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3,76

sur 1707 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un régal et une déception !
Lauréat du Prix Renaudot 2020, Histoire du Fils, le dernier roman de Marie-Hélène Lafon m'a parfois emballé mais plus souvent embrouillé et finalement déçu.
Pour réaliser une saga familiale d'une telle ampleur – elle s'étale sur un siècle, de 1908 à 2008 – il aurait fallu un énorme pavé de plus de cinq cents pages ! Or, rien de tout ça. En cent soixante-dix pages, avec son style soigné, peaufiné, travaillé sur l'établi comme Marie-Hélène Lafon aime le dire, elle tourne autour d'André, fils d'un père devenu vite invisible après son lycée à Aurillac (Cantal).
Fidèle à son habitude, l'autrice excelle à parler de la campagne, de la montagne, entre Aurillac et Figeac (Lot). Elle joue avec les odeurs, les parfums mais me perd vite en tant que lecteur avec une cascade de prénoms.
J'aurais aimé que l'internat au lycée, en 1919, soit plus développé mais l'autrice a choisi une autre option : elle fait des bonds dans le temps, débutant en 1908 pour un terrible drame familial, passant donc au lycée en 1919 puis sautant en 1950 pour revenir à 1934 et plus loin encore en 1923 puis 1935, 1960, 1962, 1945, 1984, 1974 et pour finir en 2008 devant des pierres tombales, dans le cimetière de Chanterelle (Cantal) où tout a commencé.
Entre frères, soeurs, neveux, petits-neveux, père, mère, cousins, cousines… Marie-Hélène Lafon m'a encore perdu dans ses dernières pages pour montrer toute l'étendue d'une famille, des liens tissés ou distendus entre les êtres.
Enfin, j'aurais vraiment aimé qu'elle creuse davantage ce personnage de Paul Lachalme qu'elle abandonne trop vite, laissant planer son ombre au-dessus du roman. Avec Gabrielle, il a eu un enfant, le fameux fils, André, qui cherchera à rencontrer ce père si énigmatique qui ne sait même pas qu'il a un fils…
Malgré ces quelques reproches, j'ai apprécié une fois encore l'écriture de Marie-Hélène Lafon et sa façon tellement précise de décrire nature et êtres. de plus, elle gagne sur les deux tableaux car elle connaît parfaitement le monde rural dont elle est originaire, et la vie à Paris où elle réside. Histoire du Fils est donc un roman bien dans la lignée de ses précédents livres.
Avec Antoine dans les dernière pages, je ressens une infinie tristesse en constatant ce choix de l'éloignement, de l'abandon des lieux de vie familiaux pour d'autres bien lointains, abandonnant toutes racines. C'est ce que nous a apporté la fin XXe siècle et ce qui s'est accentué au début du siècle actuel.

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En quelques dizaines de pages, Marie-Hélène Lafon fait parcourir à ses lecteurs une saga familiale qui s'étend sur un siècle. Elle choisit de le faire par tranches événementielles en mélangeant les époques tout en prenant soin de donner les repères des dates. Cette construction ne me convient pas, je trouve qu'elle dilue l'attachement que le lecteur peut ressentir à l'égard des personnages que j'ai trouvés dans l'ensemble assez fades.

Une seule se détache parmi la banalité de ces vies, la personnalité puissante de Gabrielle qui a osé prendre en main sa vie, un peu tard comme elle le ressent elle-même et pas toujours suivant une réflexion mûrie. L'histoire du fils est écrasée par celle de la mère, magistrale dans ses attitudes et son réalisme.

Il reste une très belle écriture qui sait traduire tous ces instants de vies avec précision, poésie, lyrisme quelquefois. Malgré donc mes regrets quant à la construction et à la brièveté du propos, c'est un plaisir de lire Marie-Hélène Lafon.

Dommage, à mon goût, qu'elle n'ait pas choisi de structurer son récit, pour lui donner plus d'ampleur et aller davantage en profondeur dans le vécu et les vies des personnages principaux, par exemple le père d'André dont le comportement a sans doute été tout le contraire de celui de son fils résistant durant l'occupation allemande. Elle a peut-être fait ce choix pour aller vers l'essentiel et condenser toutes ces vies et ces sentiments, laissant à ses lecteurs la faculté d'aller plus loin dans chacune de ces destinées.
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C'est une histoire touchante sur la filiation, l'absence et les non-dits, sur la quête d'identité, le besoin de connaitre ses origines, les manques et ces questions étouffées avec lesquelles on se construit. C'est l'histoire d'un fils de père inconnu et de sa famille.

