livre

En 1942, Constantin von Meck, metteur en scène allemand qui a fait toute sa carrière aux Etats-Unis, traverse une phase personnelle difficile et accepte de travailler pour l'U.F.A, une société productrice nazie, pour lequel il va réaliser quelques films. Tentant de se concentrer sur son travail, entouré d'amis et d'ennemis, il va devoir affronter l'horreur de la guerre et des atrocités nazies, par la main même de ses compatriotes. A travers les épreuves qu'il va vivre, il va devoir s'affronter soi-même et rompre avec une indifférence facile et cynique à l'égard du monde qu'il l'entoure.

Ce que j'en ai pensé

Ce livre marque ma découverte de Françoise Sagan (en réalité, j'ai lu Bonjour Tristesse il y a quelques années, mais je n'en garde qu'un souvenir vague, et il me semble qu'il faudrait que je le relise.) Je ne connaissais donc pas son style, ni les thèmes qu'elle traitait. J'étais totalement neutre de tout préjugé vis-à-vis de cette lecture, conseillée gentiment par Delphine.

Et c'est un coup de coeur ! : vous savez, quand vous lisez quelques lignes et qu'on se trouve happé par le style, la narration, dès la première page ? C'est de plus en plus rare, et quand ça arrive, c'est un véritable bonheur pour moi ! Bref j'ai littéralement dévoré ce roman !

Pourquoi l'ai-je autant apprécié ?

- Pour les personnages : Wanda, Constantin et Romano sont, entre autres, des personnages puissants qui vont durablement me marquer. En effet, Sagan nous fait rentrer dans leur intimité, à travers le regard de Constantin, et nous met face à toutes leurs faiblesses, leurs contradictions.

A lui seul, Constantin tient toute l'histoire à bout de bras. C'est un personnage extrêmement riche, mais ambigü entre ce qu'il est (allemand, metteur en scène, profondément américain, décalé vis-à-vis de la société), ce qu'il a fait (tourner des films), qui il a aimé (les hommes, les femmes) et ce qu'il voudrait faire (rester auprès de Wanda, rentrer en Amérique). Petit à petit, il perd ses certitudes, son optimisme, jusqu'à cette phrase : "il n'avait jamais cru jusqu'à ce matin que quoi que ce soit puisse compromettre un homme; il lui avait fallu le pire pour croire au mal, le mal pour croire au bien - et le spectacle de ce matin pour découvrir ce bien indispensable." où il perd définitivement une grande partie de son innocence et des oeillères qu'il s'était placé lui-même pour ne pas voir la saleté du monde qui l'entoure et avec lequel il collabore d'une certaine façon. "Seulement à cette heure-là justement, le Constantin allègre et vainqueur n'existait plus ; il n'était qu'un reflet, un paravent, un mannequin de paille chargé d'écarter de lui les oiseux féroces et piaillards - aussi bien jadis les producteurs d'Hollywood qu'aujourd'hui les sbires de la Gestapo".

- Pour le contexte historique : Loin de n'être qu'une enième histoire sur la Seconde guerre mondiale, Sagan offre un angle intéressant, celui d'un Allemand qui retourne dans son pays après des années d'exil et qui ne se reconnaît plus dans ses compatriotes. Les réflexions qu'il fait sur le décalage entre les années où il a fait ses études et la situation actuelle sont intéressantes : on y voit tout le chemin parcouru par le peuple allemand; les racines de la guerre et du nazisme.

Mais Sagan ne juge pas, elle scanne, expose, sans pousser à un apitoiement inutile.

- Pour un certain humour qu'elle glisse ici et là, et qui est incarné principalement par Constantin.

- Pour son écriture : simple, belle. Extrait :"Et le cri de cet oiseau solitaire, dansant dans le soir naissant au-dessus des blés et entre des hommes qui allaient tuer sans raison, le cri de cet oiseau fendit un instant le coeur de Constantin. Ce cri parlait d'autre chose ; il parlait des saisons, de gestes, de bonheurs, de rendez-vous, d'enfance, de rencontres, il parlait de la douceur des soirs d'été, il parlait d'habitudes, de moissons, il parlait de la vie passée et de la vie à venir; il n'avait rien à voir avec la mort ni avec cette mitrailleuse ..."

