Russel Banks est mort le 8 janvier 2023. Cet écrivain, très apprécié en France, était un ardent critique des dérives de l'Amérique contemporaine. "
Le Royaume enchanté", son dernier roman vient de paraître aux éditions
Actes Sud dans une traduction de
Pierre Furlan.
Nos deux critiques littéraires l'ont lu et vous en parle.
#critique #litterature #russellbanks
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D'après mon expérience, les gens ne veulent pas simplement lutter pour survivre, ils aspirent aussi à être de bons parents, de bons époux ou épouses, de bons enfants, de bons amis... Le plus souvent, malgré ces intentions louables, ils échouent. Et cet échec les fait entrer dans la dimension tragique, celle dont parle la littérature.
-Philosophie Magazine n°62-
Il arrive souvent qu'en grandissant les enfants obligent leurs parents à murir.
Les gens qui ont perdu leurs enfants (…) se tordent en toutes sortes de formes étranges afin de nier ce qui est arrivé. Pas seulement à cause de la douleur de perdre quelqu'un qu'ils ont aimé – nous perdons des parents, des compagnons, des amis, et si douloureux que ce soit, ce n'est pas pareil – mais parce que ce qui est arrivé est si cruellement contre nature, si profondément opposé à l'ordre nécessaire des choses que nous ne pouvons l'accepter. Il semble incroyable, incompréhensible que des enfants meurent avant les adultes. C'est un défi à la biologie, ça contredit l'histoire, ça nie toute relation de cause à effet, c'est même une violation de la physique élémentaire. C'est le paradoxe absolu.
"Si on élimine la relation physique, tangible de peau à peau, vous supprimez une bonne part de ce qui fait notre humanité".
Lire Avril 2012.
J'ai toujours pensé que la littérature peut, et doit, changer la vie. Ma vie a été changée par la littérature. Lire un livre ne va pas modifier le monde dans son ensemble, mais ça peut susciter un déclic dans l'esprit de quelqu'un, un lecteur anonyme qui est peut-être seul chez lui et qui lit silencieusement. En vérité, cette phrase veut dire: si par ce livre j'ai réussi à modifier la manière dont une personne réfléchit au monde qui l'entoure, j'aurai gagné mon pari.
Entretien avec Didier Jacob Le Nouvel Obs. Décembre 2016
Nous perdons tous notre innocence bien assez tôt; c'est inévitable. Pour la plupart, nous n'y sommes cependant pas prêts émotionnellement ou intellectuellement avant la trentaine ou même plus tard, et donc, quand on la perd de trop bonne heure, pendant l'enfance ou l'adolescence à cause d'un divorce ou de la mort soudaine et prématurée d'un parent, on peut rester fixé sur cette perte toute sa vie. Comme elle survient trop tôt, la perte ne paraît pas naturelle mais violente et arbitraire, c'est une blessure permanente et gratuite qui laisse en nous une colère contre le monde.
"En tant qu’écrivain, l’adolescence est un moment absolument passionnant. Tout l’avenir peut changer en une seconde. C’est un potentiel de dramaturgie formidable.»
Interview à Slate
Les Shakers détestaient l'hypocrisie avec autant de ferveur que moi, ou avec autant de ferveur que tout enfant réfléchi déteste l'hypocrisie, même si à cette époque je n'avais pas encore de nom pour cela. Quand j’étais encore enfant, ce n’était pas tant que j’aimais la justice que je détestais l’injustice. Je n’aimais pas tellement la vérité que je craignais qu’on me mente. Et je n’aspirais pas tant à l’égalité qu’à l’élimination des inégalités.
(« The Shakers hated hypocrisy as fervently as I did, or as fervently as every thoughtful child hates hypocrisy, though I did not at that time have the name for it. When I was still a child, it wasn’t so much that I loved justice as that I loathed injustice. I didn’t so much love truth as I feared being lied to. And I didn’t so much aspire to equality as I desired to eliminate inequality.« )
Le deuil peut être très égoïste. Quand quelqu'un que vous aimez est mort, vous avez tendance à vous rappeler surtout les quelques instants et incidents qui vous ont permis de clarifier votre perception, non de la personne qui est morte, mais de vous-même. Et si votre amour était grand, (…) votre perception de vous-même aura été clarifiée plusieurs fois, et vous aurez beaucoup de ces instants à vous rappeler.
La valeur de n'importe quelle œuvre d'art, à n'importe quel moment, réside dans l'œil de celui qui la contemple.