AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070384297
416 pages
Gallimard (05/11/1991)
3.85/5   30 notes
Résumé :
Pierre Magnan nous conte ici sa petite enfance, d'aussi loin que ses souvenirs reviennent, et à leur gré, entre 1925 et 1931. Il naît dans les Alpes-de-Haute-Provence - le cadre de l'essentiel de ses romans -, à Manosque. À l'époque, le village compte 3 500 habitants. La plupart vivent de la terre. Chaque foyer a sa bête de somme - âne, cheval ou mulet - et une charrette ; on parle le patois. Les tantes, les oncles, les amis proches, l'inoubliable Marie Priape, les ... >Voir plus
Que lire après L'amant du poivre d'âneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pierre Magnan nous raconte ici son enfance bas-alpine à Manosque.
Né en 1922, fils d'ouvrier et petit-fils de paysans, il grandit dans un milieu modeste mais heureux. C'est d'une autre époque qu'il nous parle, dure mais empreinte d'une certaine joie de vivre, une liberté pour les enfants d'aller et venir, le souci de l'essentiel, la proximité de la nature. Il nous livre ses premiers émois, ses angoisses, sa découverte émerveillée de la lecture, ses premières déceptions face à la méchanceté et la lâcheté. Bien qu'il sache lire à cinq ans, il arrête tôt l'école, car étant nul en maths, il se pense incapable de continuer des études et d'affronter la modernité. Mais c'est plus sa condition modeste qui l'arrête, fils de pauvre, il ne sent pas à sa place au collège, malgré les encouragements de ses professeurs. Le déterminisme social lui paraît indépassable.
On découvre Manosque et la vie de ses habitants dans les années 30 à travers le regard de cet enfant du pays, on écoute chanter le provençal, on y hume l'odeur de la sarriette (poivre d'âne), on se plonge dans cette époque lointaine, et pourtant pas tant, qui est celle de l'enfance de nos parents ou grands-parents, où avoir l'électricité et l'eau courante n'était pas encore évident, où l'existence était dure, la mort frappait aveuglément jeunes ou vieux, mais qui pourtant nous laisse un parfum de nostalgie...
Né à cette période où le monde était en train de changer, enfant vif et doué mais au caractère têtu, il va préférer rester au pays et apprendre le métier d'imprimeur.
Ce qui ne l'empêchera pas, bien des années plus tard, de nous régaler grâce à sa plume généreuse et son "intelligence extravagante".
Un texte qui nous plonge dans le passé de nos ancêtres, les paysages inondés de soleil de la haute Provence, l'accent chantant de sa langue, les odeurs enivrantes de ses chemins mais aussi celles du charbon, du calel, des animaux, de la terre, des hommes...
Il nous livre quelques-unes des sources d'inspiration des romans de l'auteur, toutes enracinées dans les moeurs et les paysages de sa région natale, à travers les portraits truculents de ses oncles, tantes, cousins, voisins, instituteurs, professeurs, vagabonds...On les suit dans les rues de Manosque, dans leurs ateliers, leurs champs, les mariages, les enterrements, on partage leurs secrets au coeur de leurs foyers.
Une autobiographie incontournable pour comprendre l'oeuvre d'un écrivain profondément lié à la terre qui l'a vu naître.
Commenter  J’apprécie          260
Je me trouve à la fin de cette lecture avec plein de notes et d'impressions multiples, contraires et pas forcément cohérentes… Je vais essayer de faire une critique avec tout ça. Cependant, elle risque d'être mitigée, oscillante en permanence car pour chaque point d'analyse, il y a des « plus » et des « moins ».

