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O'lee (Illustrateur)
EAN : 9782354887117
506 pages
Gulf Stream Editeur (10/10/2019)
3.76/5   209 notes
Résumé :
La mägerie n'obéit qu'à un seul principe : elle ne peut s'exercer qu'à deux. Liutgarde le sait. Elle a pourtant fui Ortaire, l'époux qui lui avait été imposé, renonçant ainsi à son pouvoir. Exilée au nord des terres, elle serait morte sans l'aide des caravaniers et de Rollon, un mäge à l'esprit torturé. Épris l'un de l'autre, Liutgarde et Rollon se déplacent en roulottes avec leur communauté dans l'hostile forêt de la Sylverëe, ancien royaume des Faëes de l'Hiver. M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (92) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 209 notes
Si je te dis “trône” et “hiver”, tu penses soit à une épidémie de gastro, soit à la saga de George Martin dont le prochain tome paraîtra en l'an 2146. La première option, je ne m'étalerai pas dessus, elle le fait très bien elle-même. Quant à la seconde, plus besoin d'attendre le winter qui n'en finit pas de coming. Il est là, l'hiver, dans ce pavé de cinq cents pages.


Philippe ! C'est ce que je me suis écrié en reposant le bel et bon(1) Moitiés d'âme. Ce bouquin vaut ses vingt boules, aussi bien comme objet qu'au poids ou pour son contenu.
Édition grand luxe, avec une couverture et une quatrième qui tapent dans l'oeil, tranche de gouttière illustrée, ruban marque-page, une jolie carte du monde à l'intérieur, des en-têtes de chapitres ornés de trônes, une police de caractères pleine de ligatures dans le style de la Pléiade, ça, c'est du beau livre !
Des fois que l'épaisseur du bouquin te rebute, rassure-toi. Moitiés d'âme n'est assommant que si on l'utilise comme projectile. À la lecture, le mastard passe crème. Rien à jeter, chaque passage est là pour une bonne raison, sans longueurs ni remplissage superflu.
Le roman forme un tout et se suffit à lui-même. Une bonne chose, parce que je suis gavé des “premiers tomes d'exposition”, noircissage inutile de papier pour mettre en place trois éléments et demi hyper dilués, avant que l'histoire ne commence à décoller au deuxième volume. du travail de bras cassé, aussi bien côté auteur que côté éditeur, qui revient cher pour le client en temps de lecture et en argent ainsi qu'en patience entre deux épisodes. Donc bon point pour Moitiés d'âme, qui propose une histoire complète avec un dénouement, sans cliffhanger en mode “je t'ai bien eu, rendez-vous dans un an ou deux quand j'aurai écrit la suite”.
Trois autres titres sont prévus pour former une tétralogie : Les Chroniques des Cinq Trônes. Quatre tomes, cinq trônes, qui sera le perdant au jeu des chaises musicales ? Les paris sont ouverts. Enfin en attendant, si jamais la série s'arrête pour raisons x, y ou z, ou met des plombes à se poursuivre, au moins on n'aura pas l'impression de s'être fait voler sur la fin.
(Pour gagner du temps, je vais même te la raconter, la fin : le coupable est l'archimage Moutarde avec la boule de feu dans le laboratoire d'alchimie.)


De quoi z'est-il question dans Moitiés d'âmes ? de liaison dangereuse, de magie (la mägerie), de fées (les Faëes) et de trémas gravitant autour du couple formé par Liutgarde et Rollon. Les tourtereaux, biclassés mäges-romanichels, circulent au sein d'une caravane qui ne dépareillerait pas dans le jeu de rôle Hurlements, entre sa galerie de personnages travaillés et les tonnes de secrets planqués dans chaque roulotte. Rollon est en indélicatesse auprès de ses anciens maîtres de mägerie, Liutgarde est coursée après avoir fui un mariage forcé, leur histoire d'amour branlante se voit compliquée par la présence de dame Hölle, une Faëe pas trop portée sur la rigolade. Joyeux programme de péripéties annoncé !
Faut que je vous raconte !
Ou pas.
À voir défiler tant de mauvais papiers qui se croient – voire se croivent – obligés de te spoiler les trois quarts des bouquins, on en oublierait presque qu'une chronique n'est pas un exercice de résumé de texte au baccalauréat.


Or donc, Moitiés d'âme réunit tous les ingrédients d'un roman réussi. Tel un Vivaldi de la fantasy, Anthelme Hauchecorne construit son univers autour des quatre saisons. On visite ce monde original sans impression de déjà vu, sans finir non plus noyé sous deux mille milliards de détails inutiles. Pensée émue pour les foufous du world building, qui confondent roman et traité-de-géographie-manuel-d-histoire-guide-touristique, et te font perdre le fil du récit, écrasé par le décor. On sait ce qu'il y a à savoir et chaque élément fait sens par rapport à l'histoire et aux personnages. Rien de gratuit, tout sert (principe du fusil de Tchekhov) et en plus on ne voit pas les coutures. Jamais tu ne penses “tiens, s'il mentionne ça, c'est qu'il va s'en servir plus tard”. J'allais dire que la mécanique est camouflée dans la narration, mais encore mieux : elle s'intègre au récit. Pas de soudure mais un alliage, comme quand tu mélanges du cuivre et de l'étain pour couler du bronze.
Écriture de haute voltige tant sur le plan technique qu'artistique. J'avais déjà trouvé le gars Hauchecorne très bon sur Journal d'un marchand de rêves, excellent sur le Carnaval aux Corbeaux et Âmes de verre, il a encore repoussé les limites. Mais où s'arrêtera-t-il ?
L'univers, encore plein de points d'interrogation une fois la dernière page tournée, donne envie d'en découvrir davantage dans les tomes suivants. Chaque personnage, tout en facettes et nuances, possède une profondeur rare. Jusqu'aux rôles secondaires qui ne se contentent pas de faire de la déco ou de se limiter à un rôle technique adjuvant/opposant. La langue est aux petits oignons (ça fera plaisir à Hannibal Lecter), riche, stylée, ciselée. La narration réalise un sans-faute, que ce soit l'intrigue, les dialogues, le rythme. Bref, tout témoigne d'une maîtrise parfaite de l'écriture. À l'arrivée, un plaisir de lecture que je n'avais pas ressenti depuis un moment.


