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EAN : 9782021534948
192 pages
Seuil (18/08/2023)
3.29/5   135 notes
Résumé :
Eunice, dix-neuf ans, athlète, étudiante en fac de psycho, vient de se faire larguer par son petit ami. Alcool et danse pour tenter d'anesthésier la tristesse. En se réveillant avec une gueule de bois carabinée, la jeune femme pense avoir touché le fond mais les nombreux appels en absence laissés sur son portable par son père annoncent le pire. Sa mère, Jane, est morte, d'une chute dans l'eau du fleuve au sortir d'une boîte de nuit.
L'enquête conclut très vit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 135 notes
[Critique publiée le 24/05/2023 sur le forum du jury du Prix du roman FNAC 2023]
***
Désespérée après une rupture amoureuse, Eunice rentre dans son petit studio et s'abrutit en buvant plus d'une bouteille de vin blanc sans même s'arrêter. Elle finit par sombrer dans un sommeil de plomb, mais des rêves érotiques perturbent sa nuit. Elle refait surface avec une solide gueule de bois et constate qu'elle a reçu 22 appels en absence : sa mère, sous l'emprise de la drogue, est tombée dans la Meuse en sortant d'une boîte de nuit. Elle n'a pas survécu. En plein déni, Eunice ne veut pas croire à un accident : cette femme avait de la drogue dans le sang ! Sa mère ? de la drogue ?!
***
Eunice raconte un travail de deuil. le livre se compose de 31 chapitres répartis en quatre parties dont les titres éclairent l'évolution de l'héroïne : Couper, Recoudre, Cicatriser, Vivre. L'emploi de la deuxième personne, « Tu », qui remplace systématiquement le « Je » de la narratrice, m'a souvent semblé artificiel. L'abondance d'anglicismes m'a agacée, d'autant qu'ils sont loin d'être toujours nécessaires. L'intrigue est plutôt mal ficelée. « Tu » nous annonce une enquête sur la mort de sa mère, mais on perd très vite l'intérêt du début : s'agit-il ou non d'un accident ?, question dont la narratrice elle-même semble se détacher. J'ai senti une volonté de coller à l'air du temps à tout prix : la bisexualité, la pansexualité, le « binge drinking », les transfuges de classe, les abus sexuels, #metoo, etc. En me renseignant sur Lisette Lombé, autrice belgo-congolaise que je ne connaissais pas du tout, j'ai eu la surprise de constater qu'elle avait 45 ans : je lui donnais à peu de chose près l'âge de sa narratrice, 19 ans, ce qui constitue une évidente réussite dans l'incarnation de son personnage. J'ai aussi découvert que les ateliers dans lesquels la romancière entraînait Eunice et son amie Jennah, une slameuse, étaient directement inspirés de son propre travail. J'ai été bouleversée par certains passages magnifiquement écrits et particulièrement touchants, mais l'ensemble est très inégal. L'autrice est poète, et le roman n'est sans doute pas sa forme d'expression privilégié. Je sors de ce livre avec la désagréable impression qu'il ne m'est pas destiné et que je ne l'ai pas apprécié à sa juste valeur parce que… je suis trop vieille.
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Eunice a 19 ans, elle se fait larguer par son petit ami. Elle oublie sa fac de psycho quelques heures pour noyer son chagrin dans l'alcool. À son réveil loin d'avoir la forme, eunice découvre plusieurs appels manqués de son père.
Elle le rappelle et reçoit un semi-remorque émotionnel. Sa mère, Jane, est morte, elle aussi avait bu plus que de raison et sort de boîte en compagnie de son amie, titubant, elle tombe dans l'eau et de noie.
L'enquête bien entendu est vite bouclée concluant sur un accident mais Eunice ne croit pas en cette version…
Des mots percutants. Des mots qui représentent une poésie d'aujourd'hui. L'autrice est une ancienne slameuse, je comprends mieux ce rythme effréné et je l'apprécie.

