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Claude Demanuelli (Traducteur)
EAN : 9782070411726
438 pages
Gallimard (21/01/2000)
3.84/5   878 notes
Résumé :
Rahel et Estha Kochamma, des jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l'oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, abandonnée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va éb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (121) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 878 notes
Quel foisonnement de petits riens, de grandes questions et de souffrance dans ce roman ! Système des castes, innocence des enfants, condition des femmes, portraits de doux dingues, traditions indiennes, complicité des jumeaux, amour filial et familial, jeux de mots, lâcheté et médiocrité devant l'adversité, histoire politique, cinéma, perversité, petites anecdotes de l'entreprise… tout se mêle et s'emmêle ici.

J'avoue que j'ai souffert pendant ma lecture, tant j'ai eu de mal à dérouler la pelote de ce récit touffu, dense, sans chronologie, sans fil conducteur. Heureusement j'ai pu m'accrocher aux sons, aux goûts, aux odeurs et aux couleurs de l'Inde. Car ce roman est incroyablement pittoresque et incroyablement sensuel. M'accrocher également aux émotions de Rahel, petite fille rêveuse et joueuse, pleine d'imagination et d'amour pour sa mère, son jumeau Estha ou l'Intouchable Velutha, qui a peur qu'on l'aime moins quand elle fait une bêtise ou quand une autre petite fille arrive dans la famille.

On comprend vite qu'il y a eu un drame dans cette famille, car les jumeaux devenus adultes sont séparés, muets, écorchés, déchirés. Un drame autour de cette fameuse petite fille qui arrive, Sophie Mol. Un drame qui n'épargne personne, sauf peut-être la vénéneuse et ridicule grande-tante Baby Kochamma. Mais le drame pourrait se résumer en quelques lignes, alors que le livre s'enroule et se déroule sur des centaines de pages, évoquant tous les personnages secondaires, les thèmes secondaires et les émotions un-finies.

J'ai entendu dire que l'Inde était magnifique et grouillante, de vie, d'activité, de gens. Si c'est le cas, alors le livre est simplement à son image. Peut-être difficile à appréhender pour les voyageurs occidentaux comme moi, mais néanmoins magnifiquement beau.

Challenge PAL et challenge Atout Prix 2/xx
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J'ai attaqué cette lecture ne connaissant ni le livre ni l'auteur : Totale découverte.
J'étais un peu intrigué par le titre, et j'avais envie de découvrir ce type de littérature. Quelques expériences précédentes concernant le monde Hindou m'avaient laissé un peu dubitatif.

Au début du livre, le texte donne une impression de désordre total. Et il m'a fallu plus de soixante dix pages d'efforts afin de ne rien abandonner et d'entrer enfin dans l'histoire.
D'autant, et c'est logique, que les noms d'origine Indienne ne sont pas facile à retenir et l'on se perd dans la gestion des personnages .
De plus le récit est chronologiquement déstructuré : On est au présent, puis on saute cinquante ans en arrière, et on revient à une autre époque, de chapitre en chapitre.

Pourtant, petit à petit l'histoire s'installe et l'on va entrer dans la vie de ces deux jumeaux qui ont vécu un épisode traumatisant dans leur enfance. Un épisode qui conditionnera totalement leur avenir.

Ce livre ne fait pas que raconter une histoire : Il décrit également un pays, un peuple, une civilisation avec sa culture, ses habitudes et ses façons de penser et c'est ce qui le rend intéressant. C'est une Inde sans concession qui est présentée, avec ses saletés, ses castes, un pays dans lequel on bat sa femme avant de réfléchir…. !

Le style est alerte, agréable. On ne s'ennuie pas. Il y a parfois des descriptions presque poétiques et en même temps on use de mots très crus, ou on décrit des situations très réalistes. Tout cela reste finalement agréable et pourtant très déstabilisant.