À qui conseiller ce livre ? À tout le monde. Bon après, si tu es allergique à la fantasy, ça complique les choses et je ne peux rien pour toi. Mais sinon, vas-y franco ! Dès 15 ans d'après le site de l'éditeur. Je dirais même dès 10 ans, si tes gamins sont des mini-moi qui ont englouti les références du genre avant leur entrée en 6e. Sans limite maximale d'âge. Qu'on ne s'arrête pas au classement jeunesse (drôle d'idée que cette étiquette, à mon sens contre-productive mais passons…), Moitiés d'âme parlera aussi aux adultes à travers les différentes grilles de lecture qu'il propose.
Les relations humaines forment le coeur du propos, centré autour du couple Rollon-Liutgarde et du triangle avec dame Hölle (mais pas que, chaque protagoniste raconte à sa façon quelque chose sur le sujet). Un coeur complexe avec soixante-douze ventricules : relations amoureuses, dysfonctionnelles ou toxiques, engagement, trahison et confiance brisée, secrets et non-dits, complémentarité et dépendance, jalousie…
Par-dessus, la mägerie, “qui ne peut s'exercer qu'à deux” dixit la quatrième de couverture, amène une réflexion sur le pouvoir. La quête du toujours plus, la corruption qui découle de son exercice surtout s'il est solitaire, la tentation de la facilité quand il s'agit d'en abuser, l'échec écrit d'avance quand il fonctionne sur la base d'une opposition entre les parties prenantes. L'exercice du pouvoir nécessite harmonie et concorde.
Et c'est là qu'on voit que Moitiés d'âme relève de la fiction. Parce que dans le monde réel, la concorde a eu droit à l'aller simple au fond du trône avant de finir noyée sous la chasse des intérêts partisans.


Sur ces bonnes paroles, je vais rejoindre la mienne, de moitié d'âme, pour exercer à deux la mägerie du Printemps et son arcäne de la Sève.


(1) Note pour les ceusses qu'auraient pas compris l'allusion.
Philippe le Bon (1419-1467), duc de Bourgogne et papa de Charlie le Téméraire.
Philippe le Bel (1268-1314), roi de France, naquit dans la pourpre impériale. Sa mère l'installa sur le trône aux cris de “vive le roy ! vive mon baby Bel !”. Depuis, un fromage porte son nom pour commémorer l'événement.
Lien : https://unkapart.fr/chroniqu..
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Ce roman est une pure merveille. L'idée de base - la mägerie qui ne peut être pratiquée qu'à deux par les humains, métaphore des relations de couple - est particulièrement bien trouvée. Et puis, comme toujours avec l'auteur, c'est brillant, avec un univers fouillé en toile de fond (et amené très intelligemment, distillé petit à petit au fil du récit), une intrigue prenante et riche en rebondissements, des dialogues savoureux, et surtout des personnages très humains, attachants et criants de vérité car montrés dans toute leur complexité, le tout porté par une belle écriture. C'est un pavé qui se dévore ! de plus, l'ouvrage en lui-même est très beau, soigné dans ses moindres détails. C'est un superbe objet-livre dont le contenu est à la hauteur de l'écrin.
J'ai vraiment apprécié l'atmosphère sombre et hivernale de l'histoire, ainsi que le fait que rien n'y soit manichéen. Avec sa dénonciation de l'individualisme en sous-texte, le roman est également porteur d'un message altruiste et humaniste. J'ai été particulièrement touchée par les toutes dernières lignes, la conclusion du récit est magnifique... Si le destin des personnages n'est pas complètement scellé au dernier chapitre, celui-ci ne nous laisse pas sur notre faim. Et l'on referme le livre en songeant que, lorsque l'occasion se présentera de nouveau (car, bien qu'il se suffise à lui-même, il s'agit du premier tome d'une tétralogie), l'on se replongera avec bonheur dans l'univers des Cinq Trônes...
Nul doute que cet excellent récit d'Anthelme Hauchecorne remportera des prix et le coeur des lecteurs.
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Je remercie Anthelme Hauchecorne pour m'avoir envoyé son livre. L'ouverture de l'enveloppe a été reçu par un grand "waouh". le livre est magnifique, couverture cartonnée en relief, dessin sur la tranche des pages, papier épais, ruban marque-page. J'ajouterai que j'ai eu l'impression qu'il était doré à l'or fin tellement il est délicat. C'est une édition de luxe, un collector qui va trouver sa place comme il faut dans ma bibliothèque.