Slam définition. Poésie, narration scandée librement, de manière rythmée.
J'avais déjà vu ce côté Slam derrière mon petit écran et rien à voir avec celui d'un public comment vais-je dire…commercial si j'ose.

Beaucoup de sujets sont mis à plat sur ce livre de 192 pages. Deuil, féminisme, drogue, homosexualité, non-dits familiaux et j'en passe pour finir avec poésie.

︎︎︎︎Au final, j'ai bien fait suivre mon instinct et poursuivre.
J'ai été émue, révoltée et bien que je n'ai pas spécialement apprécié les passages crus, le reste en vaut vraiment la chandelle.
Je vous le conseille.

Conclusion, je ne vais pas mentir, il a fallu de peu que j'abandonne ma lecture. Celle-ci est sans tabou, sans filet. Elle est brute et certains passages très crus. J'ai avancé malgré tout et retournement de situation, cette écriture me plaît. La vie n'est-elle pas comme cela? Elle n'est pas enrobée de sucre glacé…
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Je referme ce livre avec une impression qui se situe quelque part entre déception et confusion, et le regret de ne pas trouver spontanément ce que je pourrais bien en dire de positif… Eh oui ! même pour les livres que je n'ai pas aimés, j'aime trouver au moins un point agréable à relever, mais ici… C'est le comble quand on sait que j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Masse critique privilégiée, et qu'en plus j'ai bien pris mon temps avant d'y venir. Il faut dire, j'ai des circonstances atténuantes à mon grand retard, aussi : j'ai changé de boulot mi-juillet, ai reçu le livre dans ces eaux-là, peu après je suis partie pour 3 semaines de vacances itinérantes en famille au cours desquelles je n'ai pas lu une seule ligne de quelque livre que ce soit (à peine l'un ou l'autre dépliant touristique) ; enfin, retour dans ce nouveau boulot qui a actuellement toute ma priorité, bref…
Dois-je remercier Babelio et les éditions du Seuil pour cet envoi, ou au contraire me dire qu'ainsi ils auront trouvé un lectorat, car autrement, qui achèterait un tel livre ?

Commençons par la forme : je ne connais pas bien le slam, et n'en suis pas particulièrement friande, sans pour autant le rejeter. Il y a, comme dans toute expression artistique j'en suis certaine, quelque chose à y trouver. Encore faut-il y être sensible au moment où il vient à vous, l'autrice le laisse entendre elle-même, donnant ainsi (peut-être) un petit côté autobiographique à l'histoire d'Eunice. Hélas, pour ma part, si ça n'a pas rendu la lecture plus laborieuse qu'une autre, ça ne m'a pas non plus particulièrement touchée, du tout.
Car oui, il faut le souligner si vous ne le savez pas encore : l'autrice est clairement catégorisée slameuse, et s'est servie de cette discipline où apparemment elle excelle, pour écrire tout un roman. Était-ce trop ? À coups de phrases courtes et qui se veulent percutantes, parfois juste un simple mot, et des répétitions qui accentuent cette ambiance, comme « Souffle, Eunice, souffle ! » (souvent typographiées en 3 lignes, une par mot), elle finit cependant par essouffler le lecteur – moi en tout cas - qui voudrait bien, enfin, trouver un vrai contenu. Mais j'y reviens.

Pour rester dans la forme, je regrette de devoir dire que j'ai trouvé une horrible faute d'orthographe ; à vrai dire, il y en a peut-être d'autres, mais je n'ai pas passé ma lecture à les relever pour le plaisir. Toutefois, celle-là est tellement énorme, du niveau qu'on signale aux enfants de primaire parmi les homonymes auxquels il faut être attentif, que je ne peux pas la taire.
À la page 57 : « Cet homme qui te sert la main à la cérémonie des funérailles (…). »
De l'expression « servir la main » alors ? Parce que « il sert » est la 3e personne du singulier de l'indicatif présent du verbe « servir ». Pour le verbe « serrer » (la main), il aurait fallu écrire « il serre » ! Je ne sais si c'est du fait de l'autrice, mais dans tous les cas, comment les correcteurs des éditions du Seuil, maison respectable s'il en est, ont-ils pu laisser passer un truc pareil ? J'en ai les yeux qui saignent encore…

