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3,78

sur 139 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si vous avez des douleurs ou tout autre chose, rendez-vous dans le Cotentin chez la Vieille, la porte est toujours ouverte, pas besoin de sonner ni de frapper. Elle est toujours là. Un peu rebouteuse, magnétiseuse, sorcière, à la sortie on se sent mieux. On ne la trouve pas dans l'annuaire, le bouche à oreilles fonctionne très bien. Elle est devenue légende. Elle possède un fluide, elle coupe le feu, remet les os en place, dénoue les muscles, juste en approchant les mains. Un don qui se transmet dans la famille. Il ne fallait surtout pas craindre les mouches, les odeurs de chien mouillé, les fientes de poules. Elle soigne les jeunes, les vieux, les cas désespérés, les hypocondriaques, les âmes tourmentées, les peines de coeur, ça défile.

On nous parle aussi de deux institutrices aimées par leurs élèves, mais si vous veniez emprunter un livre ou jouer derrière la maison, vous entendiez de drôles de bruits, personne ne savait ce que c'était, personne ne voulait savoir, ceux qui entendaient devaient se taire.

Quand Julia et Stéphane viennent s'installer en tant que vétérinaire et maréchale-ferrante, on se méfie d'elles, elles viennent de la ville, elles pratiquent des métiers d'hommes.

Ces deux jeunes femmes feront connaissance avec un village où règne une ambiance lourde, empreint de légendes, de superstitions, où la présence de Goubelins, d'enfants-fées, de varous, d'un géant qui hante la forêt, les marécages, les falaises. Un malaise s'installe, s'insinue dans les moindres recoins, des ombres planent, on regarde derrière soi. Les cauchemars sont faits d'araignées, de serpents, de limaces et pour clore ce tableau déjà très obscur, une pluie de crapauds s'abat sur "ceux du lotissement", c'est certain quelque chose de terrible va arriver.

Derrière, le Ciel en sa fureur de Adeline Fleury, il y a de la souffrance, des secrets qu'on n'accepte pas et qu'on veut cacher. Un conte bien noir, une lecture qui ne m'a pas déplut puisque je voulais connaitre la fin.

Merci à Kirzy, qui m'emmène vers des livres que je n'aurais peut-être pas ouverts. de beaux avis, comme ceux de HordeDuContrevent, Kittiwake et d'autres m'ont poussé à la curiosité et je les en remercie.

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Dans ce monde qui tend à l'uniformisation et l'aseptisation, il reste encore quelques romans qui se moquent des règles trop établies. Adeline Fleury fait gronder le ciel en sa fureur dans ces contrées entre mer et champs où la notion de matérialité se brouille parfois.

Une galerie de portraits, une multiplication de points de vue. Les années 80, mais un récit qui est presque intemporel. Qui tient autant du conte que de la dure réalité, la plume dessinant une histoire longtemps évanescente, qui semble filer entre les doigts.

La forme semble prendre l'ascendant sur le fond, mais ce n'est que pour mieux découvrir ensuite ce qui est caché, ce qui est raconté en filigrane. le réalisme magique fait pétiller le regard du lecteur, mais l'horreur sous-jacente fait s'assombrir l'atmosphère ; dichotomie entre l'écriture aérienne et la violence en son sein.

200 pages à peine, pourtant riches en sensations. Pas de dialogue. Plusieurs niveaux de lecture selon sa sensibilité, à voir les légendes locales comme du folklore où comme des éléments inhérents à la vie au quotidien de cet endroit reculé.

L'autrice reste en équilibre sur le fil, laisse au lecteur le choix d'y croire ou non. Chacun en fera son affaire, mais le texte ne parlera qu'aux esprits ouverts.

A l'image de cette campagne refermée sur elle-même et qui voit s'y entrechoquer quelques révolutions, un lotissement sans âme qui grignote l'espace, ou encore une femme homosexuelle qui vient pratiquer un métier « d'homme ».

Ces changements vont voir éclore un secret longtemps enfoui, qui ne pouvait rester éternellement muet. La monstruosité émerge tôt ou tard de la boue, l'horreur engendre la violence et vice versa. Qui est le vrai monstre dans l'affaire ?

A travers ce récit qui voit passer un enfant-fée et une ménagerie incroyable (amusez-vous à compter le nombre de bestioles), l'écrivaine parle de différence et de rejet de l'autre sous prétexte de normes établies. de quête de soi, aussi.

Sa manière de brouiller les frontières des genres littéraires et de briser les codes n'en est que plus judicieuse. le roman vire parfois au thriller, tout en restant chronique, et en flirtant constamment avec l'Imaginaire. C'est bien ce côté inclassable qui donne du coeur à ce corps mystérieux.

