Citations sur Je pleure encore la beauté du monde (53)
Mon père disait souvent que le monde avait déraillé quand nous avions commencé à nous détacher du sauvage, quand nous avions cessé de ne faire qu'un avec le reste de la nature, que nous nous étions installés à l'écart. il disait que nous pourrions survivre à cette erreur si nous trouvions un moyen de nous réensauvager.
Tous les loups hurlent maintenant. Ils poussent leurs cris nuit et jour, sillonnant leurs territoires fraîchement définis, communiquant entre eux pour tracer les limites de leur propre domaine, adressant des avertissements aux loups des autres meutes afin qu'aucun n'empiète sur le territoire du voisin. ils emménagent concrètement, dessinant des cartes qu'ils se transmettront de génération en génération.
Elle avait peur de moi après ce qui s'est passé. Tout le monde avait peur. La mort s'infiltre sous ta peau, tu la portes en toi. Les gens la sentent.
Durant les seize premières années de notre existence, Aggie et moi passions tous les ans deux mois chez notre père, dans sa forêt. C’était notre vraie maison, l’endroit où nous nous sentions chez nous. Des paysages qui donnaient du sens à ma vie. Enfant, je croyais que les arbres de cette forêt étaient notre famille.
J’avais toujours su qu’il y avait quelque chose de différent en moi, mais ce jour-là, pour la première fois, j’ai compris que c’était un truc dangereux. Ce fut aussi le jour où, alors que j’émergeais de la cabane en titubant, accueillie par les violacés d’un long crépuscule, je posai les yeux sur la lisière des bois et vis mon premier loup. Qui me vit également.
- On peut dépendre de la terre et la cultiver et en même temps la nourrir et la soigner. On peut réduire son empreinte écologique. Ça n'a rien à voir avec des histoires de fric. Nous avons tous le devoir de réduire notre empreinte. La renaturation permet de lutter efficacement contre le dérèglement climatique mais bizarrement, tout le monde semble avoir oublié que c'est la priorité absolue par les temps qui courent. Ce n'est certainement pas nous, la priorité.
Je marque une pause avant d'ajouter :
- Peut-être qu'on devrait montrer un peu de compassion pour cette pauvre Terre massacrée en supprimant carrément la race humaine.
— Ça s'appelle de l'écofascisme.
Sa remarque me surprend tellement que je pars d'un éclat de rire.
— Ça doit être frustrant, reprend-il cependant et j'attends qu'il développe. D'être plus intelligent que tout le monde mais de voir que personne ne vous écoute.
— Pourquoi les loups ? demande Duncan. Pourquoi ce choix de vie ?
- Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce que tant qu'on ne les aura pas sauvés eux, on n'aura aucune chance de sauver le reste.
Je croyais que l'espace entre les corps était rempli de magie, et maintenant je ne suis plus que... que cette chose dure et en colère.
Je ne savais pas... que ça pouvait arriver à quelqu'un. De s'éteindre comme une bougie qu'on souffle. Je ne savais pas qu'on avait le pouvoir de se démolir les uns les autres.
Les loups souffrent de solitude, exactement comme nous. La différence, c'est qu'un loup solitaire devient plus vulnérable, alors que chez les humains, c'est le contraire : la solitude nous protège.