Il s'agit du premier tome d'une tétralogie fantasy des Chroniques des Cinq Trônes. Au début, j'ai cru qu'il n'y avait qu'un seul tome, car il n'y a pas de réelles indications qu'il s'agit d'un premier, par contre la fin nous laissant avec beaucoup de questions, je me suis dis qu'il y avait forcément une suite. Ici nous parlons de l'hiver, je pense que comme les saisons sont quatre, 4 livres, hum, vous voyez où je veux en venir ? Mais peut-être que je me montre. Ce qui sera le cas, plus tard. Dans tous les cas, j'ai terminé la lecture il y a un mois et je ne savais pas trop comment aborder le récit. Pas que je n'ai pas aimé, bien au contraire, c'est plutôt que je voulais une chronique à la hauteur de l'histoire. Et surtout parce que je ne me sentais pas prête à l'écrire.

Rollon et Liutgarde sont les personnages principaux de cette histoire, avec en prime, une faëe, dame Hölle. Nous suivons les deux premiers au coeur d'une caravane. Plusieurs mäges, érudits et chasseurs font route pour le sud. le froid est de retour et Liutgarde désire se poser. La vie sur la route commence à lui peser, elle qui a fuit son mari, celui qu'elle a été obligé d'épouser veut enfin un petit chez soi, avec le mäge Rollon. Ce dernier a un passé bien plus noir que ne le laisse le supposer les premiers écrits, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que nous en apprenons un peu plus chaque jour. Si elle arrive à les faire tous aller dans ce sens, Rollon reste pessimiste. Partir loin de la foret de Sylverëe, bien qu'elle aie mauvaise réputation semble le perturber. Ce voyage si bien commencé ne va pas le rester bien longtemps. L'ombre d'une faée, probablement la seule et unique qui est encore en vie semble noircir le tableau.

Un premier tome froid, glacial même. L'hiver est là, aux portes des caravanes, dans la foret, dans le coeur de Dame Hölle et de ceux qui se méfient de la mägerie. L'amour entre Rollon et Liutgarde sera-t-il assez fort pour briser la glace ? Difficile à dire en faisant tourner les pages les unes après les autres. Les événements s'enchainent les uns après les autres, lentement, mais sûrement. Il y a tellement de choses à découvrir que l'auteur nous laisse prendre le temps de les apprécier, de découvrir le passé de chacun et le présent, apportant un avenir bien sombre. le texte est fluide, complet, complexe à souhait sans pour autant nous perdre dans des descriptions faramineuses. Nous sentons bien qu'il se trame quelque chose dans cette foret.

C'est d'ailleurs un personnage à part entière qui abrite de sombres secrets. Elle est vivante, bien plus qu'on ne le croit. La manière dont l'auteur aborde certains sujets nous mènent à certains points de réflexion. Dévaster une foret de ses arbres nous fait penser aux sujets de notre société. La déforestation d'une manière générale, le fait que la nature se rebelle, à sa façon. Un parallèle voulu, ou non, peu importe. Il s'agit de la nature, elle-même qui est à l'origine des meilleurs points positifs de notre propre existence. Dans le texte, cette foret nous démontre qu'elle est capable de se défendre et d'agir en conséquences des actes des hommes. Elle ne se laisse pas faire et est prête à tout pour rester indestructible.

Et puis au coeur de cette majestueuse foret, il y a ce personnage, cette faée, cette Dame Hölle, prisonnière. Pourquoi ? Comment ? Que veut-elle ? Les réponses viennent d'elle-même sans qu'on les cherche. Bien que physiquement elle n'est pas là, elle est omniprésente tout au long du texte, enrichissant les pensées de chacun. Que ce soit en bien ou en mal, elle est partout, capable de rappeler à l'ordre des êtres qui sont loin. Dame Hölle est complexe, à la fois forte et fragile. Insouciante ? Non, je n'irai pas jusque-là. Fourbe lui conviendrait mieux, sarcastique, cruelle, dangereuse, manipulatrice. La folie d'une faée ne ressemble à aucune autre folie. Celle de ce personnage est difficile à cerner, jusqu'où est-elle capable d'aller pour assouvir son but ? Et d'ailleurs, quel est son véritable objectif ?

Revenons à Rollon et Liutgarde, deux âmes en peine. Deux êtres qui ont besoin de se ressourcer, de se trouver, d'avoir une quête. Est-ce la même ? Seul l'avenir nous le dira. Toujours est-il que leur amour, si fort soit-il sera mis à rude épreuve. Rollon cache énormément de choses à sa dulcinée. Il a découvert Liutgarde en sang, puis l'a soigné, guéri. Elle est tombée amoureuse de lui, sans entraves, sans chaines, un véritable coeur pur. Leurs sombres passés les a réunis, pour le meilleur et pour le pire. Et ce dernier arrive à grand pas. La lutte est féroce, le combat rude et il n'y a aucun équilibre entre les forces du bien et du mal.

Ces forces viennent de partout à la fois. Il y a les compagnons de route, Rénard et Pirine, Muse et Diane, Griche et maître Cernault. Tous ont eu des déboires dans la vie et celle qu'ils sont en train de construire ensemble pourrait être la plus belle. Pourrait, si l'un d'entre eux ne cachait pas sa vraie nature. Chacun à une histoire a raconter, un bout de chemin parcouru qui les mènent là où ils sont. Même si les faées ne sont sensées plus exister, il y a encore des gens qui y croient dur comme fer. C'est peut-être grâce à cette idée que Dame Hölle est toujours en vie, ou tout simplement sa capacité à asservir les esprits même les plus forts.