Je suis quand même un peu partagée. D'un côté, la construction m'a dérangée et m'a empêchée de complétement me projeter. Elle se répartit en douze journées sans ordre chronologique apparent ; douze journées comme les douze coups de minuit (?) ; douze journées qui représentent chacune une période charnière de la vie d'un personnage et s'alignent comme des césures pour raconter un siècle d'histoire familiale, de 1908 à 2008.

De l'autre, l'écriture de Marie Hélène Lafon a de quoi charmer. Elle s'attache à cueillir avec délicatesse et subtilité les sentiments des protagonistes tout en laissant une marge d'interprétation que chacun comblera selon sa sensibilité. Chaque journée est un instant choisi, presqu'une histoire dans l'histoire dans laquelle l'émotion se nourrit de ces petits riens qui font tout.

Les personnages féminins ont également beaucoup de charisme, chacun à leur manière, que ce soit la mère biologique d'André, sa tante Juliette, ou même la femme de Georges (dont j'aurais bien apprécié qu'elle soit un peu plus développée)

Une lecture agréable, mais un peu trop condensée selon moi, et qui manque de fluidité dans la continuité.
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Voilà un roman magnifiquement écrit, mais …. est-ce que cela suffit à faire un bon roman ?

Le premier chapitre est un petit bijou et nous embarque sans crier gare dans l'histoire de cette famille auvergnate, avec une avalanche de seconds rôles, de prénoms, d'informations. Deuxième chapitre : on fait un sacré bon temporel. de nouveaux personnages, de nouveaux prénoms apparaissent, et il est difficile de faire le lien avec le premier chapitre. Qu'à cela tienne, je me suis accrochée un peu et, grand bien me fasse, quelques pages plus loin les choses s'éclaircissent.

Chapitre après chapitre, on devient ainsi la marionnette de l'auteure qui nous trimballe d'une époque à l'autre, dans un jeu de bond et de rebond temporel. Ça donne un peu le tournis, mais une fois qu'on dépose le livre, qu'on descend du train pour se poser un moment sur le quai d'une gare de province, histoire de prendre un peu de distance avec cette lecture, on se dit ouais, c'est bien joli, mais quel est l'enjeu ? quel est le but de ce chemin ?

Arrivée à la page cinquante-quatre. Tout est dit : le fils né de père inconnu connait désormais le nom et la date de naissance de son géniteur … Bien sûr le lecteur ne sait pas qu'il est arrivé et il se demande avec excitation de quoi sera faite la bonne centaine de pages restantes. Et là c'est la déception car il n'y a rien de véritablement neuf. Certes l'écriture est toujours aussi sublime mais le rythme ralentit et surtout aucun élément neuf ne vient nourrir l'intérêt pour cette histoire. Les personnages principaux semblent à bout de souffle (ou peut-être est-ce la lectrice ?), un peu hors de cette histoire - qui est pourtant la leur – comme si eux-mêmes étaient les spectateurs de leur propre vie, comme s'ils n'y croyaient pas, résignés à vivoter et à éviter les situations embarrassantes pour préserver leur petite tranquillité quotidienne.

Heureusement il y a le plaisir des mots, et quelques passages magnifiques sur Gabrielle, une femme libre dans la France des années 1900-1920. Je me suis même demandée si cette femme, qui restera pour moi un mystère jusqu'au bout, n'était pas là le véritable sujet du livre. Bon ce n'est pas ce que le titre suggère. Et donc fort probablement suis-je passée à côté de ce roman.

Peut-être que le style de Madame Lafon convient mieux à une nouvelle : je poursuivrai mon voyage avec des nouvelles. Un jour.
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Les branches invisibles de l'arbre généalogique

Le nouveau roman de Marie-Hélène Lafon est aussi fort que les liens de famille, aussi solidement ancré que le pays originel, même si ceux-ci semblent s'être évaporés.

