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Cycle indien tome 3 sur 5
EAN : 9782070385539
130 pages
Gallimard (09/10/1992)
3.27/5   204 notes
Résumé :
Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête. Il demande : - Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit. Elle dit qu'elle regarde : - Je regarde. Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer. Elle dit : - Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala.
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,27

sur 204 notes
Magnifique ! J'ai été happée dès les premières lignes... J'ai adoré l'écriture, même la mise en page, espacée, correspond si bien au tempo lent du récit.

J'ai été intégrée dans l'âme des personnages et j'ai eu l'impression d'être, moi lectrice, l'un des protagonistes, car j'avais de la place _je tournais autour des personnages pour les regarder de plus près, presque comme sur une scène de théâtre à les suivre dans leurs mouvements_ et tout méritait exploration, et me laissait juge de prendre tel ou tel chemin pour continuer la lecture.

Le style utilisé par Marguerite Duras, tout en esquisse, en dialogues, tellement épurés, permet au lecteur de s'attacher aux âmes présentes dans ce roman, très court, confortant ainsi le sentiment de fugacité, d'immatérialité et finalement j'ai comme ressenti de la folie qui surgissait au détour des pages. D'autant que l'ambiance était oppressante, "la musique des fêtes mortes", "des plantes noires remuent dans le vent qui entre par la porte" de l'hôtel, la station balnéaire pas vraiment idyllique !

Tout commence par un triangle amoureux, deux hommes et une femme sur une plage, les vagues les rapprochent pour les séparer dans une écume crémeuse. Et puis, dans une immobilité feinte, on sent les remous et on plonge entre des murs blancs d'un hôtel, on marche sur les planches de la plage avec eux pour se retrouver dans un décor fantôme.

N'ai-je finalement fait un voyage dans la tête de l'un des trois protagonistes, lequel était-ce ? Je ne saurais le dire.. Cet esprit cherche une ouverture au travers de souvenirs, mais ils reviennent par bribes. "Les murs augmentent en nombre, se multiplient, ils se coupent, se suivent, se recoupent, ils battent dans les tempes, font saigner les yeux. Il n'y a toujours aucune ombre".

Une peine d'amour, de mort (peut-être d'un enfant) a créé un vide et tout a basculé. "Je suis la morte de S. Thala."

Je pense qu'il ne peut y avoir de demi-mesure, on aime ou on déteste ce récit et que, pour une même personne, d'un moment à un autre, la lecture bascule aussi. Aujourd'hui ces mots ont fait écho en moi, et quelle chance !

"Il n'est plus là. Elle est seule allongée sur le sable au soleil, pourrissante, chien mort de l'idée, sa main est restée enterrée près du sac blanc."

J'adore
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Moi qui avait tant aimé le roman de Marguerite Duras "Ecrire", je me suis dis que si elle était capable de transmettre de telles émotions au lecteur sur ce qu'est le plaisir d'écrire, quelle ne devait pas être sur ce qu'elle aurait à nous dire sur le plaisir d'Aimer et d'être aimé(e). Aussi ai-je emprunté cet ouvrage à ma belle-mère qui adore littéralement cette auteure et qui possède tous ses livres dans sa bibliothèques mais, je ne sais pas si j'oserai lui avouer pour ne pas la froisser, mais en tout cas, ici, je le dis, je n'ai pas du tout aimé cet ouvrage. Certes, l'écriture est très belle mais il s'agit d'un livre dans lequel il ne se passe rien. Il y a trois personnages, une femme et deux hommes dont on ignore quasiment tout si ce n'est que l'un est surnommé "le voyageur" et l'autre "celui qui marche", qu'ils se rencontrent, se parlent sans vraiment se parler, se rencontrent sans vraiment être ensemble...
La chronologie est très confuse car ils finissent par se retrouver mais on ne sait pas exactement combien de temps après, il y a beaucoup de non-dits et cela m'a énormément frustré.

