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EAN : 9782843046636
216 pages
Zulma (07/11/2013)
4.32/5   287 notes
Résumé :
Ce roman, introuvable pendant des années, est un chef d'oeuvre. C'est l'un des livres fondateurs de la littérature haïtienne. Un village pauvre, en proie à la sécheresse, des rivalités entre habitants, des désirs de vengeance, constituent le cadre de ce drame de l'amour et du courage. Une belle leçon de dignité humaine et un chant d'amour pour le peuple de Haïti, écrit dans une langue d'une saveur sans pareille. Jacques Roumain est l'une des grandes voix d'Haïti
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre magnifique, lumineux, débordant d'amour et de vie, une vie pourtant rendue bien amère et misérable par le manque d'eau. Il commence dans le deuil et finit par un deuil annonciateur pourtant du retour à la vie, une vie nouvelle, dans la réconciliation.

A son retour de Cuba, où il a passé 15 ans, Manuel fils de Bien-Aimé et Delira découvre que le village de Fonds Rouge et les habitants de cette terre qu'il avait hâte de retrouver sont plongés dans une profonde misère. La beauté des souvenirs qu'il en avait sont désormais enfouis sous la poussière due à la sécheresse. La source qui donnait la vie est tarie et avec elle la division en deux clans et la haine qui existaient déjà entre les villageois s'est exacerbée, le lien communautaire entre les villageois, pourtant tous cousins, semble irréversiblement rompu.

Manuel ne peut supporter ce qu'il voit et entend, et surtout pas la résignation douloureuse de tous ceux qu'il retrouve, résignation entretenue par l'emprise que veulent garder sur « les pov' nègres » les autorités, le hougan vaudou et le prêtre catholique en les maintenant dans la peur et l'ignorance.

Dialogue entre Laurélien :
« Icitte, il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert ? On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités. le juge de paix, la police rurale, les arpenteurs, les spéculateurs en denrées, ils vivent sur nous comme des puces. »
et Manuel : « ...nous sommes misérables, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? À cause de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force : tous les habitants, tous les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lèverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misère et planter la vie nouvelle. »

Persuader qu'il est possible de trouver une autre source il va partir à sa recherche d'autant plus enthousiaste qu'il a rencontré l'amour en la personne de la sensuelle mulâtresse Annaïsse qui fait partie du clan ennemi.
Elle l'encourage, le soutient : « Oui, tu le feras. Tu es le nègre qui trouvera l'eau, tu seras le maître des sources, tu marcheras dans ta rosée et au milieu de tes plantes. Je sens ta force et ta vérité. »
Il va découvrir cette autre source, guidé par un vol de ramiers vers un lieu où se trouve un vieux figuier, « le gardien de l'eau », et faire tout son possible, malgré la haine et la jalousie que lui voue Gervilen, lui-aussi amoureux d'Annaïsse, pour convaincre les « cousins » ennemis d'unir leur force afin que l'eau de la source nouvelle irrigue et revivifie le village de Fonds Rouge.

Ce livre, qui n'est pas sans rappeler le mythe de Roméo et Juliette, a aussi des accents bibliques et irradie une grande poésie. La langue savoureuse mélange de français et de créole rend les échanges entre les différents protagonistes cocasses et truculents. La nature est magnifiée, personnifiée et sacralisée par les habitants qui vivent en symbiose avec elle.
A mes yeux un livre inoubliable qui fait désormais partie des livres que j'emmènerais sur une île déserte car il redonne force, chante la primauté de la vie et nous dit que malgré l'apparence « l'amour est plus fort que la mort »

« La vie, c'est la vie : tu as beau prendre des chemins de traverse, faire un long détour, la vie c'est un détour continuel. Les morts, dit-on, s'en reviennent en Guinée et même la mort n'est qu'un autre nom pour la vie. le fruit pourrit dans la terre et nourrit l'espoir de l'arbre nouveau. »
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La première fois que j'ai lu ce roman remonte à environ dix ans. de lui, je me rappelais la silhouette fine d'une femme qui remontait un sentier, une jarre sur la tête.
Je me rappelais une histoire d'amour, tendre et simple. Je me rappelle qu'après l'avoir refermé, j'avais soupiré et je m'étais dit "quelle belle histoire"

J'ai ressenti à peu près la même chose à cette deuxième lecture, mais ai été plus sensible à la force et à la poésie de ce récit.

