C'est un conte plein de tendresse. C'est l'histoire de Joseph, un homme sans histoire: "Sa vie n'est pas malheureuse. Sa vie n'est pas triste. Sa vie est vide."
Une rencontre va le faire renaître. Joseph est responsable des objets trouvés à la gare de l'Est, et ce qu'il trouve ce soir là n'est pas un objet, mais un bébé. Incapable de le laisser aux services sociaux, il va le garder et l'élever avec l'aide d'Adèle, qui tient le snack et de Jules. C'est une histoire merveilleuse, un conte comme ceux de l'enfance, et celui-là finit bien. Une parenthèse de tendresse qui nous rappelle la force des sentiments, l'amitié ou l'amour. Ne surtout pas chercher à comprendre, se laisser emporter et savourer.
Commenter  J’apprécie         343
Quand un asocial taiseux découvre un bébé abandonné sous une banquette de train en faisant sa ronde de nuit, que se passe-t-il ? Quand il a l'impression que laisser cet enfant à la DASS, c'est le condamner à ce qui ressemble à une prison (là, il a déjà donné…) que se passe-t-il ? le ‘'découvreur'' décide de garder et d'élever le bébé en toute illégalité et dans une semi clandestinité.
Commence alors une histoire émouvante : pour accomplir sa tâche de père, l'asocial taiseux va devoir sortir de la vie de robot dans laquelle il végétait (« Joseph ne vit pas, Joseph fonctionne »), s'ouvrir (un peu) aux autres et apprendre à leur faire confiance même si, quelquefois, il retombe dans ses travers de gros balourd. Il va affronter les difficultés inhérentes à la paternité et multipliées par la semi-clandestinité : la garde de l'enfant pendant qu'il travaille, l'entrée à l'école, les crises d'adolescence, etc… Pour ce petit être qui est devenu le centre de sa vie, il est prêt à surmonter tous les obstacles pour lui offrir la meilleure vie possible... aidé dans ce challenge par Adèle (collègue et maîtresse-femme) et Jules (mari d'Adèle).
L'histoire flirte, çà et là, avec l'invraisemblance mais j'ai un faible pour les vrais gentils, surtout s'ils sont bruts de décoffrage et s'ils sont cabossés par la vie. J'ai aimé Joseph, Adèle et Jules ; de condition modeste, mais le coeur sur la main, ils sont prêts à tout tenter pour aider leurs amis. Comme ils ne manquent ni de courage, ni d'astuce (surtout Adèle), cela vaut au lecteur quelques scènes originales et drôles.
Un court roman qui ne relève pas de la grande littérature mais qui est très agréable à lire et dont vous sortez la larmichette à l'oeil et la banane aux lèvres…
Commenter  J’apprécie         131
Joseph est un être solitaire et bougon, homme d'âge mûr, il a été accusé d'un crime dans sa jeunesse, son grand air naïf et peut-être un peu benêt ont dû y jouer pour beaucoup. Accusé à tort, il finit par sortir rapidement de prison, déménage à Paris et se fait embaucher à la SNCF, aux objets trouvés. Les objets, cela lui va bien. Cela fait un moment qu'il n'a lus envie de communiquer avec d'autres êtres humains, quasiment aucun son ne sort de sa bouche et ils ne s'émeut plus de rien. Les émotions glissent sur lui sans jamais l'atteindre: qu'il se fasse engueuler car il n'a pas retrouver l'objet perdu auquel la personne était attachée ou, au contraire, que la personne soit soit en larme d'avoir retrouver un objet qui lui était cher, rien ne le touche! Sa carapace est devenue au fil des années, sa nouvelle prison, celle qu'il s'ait malgré lui, choisi.
Mais un jour, alors qu'il fait sa ronde dans les trains comme à son habitude, c'est un objet bien inhabituel qu'il y trouve, et pour cause: il s'agit d'un petit bébé! Une petite fille de 6 mois environ. Mais que va-t-il en faire? Il n'y connaît rien en bébé, lui! Et il sait peine s'occuper de lui, c'est pour dire. Mais cette bouille le fait craquer et il ne voit d'autres solutions que de la ramener chez lui pour la nuit en attendant que quelqu'un vienne la réclamer…
Les jours passent, puis les semaines… Joseph décide d'appeler son petit ange Gabrielle, comme son premier amour de jeunesse. Souvenirs Souvenirs. Et si cette enfant inespérée était la bouée de sauvetage de Joseph, sa façon de revenir à la vie tant qu'il en est encore temps?
