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EAN : 9782363082206
618 pages
Arléa (19/03/2020)
4.39/5   9 notes
Résumé :
"Au fond, j’ai eu envie d’écrire, à travers la vie d’Armen Lubin, la biographie de l’écriture."

Armen Lubin (1903-1974) est né à Istanbul sous le nom de Chahnour Kérestédjian. Persécuté, comme ses compatriotes arméniens, il doit quitter la Turquie à l’été 1923, devenant de fait apatride. À Paris, il fait ses premiers pas de poète français, sous l’aile d’André Salmon et de Jean Paulhan, qui le publiera chez Gallimard. Très vite atteint d’une affection ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
D'Hélène Gestern je n'ai lu à ce jour que deux livres,aux contextes très différents et qui m'ont beaucoup plue. Armen je l'ai acheté par hasard pour son auteure , n'ayant aucune idée de son personnage principal , Armen Lubin, et la surprise est d'autant plus forte que le second personnage du livre est l'auteure elle-même. Dans cette histoire d'exil et de littérature d'Armen, Gestern elle-même a une famille maternelle d'exilée , plutôt déportée. le parallèle qu'elle mène entre Armen et elle même est une histoire tragique mais intéressante, où le pouvoir de la littérature relie ces deux personnages dans le temps et l'espace d'un lien presque fraternel, bien qu'Armen y reste un peu en fantôme, alors qu'elle, elle est bien réelle.

Plus que l'histoire d'Armen qui reste largement fictive même si elle est basée sur un personnage réel et sa vraie histoire, c'est celle de Gestern qui avec la pudeur et l'humilité avec lesquelles elle se dévoile et les mots qu'elle y emploie qui m'ont vraiment touchée, et intéressée, « L'autobiographie est un condensé de la vie, directement en prise avec la douleur, la honte, la joie. » Celle d'Armen reste superficielle, basée sur beaucoup de suppositions, et ne tient debout que grâce à l'excellente prose de Gestern. Et en fin de compte à part le fait qu'il soit arménien et exilé, littérairement un poète-écrivain qui n'a pas laissé de grandes traces, quelques romans, des poèmes et des articles de journaux, bien que Gestern pense que la qualité de son oeuvre prime sur sa quantité. Quand au personnage lui-même , le portrait qui se dégage de la plume de l'auteure n'a rien de sympathique malgré l'admiration et l'empathie que lui voue Gestern . Et à vrai dire son destin tragique où il finit par se sentir quasi en sécurité ne m'a pas inspirée d'empathie , même si dit comme cela , cela semble cruel de ma part. J'enfonce le clou, de même les vers de sa poésie retransmis par Gestern , bien que je suis loin d'être férue et connaisseuse en poésie , ne m'ont inspirée aucune émotion . Un homme que je n'aurais pas aimé rencontrer, un homme complexé dont la situation fragile de santé et celle matérielle l'ont accentué.

La partie autobiographique de Gestern par contre, celle qui m'a vraiment interpellée , certains passages qui éclairent magnifiquement sa propre oeuvre que je continue à découvrir, m'ont éblouie , « J'ai touché du doigt ce jour-là la dimension surnaturelle de la photographie , sa capacité de rendre à la fois le mort et le vif, à déjouer les chronologies , à faire voler en éclats les frontières de la mémoire , du temps lui-même , dans sa structure la plus intime….c'est ce choc que j'essaie de remettre en scène inlassablement dans mes romans : cette révolution des repères intimes, ce rapport charnel et brutal au temps , ce monde où la trace reconfigure le présent . »

Malgré la partie Armen qui ne m'a pas emballée du tout et que j'ai trouvé beaucoup trop long , j'ai aimé ce livre pour la magnifique prose et les émouvantes confidences de Hélène Gestern, que le contexte du sombre personnage et destin d'Armen valorisent encore plus , à mon avis une dualité choisie qui pourrait être sujet d'une analyse psychologique intéressante. Pourquoi lui et non un autre , des exilés malades il en existe un tas dans la Littérature, « j'ai voulu relire à la lumière de sa vie ce que je sais de la mienne, et vice-versa. ». Décidément une excellente écrivaine, mais un livre que je déconseille pour tout ceux ou celles qui moralement ne sont pas en grande forme , de plus il est un peu long, du moins a été pour moi.

« J'ai peu de certitudes sur l'écriture, mais une conviction: on ne prend pas la plume sans avoir quelque chose à dire. Quelque chose de dense, de sincère, de brûlant, parfois de déchirant. »
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***Trésor absolu… à ne pas manquer !...


"Au fond, j'ai eu envie d'écrire, à travers la vie d'Armen Lubin, la biographie de l'écriture."…

Quel vaste sujet, direz-vous et vous aurez raison…. Une incroyable pépite… que je suis très heureuse d'avoir déniché avec quelque décalage… puisque ce trésor absolu fait partie des «semi-oubliés » du confinement [ publié en mars 2020 ]

J'avais été littéralement emportée par « Ceux sur la photo »…et ce deuxième ouvrage (que je lis) est une merveille de sensibilité, qui met en parallèle le destin incroyablement riche et douloureux de cet écrivain-poète, Armen Lubin, que je découvre totalement grâce à Hélène Gestern et le propre parcours de cette dernière… Une somme très impressionnante de recherches et d'informations, sur ce poète, sur l'histoire arménienne, le génocide, la république des lettres françaises, la rencontre et la correspondance avec Jean Paulhan qui publiera Armen Lubin…et tant d'autres d'écrivains, poètes, artistes !