Enfin, un petit mot vite fait au cas où vous liriez ce commentaire après en avoir lu d'autres : plusieurs autres lecteurs parlent du langage crû que l'autrice utilise abondamment dans ce roman, allant jusqu'à s'en trouver choqués. Bon, il est vrai qu'Eunice met ses doigts dans des chattes (ou inversement, ou en rêve) plus souvent qu'à son tour, et cela est dit sans réelle finesse, avec le seul souci vraisemblable de provoquer le lecteur… Provoc pour provoc, ok, mais de là à choquer ? Pour moi qui lis de temps en temps des romances « hot », j'ai déjà lu bien pire, certes pas dans un contexte de littérature dite blanche alors, mais à nouveau : ça ne m'a pas choquée. C'est juste le symptôme le plus visible de la volonté affichée de l'autrice de provoquer. Plus que gratuitement.

Venons-en donc au contenu.
Le 4e de couverture (que j'ai survolé plus que je ne l'ai lu) laisse entendre qu'on va suivre l'enquête vaguement policière d'une jeune fille de 19 ans qui, au lendemain de la rupture douloureuse (car subie) par son copain du moment, et la cuite avec laquelle elle a tenté d'anesthésier sa douleur, apprend le décès accidentel de sa mère. C'est vrai que, en disant cela et en relisant ledit 4e, je me rends compte que j'ai sans doute surinterprété ce qui est réellement écrit, influencée en plus par la couverture très noire du livre, avec ces quelques fleurs rouge (sang) ; couverture si typique des polars et autres thrillers ! Pourtant, il ne s'agira jamais d'enquête, le préfixe « en- » est de trop. Eunice s'engage en réalité dans une véritable quête (tout court) d'identité : à la recherche du passé de sa mère et du reste de la famille, à la recherche des ses démons d'enfance auxquels se confronter, à la recherche d'elle-même en somme, Eunice va enmener le lecteur tout au long de son propre cheminement.

Dit comme ça, ça pourrait sans aucun doute être un chouette livre, mais la mayonnaise ne prend pas…
D'abord parce que tout le livre est écrit à la forme de « tu ». Certes, la prouesse littéraire (ah ! j'ai trouvé un truc positif) peut être saluée, car on n'a pas ici le « tu » de l'écrivain qui aurait délibérément choisi la 2e personne du singulier pour le seul fait de se démarquer. Oh ! bien sûr ça démarque l'autrice ! Mais ici ça va au-delà de la simple singularité : on a plutôt l'impression, et dès les premières lignes, que c'est Eunice en personne qui s'adresse… à elle-même, comme dans un effet miroir qui sert aussi à se protéger, à prendre de la distance par rapport à elle-même dans sa quête. Cet effet-là est assez réussi, eh oui ! même s'il est indéniablement déroutant : les romans écrits à la 2e personne du singulier ne sont pas légion, et présentent dès lors cette petite difficulté de plus qu'il faut apprivoiser. Je pense y être parvenue, sans trop de mal finalement, mais il faut quand même souligner que ça ne simplifie pas les choses.

