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EAN : 9782021168884
224 pages
Seuil (11/09/2014)
3.76/5   209 notes
Résumé :
Son domaine c’était les nuages. Sur toute l’étendue immense de l’URSS, les avions avaient besoin de ses prévisions pour atterrir, les navires pour se frayer un chemin à travers les glaces, les tracteurs pour labourer les terres noires. Dans la conquête de l’espace commençante, ses instruments sondaient la stratosphère, il rêvait de domestiquer l’énergie des vents et du soleil, il croyait "construire le socialisme", jusqu’au jour de 1934 où il fut arrêté comme "sabot... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 209 notes
En 2010, alors qu'il est invité à participer à une conférence à l'université d'Arkhangelsk, Olivier Rolin, passionné par la Russie depuis toujours décide de prendre l'avion pour aller visiter un monastère sur les îles Solovki. Il vient souvent faire des conférences dans ce pays auquel il est attaché depuis l'époque de l'URSS, ayant été lui-même maoïste dans sa jeunesse.
Il est attiré par ces îles tant sur le plan géographique, le nord de la Russie, l'immensité de la Sibérie que sur le plan historique.

Ce monastère a été le premier goulag mis en place. Il apprend lors de sa visite, « qu'il y a avait existé, dans le camp, une bibliothèque de trente mille volumes, formée directement ou indirectement par les livres des déportés qui étaient, pour beaucoup d'entre eux, des nobles ou des intellectuels… » C'est ainsi que naît, d'ailleurs, l'idée de lui consacrer un film.

Au cours de sa visite, il tombe sur un album, reproduction de lettres qu'il envoyait à sa femme Varvara et à leur fille Eléonora, âgée de quatre ans quand il est déporté, dessins, herbiers, devinettes, et fait ainsi la connaissance de leur auteur : Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, déporté aux Solovki en 1934. Cet album, hors commerce a été publié par Eléonora, à la mémoire de son père.

Tout au long de ce livre, il va nous raconter la vie de cet homme, né en Ukraine, d'origine noble, qui quitte tout pour épouser le Communisme et se consacrer corps et âme à la reconstruction de son pays en épousant la cause de la Révolution. Alexeï est météorologue et ses prédictions permettent aux avions de décoller ou atterrir dans de bonnes conditions ou aux bateaux de se frayer un passage dans la mer gelée.

Ce que j'en pense :

J'ai eu envie de lire ce livre après avoir vu le film "Solovki, la bibliothèque disparue" qui m'avait beaucoup intéressée.

On assiste à l'emballement d'Alexeï pour le communisme ; il est membre du Parti, fait partie des gens influents dont le travail est reconnu car ses prévisions peuvent être d'une grande aide pour l'agriculture socialiste que Staline dans sa folie veut collectiviser en éliminant les propriétaires terriens (des bourgeois, ou des nobles) ce qui aboutira à la famine en Ukraine provoquant la mort de trois millions de personnes…

Alexeï Féodossiévitch Vangengheim a des idées novatrices, il fait établir un cadastre des vents (il a la vision d'une forêt d'éoliennes, car « l'énergie du vent n'est pas seulement énorme sur notre territoire, écrit-il en 1935 mais elle est renouvelable et inépuisable… le vent peut transformer les déserts en oasis » et il envisage même « un cadastre du soleil » (quel précurseur !!!)
Un jour, où il devait se rendre au théâtre avec sa femme, il est arrêté. Un de ses collaborateurs vint d'avouer qu'il existe une organisation contre-révolutionnaire au sein du service d'Alexeï et qu'il en est le chef. Leur but : saboter la lutte contre la sécheresse en falsifiant les prévisions météorologiques.
Après un simulacre de procès, il est condamné pour sabotage économique et espionnage, à dix ans de camps de rééducation par le travail.

Oliver Rolin a divisé son livre en quatre parties. Dans la première, environ la moitié du livre, il évoque la vie d'Alexeï jusqu'à son arrivée aux Solovki. Dans la deuxième partie, on découvre la vie au Monastère et le courrier qu'il envoie à sa famille et aux autorités. La troisième partie est consacrée à la fin du voyage. Et enfin, dans la dernière Olivier Rolin reprend la parole et livre son interprétation des évènements.