Curieusement à cet ouvrage impressionnant par sa densité et son volume, je serai pour une fois plus synthétique… car si je me lance dans tout ce que j'ai retenu, souligné, mon partage de lecture » va en devenir franchement et bêtement indigeste… ce que je ne voudrai surtout pas… Ssi je me hâte à rédiger ces lignes de ressenti… c'est pour tenter modestement de relancer un élan et une curiosité pour ce livre incroyable…qui mérite une très , très large lectorat !!... [ et réparer tant bien que mal les empêchements dus à la date de publication, ayant coïncidé avec le début du confinement !!]...

Je ne peux m'empêcher de terminer ce billet par cet extrait qui ne peut que nous parler très fort, à nous tous, lecteurs passionnés et insatiables …sur la magie de la langue, des mots, de l'écriture… Ce modeste alphabet qui transforme nos vies….

« le jour où l'on apprend à lire, on reçoit le trousseau de clés de l'existence. La vie est un tissu de signes, que les époques ont codifiés, épurés: pour nous, vingt-six lettres, un alphabet. Ce n'est rien, mais sans leur présence, pas d'état civil, d'identité, d'existence, pas de mémoire du passé, de ce qui nous a précédé, pas de mesure du temps. vingt-six lettres, ça tient sur une ligne et cela suffit pourtant à composer les poèmes de Villon et de Louise Labé, la Recherche du temps perdu et Cent ans de solitude, La Montagne magique et La Promenade au phare. Vingt-six lettres, c'est assez pour inventer les univers qui remplissent nos nuits et réparent nos solitudes. (…)
Vingt-six lettres : notre monnaie d'échange contre la gratuité de la vie et l'inéluctabilité de l'oubli » (p. 20) »

N.B***Ouvrage enrichi d'illustrations : clichés de manuscrits de Armen Lubin, photographies au fil de sa vie…, complété des sources et d'éléments bibliographiques, ainsi qu'un index


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Comme toujours Hélène Gestern émerveille par son écriture à la sensibilité et à la justesse à nulle autre pareille. Cette évocation d'un immense poète, trop méconnu, est une des grandes découvertes de ce confinement.
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critiques presse (2)
SudOuestPresse
04 juin 2021
L’universitaire et romancière Hélène Gestern rend, à sa façon, un magnifique hommage à Armen Lubin, réédité chez Arléa Poche.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Liberation
06 août 2020
Une biographie d’Armen Lubin où la romancière fait rimer sa propre vie avec celle du poète d’origine arménienne en une interrogation sur l’écriture.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis rendue cinq fois en prison, dans le cadre de rencontres avec les détenus.Depuis longtemps, je voulais savoir à quoi ressemblait la vie carcérale. L’habitude de considérer la prison comme une poubelle de l’espace sociale, le lieu d’un justice immanente où les violeurs sont violés et les assassins torturés est absurde et inquiétante : c’est ignorer que le condamné, à plus ou moins long terme, aura une place à reprendre dans la société. Comment le faire si l’on a détruit en lui le capital d’humanité qui lui reste ?
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Tu verras quand tu sauras lire. Tu ne t’ennuieras plus jamais …..Le jour où l’on apprend à lire, on reçoit le trousseau de clé de l’existence.La vie est un tissu de signes , que les époques ont codifiés, épurés : pour nous, vingt-six lettres, un alphabet….Vingt-six lettres: notre monnaie d’échange contre la gratuité de la vie et l’inéluctabilité de l’oubli.
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Car, à vingt ans , si rien ne nous est arrivé , nous sommes une argile malléable . Il nous manque des années d’existence, avec leurs foudroiements, leurs vertiges, leurs chagrins, pour former la matière d’un récit. A moins d’un coup de génie absolu, l’imagination, même débridée,ne suffit pas; la pensée d’un livre requiert ce que Michaud appelait la «  connaissance par les gouffres ».
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Le jour où l'on apprend à lire, on reçoit le trousseau de clés de l'existence. La vie est un tissu de signes, que les époques ont codifiés, épurés: pour nous, vingt-six lettres, un alphabet. Ce n'est rien, mais sans leur présence, pas d'état civil, d'identité, d'existence, pas de mémoire du passé, de ce qui nous a précédé, pas de mesure du temps. vingt-six lettres, ça tient sur une ligne et cela suffit pourtant à composer les poèmes de Villon et de Louise Labé, la Recherche du temps perdu et Cent ans de solitude, La Montagne magique et La Promenade au phare. Vingt-six lettres, c'est assez pour inventer les univers qui remplissent nos nuits et réparent nos solitudes. (p; 20)
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L'autobiographie est un condensé de la vie, directement en prise avec la douleur, la honte, la joie. On y rencontre les victoires et les regrets, les maux de corps et de coeur, on y voit défiler l'enfance et la jeunesse, la maturité et la vieillesse, le plaisir et la brûlure, la fierté et le repentir, la passion politique et le désir sexuel; la vie, en somme. Elle est parfois mal écrite ou rocailleuse, sèche ou contente d'elle, alambiquée ou stylistiquement pauvre, ce qui ne l'empêche pas d'être palpitante. Je dois à cette activité de chroniqueuse de lectures qui ont transformé mon regard sur le monde. (p. 71)
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Vidéo de Hélène Gestern
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