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EAN : 9782073024459
Verticales (24/08/2023)
3.56/5   81 notes
Résumé :
« Dans le noir, la monstre fait même peur aux loups enragés sous mon lit sauf que je ne peux pas m’enfuir de ma peau.
Je veux que quelqu’un la tue mais personne ne la voit.
Je veux qu’elle meure mais je ne sais pas comment elle s’appelle.
Je cherche son nom partout. »

La folie qui parcourt ce roman électrise par sa brutale justesse et la sauvagerie poétique de son regard sur le monde.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Récit à hauteur d'enfant puisqu'il débute lors de l'enfance de la narratrice. Sa famille n'est pas aimante : une mère violente et qui la repousse et un père distant et résigné.
Tous ont des surnoms assez singuliers. Quand le père se nomme, Swayze, la mère est Novatchok, et la maison est une praison, car le foyer prend parfois des allures carcérales. Son grand frère Grandoux ma protège tandis qu'elle rassure le plus jeune appelé Petit Prince.
Les autres, ce sont les Spartiates et leur vie est différente de celle de la narratrice.
« Les spartiates sont des humains comme Novatchok, Swayze, Grandoux, Petit Prince et moi, sauf qu'eux, ils habitent dehors. Ils se déplacent à plusieurs dans un groupe appelé leur famille. »
Elle imagine la vie de ces autres puisqu'elle ne peut aller chez eux.
Son existence à elle tourne autour de ses parents, elle vit au rythme des crises de sa mère. Son mal être est permanent et personne ne peut la protéger de cette « monstre horrifiante » qui sévit dans le blanc de sa tête.
L'originalité de ce roman réside dans le langage, singulier et original, qui invente un vocabulaire très personnel pour raconter cette vie d'enfermement, et cette peur qui lui noue le ventre. Les mots, toujours les mots, comme un mantra contre la violence maternelle
« Novatchok me force à me tordre au-dessus de la chaise, m'emmène par la queue de cheval jusqu'à la porte de ma chambre. Je tente de contrebraquer, elle frappe mes doigts, lâche mes cheveux, je me redresse, elle me cogne violement l'omoplate. On va faire un petit point entre quatre yeux. »
Ce langage inventé et inventif se mêle à l'autre, et on perçoit la singularité de la narratrice qui se sert des mots, les siens, pour exprimer son malaise.
Un jour vient où elle quitte la praison pour vivre sa vie, mais la monstre est toujours là, tapie, et le mal-être persiste.
« Quelque chose de semi-rigide qui dévore tout ce qui traîne, qui engloutit mes globules dans son réservoir comme un bras d'aspirateur infini. »
Pourtant, grâce aux mathématiques, un équilibre précaire se construit et cette « langue faite de symboles essentiels » rassure.
Il y aura l'alcool pour apaise rla souffrance à l'intérieur.
Il y aura des rencontres et des amours, qui se termineront mal. Car la vie en société, la vie avec les autres est rendue difficile avec cette violence vécue dans l'enfance qui surgit sans cesse.
Les chapitres, très courts, déclinent cette existence morcelée, difficile après le traumatisme de l'enfance. Ce n'est jamais triste ou dramatique, non, grâce à l'inventivité de la langue qui garde un pied dans l'enfance jamais terminée.
J'ai beaucoup aimé la première partie du roman, qui décrit l'enfance de la narratrice et ses rapports avec sa mère. Beaucoup moins le passage à l'âge adulte où l'on perd un peu de vue la mère.
Un premier roman surprenant.


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Récit d'un mal-être dont les racines sont bien ancrées dans l'enfance, sans vouloir avancer à découvert, plongeant la narratrice dans un sentiment permanent de trouble et de désarroi.

Et pourtant ce roman est loin d‘être plombant! Il s'en dégage un tel travail sur la langue que le résultat n'incite pas à la mélancolie.

Fantaisie dans les noms de personnages, les parents,Swayze et Novatchok, ou les frères et soeurs, mots valises qui redéfinissent bien les lieux ou les objets, amour des mots rares, posés au gré du texte, comme autant de friandises, juste pour le plaisir.

Une autre originalité réside dans l'utilisation des mathématiques en guise de démonstration dans des situations qui normalement ne réclament pas cette discipline pour trouver des solutions ou des explications . Là encore, ce n'est pas gratuit, puisque la narratrice suit un cursus de maths.

Très réussi également l'évolution du langage, du bain verbal qu'il fait s'approprier jusqu'à la maturité désespérée et avide d'amour.

Ce néolangage, inventif et lacanien a ensoleillé ma lecture. Malgré tout, derrière l'exercice de style, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un cri de détresse et d'une recherche obstinée du pourquoi.

Premier roman très prometteur.

