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Janine Hérisson (Traducteur)
EAN : 9782221103777
398 pages
Robert Laffont (06/01/2005)
3.67/5   78 notes
Résumé :
Lors de sa publication en 1975, Ragtime fut - mais pour une fois à juste titre - porté aux nues par la critique américaine (" événement littéraire ", " chefs-d'œuvre ") avant de devenir un best-seller mondial. Du même coup, Doctorow accédait au rang de grand écrivain avec ce livre qui, à sa manière pleine de bruit et de fureur, dépeint en un kaléidoscope de personnages la naissance de l'Amérique moderne. Au héros de son invention, l'auteur mêle, entre autres, Ford, ... >Voir plus
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Le Gilded Age, cet âge doré  dans l'histoire des États-Unis ne fut une période de prospérité que pour une poignée d'individus situés au sommet de la chaine alimentaire. Doctorow en offre une radioscopie singulière à travers la destinée de quelques familles, des industriels prospères de New Rochelle, des migrants ashkénazes récemment arrivés, un musicien afro-américain. La prospérité économique va de paire avec la distribution inégale de la richesse, et la montée des syndicats, cette dernière étant incarnée dans le roman par le personnage d'Emma Goldman, la militante anarchiste, autre figure de l'immigration juive en Amérique du nord.

Car dans Ragtime, Doctorow mêle habilement personnages de fiction et figures historiques, aussi diverses que Freud, Houdini, J.P Morgan, Henry Ford, Evelyn Nesbit (incarnée par Joan Collins dans La Fille sur la balançoire de Richard Fleischer ). La métafiction historiographique est chère au romancier américain et lui permet avec cet assemblage d'éléments qui peuvent paraitre hétéroclites d'écrire une grande fresque courant sur plusieurs décennies de cet âge d'or américain (débordant parfois vers les Pôles et le voisin mexicain en pleine Révolution), une histoire de riches et de pauvres. Paru en pleine désillusion du bourbier vietnamien, Ragtime est avant tout une critique sociale marquante sur les origines du néo-libéralisme et le racisme qui gangrène le pays.
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La fin du XIXe siècle aura été une période bénie aux Etats-Unis pour la classe des ultra-riches, qui s'est prolongée dans les premières années du XXe siècle. Ragtime se veut un survol fou de cette ère dorée (gilded age). Doctorow mène cette locomotive déchaînée de main de maître. C'est au sein d'une famille aisée (Père, Mère, Jeune frère et Petit garçon) habitant New Rochelle non loin de New York City que se tisse l'intrigue principale de ce roman historique atypique, à laquelle l'auteur greffe, en un tourbillon frénétique, une série de scènes fortes impliquant quelques personnalités connues de l'époque, dont Harry Houdini, Emma Goldman, John Pierpont Morgan, Henry Ford, Sigmund Freud et j'en passe. Et à travers toutes ces saynètes qu'on peut croire disparates et sans lien entre elles, c'est à une leçon d'histoire en accéléré de la société américaine à laquelle le lecteur est convié. le portrait d'une nation gangrenée par les inégalités sociales et les problèmes raciaux, subissant les ravages du capitalisme sauvage qu'une montée du syndicalisme ne suffit pas à endiguer.
Un roman fort, qu'on dirait écrit d'un seul souffle, frappant au coeur même de l'utopie américaine, ce rêve de recréer sur terre un pays neuf, offrant le meilleur pour l'humanité.