Il faut saluer le beau travail du traducteur qui au-delà du texte essaie de nous rendre les jeux de mots, les subtilités orthographiques ou grammaticales accessibles et amusantes.
Bref, c'est une belle expérience de lecture, même si cette découverte demande quelques efforts.
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Pour où commencer ? Tout est tellement intriqué, la chronologie explosée... Elle suit le fil des souvenirs de Rahel, Indienne revenue au pays, dans son village d'enfance après avoir appris que son jumeau, Estha, était revenu sur les lieux du drame. du drame de leur enfance, qui a tué leur vie d'adulte. du drame qui leur fit perdre leur mère et un homme qu'ils ont profondément aimé, comme un père. Par jalousie et arriération.
Le roman de Roy met en évidence une certaine Inde : castes, saleté, condition des femmes. Mais aussi certaines constantes universelles : enfance, amour impossible (mais...), retour de bâton de l'Histoire (ou de l'homme ?), intimidation et chantage des adultes envers les enfants, racisme... C'est souvent triste, à la limite du désespéré, mais jamais larmoyant : des traits d'humour discrets et désespérés viennent sauver temporairement les jumeaux qui tentent de survivre entre les aspirations contraires des adultes qui les entourent. Mais le Saccage, annoncé depuis le début adviendra, violemment, truqué.
Cependant le roman se termine sur une belle scène, un petit message d'espoir. Demain est toujours possible.
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C'est un roman assez court mais qui foisonne, c'est vrai. de personnages mais surtout d'impressions, de couleurs, de mille images sur l'Inde. le premier roman que j'ai lu sur ce pays était "La Mousson" de l'Américain Louis Bromfield et j'en étais sortie (j'étais pourtant très jeune à l'époque) avec la certitude qu'on ne pouvait faire pays plus coloré, plus chaud que l'Inde. Bromfield, qui n'y était jamais allé, dépeignait cette contrée avec un amour que je n'ai pas trouvé par exemple dans E.M. Forster. Avec Arundhati Roy, qui est Indienne, cette passion, qui se combine souvent à une exaspération latente envers le système de castes par exemple, est bien au rendez-vous.
Mais c'est un drame qui se vit ici, dans cette atmosphère lourde et paresseuse, où le passé et le présent entremêlent leurs lents tissages d'araignées. Dès le départ, on sait que ce drame tourne autour de la mort de Sophie, la fille de Chacko et de son épouse anglaise, Margaret. La petite fille, "Sophie Mol" comme on l'appelle lorsqu'elle arrive en Inde pour y retrouver son père biologique, est morte noyée une quinzaine d'années plus tôt, dans un accident qui fut maquillé en kidnapping et en meurtre par la grand-tante des héros, Baby Kochama.
Avec leur mère, Ammu, elle aussi disparue et morte dans la déchéance, les jumeaux Rahel (la fille) et Estha (le fils) sont les personnages-clefs du livre. Deux enfants nés de l'union d'un père fonctionnaire qui s'adonnait trop à la bouteille pour que son épouse, un jour, ne finisse pas demander le divorce.
En ces années 60 qui s'achèvent (le drame se place en 1969), Ammu a en effet osé divorcer pour revenir chez elle, auprès de sa mère, Mammachi et de sa tante, Baby. Pour ces femmes qui ont connu l'époque où les Intouchables se devaient de s'éloigner à reculons en balayant jusqu'à leurs propres traces sur le sol, Ammu n'a pas de "statut légal" - ce que les jumeaux, voletant entre l'Hindi et l'Anglais, déforment en "Statue L'Egale." Certes, elles la tolèrent mais elles n'en pensent pas moins : Ammu a en elle quelque chose d'incontrôlable et de masculin.
Aussi la grand-mère et la grand-tante ne ressentent-elles pas un amour extraordinaire pour les jumeaux. Baby surtout semble vraiment les détester. Il est vrai que Baby est une aigrie ...
Quand Margaret, qui a jadis divorcé elle aussi de Chacko pour se remarier avec un Anglais, devient veuve de celui-ci, son premier mari lui propose de venir passer la Noël dans sa famille, à Ayanemen. Il espère ainsi revoir la seule femme qu'il ait jamais aimée et, bien entendu, la fille qu'elle lui avait donnée, la petite Sophie.
Et, en dépit des espoirs de Baby Kochama, Sophie sympathise très vite avec ses jumeaux de cousins.
A partir de là, tout est en place et la pièce peut se jouer avec, en toile de fond, l'amour que Velutha, l'Intouchable, ressent pour Ammu. Amour partagé mais amour voué à la Mort, on s'en doute.
Le drame final entraînera la désagrégation de la famille Kochama. Chacko s'exilera au Canada. Margaret ne se pardonnera jamais d'avoir amené sa petite fille avec elle pour ce fameux Noël. Ammu sera chassée de la maison de ses ancêtres. Velutha ... Velutha, vous verrez bien, hélas ! Quant à Rahel et à Estha, ils seront séparés. La première restera auprès de sa grand-mère, le second sera, selon l'expression de Baby Kochama, "renvoyé à l'expéditeur", c'est-à-dire à son père divorcé.
A 31 ans, Estha reviendra à la demeure familiale. Mais il sera devenu muet, comme si la mort de Sophie, la liaison d'Ammu et surtout la disparition de celle-ci l'avaient figé quelque part, entre le Passé et le Présent. Il faudra tout l'amour de Rahel, revenant elle des USA où elle avait émigré à sa majorité, pour le ramener - un peu, un tout petit peu et d'une façon très particulière - à la réalité, une réalité où Baby Kochama, maintenant âgée de 83 ans, fait plus que jamais figure de parasite borné et haineux, dans la droite ligne de ces fondamentalistes de tout poil qui, au nom de Dieu, ne savent qu'infliger malheur et torture à leurs semblables.