224 pages Verticales 24 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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"tumeur ou tutu". Quel livre étonnant et même détonnant ! Lu dans le cadre du prix première paroles 2024, ce premier livre de Léna Ghar est extrêmement dense et nous immerge dans une création linguistique, originale, déstabilisante, puissante, parfois irritante mais qui ne peut laisser indifférent. La construction en très courts chapitres crée aussi une tension, une urgence chez le lecteur.

L'entourage familial est présenté avec des surnoms évocateurs : Grandoux, le demi-frère protecteur mais de plus en plus absent,  Petit prince le plus jeune frère, maltraité, Swayze le père fragile et Novatchok, la mère qui "n'arrive pas toujours à l'aimer gentiment". Je l'ai aussitôt associé à novitchok, le poisson mortel, qui fait de graves dégâts et provoque des douleurs épouvantables...comme cette mère dysfonctionnelle. Je, la narratrice vit dans une "praison" et côtoient à l'extérieur les "paladiens et les spartiates ". Elle  recherche désespérément son identité.

Les oxymores et  l'invention d'un vocabulaire  par association de mots aux sonorités et sens évocateurs comme "amniosie"   "polentasse"     "cloatre" "l'intimmensité", "l'immanité" ... tout cela crée un univers particulier, déstabilisant qui exprime bien l'enfermement et l'angoisse ressentis par la narratrice.

J'ai relevé quelques paroles de chansons "prouves que tu existe", " à faire trembler les murs de Jéricho ", " elle me  dit que je suis belle" "fais comme l'oiseau" comme des rengaines qui s'insinuent dans la tête sans y penser.  le recours aux mathématiques pour trouver une logique à son raisonnement est compliqué à suivre mais se tient. Dans un esprit autant fragilisé les étais viennent parfois de mécanismes rigides rassurants. 
Certains ont souligné un sens caché du titre a lire aussi comme  "tu meurs ou tu tue". C'est aussi la tumeur qui grandit dans la tête de la narratrice, faite de la violence subie et emmagasinée pendant des années qui altère sa perception ou l'aiguise à l'extrême. 
Ses Tocs, ses obsessions, ses troubles comportementaux traduisent ce mal-être, ce trou béant qui l'obsède, pas celui du canapé jaune, mais celui qu'elle à au fond de ses tripes. On suit la narratrice devenue jeune adulte dans ses errements, sa destruction avec l'alcool, ses relations sociales et amoureuses chaotiques et la violence inouïe qui monte en elle comme un raz de marée. 
De ses 3 ans à ses 27 ans elle recherche désespérément ce mot qui la constitue et lui fait défaut. La pièce manquante d'un puzzle éparpillé, qui lui donnera cohésion et la fera tenir debout. Un anagramme nous donnera la clé.  Malgré tout, comprendre que "je", est un être sain, lui permettra de se dissocier de sa mère toxique.
Pour se sauver de la Monstre qui l'habite, la narratrice devra symboliquement tuer la mère, l'ogre. "si je continue à me taire je meurs mais si je parle je la tue".
Un livre qui mériterait d' être relu pour en comprendre toutes les subtilités mais pour autant sa densité rebute un peu.

 




 

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Tumeur ou Tutu ( tu meurs ou tu tues) ou de la violence en milieu familial. Pour se sauver de la Monstre qui l'habite, la fillette/narratrice s'invente un langage et essaie en vain de capter celui des adultes. Autour d'elle les parents, père inexistant, mère maltraitante , les enseignants qui ignorent, les voisins qui font comme si, un grand (demi ) frère protecteur mais souvent parti et un petit frère qui subit lui aussi : elle donne à chacun un surnom qui les définit mieux qu'une longue description. Et puis dehors, les spartiates et les paladins.
L'écriture inventive rend compte du réel : ainsi la "praison" ( maison/prison/prairie ?) ou l'intimmensité, l'immanité et autres trouvailles qui montrent une identité qui se construit autour de la parole. Mais c'est le langage mathématiques qui redonnera un peu de stabilité à sa quête (I love You pita gore).
On suit ainsi la narratrice de 3 à 27 ans : comment la violence verbale et physique subie dans l'enfance se retourne contre elle, sa vie sociale et amoureuse.
Un premier roman étonnant construit en de courts chapitres autour de l'essentiel : la langue .
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Là toute de suite, maintenant, à chaud même. On pourrait dire que si j'étais dans un plan à la Wes Anderson, je serai ce ballon de baudruche qui éclate pendant un plan figé.

Pas besoin de maquillage, d'effet spécial, de fioriture, rien.

Léna Ghar tambrouille mélange des êtres vivants, des humains que je sens proche de moi comme si je partageais ma vie avec et en même temps elle révèle les trous dont je suis bardé dans mon dedans, elle mixe mixe mixe le tout et poum. Narratrice existe.