Bref c'est un ensemble de choses que j'ai aimé dans ce livre, qui m'a littéralement transporté; et qui me donne envie de découvrir davantage de Françoise Sagan !!!
Lien : http://wp.me/p1Gkvs-gC
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Je vous conseille vivement de lire ce formidable roman de Françoise Sagan. Cette écrivaine que j'affectionne tout particulièrement.
Un sang d'aquarelle se situe dans le contexte de la seconde guerre mondiale.
Françoise Sagan adopte une écriture intime , introspective , tout en finesse.
On peut dire que ce roman est tragique sur le fond et comique par la forme .
En effet , tragique de par le contexte de guerre et la culpabilité oppressante du personnage de Constantin . Comique , par l'esprit ainsi que la répartie et la fabuleuse ironie des personnages de Wanda et Constantin.
Françoise Sagan allie parfaitement la tonalité aigre douce , du grave greffé au léger. La légèreté est incarnée par la pétulante Boubou Bragance qui dédramatise constamment la guerre , par ses mondanités futiles. Des élans humoristiques sont présents : ( exemple : la scène de la baignoire qui est un passage assez drôle ) , ainsi que le faux salut nazi pour savoir s'il pleut . Enfin , le titre un sang d'aquarelle , réprésente poétiquement ( aquarelle ) et gravement ( sang) , la notion de collaboration dont Constantin est victime malgré lui . Ce titre poétique et grave démontre la culpabilité dont souffre le cinéaste Constantin :
" Wanda , gémit-il , Wanda tu as raison de ne pas vouloir de moi , je suis un crétin ; je n'ai pas de sang dans les veines , ou j'ai du sang délayé , dilué d'eau : j'ai un sang d'aquarelle. "
Désillusion pour ce réalisateur qui avait sa caméra en guise d'oeillères ( forme de mise en abyme) , et qui ne voyait pas les atrocités de la guerre .
Ce roman m'a bouleversée ! Il vous bouleversera vous aussi et vous marquera à vie .
Oh ! une dernière chose :
" Merci Françoise. "
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Difficile pour moi en tant que piètre lecteur d'attaquer un monument comme Françoise Sagan tant le style me fait peur. Mais très vite je me suis fait à celui ci, très descriptif (j'ai relu certains passages pour bien les comprendre) et aux nombreuses digressions. Une fois ce cap passé je me suis vraiment pris dans l'histoire de ce cher Constantin von Meck.

La nonchalance du tournage d'un film contraste brillamment avec les atrocités de la seconde guerre et le tout nous est conté justement de façon très cinématographique. Les personnages y sont certes extravagants, voir caricaturaux par moment mais malgré tout cela reste très immersif, notamment dans les passages historiques et dans les rencontres avec les réels officiers - bourreaux - allemands. Je ne spoilerai bien évidemment rien ici mais ces moments restent sûrement les plus intenses du livre, justement, peut être car ils sont « vrais ».

Malgré son petit côté caricatural et quelques, trop voyantes ficelles j'ai vraiment beaucoup apprécié ce passionnant roman et en particulier la façon subtile, pleine de poésie et si belle qu'a Madame Sagan d'écrire l'amour (entre autres).
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Constantin von Meck est un metteur en scène allemand qui a tout pour être heureux : il a fait une brillante carrière à Hollywood et est marié à la belle Wanda, actrice renommée. Mais après l'échec d'un film tourné au Mexique, il décide de retourner dans son pays natal en 1939, l'UFA lui demandant alors de venir travailler pour eux. Il devient alors le réalisateur chouchou de Goebbels. Trois ans plus tard, entouré de Romano, son jeune amant gitan qu'il fait passer pour son cousin éloigné, il retrouve Wanda sur le tournage de la Chartreuse de Parme, et doit faire face aux atrocités de l'Allemagne hitlérienne...

C'est en 1987 que Françoise Sagan publie Un Sang d'aquarelle, mais les événements du roman se situent dans les années 1939-1942, principalement en Allemagne et en France. le personnage de Constantin von Meck est assurément le plus intéressant et Sagan nous fait partager ses émotions et ses pensées comme si nous étions dans sa tête et ce tout au long du roman. Constantin est un personnage ambigu et riche, contrasté, un optimiste pur et dur qui se laisse pourtant parfois aller à des moments de désespoir intense. Mis face aux crimes monstrueux de l'Allemagne nazie, il est intéressant de voir l'évolution de ce personnage : au début, il semble fermer les yeux, ne remettant pas fondamentalement en cause le gouvernement. Entouré à la fois de collaborateurs et de juifs qu'ils protègent, il n'a pas un avis tranché sur la question, comme s'il ne parvenait pas à trouver sa place en ces temps de guerre. Il apparaît d'ailleurs comme un personnage décalé dans cette Allemagne nazie, tant par son attitude, que par son physique et sa manière de s'habiller. Peu à peu, après avoir vu les atrocités nazies, il perd de sa nonchalance et de son optimisme, jusqu'au final époustouflant et inattendu.

Constantin von Meck est aussi complexe dans ses amours que dans son attitude face à l'Allemagne nazie. Il aime les femmes, et surtout Wanda, mais aussi les hommes, et surtout le beau et jeune Romano. Ce qui ne l'empêche pas de séduire les actrices de ces films. Comme la belle, mais naïve et peu intelligente, Maud, dont Sagan dresse un portrait cinglant avec beaucoup d'humour. Autre personnage féminin qui gravite autour de Constantin, Boubou Fragance apporte légèreté et comique au roman.