Un beau livre dont il ne faut guère s'étonner qu'il ait connu un tel succès. Oui, il y a des méandres mais l'Inde, dans toute ses beautés et dans toutes ses hideurs, n'est-elle pas, justement, que méandres - nos méandres originels peut-être ? ;o)
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L'histoire se passe au Kerala, partie assez riche de l'Inde, chez des chrétiens "touchables". Deux jumeaux, un garçon et une fille (de faux jumeaux en conséquence) vivent une enfance à peu près heureuse auprès de leur famille maternelle jusqu'à ce qu'ils soient séparés par une tragédie : le garçon retourne chez son père et la fille demeure auprès de sa mère. La jeune femme, de retour dans son pays, retrouve son frère et évoque le passé.
Ce terrible roman nous donne un aperçu de la société indienne de la fin des années soixante et de son évolution toute relative. La condition féminine est déplorable, les femmes divorcées ou séparées sont ostracisées, les enfants soumis à un autoritarisme parfois absurde, les préjugés sont omniprésents. Je ne savais d'ailleurs pas qu'il existait des chrétiens intouchables.
L'autrice nous décrit avec pittoresque les divers membres de cette lignée de petits entrepreneurs, l'amour inconditionnel de leur malheureuse mère, l'affectueuse grand-mère "confitures", l'oncle amoureux éconduit, la vieille tante aigrie,... Les personnages sont prisonniers des conventions et de leur désir d'imiter à tout prix le mode de vie des anglais, ainsi que de leur servilité envers eux.
La mythologie hindoue tient une large place dans ce récit (d'où le titre).
J'ai aussi apprécié les belles descriptions des différentes sortes de vêtements des femmes et des hommes de ce pays.
J'ai trouvé ce livre un peu moins complet que "L'équilibre du monde" sur le même sujet que j'ai lu après (cf. ma critique) - d'où le demi-point en moins - et légèrement embrouillé mais il reste intéressant pour la connaissance de l'Inde et de ses habitants. de plus il est bien écrit et bien traduit, autant que je puisse en juger.
Par ailleurs, la fin du roman m'a choquée (l'ai-je vraiment comprise ?)
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Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
[Les policiers] étaient poussés par des sentiments certes primaires mais paradoxalement impersonnels. Sentiments de mépris nés d'une peur larvée autant qu'inavouée - peur de la civilisation face à la nature, des hommes face aux femmes, du pouvoir face à l'impuissance.
Besoin inconscient chez l'homme de détruire ce qu'il ne peut ni soumettre, ni adorer.
Besoin d'affirmer son autorité. (p.353)
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Au cours de ces premières années informes, où le souvenir commençait à peine, où la vie n'était faite que de Débuts et ignorait les Fins, où tout était pour Toujours, Esthappen et Rahel se déterminaient, ensemble, en terme de Moi, et, séparément ou individuellement, de Nous. (p.15)
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Les odeurs, comme tout ce qui concerne la pauvreté des autres, c'est tout bonnement une question d'habitude. De discipline. De rigueur et de climatisation. Rien de plus. (p.154)
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Aucune bête n'a jamais pu prétendre égaler, en diversité comme en degré, les raffinements de cruauté dont est capable la race humaine. (p.276)
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L'être humain est une créature d'habitude, leur dit-elle, il est capable de se faire à tout, même aux choses les plus incroyables. (p.69)
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Vidéo de Arundhati Roy
8 février 2013 :
- "Indigo", Catherine Cusset, Gallimard -
Un festival culturel rassemble pendant huit jours en Inde quatre Français, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas. Une surprise attend chacun d'eux et les confronte avec leur passé. Cette semaine bouleverse leur vie. de Delhi à Kovalam, dans le Sud, ils voyagent dans une Inde sur le qui-vive où, juste un an après les attentats de Bombay, se fait partout sentir la menace terroriste. Une Inde où leur jeune accompagnateur indien déclare ouvertement sa haine des États-Unis. Une Inde où n'ont pas cours la légèreté et la raison françaises, où la chaleur exacerbe les sentiments, où le ciel avant l'orage est couleur indigo. Tout en enchaînant les événements selon une mécanique narrative précise et efficace, ce nouveau roman de Catherine Cusset nous fait découvrir une humanité complexe, tourmentée, captivante.
- "Le Dieu des petits riens", Arundhati Roy, Gallimard -
Rahel et Estha Kochamma, des jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l'oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, abandonnée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir «qui aimer, comment et jusqu'où» ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l'amour d'une mère ?
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