L'histoire se passe en Haïti.
Dans la commune de Fonds-rouge, les temps sont durs. La sécheresse fait rage, et d'elle découle la pauvreté, les habitants étant dépendants des fruits de la terre pour subsister.
Manuel revient de Cuba, après des années d'exil, pour retrouver une terre qu'il ne reconnaît plus. L'eau y a disparu, et l'unité d'antan avec elle. Des rivalités entre familles et une haine dont on a oublié la raison font rage.
Sur son chemin, Manuel rencontre Annaïse. A deux ils décident d'entreprendre un projet : ramener l'eau à Fonds Rouge et rassembler un peuple désuni.

Plus qu'un roman, c'est un poème. C'est un chant qui raconte une histoire d'amour entre la terre et l'homme, entre l'homme et les siens, une histoire d'amour entre un homme et une femme.
L'écriture de Roumain enchante, tout en images et en métaphores.

Ce livre regorge de leçons de force, de courage et de solidarité.
Il parle de la condition de nègre à l'époque, mais ses messages ont encore place aujourd'hui et s'appliquent à tous, surtout dans un monde où l'homme cause tant de dommages à la terre, où l'eau devient une ressource rare, et où la division règne au sein des peuples.

Roumain était politiquement engagé dans le parti communiste quand il a écrit ce livre, et certains trouveront les messages politico / philosophiques trop évidents, mais ce livre se lit plus comme une fable qu'un roman.

Je le recommande à tous, pour ses messages forts, et pour la beauté du langage, surtout.
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« L'eau. Son sillage ensoleillé dans la plaine ; son clapotis dans le canal du jardin, son bruissement lorsque dans sa course, elle rencontre des chevelures d'herbes ; le reflet délayé du ciel mêlé à l'image fuyante des roseaux ; les négresses remplissant à la source leurs calebasses ruisselantes et leurs cruches d'argile rouge ; le chant des lessiveuses ; les terres gorgées, les hautes récoltes mûrissantes ».

Fable poétique, paysanne, écologique et militante, « Gouverneurs de la rosée » de Jacques Roumain a été publié en 1944 quelques mois avant la mort de son auteur, et constitue l'un des textes fondateurs de la littérature haïtienne. Elle narre dans une langue magnifique empreinte de poésie locale l'union des paysans contre l'adversité à savoir la grande sécheresse. le parler est celui de ce territoire, celui de cette époque, la poésie qui en jaillit tels des geysers est atemporelle, l'histoire d'amour narrée est universelle.

La sécheresse fait rage dans la commune de Fonds-rouge en Haïti. Les habitants dont la subsistance dépend essentiellement des récoltes sombrent dans une grande pauvreté. Superstitions, rites vaudou, prières sont les seuls moyens d'apporter un peu d'espoir à la misère. Manuel, fils de Délira et de Bienaimé, rentre de Cuba après quinze d'exil en tant qu'ouvrier agricole dans les plantations de sucre. Il retrouve une terre qu'il ne reconnait plus : en quinze la vallée luxuriante a laissé place à une terre craquelée, poussiéreuse, où « la colline arrondie est semblable à une tête de négresse aux cheveux en grains de poivre : de maigres broussailles en touffes espacées à ras du sol ». Avec la disparition de l'eau c'est également l'entente qui a volé en éclats, des rivalités farouches entre familles ont sapé la paix. Avec la belle Annaïse, d'une famille du camp adverse, ils décident d'entreprendre un projet fou : ramener l'eau à Fonds-rouge et rassembler de nouveau ce peuple éclaté. La conscience socio-politique acquise à Cuba chez les prolétaires de la plus grande île caraïbe va indéniablement servir à Manuel pour mener à bien ce projet, mobiliser et réunir les foules, et réussir. Malgré le malheur qui va s'abattre.

« Tu vois la couleur de la plaine, dit-il, on dirait de la paille dans la bouche d'un four tout flambant. La récolte a péri, il n'y a plus d'espoir. Comment vivez-vous ? Ce serait un miracle si vous viviez, mais c'est mourir que vous mourrez lentement. Et qu'est-ce que vous avez fait contre ? Une seule chose : crier votre misère aux loa, offrir des cérémonies pour qu'ils fassent tomber la pluie. Mais tout ça, c'est des bêtises et des macaqueries. Ce ne compte pas, c'est inutile et c'est un gaspillage ».

