Ainsi, Points Poésie nous propose une nouvelle traduction des « Fungi de Yuggoth et autres
poèmes », d'
Howard Phillips Lovecraft, (HPL pour les intimes). « Nouvelle », car les
poèmes fantastiques de
Lovecraft avaient déjà fait l'objet de plusieurs traductions en Français, notamment par
François Truchaud aux mythiques Nouvelles
Editions Oswald (NEO).
Alors faut-il lire cette nouvelle traduction ? La réponse est oui. D'abord, parce que les précédentes versions sont souvent introuvables. Ensuite parce qu'à une époque où le label « Nouvelle Traduction » n'est souvent, pour l'industrie du livre, qu'un moyen de vendre d'anciens titres, le travail accompli par
Thomas Spok (poète
lui-même) apporte une dimension et un regard nouveau à la poésie du reclus de Providence. Enfin, parce que les notes qui figurent à la fin du recueil fournissent d'intéressants renseignements sur les
poèmes eux-mêmes et sur leur auteur.
Ces
poèmes se dégustent à petites doses comme un délicieux poison. le format livre de poche est idéal pour les emmener partout, ce qui n'était pas le cas des précédentes éditions. On y revient comme on retrouve avec plaisir un vieil ami en acceptant ses qualités (immenses) et ses défauts (nombreux). Car la poésie de
Lovecraft est dans la continuation de sa prose. On y retrouve les mêmes tics, les mêmes obsessions, les mêmes créatures abominables, indicibles, innommables etc. venues d'outre-espace ou des abymes du temps.
Mais HPL sait aussi parfois mettre un peu de distance avec toutes ces horreurs co(s)miques. Les
poèmes qui rendent hommage à d'autres écrivains et artistes tels que
Clark Ashton Smith,
Virgil Finlay,
Lord Dunsany,
Ambrose Bierce ou
Oscar Wilde, en sont d'autant plus savoureux.
Thomas Spok nous donne donc sa version des
poèmes hallucinés de
Lovecraft. Il y en aura d'autres, mais celle-ci, à n'en pas douter, est une superbe réussite.