Le ciel en sa fureur est à l'image de son titre, poétique et étrange. Adeline Fleury y propose une vision onirique d'une tragédie bien réelle, développée d'une manière fort surprenante.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Un village dans le Cotentin, entre terre et mer avec des agriculteurs taiseux. Un lotissement nouvellement construit avec des habitants pas vraiment intégrés au village. Deux jeunes femmes qui viennent de Paris et exercent des métiers d'homme : maréchale ferrante et vétérinaire. Des évènements étranges,comme une pluie de crapauds. Des secrets, des traditions, une rebouteuse, des mutilations d'animaux. Voilà le décor de ce roman original, inclassable.
J'ai aimé cet atmosphère étrange et le dénouement du roman qui explique tout.
C'est noir mais parfois poétique.
J'ai aimé !
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Comme un écho à l'une de mes dernières lectures,  il est ici aussi question de rebouteux. 

« La Vieille porte le monde dans les yeux, les catastrophes, les grandes découvertes, les guerres, les passions dévorantes. La succession des saisons, les migrations des oiseaux, l'éclosion des fleurs, la crue des rivières, les tempêtes et les grandes marées d'équinoxe. Cette femme-là n'est pas simplement humaine, elle est animale, végétale, minérale, elle est la vie. »

Le fond est assez noir également et la balade normande dans cette contrée de légendes, balayée par les vents marins est loin d'être banale ; elle est toute autant envoûtante qu'inquiétante. 

Elle m'a plu cette escapade, même beaucoup plu. L'écriture est hypnotique, Adeline Fleury nous embarque facilement dans cette histoire d'enfants fées, intelligemment construite, elle maintient le suspense dans une valse maîtrisée entre passé et présent. 

Parmi cette belle palette de personnages proposée, je garderai  en mémoire, longtemps, ce colosse aux pieds d'argile,  un titan d'émotions et de sensibilité.

Lecture émouvante, intrigante, passionnante. 

« Les histoires de fées, ça permet d'enrober de merveilleux les vérités que l'on ne veut pas affronter. »

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« Les histoires de fées, ça permet d'enrober de merveilleux les vérités que l'on ne veut pas affronter. »

Des pluies de crapauds, des animaux mutilés, une ambiance glauque et pesante, le roman d'Adeline Fleury ne fait clairement pas dans la légèreté ou le conte de fées à la Walt Disney.

Moi qui habituellement n'aime pas les récits trop sombres et violents, j'ai pourtant été happée par cette histoire mystérieuse, étouffante et qui révèle peu à peu certains de ses secrets. Toujours à la frontière entre réalisme et fantastique, le roman brouille subtilement les repères du lecteur qui ne sait pas dans quel sens le récit va basculer. Cela maintient un sentiment inquiétant mais surtout captivant tout au long de la lecture.

« le ciel en sa fureur » est avant tout un roman d'atmosphère. Dans cette petite bourgade reculée, la vie quotidienne est difficile (sauf pour « ceux du lotissement »), les contes et légendes y ont une place importante, on fait encore appel à des rebouteux et les sorcières et les fées sont là, tapies dans les méandres. Au-delà de son mystère c'est avant tout l'impression permanente de touffeur et d'étrangeté qui domine le récit. Une ambiance poisseuse, dans laquelle la violence n'est jamais loin et que la plume d'Adeline Fleury dépeint à merveille.

« Elles avancent dans le brouillard à l'aveugle et avec une sensation d'irréalité. L'air est de plus en plus poisseux, les marécages sentent le rance, un mélange d'odeur de varech et de poisson avarié. Parfois, quand le vent tourne, il apporte des remugles de la grève vaseuse située de l'autre côté des dunes. le silence saisit les deux femmes ; les moutons ne bêlent plus. »

Au milieu de cette noirceur, il y a heureusement quelques personnages qui apportent un peu de lumière et de sensibilité au récit, telles les deux figures féminines principales : Julia la vétérinaire et Stéphane la maréchal-ferrante. Elles sont parmi les rares à ne pas être nés dans le village et y à avoir grandi et portent ainsi un regard différent sur les superstitions et les légendes de la région dont elles sont moins imprégnées. Seul petit regret, certains personnages ne sont qu'esquissés et auraient peut-être mérités plus d'épaisseur, plus de présence dans le roman.