Les idées politiques de Jacques Roumain transparaissent clairement dans ce récit. Bien que mort prématurément à l'âge de 37 ans, ce fut un activiste, en particulier contre l'occupation américaine d'Haïti de 1915 à 1934 et un militant communiste (Il a même fondé le Parti Communiste haïtien en 1934 et sa vision communiste se retrouve dans ce texte de façon évidente, voire simpliste par moment, mais plus qu'un roman, se livre doit se voir comme une fable).

Mais avant toute chose, ce livre est un poème, un magnifique cri d'amour entre l'homme et la terre, entre les hommes, entre une mère et son fils et entre un homme et une femme, entre Manuel et Annaïse. Certaines descriptions sont à couper le souffle, certains sentiments sont troublants de beauté. le tout dans un langage caribéen, au moyen de métaphores délicieusement exotiques qui dépaysent complètement et apporte une poésie des éléments salvatrice.

« Sous les lataniers, il y avait un semblant de fraîcheur ; un soupir de vent à peine exhalé glissait sur les feuilles dans un long murmure froissé et un peu de lumière argentée les lissait avec un léger frémissement, comme une chevelure dénouée ».

De très beaux livres ont été écrits sur le thème de la sécheresse. Des fables qui racontent chacune à leur manière ce combat inégal et titanesque de l'homme contre les éléments. Ce fut le cas également avec le beau « Les jours, les mois, les années » de Lianke Yan. C'est le cas avec ce troublant « Gouverneurs de la rosée » d'une beauté créole inoubliable. J'aime beaucoup ce genre de livres marqués par leur époque, marqués par leur territorialité, et en même temps universels de par leur poésie et leur beauté...C'est coloré, vivant, dépaysant et permet de découvrir une réalité non pas en observateur avec notre langage mais avec des lunettes locales...Nous comprenons mieux pourquoi les écrivains haïtiens contemporains ont une plume si belle (Jean d'Amérique, Lyonel Trouillot, sa soeur Evelyne Trouillot, Makenzy d'Orcel, etc...) : ils sont les héritiers de grands auteurs à l'image de Jacques Roumain.

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Magnifique roman haïtien de l'union des paysans pauvres contre l'adversité et l'oppression.

Publié en 1944 dans une relative indifférence, quelques mois avant la mort de son auteur, à 37 ans, "Gouverneurs de la rosée", le troisième roman de l'activiste infatigable (en particulier contre la féroce occupation américaine des années 1915-1934) Jacques Roumain, est devenu depuis un grand classique de la littérature haïtienne moderne.

Sous la plume du fondateur du Parti Communiste haïtien, en 1934, des personnages et une histoire prennent rapidement forme et se donnent rapidement les moyens d'accéder à un statut quasi-mythique.

Lorsque le jeune Manuel revient de Cuba, où il a passé quinze ans comme ouvrier agricole dans les plantations de sucre, et participé de près à l'éveil d'une conscience socio-politique chez les prolétaires de la plus grande île caraïbe, il découvre son village natal haïtien au bord du gouffre, terrassé à la fois par une terrible sécheresse qui, ruinant les cultures vivrières des paysans pauvres, les met à la merci des riches marchands, qui rachètent leurs lopins à vil prix, et de leurs cohortes d'intermédiaires et fonctionnaires corrompus, qui les saignent de prêts usuraires et de tracasseries arbitraires, et par une sombre vendetta qui divise les forces vives des travailleurs de la terre, déjà amoindries, en deux clans apparement irréconciliables.

Il faudra toute l'abnégation de Manuel, arpentant inalssablement les mornes et les ravines à la recheche d'une source, et tout son amour partagé pour Annaïse, belle jeune fille du clan d'en face et complice de son rêve d'unité et de liberté, pour que, peut-être, les choses changent...

En forme de fable, dans une langue magnifique où les dialogues font mouche et tapent fort, où les personnages ne sont jamais caricaturaux, où les descriptions, pourtant tout en retenue, font vivre la beauté, où transparaît comme le souffle d'un Giono qui aurait disposé d'une conscience socio-politique, un très grand roman.