On fait le parallèle bien-sûr avec les atrocités nazies, les deux tyrans, dictateurs fonctionnent de la même façon faisant régner la terreur ; Hitler a fait périr des millions de gens parce qu'ils étaient juifs, ou simples opposants, Staline a fait mourir son peuple, les paysans qu'il détestait, les intellectuels, et tant d'autres, car l'antisémitisme est omniprésent aussi.
Tous deux ont exploité le culte de la personnalité et, on peut dire qu'ils ont fait des émules ; tout deux aussi ont déporté, assassiné des personnes et les goulags russes sont aussi bien organisés que les camps d'extermination nazie. Ce vingtième siècle a imposé la terreur par ses dictateurs le vingt-et-unième siècle débute par des guerres de religions qu'on croyait d'un autre âge…

L'écriture d'Olivier Rolin est belle, avec beaucoup de rythme et on dévore ce livre avec passion. Parfois, il faut faire une pause pour s'aérer l'esprit car certaine scènes sont dures, notamment la troisième partie mais tout cela a existé. La description des paysages, de la Sibérie, des aurores boréales sont tellement vivantes qu'on a l'impression de faire partie du voyage, d'être penché par-dessus l'épaule d'Alexeï pour le voir dessiner. Les dessins sont exposés à la fin du livre, avec des herbiers géométriques, arithmétiques d'une belle précision.

Ce livre rend un bel hommage à cet homme ordinaire, qui n'était pas un politicien, pour bien prouver que cela pouvait arriver à n'importe qui. Olivier Rolin rend aussi hommage à la littérature russe, notamment un auteur qui est dans ma PAL depuis un moment : Vassili Grossman, qui évoque cette période dans son oeuvre (« Vie et Destin »), ou Bounine (« La vie d'Arséniev ») et d'autres.

Évidemment, ce livre est un coup de coeur et je vous le conseille vivement, ainsi que le film.
Note : 9,2/10
Et voici le lien avec le film, cela vous donnera une idée…
https://www.youtube.com/watch?v=pZtpHbF0wLE

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Il n'était pas un opposant politique, ni un propriétaire terrien, encore moins un intellectuel contestataire. Pourtant, comme des millions d'autres, Alexeï Féodossiévitch Vangengheim a été victime de la Terreur stalinienne, déporté en 1934 aux Solovski.
Comment un noble acquis à l'idéal communiste, qui a renoncé à ses privilèges pour soutenir le prolétariat révolutionnaire avec un enthousiasme indéfectible s'est retrouvé condamné pour sabotage et déporté dans un camp de la mort ?
A l'appui de maigres archives, Olivier Rolin évoque, sans s'appesantir, les motivations qui ont fondé la condamnation d'un scientifique qui voulait seulement se consacrer à l'étude du climat pour soutenir l'agriculture et l'ouverture des voies maritimes du nord. Peu d'éléments décisifs viennent éclairer cette interrogation mais en même temps quelle réponse rationnelle donner lorsque la folie paranoïaque à la tête de l'État s'est achevée avec l'exécution des bourreaux et autres exécutants de la politique de Staline ?
L'auteur soulève bien quelques indices comme
Mais le portrait exhumé laisse un sentiment d'abomination, confirmant s'il en est encore nécessaire la cruauté du régime qui assassinait sans discernement, crucifiant toute une classe d'intellectuels à l'heure où émergeait un fort élan pour les idées novatrices. Si Olivier Rolin nous gratifie d'un texte mélancolique et désordonné alimenté par de nombreuses réflexions personnelles, c'est pour souligner les désillusions de la plus grande révolution du XXe pour un auteur russophile qui semble n'avoir pas totalement renoncé à l'utopie. Ou du moins qui a reçu en héritage «le désespoir né de la mort» de cette utopie.