L'auteur parle de ces écoles de magërie, là où les élèves les plus prometteurs y sont envoyés. de ces autres qui n'ont aucune capacité, mais qui font leur travail, plus ou moins bien. J'en viens au capitaine zozotant un grand maximum, sans S, que des Z, ce qui déroute au départ, pour au final se laisser prendre au jeu. C'est un homme qui n'a pas eu de chance dans la vie, qui a été maudit, jusqu'à sa fille. En parlant d'elle, c'est encore une autre histoire. Elle parait au départ comme le lourdaud de service, celle qui est douée dans les armes, pas belle, une grande gueule, pas attirante et qui préfère se battre aux côtés de son père plutôt que de tenter de se faire courtiser. Pour l'époque choisie, créée, elle détonne complètement. Plus le temps passe, plus nous apprécions ces deux personnages. L'auteur nous montre un instant d'intimité entre eux deux que j'ai trouvé très beau. Un peu de gentillesse, beaucoup de compréhension et d'amour. Contrairement aux fameux couple improbable : Cloud et Poppa qui sont de véritables monstres, le père et la fille nous montre que l'humanité a encore un espoir.

L'histoire est dense, suivant des hommes et des femmes qui nous montrent bien ce qu'ils désirent. Creuser est un terme que l'auteur aurait pu employer. Creuser sa propre tombe, gratter sous la couche de crasse pour y découvrir un coeur généreux ou au contraire, un véritable fléau. La mägerie doit être pratiqué à deux ? Qu'à cela ne tienne, nous avons des duos à chacun de nos pas. Des secrets bien gardés risquent d'être dévoilés. Qui dit bataille, dit guerre dit morts. L'auteur doit avoir une dent contre certains de ses personnages car il ne s'encombre pas de détails. Pouf et de un, et de deux et ainsi de suite. le principal reste que nous avons des réponses à nos questions. Pas toutes, cela ne serait pas drôle, mais une fois le mot de fin lu, il n'y a pas ce sentiment d'être incomplet.

D'ailleurs, l'auteur nous offre les mémoires de Maître Jaufré-Simon de Cernault. En quelques mots, il nous complète. Cette quête de savoir est bien trop importante pour un seul homme et bien trop dangereuse pour une seule caravane. L'harmonie du début n'est qu'un vaste brouillard qui est là pour camoufler un univers bien différent des légendes.

En conclusion, moitiés d'âme est un très beau livre autant par le contenu que le contenant. Un roman sombre, une histoire qui ne tourne pas qu'autour de l'amour entre deux êtres, mais sur les promesses, celles faites quand le noir était capable de vous faire perdre la vue. Bien que tragique, la fin reste belle, avec une note d'espoir. Reste à savoir si cela va rester une simple note ou au contraire, une chanson complète.


http://chroniqueslivresques.eklablog.com/moities-d-ame-chroniques-des-cinq-trones-anthelme-hauchecorne-a179329822
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Magie, fées et secrets bien gardés, tels sont les thèmes de ce premier tome des Chroniques des cinq trônes, pré-sélectionné pour le PLIB 2020. Un roman qui intrigue tant par sa conception de la magie que par les questions qu'il soulève...

Un univers riche et bien construit

Dans ce premier tome des chroniques des cinq trônes, l'auteur développe son univers. Il propose une version de la magie liée aux saisons : magie du printemps, de l'automne, de l'été, de l'hiver. A ce moment de l'histoire, seul l'Hiver prédomine dans le récit, à travers la forêt hostile et magique de la Sylverëe.

Les hommes naissent mäges naissent de façon mystérieuse et aléatoire. D'autres non et aimeraient bien posséder des pouvoirs comme le personnage de Griche, le forgeron de la caravane. Mais être mäge n'est pas forcément un cadeau : le Magistère, institution bien humaine, vous enlève à votre famille, vous apprend à utiliser vos pouvoirs en lien avec une saison, et surtout vous accouple avec un autre mäge que vous le vouliez ou non. C'est la raison pour laquelle Liutgarde a fui son mariage avec un vieux mäge. C'est aussi pour cela que Rollon a une main blessée et noircie par la magie en punition.

Mais si ce don s'avère un cauchemar pour Liutgarde et Rollon, d'autres mäges s'en accommodent et en tirent de nombreux privilèges : ce sont les classes aisées de cet univers. Cependant, ces mäges apparaissent comme des profiteurs ou des êtres particulièrement immondes à force de mariages parfois consanguins.  Pour certains, les alliances forcées sont malgré tout une contrainte déguisée :  s'ils ne forment pas de véritable couple, leur mägie peut s'altérer et devenir instable, ou rance. C'est le cas de Cloud et Poppa, héritiers de la bourgade de Löprönan.  A l'inverse, les parents de Cloud, les Gémeaux, ont eu une telle fusion amoureuse ou du moins magique, qu'ils sont devenus siamois, une sorte de monstre à deux têtes relié par la taille.

Quant à la seule fée que l'on verra dans cette histoire, Dame Hölle, il s'agit d'un être cruel et impitoyable dont l'idée fixe est de tuer le reste des humains. Réfugiée dans la Sylverëe, elle attend son heure...On est loin de la gentille fée ou de la sorcière qui s'affiche déjà comme maléfique.