"Il touchait le sol, il en caressait le grain :
- Je suis ça : cette terre-là, et je l'ai dans le sang. Regarde ma couleur : on dirait que la terre a déteint sur moi et sur toi aussi. Ce pays est le partage des hommes noirs et toutes les fois qu'on a essayé de nous l'enlever, nous avons sarclé l'injustice à coups de machette.
- Oui, mais à Cuba, il y a plus de richesse, on vit plus à l'aise. Icitte, il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert ? On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités. le juge de paix, la police rurale, les arpenteurs, les spéculateurs en denrées, ils vivent sur nous comme des puces. J'ai passé un mois de prison, avec toute la bande des voleurs et des assassins, parce que j'étais descendu en ville sans souliers. Et où est-ce que j'aurais pris l'argent, je te demande, mon compère ? Alors qu'est-ce que nous sommes, nous autres, les habitants, les nègres-pieds-à-terre, méprisés et maltraités ?
- Ce que nous sommes ? Si c'est une question, je vais te répondre : eh bien, nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est-ce qui plante, qui est-ce qui arrose, qui est-ce qui récolte ? le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le maïs, les bananes, les vivres, et tous les fruits, si ce n'est pas nous, qui les fera pousser ? Et avec ça nous sommes pauvres, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? A cause de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force, tous les habitants, les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lèverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misère et planter la vie nouvelle."
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Ô mon Pays si triste est la saison

Qu'il est venu le temps de se parler par signes

Je continue ma lente marche de Poète
A travers les forêts de ta nuit
Province d'ombre peuplée d'aphones

À quoi bon ce passé de douleurs et de gloire
Et à quoi bon dix huit cent quatre

Ô mon Pays je t'aime comme un être de chair
Et je sais ta souffrance et je vois ta misère

Et me demande la rage au coeur

Quelle main a tracé sur le registre des nations

Une petite étoile à côté de ton nom.
"Mon pays que voici"
Anthony Phelps

La perle des Antilles, elle est là
dans ce récit véritablement sublime !
Seul un poète, un auteur hors du commun, a le pouvoir d'ouvrir ainsi le coeur du lecteur, l'imprégner de cette puissance émotionnelle, délivrer ce magnifique message d'amour porté par une langue très belle, très colorée, vivante, par le battement des tambours.
Chaque ligne, chaque page est un ravissement!

Dès les premières pages, je me suis immergée dans la beauté de cette culture Haïtienne, dans ce village de Fonds Rouge, au plus près des habitants.
J'ai fait la connaissance de ce couple émouvant Délira et Bienaimé. Ils sont vieux, observent leur terre épuisée par des déboisements hâtifs, portent leur regard vers le ciel sans nuage, pas une goutte de pluie malgré les prières.
Une sècheresse dévastatrice !
Ils se rappellent ce temps où la terre les nourrissait : la récompense d'un dur labeur. Ils évoquent ces paysages d'antan, je les découvre.
Mais tout ça c'était le passé, il n'en restait qu'un goût amer.
Délira espère le retour de Manuel, son fils parti à Cuba couper la canne à sucre il y a une quinzaine d'années.
Cette femme a éveillé ma compassion, elle connaît la misère, tout son corps lui fait mal, son visage est froissé mais son rire est étonnamment jeune "elle n'a pas eu le temps de l'user !".
Bienaimé, il m'amuse, me fait rire : il ronchonne, il bougonne à la Bacri
mais il a bon coeur.
L'émotion les étreint tous les deux lorsque Manuel, sans prévenir, arrive. Alors les pleurs coulent ! Et le clairin circule à la ronde !...
Manuel ne reconnaît plus le paysage, ce village qu'il aime, cette terre qu'il a dans le sang.
Il mesure la souffrance et la misère des ses frères, compères, commères, cousins, cousines, amis, ennemis, tous enlisés dans la résignation.
Cet immobilisme dicté par les autorités car un peuple est plus facilement exploitable et manipulable lorsqu'il "crève" de faim. Et quand ils ont perdu courage et espoir, on leur rafle leurs terres.
Il est un paysan Haïtien très attaché à son terroir, parti en exil à Cuba. Il était plus proche de l'esclavagisme que du travail agricole. Cette expérience lui a apporté une conscience hautement révolutionnaire.
Il décide de lutter en rassemblant les hommes, animé par la passion du bien collectif.
Il part à la recherche de l'eau, sur son chemin il trouve l'Amour d'Annaïse, fille du clan ennemi.