On peut facilement imaginer que ce type de récit pourrait sauver de l'oubli une infinie quantité d'anonymes ensevelis dans les charniers de Sibérie. Et Rolin a su exploiter et donner au tragique le visage lisse d'un innocent sacrifié bien qu'il n'ait étrangement jamais remis en cause sa foi envers l'idéal soviétique. Mais le météorologue tire sa force et son émotion des dessins et correspondances adressés à la fille du scientifique, suscitant la minuscule pulsation d'amour dans cette vie broyée par une machine implacable.
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Invité à parler à l'université d'Arkhangelsk en 2010, Olivier Rolin décide de rejoindre en avion l ‘archipel des Solovki où se dresse un monastère :
« C'était la beauté du lieu, tel que je l'avais découvert sur des photographies, qui m'avait poussé à entreprendre ce voyage. Et en effet, à peine sorti de la petite aérogare en planches badigeonnées de bleu, à la vue des murailles, des tours trapues et des clochers (d'or…) du monastère-forteresse allongé sur un isthme entre une baie et un lac emmitouflés de neige, j'avais compris que j'avais eu raison de venir là. La même beauté que le mont Saint-Michel, sauf que c'était tout le contraire : un monument monastique et militaire, et carcéral, au milieu de la mer – mais se déployant dans l'horizontale, quand le mont s'élance à la verticale. Et puis, ici, pas de foule, pas de pacotille touristique. »

Ce lieu magnifique est devenu, à partir de 1923, l'un des premiers camp du Goulag.
Olivier Rolin va y rencontrer un homme, un homme qui n'est pas un héros « Le météorologue », Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, déporté aux Solovki en 1934.
Pourquoi lui, parce qu'une vieille dame, mémoire de l'île, va lui montrer un album, édité par Eleonora, la fille de cet homme qui avait 4 ans à l'époque, composé des reproductions des lettres qu'il lui envoyait et des herbiers, des dessins « une aurore boréale, des glaces marines, un renard noir, une poule, une pastèque, un samovar, un avion, des bateaux, un chat, une mouche, une bougie, des oiseaux… Herbiers et dessins étaient beaux, mais ils n'étaient pas composés seulement pour plaire à l'oeil, ils avaient une fin éducative. À l'aide des plantes, le père apprenait à sa fille les rudiments de l'arithmétique et de la géométrie. »


J'avais été bouleversée par le film intitulé « Solovki - La bibliothèque disparue » diffusé sur Arte où Olivier Rolin part à la recherche de traces de la bibliothèque du goulag des îles Solovki, 30 000 volumes dont des livres rares rassemblés par les déportés, disparue après la fermeture du camp en 1939.


Vous pouvez le revoir sur you tube avec le lien suivant : http://www.youtube.com/watch?v=hJ_CFsNYZmg 


Ce livre, qui en est l'aboutissement, rend un bel hommage, à travers le destin tragique d'un des leurs, aux millions d'hommes qui ont été broyés par le régime totalitaire stalinien qui pourtant avait tout fait pour effacer leur mémoire.
Olivier Rolin leur redonnent dignité et vie. Il nous fait croiser bon nombre d'entre eux auxquels il restitue leur identité et des poètes et des écrivains, eux connus.
Et sa conclusion après ce voyage nous concerne tous, nous qui étions si près et avons préféré ne pas voir :
« Il y a dans Voyage au pays des ze-ka un dialogue entre un ingénieur soviétique et le détenu Margolin. « Aujourd'hui, dit ce dernier, je sais exactement ce que j'éprouve en face de l'Union soviétique : c'est la peur. Avant d'arriver dans ce pays, je n'avais jamais eu peur des hommes. Mais l'URSS m'a appris à avoir peur de l'homme. » Phrase à quoi fait écho une autre, de Nadiejda Mandelstam : « De tout ce que nous avons connu, le plus fondamental et le plus fort, c'est la peur […] La peur a brouillé tout ce qui fait d'ordinaire une vie humaine. » Cette peur immense, diversement reflétée, subie, affrontée, dépassée, dans des centaines de milliers de regards, nous ne nous en sommes guère souciés. Nous nous alarmons aujourd'hui à bon droit des risques de voir de l'inhumain reparaître en Russie, mais nos alarmes seraient plus crédibles si nous avions prêté attention à ce qui dans l'histoire de ce pays fut humain, et cette humanité fut d'abord celle des victimes. »
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En 2010, l'auteur est invité à l'université d'Arkhangelsk, dans le nord-ouest de la Russie.

Il en profite pour visiter un monastère sur les îles Solov-ki.
Il apprend, qu'en ces lieux, se trouvait le premier goulag .Il abritait une grande bibliothéque de 30 000 volumes, en partie constituée par les dons des détenus eux -mêmes, notamment un album composé de dessins et croquis que Vangengheim a envoyés à sa fille de quatre ans..point de départ du livre.....Le-meteorologue Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, Ukrainien, tourne le dos à ses origines nobles pour épouser la cause communiste et met son savoir scientifique au service de son pays avec l'espoir "de construire le socialisme".