Un duo de personnages principaux un peu spécial

Liutgarde aime Rollon, Rollon aime Liutgarde mais s'est engagé auprès d'une autre. Une relation triangulaire est annoncée dès le premier chapitre du livre et va être le fil rouge de toute l'histoire, soulevant bien des questions sur l'origine de cet univers par la même occasion.

En effet, l'histoire d'amour est contrariée par l'arrivée de la fée jalouse, qui veut Rollon pour elle seule. Tout le reste ne sera que lutte de Liutgarde pour protéger Rollon de la fée, et fuite de Rollon pour protéger Liutgarde de l'être magique... et préserver le secret qui entoure leur caravane.

Dès les premières pages, l'auteur dessine la psychologie de ces deux personnages : Liutgarde, de tempérament passionné, manque de maturité même si elle veut bien faire. Rollon, plus réservé, s'avère protecteur et ambitieux. Cependant, leur couple déjà mal assorti va rendre bancal l'intrigue. A se courir après, l'histoire va tourner en rond autour d'eux et de la fée, éclipsant un peu le reste de l'univers. Heureusement, ils évolueront au fil de l'histoire, comme si ce passage dans leur vie n'était qu'un moyen pour grandir, transformant ce récit en roman d'apprentissage, surtout pour Liutgarde.

Une intrigue en huis-clos qui n'a pas délivré tous ses secrets.

L'histoire de Moitié d'âme a lieu entre la forêt de la fée d'hiver et la bourgade de Löprönan. le lecteur évolue avec les caravaniers, leurs roulottes étranges, leurs disputes et leurs moments de joie, leur façon de vivre.

Si au départ tout semble simple dans cette caravane aux personnalités bien distinctes, la Sylverë va révéler la vraie nature de chacun et élargir ou obscurcir leur avenir. La forêt enneigée rend l'ambiance oppressante et l'intrigue glaciale, comme si l'on était bloqué dedans physiquement ou mentalement. Dame Hölle a d'ailleurs la faculté de s'insinuer jusque dans vos rêves... et elle communique par télépathie avec Liutgarde et Rollon. Impossible pour les personnages de se cacher !

Le style de l'histoire rappelle un vieux conte d'autrefois, avec des noms énigmatiques et des légendes que l'on se transmettrait de génération en génération. Dans l'ensemble, tous les personnages sont dans le flou ou dans l'erreur concernant le passé des hommes et des fées. le lecteur découvre peu à peu avec Liutgarde, le vieux Maître Cernault et Rollon des indices à ce sujet. Avec la présence mortelle de la Fée, le récit prendra alors des allures de thriller concernant le secret qui entoure la caravane et le passé de l'univers. Cela aidera les personnages à comprendre qui ils sont et comment fonctionne leur magie, voire à remettre en cause le système établi.

Avec ce premier tome, Anthelme  Hauchecorne apporte une touche d'originalité rafraîchissante dans l'univers magique en évoquant le prix de la magie sous un nouvel angle et une réflexion plus générale autour du Bien et du Mal liée aux actions des personnages. Car Dame Hölle n'a pas toujours été cruelle, Rollon n'a pas toujours été gentil et Maître Cernault n'a rien du sage érudit collectionneur d'artefacts magiques contrairement à ce qu'il laisse penser.

A l'issue du roman, on note que l'auteur ne fait qu'esquisser son univers et de nombreuses questions restent en suspens :

En conclusion : Moitié d'âme est un roman qui dispose d'un univers très riche et très original concernant le traitement de la magie et donne matière à réfléchir sur les notions de Bien et de Mal, ainsi que d'écologie. Sa faiblesse reste un personnage principal féminin un peu creux et irréfléchi qui fragilise un peu l'intrigue. J'ai néanmoins hâte de lire le deuxième tome pour résoudre les questions liées à la magie laissées en suspens.
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Moitiés d'âme est le premier tome de la tétralogie des Chroniques des Cinq Trônes, série de fantasy young adult qui démarre bien. Déjà on ne peut qu'être séduit par le livre en tant qu'objet : sa sublime couverture attire tout de suite l'oeil, devant comme derrière, grâce à une magnifique illustration (signée O'LEE) saupoudrée d'une belle écriture dorée ; sa tranche sort de la banalité puisqu'elle a également été décorée pour figurer un trône. Un bel objet donc, qui renferme une histoire fort intrigante au sein d'un univers assez riche.

Autrefois il n'y avait que les Faëes, divisées en quatre royaumes, chacun correspondant à une Saison (Printemps, Été, Automne, Hiver), et pour chaque Saison existait un style de magie (appelée ici "mägerie") particulier. Pendant longtemps le monde était entre les mains des Quatre Trônes. Puis vint le Cinquième : celui des Humains. Les Faëes leur apprirent la mägerie, mais ceux-ci étaient incapables de reproduire parfaitement celle des Faëes. Pire : ils ne pouvaient pratiquer la mägerie seuls, il leur fallait forcément être deux pour l'exercer. Les mäges jalousèrent alors les Faëes, les accusant de leur cacher les secrets de la véritable mägerie. Cette jalousie finit par se transformer en haine, et cette haine mena à une guerre entre les deux espèces.
Les Faëes disparurent, les humains restèrent. Les mäges, supérieurs de par leurs pouvoirs, prirent la tête des royaumes et créèrent une société où nul mäge ne peut être réellement libre. Ainsi les enfants nés avec du pouvoir sont retirés à la naissance pour être éduqués par les Maîtres (éducation par forcément très plaisante), et les parents qui refusent sont sévèrement punis. Nul mäge ne peut se marier par amour car l'on choisit son conjoint (obligatoirement mäge également) en fonction de leur mägerie.
Voici donc l'univers dans lequel se déroule l'histoire des Chroniques de Cinq Trônes.