Ensuite, l'autrice s'affiche (sur les réseaux) comme une féministe engagée, et bien évidemment elle n'a pas pu s'empêcher de mettre en avant ce combat à travers tout le livre. Sauf que… était-ce bien nécessaire d'en rajouter encore et encore ? Les hommes sont tous des brutes épaisses contre qui il faut se défendre toutes griffes dehors… sauf papa (et on a tout un paragraphe qui explique comment Eunice se réconcilie avec son géniteur qui, avant ça, lui était tout au plus indifférent) : était-ce vraiment nécessaire d'asséner un tel message encore et encore, à temps et à contre-temps, même (et surtout) quand c'est inutile à l'histoire d'Eunice, mais on en rajoute une couche, des couches, parce que c'est dans l'air du temps ? Lassitude…
Pire, dans ce qui devient un véritable rejet des hommes en général, sans aucune nuance, notre Eunice (ou l'autrice) fait un véritable melting-pot dans lequel elle englobe toute une série d'autres sujets sociétaux, qui ont encore moins de réel intérêt dans l'histoire d'Eunice, ou qui le montrent tout au plus comme une jeune fille complètement névrosée sans aucun esprit critique. Et que je te fustige les hommes (y compris le petit vieux qui vient déclamer son slam parce qu'il ne correspond pas aux standards attendus, mais ouf on le regrette le lendemain matin !), et que je te critique les banques et la société capitaliste, et que je te crache sur l'école qui ne fait que déformer et terroriser les pauvres petits élèves innocents, etc., etc.
Que veut-elle dire avec tout cela ? Quel est son message ? Il y a tant de sujets (à la mode) abordés, d'un point de vue résolument revendicateur et/ou provocateur, qu'on s'y perd, on ne suit pas, on ne comprend plus ce que l'autrice (ou Eunice) veut réellement dire.
Quel est son message ? Quelle est la conclusion ? Vive l'anarchie ?

Si l'autrice ne va pas jusque-là, elle a quand même atteint la limite de ce que je peux tolérer dans un livre, avec un seul petit paragraphe à la page 132. Il m'arrive de dépasser mes limites en lisant, c'est même parfois grisant, mais là c'est tout simplement trop, et ce paragraphe reste inscrit en moi comme une incompréhension totale, une généralisation tellement gratuite que c'en est dangereux – comment peut-on écrire ça, et comment peut-on le publier ? Surtout quand on se targue de vouloir aider des femmes victimes de systèmes totalitaires…
« Les monuments aux morts vous encerclent et semblent encore plus lugubres que durant la journée. Vous n'éprouvez pas une once de compassion pour ces gens, tombés sous les balles pour défendre la patrie. Se faire flinguer pour un drapeau ou une frontière, vous trouvez ça con. »

Alors, oui, les guerres c'est con, on est bien d'accord. Mais en l'occurrence, ces monuments aux morts, dans nos pays du moins, sont ceux qui rendent hommage à tous ceux qui sont tombés « pour la patrie », formule toute faite et bien réductrice au vu de la réalité… Visiblement, notre Eunice a été tellement dégoûtée de l'école qu'elle n'a jamais rien écouté à ses cours d'Histoire (mais se moque implicitement d'une infirmière qui ne sait pas qui est Jean d'Ormesson). Alors, il faut réapprendre à notre super-féministe que, si elle peut aujourd'hui « bouffer du gazon » (c'est elle-même qui le dit à un moment donné) avec sa Jennah, sans que personne y trouve à redire sauf quelques indécrotables abrutis mal-intentionnés, c'est aussi grâce à « ces gens » qu'elle trouve tellement cons ! Eux qui se sont battus contre le Monstre, contre la Bête immonde qu'a été le nazisme… Ne sait-elle donc pas que, si « ces gens » n'avaient pas réussi à contrer l'horreur absolue, si la grande Germanie voulue par Hitler avait vaincu « ces gens », elle serait aujourd'hui – si seulement on l'avait laissé naître - dans un camp de concentration en train de crever à cause de ses préférences sexuelles tellement librement affichées ?
Est-ce Eunice qui écrit cela, soulignant ainsi de façon dramatique le manque d'une certaine connaissance historique élémentaire chez nos jeunes ? Eunice étant censée avoir 19 ans, mais comme je disais, il y a une confusion entre le personnage et l'autrice. Serait-ce alors l'autrice qui pense réellement ce qu'elle a écrit dans ce petit paragraphe qui m'a tant bouleversé tant il est inadmissible ?
« Liberté, j'écris ton nom… » disait un autre poète, mais il faisait quant à lui partie de ces combattants - non militaire, certes, mais tout autant combattant ! Était-il donc lui aussi « con » aux yeux de notre Eunice / autrice ?...