Au cours d'un simulacre de procés, il est accusé et désigné comme "saboteur" contre révolutionnaire. Arrêté en 1934 et condamné à dix ans de camp de rééducation par le travail il enverra des dessins , des herbiers, des devinettes à Eléonora, sa très jeune fille .......
L'auteur restitue avec beaucoup de minutie la détention de ce scientifique.
Olivier Rolin s'est beaucoup documenté, a beaucoup lu, ponctue son récit de références littéraires, de procés -verbaux ou d'extraits des lettres du détenu destinées à sa femme, le tout écrit dans un style à la fois dense, intense et fluide..
Certaines scènes sont difficiles, d'autres d'une grande beauté.
Le personnage de Vangengheim apparaît touchant, homme visionnaire mais ordinaire à la fois, sans véritable charisme, qui garde la foi dans un système qui l'a anéanti......
Combien de milliers de vies brisées, arrêtées, éliminées pendant cette épuration abominable ?
Combien de milliers de victimes disparues dans un silence impressionnant ?
Comment un régime pouvait broyer toute personne qui n'adhérait pas à son idéologie ou pire, toute personne dénoncée même à tort ?
Grâce à l'auteur, Scientifiques, Poétes, Artistes, tous condamnés à l'oubli ressuscitent !
Un ouvrage difficile, certes mais indispensable, intéressant, enquête, biographie, documentaire à la fois , un dépaysement total dans ces solitudes glacées, un formidable et bel hommage à ces millions de personnes, de toutes classes sociales victimes du régime Stalinien.
Un récit qu'il faut Lire !



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Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- mardi 31 mai 2022

“J'ai raconté aussi scrupuleusement que j'ai pu,sans romancer,en essayant de m'en tenir à ce que je savais,l'histoire d'Alexeï Féodossiévitch Vangenheim,le météorologue. Un homme qui s'intéressait aux nuages et faisait des dessins pour sa fille,pris dans une histoire qui fut une orgie de sang.(p.187)

Un ouvrage aussi flamboyant que terrifiant….que je viens de lire en 24 heures...et pourtant, il aura fallu des tours et des détours pour que ce texte parvienne jusqu'à moi !

Bouleversée, horrifiée comme tout un chacun (ou presque, j'imagine !) par l'attaque sauvage, en février 2022, de l'Ukraine, par son soi-disant “Grand-frère “, j'ai été faire des recherches plus approfondies sur l'Histoire de la Russie et celle de l'Ukraine, afin de tenter de “comprendre” ou de saisir les “obsessions de pouvoir” et de destruction vengeresse de Poutine, envers le peuple ukrainien….

de lectures en relectures d'écrivains russes dissidents (de toutes les époques: de la Révolution 1917, aux purges staliniennes dans les années 30...etc.), jusqu'à la découverte d'un auteur russe contemporain, Prilépine, qui, avec son magistral ouvrage; “L'Archipel de Solovki”, me propulsait dans l'un des tout premiers Goulags, créé sur une terre sacrée, abritant un monastère.

Cette réalité qui m'était totalement inconnue m'a fait poursuivre mes “prospections” sur ce lieu à la fois, qui fut lumineux, par sa bibliothèque phénoménale, constituée , en bonne partie, des livres des déportés eux-mêmes, des intellectuels, savant, artistes, penseurs, détenus dans ce lieu, qui y vécurent,travaillèrent, innovèrent, souffrirent et moururent, pour la majorité d'entre eux !!

Lieu contenant une immense partie des élites russes, qui fut le témoin d'horreurs indescriptibles…Une “machine de destruction et de mort”, à peine concevable !... Ainsi, en travaillant sur une sélection bibliographique sur le sujet, j'ai fait la connaissance du travail de recherche immense d'Olivier Rolin, sur ce lieu, à travers la destinée effroyable d'un savant-météorologue, qui, jusqu'au dernier moment voulut croire à cette Révolution… et croyait qu'on finirait par lui rendre justice !...

Ce texte m'aura, à lui tout seul, appris le maximum d'éléments du fonctionnement de ce vaste pays, qu'est l'URSS, du système de la Terreur, qui alla crescendo, avec les purges staliniennes ,sous la pression et les délires paranoïaques d'un seul homme ….