Je remercie Marie-Laure (Kirzy) et Chrystèle (HordeDuContrevent), sans leurs billets je n'aurais sans doute pas lu ce roman à l'atmosphère si singulière et plutôt éloignée de mes lectures habituelles.
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Il y a déjà cette couverture sublime. Puis le titre et le résumé de l'éditeur. Il y a cette atmosphère que l'on ressent dès les premières pages : une ligne entre la boue et le ciel gris sur laquelle s'entortille les fils d'une intrigue à dénouer. Les silences accompagnent les regards, les langues taisent les légendes mais l'on sait quand revient le Varou. L'air charrie l'odeur du sang des bêtes abîmées, des pleurs dans la cave, des ombres que l'on devine. Ce livre ne sera décidément pas ordinaire.

La Normandie souffle ses secrets dans cette petite ville du bord de mer où les fées échangent encore les enfants, où l'on danse près des fontaines cachées dans des grottes, où la Vieille barre les mauvais maux. La lecture prend aux trippes, bouscule ne s'embarrassant d'aucun tact : un mot est un mot, la mort y est vraie, les peurs et les plaies réelles.

Roman sans concession, sombre et fascinant, « le ciel en sa fureur » ne peut laisser indifférent.
Il enveloppe jusqu'à la dernière page.


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Un conte fantastique qui s'appuie sur une réalité solide à la campagne avec des personnages bien campés qui sont confrontés à des légendes normandes, convoquant le Varou, les goubelins et les enfants-fées, qui alimentent le récit. Un roman envoûtant, magnétique et haletant par sa construction et son intrigue en forme de polar.
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La couverture a retenu mon attention, cette ferme isolée donne un aperçu de l'atmosphère du roman particulièrement juste.
La quatrième de couverture m'a convaincue ainsi que plusieurs bonnes critiques.
Il y avait quand même cette histoire d'événements qualifiés d'extraordinaires qui me faisait sortir de ma zone de confort et qui aurait pu me retenir...

Heureusement que je n'ai pas écouté mes craintes !
Un roman qui tient ses promesses tant sur le fond que sur la forme.
Je me suis laissée embarquée par cette histoire où le quotidien d'une bourgade de campagne côtoie le fantastique sans que le récit perde en crédibilité.

Une belle lecture qui m'a apporté tout ce que je recherche, à savoir m'évader du quotidien.
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Un petite commune rurale de la côte ouest du Cotentin ;
Un bourg , des hameaux où vivent les gens du cru, ceux qui y ont fait souche .

Le village est depuis toujours imprégné d'histoires du passé de certaines familles, d'affaires dont on n'ose guère parler et de superstitions liées à certains lieux de la commune, à certaines personnes, en particulier à certains types d'enfants porteurs de sortilèges .
Les croyances en des maléfices d'un autre temps ont la vie dure , ici !

A la périphérie , comme dans de nombreuses bourgades actuellement, un lotissement de maisons neuves, une sorte de cité dortoir où vivent des familles de rurbains qui travaillent en ville et ne se mêlent pas des affaires de la commune .

Entre ces deux types de population, deux jeunes femmes venues de la région parisienne intégrées a la vie du village : une vétérinaire, et une maréchale ferrante qui par leur métier vivent au sein de la communauté rurale, sans toujours toutefois bien comprendre ce qu'il s'y passe .
Un matin on découvre que 2 chevaux du club hippique ont été sauvagement massacrés . Les deux femmes vont alors chercher à comprendre pourquoi on s'en est pris à ces animaux .

A partir de ce moment, le roman qui a un fort ancrage régional et qu'on pourrait qualifier de roman du terroir devient un roman policier dont la caractéristique essentielle est qu'il baigne dans une atmosphère de réalisme magique. On y balance constamment entre rationnel et l'irrationnel, entre fantômes du passé et poids du présent .

Un beau roman riche en personnages, énigmatique, qui peut, en son début paraître déroutant . Au lecteur de se laisser envoûter, entraîner par l'écriture sensorielle d 'Adeline Fleury qui restitue à merveille l'atmosphère d'entre deux mondes dans laquelle baigne le récit
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Un village du Cotentin, embourbé dans ses croyances. Un lotissement identique à tous les lotissements de France, à la lisière de tout. Deux femmes qui cassent les codes, une vétérinaire et une maréchale-ferrante. Et aussi une pluie de grenouilles, des animaux mutilés.

Très vite les soupçons se portent sur un enfant différent, un fêtet peut-être, un solitaire évidemment. La plume onirique d'Adeline Fleury nous fait naviguer entre un monde où naît la neo-ruralité si fréquente aujourd'hui, et la magie des anciens. Que cache la vieille maison qu'a repris la Grande Stéphane ? Et les inimités entre femmes du village ?

Inspirée par les mutilations de chevaux des années 2020, l'autrice nous propose un voyage qu'il ne faut pas lire au pied de la lettre, au risque d'être déçu. Moi, je ne l'ai pas lâché.
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