Liutgarde est une jeune noble, mägeresse et miresse (guérisseuse), qui a fui Ortaire, un homme que sa famille l'a forcée à épouser et qui la gardait toujours enfermée lorsqu'il n'avait pas besoin d'elle pour tisser des sorts (entre autres choses...). Dans sa fuite, elle a atterri dans la Sylverëe, une forêt de l'ancien royaume des Faëes de l'Hiver ayant la réputation d'être maudite car rares sont ceux qui en sortent vivants. Blessée, elle a été recueillie et soignée par un groupe de caravaniers qu'elle a fini par intégrer. Au sein de ce groupe, Liutgarde s'éprend de Rollon, un mäge à l'esprit torturé et tout aussi épris d'elle. Ensemble, ils parcourent en roulottes la Sylverëe, jusqu'à ce que Liutgarde se lasse du froid sauvage de la forêt et convainc Rollon de partir avec sa nouvelle communauté dans le sud, vers la civilisation. Mais les choses dérapent, tous deux rattrapés par leur passé auquel ils vont devoir faire face.

Au niveau des personnages, j'ai adhéré à certains, pas à d'autres. Autant j'ai apprécié le personnage de Liutgarde, autant j'ai détesté celui de Rollon. Franchement, il n'y a pas plus opposés que ces deux-là. Rollon est désespérément mollasson, incapable de prendre une décision par lui-même et de s'y tenir, et il est lâche, par-dessus tout. Liutgarde a vraiment eu mauvais goût de tomber amoureuse d'un homme à la personnalité aussi peu prononcée et changeante, passant son temps à la repousser puis la reprendre pour mieux la repousser encore. Elle se montre extrêmement patiente avec lui alors qu'il ne le mérite pas, jusqu'à ce qu'elle prenne enfin du poil de la bête et décide de ne plus se laisser balloter dans tous les sens. Liutgarde donc, contrairement à Rollon, a une forte personnalité : si elle passe pour une amoureuse transie au début, elle s'affirme au fil de l'histoire, devenant de plus en plus indépendante et maligne.
Dans ce roman, l'amour ne nous est pas montré sous sa forme la plus attirante, mais nous est au contraire dévoilé sous ses aspects les plus complexes, avec ses qualités et ses défauts : nous avons certes la réciprocité, le respect, la loyauté et la confiance, mais aussi la trahison, l'interdépendance, la toxicité, la rancoeur, etc. Cela n'apparaît pas qu'à travers le couple Liutgarde/Rollon, mais également grâce aux relations que les autres personnages tissent entre eux, tout aussi importantes pour l'histoire.
Et ces autres personnages, justement, je les ai tous trouvés assez intéressants, qu'ils soient détestables ou non. Avant tout car ils sont complexes, en particulier ceux qu'on apprécie le moins de prime abord. le Capitaine, homme extrêmement laid et zozotant, apparaît au départ comme un homme faible qui ne sait pas tenir ses hommes ; au final on comprend sa haine des Faëes, et l'on s'aperçoit que c'est son aspect qui nous pousse à avoir un mauvais jugement sur cet homme malin mais obligé d'obéir à des mäges cruels et stupides. Griche, un des caravaniers, a un caractère particulièrement détestable, toujours en train de râler, critiquer, insulter ; Liutgarde se prend souvent la tête avec lui, jusqu'à ce qu'elle découvre la blessure qu'il cache profondément sous cette carapace de lourdeur. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d'autres, mais ce sont surtout les deux qui m'ont le plus touchée. Les personnages ne sont donc ni bons, ni mauvais, ils sont tout simplement humains, avec leurs qualités et leurs défauts.
Deux autres personnages ont leur importance au sein de cette histoire : Dame Hölle et la Sylverëe. Dame Hölle est une Faëe prisonnière au sein de la Sylverëe, qui a une influence notable sur Rollon avec lequel elle s'est liée, lui permettant ainsi d'utiliser le puissant pouvoir perdu de l'Hiver. On la voit tantôt en femme bafouée, trahie par cet humain qui préfère partir avec une simple humaine plutôt que de rester auprès d'elle ; tantôt en femme haineuse, envers Liutgarde qui lui vole son amour, envers les humains qui ont détruit son espèce, envers Rollon qui est incapable de tenir un serment ; tantôt déconcertée, triste, lasse... Mais avant tout manipulatrice... Car ce qui caractérise les Faëes, surtout ceux de l'Hiver, c'est la ruse. Et gare à ceux qui osent leur manquer de respect... Au sein de la Sylverëe, Dame Hölle est toute puissante. Cette forêt, c'est à la fois sa prison et son alliée. Une forêt vivante, consciente de tout ce qui se passe en elle, de ces humains qui osent découper ses arbres, piétiner ses racines. Une forêt qui a faim, de sève, de sang.
Il y a tout un mystère autour de la Sylverëe que l'on découvre petit bout par petit bout, fascinant et terrible à la fois. Qu'est-il réellement arrivé au Faëes ? Sont-elles toutes mortes ou se sont-elles retirées dans cette Arcadie dont parlent les légendes ? Que s'est-t-il véritablement passé lors de cette Guerre ? Les humains disent que les Faëes l'ont provoquée et ont perdu. Mais nous savons tous qu'en histoire, il y a toujours deux versions : celle des vainqueurs et celle des perdants ; et que c'est celle des vainqueurs qui reste. Avec Dame Hölle, nous découvrons celle des perdants. Mais elle est tout autant biaisée que celle des vainqueurs. C'est toute la complexité de l'histoire, pouvoir comparer les versions, séparer le vrai du faux. Parviendrons-nous à voir la vérité qui se cache derrière tous ces mensonges, toutes ces versions, ces secrets ?
Les Faëes effraient et fascinent. le secret de leur pouvoir attire les plus avides, pour mieux les piéger. Ces créatures de légende, on ne sait rien d'eux que les échos terribles que les Maîtres font courir au sein des royaumes. On en apprend davantage grâce à Dame Hölle, mais ce ne sera pas suffisant pour cerner ces êtres si mystérieux. Les prochains tomes nous fourniront peut-être plus d'information sur l'énigme qu'elles représentent.