D'un ESPOIR gigantesque promis par le régime soviétique, qui finit par tomber dans des temps de barbarie et d'extermination inavouable de son propre peuple ! …

Une réflexion percutante sur L Histoire et le sens des Utopies...tout cela, à travers la destinée d'un seul homme, savant brillant, mais homme ordinaire qui ne voulait qu'un monde meilleur et qui y a cru jusqu'à la propre négation de sa propre vie et de son “meurtre”caché pendant près de 60 ans...

Olivier Rolin qui ne cache en rien ses propres anciennes “illusions” de jeune communiste convaincu n'en demeure pas moins d'une vive lucidité envers ces années...d'Espoir, de promesses, de propagande, puis de paranoïa absolue des gouvernants envers les leurs !

Je me permets d'insérer un extrait significatif, qui montre à quel point l'auteur,attaché malgré tou à cet immense pays, analyse la fracture créée par cet échec effroyable d'une “Utopie” , et des répercussions mondiales et pour l'histoire des hommes ?!

“Il n'y a pas d'autre épopée des temps modernes (c'est-à-dire des temps déjà passés) que celle de la Révolution, et il n'y a que deux Révolutions universelles, la française et, au vingtième siècle, la russe. Les habitants du vingt et unième siècle oublieront sans doute l'espoir mondial que souleva la révolution d'Octobre 1917, il n'empêche que pour des dizaines de millions d'hommes et de femmes, génération après génération pendant un demi-siècle et sur tous les continents, le communisme fut la promesse extraordinairement présente, vibrante, émouvante, d'une fracture dans l'histoire de l'humanité, de temps nouveaux qu'on appelait de tas de noms niais, l'avenir radieux, les lendemains qui chantent, la jeunesse du monde, le pain et les roses- les noms étaient niais, mais l'espérance ne l'était pas, et moins encore le courage mis au service de cette espérance-, et que la Russie soviétique parut à ces foules-là où le grand bouleversement prenait son origine, la forteresse des damnés de la terre. “ (p. 195)

Un grand livre inoubliable...que l'on a du mal à refermer, surtout que l'on ne peut le faire, que la gorge serrée et les larmes au bord des yeux menacent… quand on parcourt, et re-parcourt les dernières pages: les dessins, les devinettes, les lettres illustrées que ce “météorologue” adressait à sa fille, pour lui expliquer mille choses: les plantes et le climat, les Phénomènes naturels, Les animaux, en lui concoctant des herbiers...etc.
BOULEVERSANT, POIGNANT ...!

Un seul mot reconnaissant : MERCI à Olivier Rolin d'avoir sauvé la mémoire de cet homme et par là-même de tous les autres,sacrifiés ! et de nous l'avoir fait partager, dans ce livre somptueux et universel !