Oui, on peut se battre avec des mots, quel que soit le combat, mais dire n'importe quoi au nom de ce combat ? Eunice, dans sa quête et son combat, crache indifféremment sur toutes les tombes, y compris sur celles qu'elle aurait dû apprendre à respecter, au moins un peu… Moi, ça me donne une seule envie : cracher sur ce livre qui mélange tout sans aucun intérêt.
Bref, merci à Babelio et aux éditions du Seuil de m'avoir confié ce livre… mais non merci !
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La forme, inspirée du slam que Jennah fait découvrir à Eunice, est un point fort de ce récit. C'est souvent très beau, ça donne le rythme, et puis parfois aussi, c'est agaçant. le tutoiement rend le texte encore plus incisif. le vocabulaire, volontairement jeune et bourré d'anglicismes, a parfois clairement gêné ma lecture. L'auteure, qui a dépassé la quarantaine, réussit avec brio à incarner une jeune narratrice à la prose plutôt très moderne. le côté provoc quand Eunice parle de sexe, de façon très directe et crue, ne m'a pas perturbée, à l'opposé j'ai trouvé que le côté féministe était un brin trop appuyé (l'atelier d'écriture était de trop à mon goût). Je n'ai pas apprécié non plus les pages consacrées à du «binge drinking», phénomène que je ne comprends pas, et, ici, d'autant plus surprenant qu'Eunice est choquée de découvrir qu'il arrive à sa mère de prendre de la drogue. le cheminement d'Eunice après la mort accidentelle de sa mère est fort intéressant : après une phase de déni du côté accidentel de ce décès, elle mène son enquête qui la conduit … à mieux connaître et comprendre sa mère. Mais le dernier chapitre m'a paru de trop, assez plat par rapport à l'ensemble du récit, et est pour beaucoup dans mon impression finale assez mitigée. Une lecture intéressante mais pas inoubliable !
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Premier roman de Lisette Lombé, slameuse que j'ai déjà eu l'occasion d'entendre plusieurs fois et dont j'ai déjà lu et apprécié quelques poèmes et slams.

Je ne cache pas ma déception ici. Je ne retrouve pas la vitalité d'écriture des poèmes, ni le ton revendicatif des slams. Et pire, j'ai parfois l'impression que l'auteure a récupéré des textes d'adolescence qu'elle a cousu ensemble avec une intrigue sans beaucoup d'originalité.

Les thèmes abordés sont les thèmes « classiques » des slams : féminisme et sororité, dénonciation du harcèlement, rébellion contre l'obsolescence programmée des femmes quarantenaires et les stéréotypes féminins, revendication aux conquêtes masculines, aux relations sans lendemain et à la recherche du plaisir. Pas de nouveauté non plus dans ses laïus contre les profs, les salariés, les gens ordinaires (qui bien souvent aimeraient eux aussi sortir de leurs conditions mais n'en ont pas le luxe), ni dans les revendications sur la place des artistes.

Décevant. Voire même affligeant. Préférez ses slams et ses prestations publiques.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Slamer , c'est juste courir, Eunice ! Tu saisis le pied de micro. Tu es une guerrière. Tu es une championne. Plus de place pour la frousse. Juste tracer, faire confiance à ta foulée. Tu es majestueuse. Tu griffes le tartan avec élégance. Tu donnes tout.