L'amour est présent dans cet ouvrage, cela est certain mais entre qui est qui ? Entre les hommes, entre un homme et une femme, entre la femme et l'enfant qu'elle va mettre au monde ou tous simplement entre les homme et cet étrange lieu du nom de S. Thala ? Peut-être y a t-il un peu de tout cela à la fois et c'est certainement un très bau livre pour ceuw qui arrivent à cerner ce genre d'écriture décousue, ce qui n'est pas mon cas, bien que je ne remette absolument pas en cause les talents d'écrivains de Marguerite Duras...
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Magnifique! Génial! Important!
J'ai lu plusieurs critiques négatives et je les comprends toutes.
Je comprends qu'on soit dérouté quand on espérait lire un roman d'amour et qu'on se retrouve perdu sur une plage inconnue où il ne se passe rien, sinon qu'un homme marche et qu'un autre regarde une femme.
Je comprends qu'on soit déboussolé de cette inaction apparente. Je comprends qu'on flanche devant tant d'inconnu car les personnages, le lieu et même le sens demeurent insaisissables et obscures.
Je comprends et pourtant...
Moi cette langueur, cette absence d'action et d'explications, cette folie apparente des mots, c'est justement ce que j'aime chez Duras, et qui m'a fait adorer ce roman.
Je crois que pour l'aimer comme je l'ai fait il faut surtout ne s'attendre à rien. Il faut se laisser porter comme dans un rêve par la puissance des mots qui convoquent des images. Il faut regarder ces images et c'est tout. Sentir le vent, la chaleur, regarder l'homme qui marche au loin et l'autre qui voudrait mourir. Il faut sentir la folie de ces trois personnages, et accepter de ne rien y comprendre, à cette folie là... Alors, quand on a abdiqué, quant on a rendu son savoir et ses à priori sur ce qu'est une histoire, on peut , je crois, aimer Duras et "L'amour".
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J'aime les phrases de Marguerite Duras, courtes, simples d'apparence mais dont coule une poésie à la fois grave et lumineuse. J'aime aussi ses personnages et ses atmosphères. Ici, un bord de mer, comme dans d'autres de ses romans, et bien sûr, une femme et un homme, ou plutôt deux.
Le récit est oppressant, on attend quelque chose alors que la lumière du ciel change, qu'un homme marche sans cesse, qu'une femme dort ou regarde la mer, et qu'un autre homme la regarde. Puis tout s'emmêle: ils se connaissent? Il y a un passé cité à demi-mots, une prison, une folie, un suicide prémédité, des enfants...
Je me suis perdue dans des dialogues trop énigmatiques cette fois-ci et j'ai fini le livre avec une note de déception et de frustration. Les autres lecteurs ne semblent pas avoir compris grand chose de plus, il faudra rester avec cette impression...
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Je vois beaucoup d'avis négatifs sur ce livre, ce que je peux tout à fait comprendre. Mais du coup ça me donne envie de défendre ce roman qui a été pour moi une sorte de révélation.
D'ailleurs ceux qui découvrent Marguerite Duras avec ce roman ne devraient pas s'arrêter à celui-ci, car dans une certaine mesure il n'est pas significatif de son oeuvre (Enfin si, mais avec un côté radical qui peut le rendre difficile à aborder)
Pour ma part c'était le premier livre de Marguerite Duras que je lisais et c'est lui qui m'a donné envie de lire le reste, que j'ai apprécié à différents degrés, mais "l'amour" garde vraiment une place particulière pour moi.

Ce qui est fascinant c'est l'écriture, le rythme et la force de certaines images, qui influent sur tout le reste. Cette histoire de rythme, c'est essentiel. Dans une certaine mesure on peut lire ça comme de la poésie. D'ailleurs c'est un des rares romans que j'ai relu plusieurs fois, rien que pour le plaisir « d'entendre » ce rythme.
Cette écriture nous fait ressentir à quel point tout ce qui se passe ici est essentiel, même si cela peut donner l'impression que l'action est très limitée. Tout ce qui se passe parait essentiel, vital, et de fait ça l'est même si cela reste souvent mystérieux. D'ailleurs après l'avoir lu si on peut s'intéresser aux liens que ce romans à avec « le Ravissement de Lol V Stein » et tout le « cycle indien » de Marguerite Duras, mais ce n'est vraiment pas indispensable.
En écrivant cette critique je relis les premières lignes. Elles me donnent immédiatement envie de continuer :
« Un homme.
Il est debout, il regarde : la plage, la mer.
La mer est basse, calme, la saison est indéfinie, le temps, lent. »
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s’arrête.
Il demande :
- Qu'est-ce que vous faites là... Il va faire nuit.
Elle dit qu'elle regarde.
- Je regarde.
Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme qui marche le long de la mer.
Elle dit :
- Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala.
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Nuit.
Dans la lumière électrique le voyageur écrit.
Le voyageur éloigne la lettre de lui, reste là.
Devant lui, la route vide, derrière la route, des villes éteintes, des parcs. Derrière les parcs, l'épaisseur, insaisissable, S. Thala dressée.
Il reprend la lettre. Il écrit.
"S. Thala, 14 septembre."
"Ne venez plus, ne venez pas, dites aux enfants n'importe quoi."
La main s'arrête, reprend.
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Le triangle se ferme avec la femme aux yeux fermés. Elle est assise contre un mur qui délimite la plage vers sa fin, la ville. L’homme qui regarde se trouve entre cette femme et l’homme qui marche au bord de la mer. Du fait de l’homme qui marche, constamment avec une lenteur égale, le triangle se déforme, se reforme, sans se briser jamais.
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Il prend du sable, il le verse sur son corps. Elle respire, le sable bouge, il s’écoule d’elle. Il en reprend, il recommence. Le sable s’écoule encore. Il en reprend encore, le verse encore. Il s’arrête. – Amour.
Les yeux s’ouvrent, ils regardent sans voir, sans reconnaître rien, puis ils se referment, ils retournent au noir.
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Le silence commence par un espacement des temps.

p. 47
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