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critiques presse (9)
LaLibreBelgique
09 novembre 2015
Un roman magnifique et triste.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
13 janvier 2015
Alexeï Féodossiévitch Vangengheim mettrait au point une nouvelle façon d'analyser la couleur du temps au sein de l'URSS, alors le plus grand pays du monde. [...] Olivier Rolin reconstitue avec minutie sa détention à partir des lettres à sa femme et à sa fille, puis son exécution sinistre à partir d'une longue enquête où il met à contribution son érudition pointilleuse.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
18 novembre 2014
"Le Météorologue" (Seuil/Paulsen), magnifique portrait d'un communiste convaincu, plein de ferveur révolutionnaire, victime de la terreur stalinienne parmi des millions d'autres.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
18 novembre 2014
Tout cela est présenté, composé, rédigé, avec une sobriété poignante. Pas question d'en rajouter dans le pathos, pas question de faire le malin, pas question de transformer le martyr en héros. C'est même une des prouesses du récit.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesEchos
15 octobre 2014
Malheureusement, la petite étoile s’est éteinte trop tôt pour pouvoir lire cette tragique et émouvante stèle de papier.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
13 octobre 2014
Olivier Rolin ressuscite une victime oubliée de la terreur stalinienne dans "Le Météorologue", un livre d'une infinie délicatesse où s'élucident quelques-unes de ses obsessions.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
29 septembre 2014
Olivier Rolin a déjà exhumé des vies oubliées, héroïques ou non. Avec Patrick Deville et Emmanuel Carrère, il appartient à la catégorie des petits Plutarque démocratiques : ils font passer les vies des uns, des vies qu’ils considèrent comme édifiantes, dans les consciences et l’imaginaire des autres.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
24 septembre 2014
A travers le parcours tragique de ce martyr du régime, Rolin décrit de manière implacable la mécanique paranoïaque stalinienne et se demande si, sans le terrible "petit père des peuples", le siècle n'aurait pas pris d'autres directions.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
15 septembre 2014
J'aime les livres où il y a des images. Grises et mélancoliques chez Sebald, pleines du mystère de la vie chez Olivier Rolin, qui joint à son récit Le Météorologue tout un cahier de lettres et de dessins d'une lumineuse beauté arrachés à la nuit des camps staliniens.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
Il me plairait de penser qu'Alexeï Féodossiévitch sentit naître en lui une curiosité pour les météores en regardant rouler les nuages au-dessus de la plaine infinie. Peintres et écrivains ont maintes fois décrit ce paysage de la campagne russe ou ukrainienne. Profondeur vertigineuse de l'espace, vastitude où tout semble immobile, silence que ne trouvent que des cris d'oiseaux (...). Champs de blé ou de seigle, étendues d'herbes bleues piquées de fleurs jaunes d'absinthe, entre lesquels file un chemin creusé d'ornières. Bosquets de bouleaux et de peupliers graciles, les bulbes dorés d'une église brillant au loin, les toits d'un village, parfois l'éclat mince d'une rivière : c'est le paysage (...) de beaucoup de récits de Tchékhov,(...), le paysage de la poésie d'Essénine, de tableaux de Chichkine ou de Lévitan. Parfois, au fond d'une distance immense, la cheminée d'une locomotive rappelle qu'au sein de ce temps apparemment figé quelque chose de neuf est en train de se produire, qui est peut-être le progrès et qui est peut-être aussi une menace.
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Son domaine, c'était les nuages. Les longues plumes de glace des cirrus, les tours bourgeonnantes des cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlée de lumière, les géants cotonneux d'où tombent pluie et neige et foudre.
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On ne peut regarder sans émotion, sans cette espèce de stupeur que suscitent les lieux terribles, l’écrasante façade grise et ocre soutachée de corniches roses de la Loubianka… je dis « on » mais qui en fait ? Ceux qui ont compté d’une façon ou d’une autre, à un moment de leur vie, l’espérance révolutionnaire et sa mort sinistre. Car, s’il est un lieu qui symbolise ce meurtre de masse de l’idéal, cette substitution monstrueuse de la terreur à l’enthousiasme, des policiers aux camarades, c’est la Loubianka. C’est ici le centre de cette alchimie à rebours qui a transformé l’or en vil plomb. P 64
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J’aime Arkhangelsk à cause de son nom de ville de l’Archange, à cause du large estuaire qui la borde, qu’on traverse en hiver sur un chemin de planches, posé sur la glace et festonné, la nuit, de pâles lumières, à cause des maisons de bois qu’on voyait encore en assez grand nombre lors de mes premières venues (peu, depuis, ont résisté aux affairistes immobiliers), et parce qu’il me semble que les filles y sont particulièrement belles… Il me semble que Cendrars parle quelque part, des cloches d’or (ou des clochers d’or ?) d’Arkhangelsk, mais je n’ai retrouvé cela nulle part. Peu importe, les écrivains ne sont pas seulement ce qu’ils ont écrit, mais ce que nous croyons qu’ils ont écrit. P 14
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Son domaine, c’était les nuages. Les longues plumes de glace des cirrus, les tours bourgeonnantes de cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlées de lumières, les géants cotonneux, d’où tombent pluie, neige et foudre. Ce n’était pas une tête en l’air – du moins je ne crois pas. Rien, dans ce que je sais de lui, ne le désigne comme un fantaisiste. P 11
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Vidéo de Olivier Rolin
Rencontre avec Olivier Rolin autour de Jusqu'à ce que mort s'ensuive paru aux éditions Gallimard.


Olivier Rolin, né en 1947 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain français, lauréat notamment du prix Femina en 1994 pour Port-Soudan et du prix France Culture en 2002 pour Tigre en papier. Il a publié entre autres: Circus 1 (Éditions du Seuil, 2011), Bric et broc (Verdier, 2011), Circus 2 (Seuil, 2012), Veracruz (Verdier, 2015), Extérieur monde (Gallimard, 2019) et Vider les lieux (Gallimard, 2022).
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31/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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