Pierre Magnan, dans un ouvrage bourré de nostalgie, mais pas trop pleurnichard, nous raconte une partie de son enfance (six années) et il a la finesse au début du récit de nous ramener régulièrement à une vision et une compréhension d'enfant. Tout est basé sur la perception de l'environnement (les sons, les bruits, les odeurs, les images bien sûr). On explore les peurs enfantines- bien entretenues par certains adultes – comme faisant partie d'un système éducatif et culturel (Ex :« Les romanichels qui vont te prendre et on ne te reverra plus »)
On commence par les premiers souvenirs, y-compris la découverte de ses parents (!) Souvenirs au début un peu désordonnés, ce qui pourrait ajouter à la crédibilité du récit. Je reste cependant étonné du luxe de détails dont se souvient l'auteur ; soit il a réfléchi longuement à son enfance, soit il a une mémoire vraiment exceptionnelle, soit il a recréé ou nourri ces souvenirs dans le but de décrire une époque. J'ai quand même du mal à croire à la totalité des « souvenirs » en tant que véritables souvenirs. Certains détails sont en réalité représentatifs d'une vision d'adulte. S'agit-il de la conséquence inéluctable de la situation d'un homme âgé (et ce n'est pas un reproche !) qui se souvient ou alors une non-maîtrise du style choisi. Sans vouloir les comparer, l'objectif étant différent, ceux qui ont lu des livres comme « Autobiographie d'une courgette » de Gilles Paris, ou « Quand j'avais cinq ans je m'ai tué » de Howard Buten comprendront ce que j'appelle le choix d'un style.

En ce qui concerne les étapes de l'évolution du jeune garçon, l'épisode sur la découverte du mensonge, de la manipulation et et de la force d'une accusation mensongère est très bien menée.
Nous n'échappons pas bien sûr aux découvertes sensuelles, érotiques puis sexuelles liées à l'arrivée de la puberté.
Nous n'échapperons pas non-plus à un discours nostalgique sur la mort du cheval, du crottin, des vieux métiers … et à l'invasion des techniques qui remplacent des siècles de pratique (ou d'immobilisme). Tout cela étant bien regrettable, etc…

L'ensemble est écrit dans une langue un peu surannée, simple cependant, malgré tous les dialogues en Provençal (traduits, quand même) qui deviennent vite pénibles et encombrants.
Ce livre est plein d'anecdotes, donc agréable à lire, mais avouez que 400 pages avec une petite police, pour raconter six années d'enfance, ça finit par être long.
Commenter  J’apprécie          180
Un bon livre pour celui qui apprécie l'ethnologie qui plus est bilingue français de grand teint et patois manosquin en dialogue bien utile pour aérer la prose assez serrée de Magnan
Un livre de réminiscence qui de mémoire, qu'il a fabuleuse nous dit-il, retrace une enfance de petit campagnard dans l'entre-deux guerre à Manosque
Souvenirs accompagnés sans doute d'une bonne recherche historique car les descriptions sont très détaillées et il semble peu probable que la mémoire seule suffise pour une telle précision et une telle qualité Encore que à l'époque la vie était simple et répétitive et les gens étaient habitués a l'observation Ils mémorisaient facilement les évènements sans avoir à les noter

Tout est bien détaillé les personnages de la famille au complet leurs comportements les analyses physiques et vestimentaires, leurs activés journalières. les paysages sont abordés de façon très naturaliste ce qui n'empêche pas la poésie et on sent le grand amour de Magnan pour cette nature simple et odorante

Les activités de Manosque tous les petits métiers qui faisaient l ‘animation de la ville et villages alentours les légendes, cancans, petits drames et les grands la rende très vivante et attachante.

Magnan ici n'est pas romancier mais plutôt ethnologue Il dépeint avec nostalgie ce monde qui n'est plus

Un monde étroit encore resserré autour de la famille où on vivait chichement avec ce qu'on avait, ce que donnait la terre et celle de Provence n'est pas prodigue. Tout coûte et pour avoir un peu il fallait beaucoup d'effort. Chacun est mis à contribution La vie est rude et rythmée par les saisons mais il y a aussi des bons moments goûteux et simples et des personnages heureux qui viennent égayer cette campagne.
Les objets étaient dispendieux et on les faisait durer (On retrouve le fameux tranchet couteau provençal celui retrouvé au fond du puit dans « la maison assassiné »)
Période de l'entre-deux guerre, de transition On sent les prémisses de grands changements à venir, un vent de nouveauté dans lequel le monde paysan va basculer rapidement avec la guerre de nouvelles mentalités, de nouvelles techniques et la disparition irrémédiable d'un monde qui n'avait pour ainsi dire jamais changé