Sans jamais mettre le mot qu'il faut pour désigner, avec des multitudes de subtilités, des violences verbales et de l'humour jeux de maux, ça allège presque chaque brique balancée à la gueule de l'intraego (je sais pas comment on dit autrement).

J'ai lu pas mal de livres de cette rentrée mais si je me sens aussi tranquille que ce ballon de baudruche qui éclate dans un plan à la Wes Anderson c'est que je sais que ça va être dur de retrouver tous mes morceaux qui se sont éparpillés aux quatre coins du monde.

Sauvage, fou, fuck, ta gueule, l'amour pis la colère et les poings la rage, nique le bonheur et retrouve moi quand t'auras lu tout ça.

Deal ?
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critiques presse (3)
LeMonde
22 décembre 2023
Dans "Tumeur ou tutu", la romancière parvient avec une poésie rageuse à nommer les angles morts du langage, faisant de lui, par un subtil retournement, la seule promesse de libération possible.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
28 août 2023
Léna Ghar réussit à retranscrire une voix d’enfant avec une précision infinie et nous plonge dans l’horreur des violences intrafamiliales.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
23 août 2023
Léna Ghar s’arme d’une écriture très inventive et de nombreuses trouvailles formelles pour raconter les violences intra-familiales du côté des victimes. Sans tabous et sans clichés, avec force et colère.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
158. , et il n'y a plus une mais un milliard de pirogues souveraines entre mes côtes, toutes voiles ouvertes, les vagues étirent leurs cambrures, les crêtes et les creux s'apprivoisent jusqu'à se confondre, puis, soudain, I'univers et les étoiles s'alignent, l'aube sismique s'empare de mes chairs et l'oura- gan secoue mes membres si fort quune vaguelette remonte héroique jusqu'au coin de mon ceil pour se muer sur la ligne d'arrivée en une larme d'une douceur infinie, et pour la première fois ça y est, je parviens à crier, je suis en vie, je suis née.
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98. Le probable, c'est ce qui est considéré comme plus certain qu'aléatoire. On peut utiliser des synonymes, prévisible, réalisable, plausible, croyable, admissible, mais on ne sait pas définir le probable autrement que par son degré de vérité potentielle. Pour analyser au plus juste un événement, on peut même avoir recours aux probabilités conditionnelles, qui vont encore plus loin, en déterminant la probabilité que quelque chose ait lieu sachant que quelque chose d'autre a déjà eu lieu.
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55. Depuis le jour de la cafetière, je crois pourtant qu'il sait comment ça fait d'avoir tellement tellement tellement mal que c'est impossible de le dire avec un seul mot, qu'il nen existe aucun d'assez gigantesque pour traduire à la fois la terreur, les flammes et le gouffre.
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En maths, il n'y a pas de heurts, pas de gâchis, pas de portes qui claquent, pas de boulets de canon dans la gueule, pas de méfiance, pas d'inquiétude, pas de reflux, pas de provocation. À quelqu'un qui ne parvient pas à dérouler sa démonstration, on ne dit pas : qu'est-ce que tu t'obstine à saccager ?, ni Tu te trompes de colère, ni Laisse-moi t'aimer paisiblement. On dit : tu as mal posé l’équation.
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Alors seulement, sans préavis, sans frémir d’un cil, Yaku se met à hurler. Un AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA stratosphérique, fendant le mur du son jusqu’à faire vaciller toute la plaine. Yaku n’est plus que ce A dans cette bouche devenue immense, elle barrit au chêne le torrent de sa rage, l’océan de sa frustration, elle feule du fond des entrailles l’ouragan de son impuissance, le gouffre de son incapacité à dire autrement qu’en mugissant. Même l’herbe n’ose plus frémir sous ses pieds. Elle tient sa note magnifiquement assourdissante pendant douze ans, trois vies, et puis d’un coup, encore, rassemble ses lèvres, aussi brutalement qu’elle les écartelait pour conjurer une seconde plus tôt. Elle ne pleure même pas ni rien. Le démon est parti avec le vent. Elle plante sévèrement son glaive dans le pied du chêne et fait volte-face vers la maison en snobant tout le monde. Libérée.

Tous les humains possèdent trois formes de voix : le langage, le chant et le cri. Même ceux comme Yaku qui ne connaissent pas encore les mots arrivent à se faire comprendre. Je dois avoir un problème de faisceau arqué, une hernie labiale, une rétrognathie non diagnostiquée, une aphasie de conduction, une altération des cordes vocales, ou peut-être juste d’humanité. Rien de ce qui sort de ma tranchée ne m’exprime.
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Videos de Léna Ghar (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léna Ghar
VLEEL 302 Rencontre littéraire avec Léna Ghar, Éric Chacour et Isabelle Garreau
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