Je suis tombée sous le charme complet de cette histoire: mignonne, bien écrite, attendrissante. Je me suis tellement identifiée à Joseph, et pourtant je vous rassure, je ne suis pas associable (enfin je crois). Mais je suis persuadée qu'un enfant peut changer une vie. Et ici, Joseph m'a fait tellement de peine, que de l'imaginer, de le ressentir enfin heureux, vivant pleinement pour lui et surtout pour « sa minuscule », c'est vraiment touchant. Alors bien sûr, il y a probablement des incohérences dans le récit, mais peu importe, on se laisse emporter et tourne les pages avec tendresse tout du long.
Je mettrais toutefois un petit bémol sur la fin du roman, je ne l'aurais pas imaginé comme ça et si c'était à refaire je m'arrêterai quelques pages avant mais chut!
Commenter  J’apprécie         10
C'est un bon roman, c'est une belle histoire....
Joseph travaille au bureau des objets trouvés dans une gare. Il est taciturne, taiseux peu de choses l'atteigne. Il faut dire qu'il en a bave dans la vie il a eu son lot d'emmerdes alors il s'est bien blindé. Il n'y a qu'Adele qui lui sert son café tous les matins qui arrive à le dérider un peu.
Et puis un soir il ne tombe pas sur un objet perdu mais sur un bébé et si c'était une revanche sur la vie et sur son passé.....
Ce roman c'est comme une caresse, il vous emporte doucement et vous emplit de bonheur parce que c'est beau, simple, touchant, bouleversant de voir la transformation de Joseph au contact de ce petit être.
Commenter  J’apprécie         60
Mais soudain il est pris, emporté par une sorte de tourbillon et une joie incontrôlable.
Ce manège n'est plus alors la métaphore routinière de la vie, mais la cavalcade onirique de deux héros de conte.
Ce n'est plus la répétition de gestes prévisibles, mais une expérience inédite et fabuleuse.
Ce n'est plus un passé qui se prolonge sans surprise, mais un avenir qui s'inaugure sans déterminisme.
Joseph redescend du manège tout tourneboulé et comme ivre de cette révélation.
Jules récupère la petite, et Adèle prend le bras de Joseph.
- Ça va Joseph ?
- Ça va, ça va, murmure Joseph. Je crois même
que ça va très bien...
Il regagne son bureau,range, classe, trie, enregistre, fait ce qu'il a à faire, ce qui justifie son salaire. Puis il arpente l'immense capharnaüm de long en large. Cette caverne d'Ali Baba. Ces empilements d'objets oubliés, ces choses qui prolifèrent partout. Qui le contemplent de toute leur hauteur, leur instabilité, et l'interrogent. Ces manteaux, ces ballons, ces instruments, ces ordinateurs, ces bijoux, ces livres, ces vélos. Pourquoi les gens ont-ils tant à perdre ? Et s'ils peuvent perdre autant, sans chercher à remettre la main dessus, à quoi tiennent-ils donc ? A peu, en somme. A très peu, si on pense bien. Et cela vaut pour lui-aussi. Joseph considère comme précieuses et indispensables très peu de choses.
- Je te confie ta mère, mon petit, je vais partir pour un long voyage.
Il n'avait pas bien compris à l'époque - il n'avait que dix ans - ce que ce "long voyage" signifiait. Il s'était demandé après pourquoi son père n'avait pas utilisé les bons mots, précis, comme "mort" ou même "disparition". Pour ne pas lui faire peur? Ou pour conjurer sa propre angoisse, car il se savait condamné?.
La vie lui fait décidément de drôles de surprises. Elle joue avec ses nerfs et ses émotions. Quand tout semble installé, elle donne un bon coup de pied dans l’ordre apparent. Quand tout semble chaotique, elle fait apparaître de sacrés revenants qui remettent les choses en place.
Joseph ouvre la couche. Joseph referme immédiatement la couche.
- Merde, t'es une fille.
La petite fille ne dit rien, il n'y a rien à dire.
- C'était pas prévu, lui explique Joseph, que tu sois une fille. Moi je croyais que t'étais un garçon.
La petite fille le fixe intensément.
- Tu vas me dire que rien n'était prévu dans cette histoire. Et qu'au point où on en est...
La petite fille sourit. Elle a l'air d'accord.
LES COUPS DE CŒUR DES LIBRAIRES 05–02-2023