Comme un vigneron mélange plusieurs cépages ou plusieurs cuvées pour composer un vin plein de finesse et d'arôme, Marie-Hélène Lafon a réalisé son propre assemblage pour construire un roman à l'histoire aussi familiale que minérale, où l'émotion et les sentiments font fi de la chronologie. Histoire du fils pose un arbre généalogique sur une carte de France pour aussitôt constater que des zones d'ombre existent dans l'histoire familiale autant que dans la géographie. Des zones d'ombre que le livre va tenter d'éclairer.
Paul Lachalme est un élève doué auquel l'école républicaine va donner sa chance. Après ses bons résultats à l'école primaire, il va pouvoir poursuivre son parcours d'excellence à Aurillac où il sera désormais pensionnaire. C'est là qu'il va tomber sous le charme de Gabrielle, une infirmière avec laquelle il rêve déjà de mener la grande vie. Quand il monte à Paris pour finir ses études de Droit et devenir avocat, il se réjouit qu'elle puisse le rejoindre. En revanche, ce qu'il ne sait pas, c'est que cette dernière est enceinte. Aussi quand elle met au monde André, elle préfère le confier à sa soeur Hélène avant de filer vers la capitale.
Le garçon va grandir à Figeac, auprès d'Hélène et de son mari Léon, recevant irrégulièrement la visite de sa mère. Car la belle idylle a fait long feu. Mais Gabrielle a choisi de rester à Paris.
Marie-Hélène Lafon joue alors avec les non-dits et les secrets de famille, proposant au lecteur diverses pistes. Que sait Paul de sa paternité? Gabrielle a-t-elle caché sa descendance? A-t-elle voulu instaure rune sorte de mur entre Paris et la Province? Hélène va-t-elle présenter André à son père? André sera-t-il plus heureux à Paris, entre des parents biologiques séparés qu'en province où il a ses racines? À l'image du roman qui passe allègrement d'une année à une autre, on suit les interrogations des uns et des autres et on tente de rattacher les bribes des lignées familiales qui vont couvrir tout un siècle. Servi par une écriture très sensuelle où les lieux changent en fonction des saisons, où les parfums et les odeurs sont indissociables des personnages qui les traversent, le roman raconte aussi la métamorphose d'une France qui a traversé deux guerres et le bouleversement des rapports humains. C'est alors que l'on prend conscience que le sujet du livre pourrait fort bien être ailleurs. Derrière la filiation, ou plutôt devant, la romancière ne nous a-t-elle pas donné un livre sur la solitude, sur le manque qui va accompagner chacun des protagonistes, depuis ce frère jumeau qui meurt ébouillanté, laissant son frère seul jusqu'à ce petit-fils revenu à Chanterelle, où tout a commencé.



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Oui, c'est vrai, l'écriture est sublime, pensée, méticuleuse, presque surannée ; on l'imagine manuscrite, avec pleins et déliés. Un vieux cahier trouvé dans un grenier, l'émotion de la découverte, la machine à remonter le temps, ces ancêtres anonymes qui soudain prennent vie autour de soi. On en pleurerait.
Les mots sont ciselés, choisis comme une parure au fond d'un coffre à bijoux. J'ai ressenti l'exigence de l'auteure, son insatiable recherche de justesse. J'aime sa façon de parler de l'amour et du désir, avec pudeur, en gardant la bonne distance (ex : p35-36). J'admire la beauté de sa langue, la force de ses images qu'elle évoque un moment dans les traits d'un personnage : « Cette femme, Silvia, disait ça, vivre à la proue, être affûtée. Elle parlait souvent avec des images qui ne se comprenaient pas tout à fait du premier coup mais qui se plantaient dans l'os et y restaient ».
Mais l'histoire ne m'a pas conquise, peut-être par son manque d'originalité. La remontée de l'arbre généalogique, la quête de père et de repère, la question de l'identité la vieillesse venant… Une impression de déjà lu. Dans le genre, le Camille de Toledo (différent dans le style et dans la forme) est plus fort.
Je me suis perdue au milieu de cette famille éclatée, de cette galerie de personnages dont je n'ai pas toujours saisi l'intérêt. Certains chapitres m'ont éblouie, d'autres m'ont ennuyée. Je me suis surprise à revenir en arrière, à tenter de comprendre qui étaient cette cousine ou cet oncle qui n'avaient pas retenu mon attention.
Un roman court, à dévorer pour l'étonnante alchimie du style, entre pureté et virtuosité.
Bilan : 🌹
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C'est l'histoire de deux soeurs, Hélène et Gabrielle. Suite à une aventure, Gabrielle tombe enceinte d'André. Elle décidera d'en laisser la garde à sa soeur Hélène et à son mari Léon. le petit André va ainsi grandir au sein d'une famille déjà composée de trois filles. Il sera choyé et aimé, mais ressentira malgré tout le manque d'une mère peu présente et surtout l'absence d'un père inconnu.