Juste un petit point qui m'a dérangée, en ce qui concerne l'écriture. C'est le premier roman que je lie de cet auteur, dont j'avais beaucoup entendu parler, et en bien. Globalement j'ai apprécié son style, sa plume fluide, plutôt agréable à lire. Par contre je lui reproche ses phrases (souvent) trop courtes, qui hachent le récit en des moments qui, à mon goût, méritaient plus de fluidité. Par exemple on a : "Il voulut voir. Il se chaussa. Il se leva pour sortir." Je trouve que ça fait un peu télégramme (Il voulut voir STOP Il se chaussa STOP Il se leva pour sortir STOP), ce qui m'a un peu dérangée dans ma lecture.
Bon à part ça je n'ai rien à reprocher à son style, il mérite sa bonne réputation.

En bref, Moitié d'âme est une bonne introduction à l'univers des Chroniques des Cinq Trônes, une tétralogie dont chaque tome serait dédié à l'un des quatre anciens royaumes Faëes (ici on a eu celui de l'Hiver) et prévu pour être indépendant des autres. Les personnages et les relations qu'ils tissent les uns avec les autres sont vraiment bien développés, et ce de manière crédible, tout en complexité. L'univers créé par l'auteur est original et juste, tout comme son histoire, dans laquelle on plonge avec plaisir pour en ressortir à la fois rassasié et affamé. Hâte de découvrir la suite de ces chroniques !
Lien : https://escape-in-books.blog..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
14 octobre 2019
En plus d’être un bel objet, avec ruban marque-page et tranche de gouttière illustrée, ce premier volume se révèle donc une entrée en matière réussie et une lecture plus que plaisante, dont l’arrière-goût un peu amer souligne finalement toute la justesse et l’humanité de ceux qui hantent ses pages.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
"Jadis, l'histoire du petit peuple s'écrivait au rythme des saisons. Les Faëes ne croyaient pas à la nouveauté. Les montagnes poussaient et s'érodaient, les rivières changeaient de lit, mais les cœurs, eux, restaient à la même place. Tout était question de point de vue. Les événements du monde suivaient un grand cycle. Et chaque royaume faëe trouvait, au sein de ce fragile équilibre, sa place légitime. D'abord naquit le printemps, la première des quatre maisons. Ses loyaux sujets s'adonnaient aux arts de la vie et du désir. Le trône de ronces offrait asile aux artistes, aux hédonistes et aux érudits. La deuxième cour à voir le jour fut l'été, la maison du soleil ardent, des esprits surchauffés et du sang vif, prompts à la colère. Au pied du trône forgé et de son despote se prosternaient les ambitieuses, les guerrières et les stratèges. Puis vint l'automne, le reflet déformé du printemps, la saison du pourrissement et de la terre affamée, dévoreuse de vie. Les malades, les souffrantes et les faëes trop curieuses des mystères de la mort, toutes répondirent à l'appel du trône défunt. Quant à l'hiver, la plus jeune des quatre maisons, elle dut se contenter des restes. La faim, le froid, le vent dans les branches nues. La quatrième maison se posa en éternelle rivale de l'été. Elle incarnait la famine après l'abondance, les regrets qui succèdent à la colère. Autour du trône de givre se rassemblèrent les blessées, les brisées, les parias, les faëes dont les autres cours ne voulaient plus. Alors pour le meilleur et pour le pire, tout fut à sa place. Les millénaires passèrent. Ainsi vécurent les faëes, à observer le monde, tandis qu'elles-mêmes ne changeaient pas. Leur règne aurait pu durer à jamais, sans un événement inattendu. En un jour ancien et depuis oublié, les humains arrivèrent sur le continent. Avec eux, ils amènerent le cinquième trône". pg 7 et 8
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Rollon soupira.
Son tort était d'avoir cru que sa vie pourrait prendre un nouveau départ.
À ceci près qu'elle ne lui appartenait plus.
La forêt lui avait mangé le cœur.
Il avait beau la supplier, elle refusait de le recracher.
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p.306.
Quel manque de manière et de courage.
D’un coup, elle le haït. Elle le méprisa pour ce geste. Dès lors, il lui devint plus aisé d’accepter, d’envisager de poursuivre sans lui. Elle écrasa ses larmes.
Si tel était le vrai visage de Rollon, alors elle n’avait rien perdu. Il lui tardait de se sentir revivre. Elle avait hâte de quitter la Sylverëe, de remplacer la neige par la verdure, de troquer la colère contre la paix, puis la paix contre un fruit plus doux...