J'ai bien aimé ce roman de Sagan, que j'ai trouvé assez différent de ceux que j'ai déjà lus, au niveau de l'histoire, plus riche même si l'habituel triangle amoureux est présent et qui s'ancre réellement dans L Histoire. Les personnages sont plus développés, notamment celui de Constantin von Meck qui a une véritable profondeur psychologique. Malheureusement, ils n'échappent pas tous à un certain aspect caricatural, je pense surtout à Maud qui joue le rôle de la petite blonde écervelée. Malgré quelques longueurs, et quelques invraisemblances (l'attitude de Constantin face aux officiers allemands et face à Goebbels) l'intrigue m'a tenue en haleine d'un bout à l'autre.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En tout cas lui Constantin von Meck était un homme fini ; fini car il avait été un tricheur, un menteur, même s'il ne l'avait pas fait exprès ; il était à présent un homme mort, à ses yeux comme à ceux du monde. Et tout à coup, Constantin von Meck qui mesurait un mètre quatre vingt-quinze et pesait quatre-vingt-cinq kilos, Constantin von Meck qui avait de grandes moustaches, des yeux rieurs et un pelage blond jusqu'aux roux sur une carcasse jadis athlétique, Constantin von Meck se replia sur lui-même comme un foetus et se mit à sangloter d'une manière spasmodique et puérile dans son oreiller. Il pleurait : des larmes jaillissaient de ses yeux, coulaient dans sa moustache, ruisselaient sur ses tempes. Il pleurait comme il n'avait jamais pleuré de sa vie, comme il ne se rappelait pas avoir jamais pleuré de sa vie. Il n'avait pas eu de ces larmes à la mort de son meilleur ami - et amant- , Mickaël ; il n'avait pas eu ces larmes non plus quand sa mère était morte ; il n'avait pas eu ces larmes quand Wanda l'avait quitté pour de bon, enfin pour la dernière fois... Il n'avais pas eu ses larmes jamais pour personne et là il les avait pour lui-même, pour l'image d'un lui-même qui souffrait à présent ; et l'idée que ce fût pour lui et en fonction de lui, qu'il avait ce chagrin intolérable, doublait sa honte, son désespoir et ses sanglots.
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Seulement à cette heure-là justement, le Constantin allègre et vainqueur n'existait plus ; il n'était qu'un reflet, un paravent, un mannequin de paille chargé d'écarter de lui les oiseaux féroces et piaillards - aussi bien jadis les producteurs d'Hollywood qu'aujourd'hui les sbires de la Gestapo : Ce mannequin qui réussissait parfois à effrayer quelques-uns de ces dangereux prédateurs, mais qui n'effrayait jamais l'aigle permanent et têtu qui l'écrasait et qui n'était que lui-même, Constantin, quadragénaire sans génie, sans patrie, sans attaches, à mille lieues de son public, de ses maîtresses et de ses amis ; un Constantin sans grâce et sans pitié, un Constantin sans courage et sans masque dont il ne pouvait se dépêtrer, un Constantin différent, en tout cas, de celui qu'il avait été toute sa vie et qu'il était encore trois ans plus tôt...
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Assis dans son lit, la lumière allumée, Constantin tenta de se raccrocher à l'image de Constantin von Meck metteur en scène, le personnage invulnérable et gai qui était le sien, et qui, il le savait, rirait dès le lendemain matin de ces phantasmes, du précoce et frileux vieillard de cette nuit. Seulement à cette heure-là justement, le Constantin allègre et vainqueur n'existait plus ; il n'était qu'un reflet, un paravent, un mannequin de paille chargé d'écarter de lui les oiseux féroces et piaillards - aussi bien jadis les producteurs d'Hollywood qu'aujourd'hui les sbires de la Gestapo : Ce mannequin qui réussissait parfois à effrayer quelques-uns de ces dangereux prédateurs, mais, qui n'effrayait jamais l'aigle permanent et têtu qui l'écrasait et qui n'était que lui-même, Constantin, quadragénaire sans génie, sans patrie, sans attaches, à mille lieues de son public, de ses maitresses et de ses amis : un Constantin sans grâce et sans pitié, un Constantin sans courage et sans masque dont in ne pouvait se dépêtrer, un Constantin différent, en tout cas, de celui qu'il avait été toute sa vie et qu'il était encore trois ans plus tôt...
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Je n'ai pas de sang dans les veines, ou j'ai du sang délayé, dilué d'eau : j'ai un sang d'aquarelle. » (de « Un Sang d'aquarelle.
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(…) entraîné par le reflux de sa colère plus que par le désir, Constantin lui fit l'amour mais sans saccager sa robe, ce qui sembla le comble de la galanterie à la pauvre Maud.
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Extrait du livre audio « La Laisse » de Françoise Sagan lu par Stéphane Ronchewski. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-laisse-9791035413873/
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