Tu cours pour ta tante, tu cours pour ta mère.
Tu cours pour Jennah.
Tu cours pour tes amies.
Tu cours pour toutes les femmes de ta famille.
Tu cours pour toutes les femmes de la planète.
Tu cours pour les vivantes et pour les mortes, pour les fragiles et pour les fortes.
Tu cours pour chaque fille présente dans la salle, là, ce soir.
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On peut sortir du ventre d'une femme, on peut être nourrie par elle durant près de vingt ans , on peut vivre sous son toit, dormir toutes les nuits à une cloison d'elle, et ne s'être jamais demandé qui était vraiment cette femme. Qui s'intéresse à ce que sa mère ressent en tant que femme ? Qui se souvient même que sa mère n'a pas toujours été une mère ?
Pourquoi faut - il toujours attendre de retomber sur un vieux collier de nouilles peintes en violet pour se rappeler que les mamans aussi sont mortelles ?
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Hier, le MC a introduit la soirée en disant qu’on n’arrive jamais au slam par hasard, que c’est le slam qui nous choisit au moment où nous avons le plus besoin de transformer nos émotions en poèmes. Tu ne sais pas si ces considérations s’appliquent à toi, Eunice, mais tu sens qu’il s’est passé quelque chose d’important, hier, derrière le micro.
Tu le sens dans ton corps. Tu pètes la forme ce matin. Tu t’es réveillée à cinq heures trente avec une envie féroce d’écrire un nouveau texte. C’est comme si tes idées étaient des grains de maïs trempés dans une huile en ébullition, qu’elles boursoufflaient à toute vitesse, explosaient et débordaient de la casserole en tous sens.
Les mots jaillissent. Les pages de ton calepin semblent se noircir d’elles-mêmes. Tandis que tu écris, tu observes ta main se déplacer de gauche à droite et fébrilement revenir à la ligne. Sensation étrange d’être la spectatrice d’une autre personne, diserte, confiante, lyrique, une personne qui a un tas de trucs à dire sur le monde et qui ne se sabote pas en questionnant sa légitimité et sa capacité à pondre des histoires intéressantes.
Tu te laisses porter. Tu ne contrôles rien. Tu ne tentes pas de faire du beau, du logique. Tu te fous des fautes d’orthographe, tu bazardes la ponctuation. Tu n’ordonnances rien. Tu traces.
Écriture automatique.
Une phrase puis une phrase puis une phrase.
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Tu ne connais pas beaucoup de personnes qui supportent les longs silences. Après un long silence, on dit souvent des conneries. Madou n'échappe pas à la règle. Entre deux taffes sur sa clope, elle commente les funérailles. Elle te fait penser à Stéphane Bern ... C'est parfait ! Absolument parfait ! Jamais vu ça dans une église, autant de monde, autant de soutien ! Jamais entendu des textes aussi poignants, surtout celui de cette élève, la noire, la déléguée de classe ! Jamais vu des graviers aussi blancs !
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Ce soir, il [ton frère] va s'endormir d'une traite tandis que toi tu te relèveras dans la nuit pour aller admirer les étoiles. Tu te sentiras fragile, minuscule. Tu pleureras en t'imaginant assister aux futurs enterrements de tes parents puis, ascenseur émotionnel, tu pleureras de joie, traversée par la chaleur irradiante de cette conscience d'être au monde. Tu te demanderas si d'autres enfants que toi veillent de la sorte ou si tu es la seule à penser à ce genre de choses dans le noir. Tu auras envie d'écrire tout ça, l'étoile du Berger, le vent fort qui fait vibrer les lampadaires, la clarté trouble et orangée, se sentir exister. Mais tu devras laisser tourner les images en toi parce qu'une fillette de onze ans n'allume pas la lumière à deux heures du matin pour écrire sans inquiéter ses parents.
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Vidéo de Lisette Lombé
Aujourd'hui nous sommes heureux d'accueillir deux poétesses, qui font battre le coeur et les tripes de la poésie contemporaine, Rim Battal et Lisette Lombé. Leur écriture est un chant poétique, souvent un cri sensible qui perce la nuit des fantasmes et des non-dits, où les textes se conjuguent au féminin, plus que parfait faut dire, tant le réalisme des sensations, des situations, tranchent avec la pudeur et les réserves d'autrefois.
Elles ont décidé de conquérir le monde, ses forces et ses faiblesses, en envoyant valser les rapports de force, pour que les rimes et la langue délient les secrets de vies cachées, et nous offrir ainsi des poèmes sulfureux, sorte de nectars poétiques qui saoulent l'âme et la conscience d'un liquide de français espiègle à la beauté lexicale inattendue et radicale.
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