Oui, elle se jura d’aimer à nouveau, lorsque son cœur serait guéri.
Ce serait là sa plus belle revanche. Oublier Rollon. L’effacer jusqu’à la dernière trace.
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p.240.
Quant à Liutgarde, elle avait été fiancée à un puissant mäge de Pointesèche, Ortaire.
Ce dernier avait pris en charge sa formation de miresse, de mägeresse et d’épouse. Globalement, il avait échoué sur tous les tableaux sauf un.
La troisème et dernière fois que son cœur avait cogné plus fort, c’était avec Rollon. Bien des obstacles s’étaient dressés entre eux. Le froid, la faim, la peur, la lâcheté, et même une Faëe. Rollon et elle avaient tenu bon. Ils s’étaient accrochés. Ils avaient mérité de profiter l’un de l’autre. Et voilà que des soldats les arrêtaient, qu’ils les séparaient, qu’ils les menottaient.
Liutgarde avait un mot pour qualifier ces choses-là.
Ce mot désignait aussi bien sa mère qui l’avait signalés au Mägistère, que les Maîtresses qui l’y avaient menée. Ce mot s’appliquait à la novice qui l’avait dénoncée, comme à son mari, à cet Ortaire qui l’avait séquestrée. Les Gémeaux, dame Hölle, maître Cernault et les soldats qui les escortaient en cet instant.
Tous appartenaient à cette sale engeance.
Ces empêcheurs de vivre, elle les appelait des tue-bonheur.
Liutgarde était une fille aimable, dévouée et compatissante. Pour rien au monde elle n’aurait souhaité malheur à quiconque. Sauf dans le cas des tue-bonheur.
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p.363.
Une fois de plus, on l’utilisait. Jusqu’au bout. Jusqu’à la dernière goutte.
- Dame Hölle m’avait dit que mes Maîtres étaient cruels. Qu’elle, elle se montrerait bonne.
Rollon se sentit soudain las d’être un jouet entre des mains plus âgées et plus cyniques.
- Dame Hölle m’avait dit que je ne méritais pas cette punition, que j’avais bien agi, qu’elle, elle me récompenserait. Rollon était fatigué de ne jamais savoir à qui se fier.
- Dame Hölle savait combien j’étais fragile. Elle m’a reconstruit, pour me briser à nouveau. Je n’étais que son appât !
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Videos de Anthelme Hauchecorne (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anthelme Hauchecorne
Le rendez-vous d'Angérôme de ce mois-ci vous présente les titres Gulf stream éditeur dans lesquels fleurent bon la magie de Noël et les cadeaux sous le sapin. Un lutin malin de la librairie Coiffard s'est glissé dans cette vidéo… Saurez-vous le retrouver ?
La sélection de Noël 2020 : - Pour les 3 ans et + : Suzon et le sapin de Noël d'Émilie Chazerand et Amandine Piu : https://gulfstream.fr/produit/suzon-et-le-sapin-de-noel/ Où est le renne au nez rouge ? de Sophie Adriansen et Marta Orzel : https://gulfstream.fr/produit/ou-est-le-renne-au-nez-rouge/
- Pour les 5 ans et + : Le Calendrier de l'Avent pop-up - À qui sont ces traces sur le chemin ? de Françoise de Guibert et Lucie Brunellière : https://gulfstream.fr/produit/calendrier-de-lavent-pop-up/ Le Calendrier de l'Avent pop-up - Que fabriquent les lutins dans l'atelier du Père Noël ? de Tristan Gion : https://gulfstream.fr/produit/mon-calendrier-de-lavent-que-fabriquent-les-lutins-dans-latelier-du-pere-noel-pop-up/
- Pour les 7 ans et + : L'Improbable Surprise de Noël de Julien Artigue et Loïc Méhée : https://gulfstream.fr/produit/limprobable-surprise-de-noel/ La Chaussette de Proust de Carina Rozenfeld et Marie Touly : https://gulfstream.fr/produit/la-chaussette-de-proust/ C'est Noël, c'est cadeau d'Hubert Ben Kemoun et Élisabeth Jammes : https://gulfstream.fr/produit/cest-noel-cest-cadeau/
- Pour les 9 ans et + : Monstr'Hôtel (4 tomes) de Carina Rozenfeld : https://gulfstream.fr/produit/monstrhotel-tome-1-les-chasseurs-de-tresor/ Mahaut (2 tomes) de Sophie Noël : https://gulfstream.fr/produit/mahaut-et-les-maudits-de-chene-au-loup/
- Pour les 13 ans et + : Steam Sailors, tomes 1 et 2, d'Ellie S. Green, présentés par Caroline, libraire jeunesse de la librairie Coiffard à Nantes : https://gulfstream.fr/produit/steam-sailors-1-lheliotrope/ L'Ordre du Cygne, tome 1 - Les Chevaliers de Camelote de Virginie Salobir : https://gulfstream.fr/produit/lordre-du-cygne-1-les-chevaliers-de-camelote/
- Pour les 15 ans et + : Rouge de Pascaline Nolot : https://gulfstream.fr/produit/rouge/ Chroniques des Cinq-Trônes, tome 1 - Moitiés d'âme d'Anthelme Hauchecorne : https://gulfstream.fr/produit/chroniques-des-cinq-trones-1-moities-dame/
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