La télégueule propage la nouvelle : Manuel a trouvé une source ! Alors les rêves viennent frapper à la porte de chaque case : relancer les plantations du village, manger à sa faim, se vêtir. Chacun entend le son de l'eau, son clapotis dans le canal du jardin.
"C'est la vie qui commande et l'eau, c'est la réponse de la vie."
Manuel veut profiter de cette aubaine pour faire cesser les rivalités entre familles, les réunir et relancer le coumbite, ciment de leur communauté.
J'ai aimé ce Manu des sources "le bon nègre qui pense profond" son sang bouillant, sa rage chevillée au corps et son coeur rempli d'amour pour ses semblables.

Ce livre est un coup au coeur.
J'y ai trouvé tout ce qui me fait vibrer : un cri d'amour, de dignité, de respect, de révolte et d'entraide.
J'ai beaucoup ri aussi ...

Je remercie l'ami sensible à ce pays Haïti, pour son conseil. Ce livre était sur ma liste depuis quelques temps et j'ignore pourquoi je ne l'ai pas lu avant !
Mais sans doute que ce voyage méritait cette attente...
J'envie maintenant tous ceux qui liront
"Ce chef-d'oeuvre"
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Les malheureux travaillent au soleil et les riches jouissent dans l’ombrage; les uns plantent, les autres récoltent; En vérité, nous autres le peuple, nous sommes comme la chaudière; c’est la chaudière qui cuit tout le manger, c’est elle qui connaît la douleur d’être sur le feu, mais quand le manger est prêt, on dit à la chaudière : tu ne peux venir à table, tu salirais la nappe.
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Parce qu’un service, ça se prête de bon vouloir : aujourd’hui je travaille ton champ, toi demain le mien. L’entraide, c’est l’amitié des malheureux, n’est-ce pas.
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Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes : c'est une présence dans le cœur, ineffaçable, comme une fille qu'on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence.
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Ce que nous sommes? Si c'est une question, je vais te repondre: eh bien, nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est ce qui plante, qui est ce qui arrose, qui est ce qui recolte? Le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le mais, les bananes, les vivres et tous les fruits, si ce n'est pas nous, qui les fera pousser? Et avec ca nous sommes pauvres, c'est vrai, nous sommes malheureux, c'est vrai, nous sommes miserable, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frere? A cause de notre ignorance: nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force: tous les habitants, tous les negres des plaines et des mornes reunis. Un jour quand nous aurons compris cette verite, nous nous leverons d'un point a l'autre du pays et nous ferons l'assemblee generale des gouverneurs de la rosee, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour defricher la misère et planter la vie nouvelle.
( Collection du Centenaire, Page 77)
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à l’Angélus les pintades sauvages venaient boire frileusement le long des flaques à la lisière du chemin, et si on les effarouchait, s’envolaient lourdement tout engourdies et engluées de pluie.
Puis le temps commençait à changer : vers midi une chaleur grasse enveloppait les champs et les arbres accablés ; une fine vapeur dansait et vibrait comme un essaim dans le silence que seul troublait le stridulement acide des criquets. Le ciel se décomposait en boursouflures livides qui fonçaient vers le plus tard et se mouvaient pesamment au-dessus des mornes, parcourus d’éclairs et de grondements sourdement répercutés. Le soleil ne paraissait dans les rares décousures des nuages que comme un rayonement lointain, d’une pâleur plombée et qui blessait le regard.
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Vidéo de  Jacques Roumain
Extrait du recueil BOIS D'ÉBÈNE suivi de MADRID de Jacques Roumain
Un grand chant de l'auteur des «Gouverneurs de la rosée». Jacques Roumain, poète, est le plus sur moyen de comprendre le combat pour l'avènement d'une éthique en poésie. Dit de solidarité, de fraternité, «Bois-d'ébène» est un des premiers manifestes nègres. le poète prend parti pour le peuple haïtien, pour le nègre exploité; il se mit au côté du paysan courbé… nous dit le poète cubain Nicolas Guillén.
Jacques Roumain est né à Port-au-Prince le 4 juin 1907. Il est sans doute l'écrivain haïtien le plus lu et le plus connu. Poète, journaliste, militant marxiste, romancier, polémiste, ethnologue, Jacques Roumain est décédé le 18 août 1944 à Port-au-Prince.
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