Je ressors assez mitigée de ce roman qui, pourtant, avait tout pour me plaire. Une histoire familiale étalée sur presque un siècle et la recherche de ses origines, tel est le postulat de départ de ce court récit. Je suis très friande de ces thématiques, mais ici, ce qui m'a fait défaut est le schéma narratif.

L'histoire est narrée comme des tranches de vie à plusieurs époques différentes, et l'auteure change constamment d'espace spatio-temporel tout au fil des chapitre. Ce pan du récit ne m'a finalement pas permis de rentrer pleinement dans l'intrigue, qui m'a parue trop décousue. Pourtant, l'auteur veille bien à indiquer à son lecteur en tout début de chapitre l'époque afin de ne pas le perdre complètement.

Je reste sur ma faim avec ce schéma narratif, ayant une impression de discontinuité dans les événements. J'avais à peine le temps de rentrer dans le passage en question que Marie-Hélène passait à un autre pan de l'histoire, avec énormément d'années d'écart. Je serai restée en retrait tout au long de ma lecture.

Il s'agit d'un roman qu'il serait préférable de lire d'une traite afin de bien appréhender les événements et de ne pas en perdre le fil rouge. Les personnages sont bien esquissés et j'ai particulièrement apprécié André. J'ai parfois eu du mal avec Gabrielle. Malgré tout, l'auteure a su leur donner densité et relief.

La plume de l'auteure est très particulière. C'est ma première incursion littéraire dans l'un des romans de Marie-Hélène, et je me suis sentie déroutée à plusieurs reprises, notamment par un style vif et dépourvu d'une ponctuation classique. À mon goût, le manque de virgules m'a parfois gênée. Malgré tout, la plume est poétique et très fluide.

Ce roman a été pou ma part une petite déception, notamment à cause d'un schéma narratif trop décousu et qui ne m'a pas donné l'occasion de rentrer dans l'histoire. Malgré tout, les personnages bien esquissés et une plume particulière m'ont donné l'occasion de découvrir un beau roman.
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Le livre de Marie-Hélène Lafon n'est pas parfumé. Dommage ! Car les pages de son roman diffusent plein de bonnes odeurs. Gabrielle, qui vit à Paris, va confier à sa soeur et beau-frère, ainsi qu'à ses nièces, son fils de père inconnu.
Beaucoup de prénoms, d'ascendance et descendance où le lecteur se mêle les pinceaux. À lire pour la beauté des mots.
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Un avis en demi-teinte.
Certes l'écriture est élégante et poétique.
Il y a des passages qui m'ont vraiment embarquée dans le récit mais ils sont trop peu nombreux.
Certains personnages auraient mérités qu'on s'y attache, André, Hélène ou Léon, mais ils sont trop survolés pour que cela soit possible.
Et puis pour un roman si court, il y a des longueurs, trop de longueurs.
Bref, un sentiment mitigé.
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Premier livre de Marie Hélène Lafont
J'avais un à priori favorable car je l'avais entendu dire son admiration pour Pierre Michon et ses Vies Minuscules
Prix Renaudot 2020, ce qui n'est pas forcément une référence
Mon avis est simple: je n'ai trouvé aucun intérêt à l'histoire qui m'a paru bien banale . Une famille française sur un siècle avec des personnages très ordinaires et pas du tout marquants
C'est vrai que je venais de lire Betty de Tiffany McDaniel, histoire d'une famille cherokee bien plus forte et Heritage de Miguel Bonnefoy , histoire d'une famille jurassienne émigrée au Chili ,avec un souffle que je n'ai pas retrouvé dans cette fade Histoire du fils
J'ai quand même continué la lecture pour le simple plaisir de l'écriture avec de belles trouvailles
Marie Hélène Lafont a encore quelques marches à grimper avant d'atteindre le niveau de Pierre Michon
Malgré cette critique, j'ai envie de découvrir un autre livre de Marie Hélène Lafont à condition que la trame narrative soit un peu plus solide
Ceux ou celles qui connaissent bien son oeuvre pourront peut-être me donner un conseil
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