Il faut beaucoup aimer Magnan pour aborder ce livre car il est dense et on est loin des enquêtes aventureuses de Laviolette, du mystérieux Séraphin Monge et de l'attachante petite Laure.
Une belle histoire de nostalgie d'un monde qui s'estompe et que nous ne connaîtrons plus
Commenter  J’apprécie          62
J'aime beaucoup ce livre qui raconte avec une extrême sensibilité la petite enfance de l'auteur à Manosque dans les années trente . On trouve des points communs avec Jean le Bleu de Giono (qui fut le maître et l'ami de Magnan) dans cette évocation d'un monde qui a totalement disparu. Un grand art de conteur et une belle écriture. J'ajoute que Pierre Magna décédé il y a peu était un homme extrêmement attachant (J'ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois) .
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (131) Voir plus Ajouter une citation
Au fond de chaque impasse, une écurie abrite une saoumo (bête de somme) qui peut être un cheval ou un âne ou un mulet. Nos galeries, au troisième ou au quatrième étage, sont des basses-cours où éclate à l'aube le chant des coqs, comme dans les réduits à ciel ouvert qui, derrière les portes
cochères, dissimulent un fumier gras qui sert à tous les usages et où estarpent (grattent) les poules de la famille.
Commenter  J’apprécie          30
Le pèbre d’aï, le pèbre d’ase, car on disait indifféremment les deux, le poivre d’âne, la sarriette des Français, c’est le parfum omniprésent qui flotte sur ma mémoire.
J’ai littéralement brouté en mon enfance plus de sarriette que de laitue. Fraîche, elle parsemait les tommes et je dévorais en même temps les feuilles et les fromages. Cette plante est l’emblème que nous portons dans nos cœurs. Elle couvre des milliers d’hectares là où l’aridité du calcaire ne supporte rien d’autre qu’elle. A la fin de l’été, début septembre, alors que tout est brûlé et que nos ruisseaux tirent des langues de mousse verte là où l’eau coulait encore voici un mois, où les chemins ne sont plus que poudre blanche, voici qu’elle refleurit, elle la sarriette, toute pimpante, à vingt centimètres au-dessus du sol.
C'est cette plante, ce parfum, que m'a transmis dès mon plus jeune âge la biasse que mon père traînait par les collines.
Commenter  J’apprécie          142
Nous allions sur le quai. Nous entendions le bruit de fil de fer qui précédait le tintement grêle de l’annonce du train. Là-bas, à Corbières, à trois kilomètres d’ici, le chef de gare venait de renverser l’aiguille à contrepoids qui actionnait le signal sonore. Il y en avait encore pour dix bonnes minutes. Enfin, dans le tournant de la voie, ce gros œil glauque de cyclope atteint de cataracte trouait la brume qui sourdait de la Durance proche. Le train râlait et ahanait, il chuintait sa mauvaise humeur par toutes ses plaques mal jointes. La machine passait devant nous comme une bouilloire ambulante, nous baignait dans une odeur d’huile chaude. En un éclair on apercevait le mécanicien et le chauffeur dans l’habitacle. Ils étaient noirs avec des yeux rouges d’oiseaux nocturnes. Ainsi aperçus en un éclair entre deux trous zébrés d’acier, il m’apparaissait toujours que leurs visages exprimaient la tragédie. Et c’était cette aura de tragédie sans doute qui me faisait souhaiter d’être un jour à leur place devant le foyer à la gueule féroce.
Commenter  J’apprécie          80
Car j'ai la disgrâce, ce dont je n'ai pas conscience mais dont toute la famille parle, d'avoir les oreilles en paravent. Chaque matin, de deux doigts experts ma mère me les engage sous le béret, après m'avoir fait souffrir le martyre à m'écouvillonner l'intérieur du conduit auditif avec le bout d'une serviette tordue en mèche. Ce béret m'agace, me démange, me tient chaud. Je n'ai pas le droit d'y toucher mais à force de froncer le front pendant un bon quart d'heure, ce qui m'agite les pavillons, je parviens à faire sortir ceux-ci de la prison du béret et à les abandonner en toute quiétude face au vent.
Commenter  J’apprécie          70
- Un jour on saura, disait mon père.
- Oui ! Quand on sera morts !
- Et qu'est-ce que tu veux ! Les animaux meurent, nous on meurt, c'est ça qui fait la terre. C'est tout ce qui est mort qui fait qu'on peut y vivre.
- C'est pas rigolo ! disait ma mère.
- Ce qui n'est pas rigolo, ce sont ceux qui nous ont fait croire qu'il y a autre chose pour mieux nous ensuquer (assommer).
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Pierre Magnan (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Magnan
Les enquêtes du commissaire Laviolette - Le parme convient à Laviolette
autres livres classés : vie ruraleVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (91) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1734 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}