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"Ragtime" est très actuel dans le sens que le point culminant est le meurtre d'un noir par des policiers blancs à New York. Il est très vieux dans le sens que c'est une réflexion sur l'assimilation des juifs aux É.U. par un membre de la dernière génération de l'avoir subie.
Fidèle à son titre, ce roman a l'exubérance de l'époque (entre 1897 et 1918) de la musique Ragtime (un genre précurseur du jazz et dominé par la syncope) et des changements dramatiques dans la société américaine. Les É.-U. sont à la vielle d'accéder au statut du plus grand pouvoir économique et politique du monde. Les noirs du sud du pays et des juifs de l'Europe centrale arrivent en grand nombre à New York ou ils reçoivent un accueil assez froid. "Ragtime" décrit le choc culturel qui impliquent les deux communautés de nouveaux-arrivants et les anglo-saxons en place. La liste des personnages est dominés par des individus historiques qui représentent les divers courants dans la société américaine. Ils sont tous reliés parce que leurs chemin se croissent avec une famille fictive (dont les membres s'appellent "Père", "Mère", "Fils, etc.)
Les anglo-saxons (incarnés par le banquier J.P. Morgan et l'industriel Henry Ford) dominent toujours dans le domaine économique. J.P. Morgan croit fermement dans les divisions sociales et pratiquent un spiritisme qu'il croit être d'origine pharaonique. Ford est l'apôtre de l'OST (Organisation Scientifique du Travail ou le Taylorisme) et mécréant. Morgan et Ford n'arrivent pas à élaborer ensemble une idéologie cohérent mais ils restent des alliés ferme dans leur oppositions aux syndicats et au socialisme.
Le juifs sont représentés par la célèbre l'anarchiste Emma Goldman qui prône le socialisme, les libertés civiles et l'affranchissement de la femme et par Tateh un pauvre dessinateur qui devient éventuellement riche dans l'industrie des dessins animés. Goldman est les personnage qui suscite le plus l'admiration du lecteur et qui semble être la porte-parole de l'auteur. Tateh pour sa part est simplement très sympathique.
C'est le pianiste de Ragtime Coalhouse Walker qui fait la plus pitié. En tant que noir, il fait face à des barrières partout et subi des insultes incessant. Inévitablement, il craque et se fait tuer par la police.
Tout fini bien d'une manière difficile à croire. Père meurt ce qui permet à 'Mère d'épouser le charmant Tateh. Ils adoptentle fils du malheureux Coalhouse Walker et s'installent en Californie. Ainsi, ils créent un ménage anglo-saxon, juif et noir. Voilà comment fonctionne le célèbre "Américan Melting Pot" (creuset de civilisations).
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RAGTIME de E.L. DOCTOROW
Du début du 20 ème siècle jusqu'en 1917 et leur entrée en guerre, on suit l'histoire des États Unis à travers la vie de trois familles dans les environs de New York. La famille blanche, c'est Père, Mère et Jeune garçon. Père fabrique des drapeaux et décide de partir à l'aventure avec Peary pour découvrir le pôle nord. Sa femme va devoir reprendre son affaire et la faire prospérer. Tateh, Mameh et Jeune fille sont des migrants juifs d'Europe centrale, ils ont fui les pogroms. Coaldhouse Walker est le protagoniste noir, pianiste à Broadway, élégant et raffiné, il va se trouver confronté au racisme ambiant. Bien d'autres personnages vont traverser ce roman en forme de kaléidoscope comme le célèbre magicien Houdini ou le psychiatre Freud en visite avec Jung et Ferenczi.
Doctorow déconstruit le modèle de vie américain, dénonce la pauvreté, la difficile vie quotidienne en suivant l'évolution de ces trois familles.
Très bon roman foisonnant très ancré dans l'histoire, Doctorow est un écrivain célèbre aux États Unis, primé pour Billy Bathgate, l'Exposition universelle, Ragtime et The March.
Ragtime a été adapté au cinéma par Milos Forman, excellent film.
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Des premières pages, qui se situent au tout début du 20ème siècle jusqu'au dénouement qui se conclut par le torpillage du Lusitania en le 7 mai 1915, par un sous-marin allemand au large de l'Irlande, Edgard Lawrence Doctorow offre une fresque historique captivante.

Il y a Tateh qui a fui l'Europe avec sa fille. Père et Mère forment un couple uni et distingué. Ils vivent dans une grande et belle demeure avec le petit garçon. le jeune frère et le grand-père complètent le noyau familial. Jusqu'au jour où Père part pour une expédition en Arctique, et où Mère doit prendre des décisions pour faire tourner la fabrique de drapeaux, de feux d'artifices et autres objets patriotiques. A son retour, il découvre une famille changée, et en charge d'un nourrisson noir que sa mère a abandonné. C'est ainsi que la famille va faire la connaissance de Coalhouse Walker Junior et que son destin va en être bouleversé.

Ce roman est dense et difficile à raconter tellement il y a d'interconnexions entre les différents personnes qui se croisent sans se connaître, qui vivent côte à côte des vies totalement différentes. E. L. Doctorow déroule un récit brillamment ficelé présentant les différentes strates de la société américaine de ce début de siècle. C'est intense et même si chaque personnage ne tient le haut de l'affiche que pendant quelques pages ou chapitres, puis passe le relais, sans que le récit en devient saccadé; chacun a son importance.

Les personnages sont nombreux et tous sont à la fois personnages secondaires puis principaux. Il y a entre autres Mère qui apporte à cette fresque un visage féministe, Jeune frère avec sa casquette de rouge, qui au début semble un peu dérouté par la vie; Coalhouse Walker, pianiste de ragtime pour les blancs, avec sa vision de la vie - pour l"époque - totalement déroutante, que l'on pourra assimiler à une locomotive lancée sur ses rails et qui n'en sortira sous aucun prétexte. Il y a Tateh qui aimerait tout offrir à sa fille tellement belle, prunelle de ses yeux.


Ce roman est dense, le lecteur suit un bref instant la vie de bien des personnages célèbres, et l'on croise ainsi Emma Goldman une célèbre anarchiste, Freud et ses disciples, Evelyn Nesbit une danseuse d'une beauté sans pareil, mariée à Harry Kendall Thaw; l'architecte Stanford White, Henry Ford dont le modèle T causa bien des problèmes à l'un des personnages du roman, John Pierpont Morgan un gros financier dont la bibiothèque où se déroula une scène importante et tragique du roman, le grand Harry Houdini et ses états d'âme, et j'en passe. le roman a d'ailleurs été adapté au cinéma par Milos Forman, en 1981. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(Coïncidence, Emma Goldman, l'intellectuelle et anarchiste russe née en 1869 à Kowno est morte un 14 mai (1940 à Toronto).

L'orateur prévu n'était autre qu'Emma Goldman. Tateth expliqua avec soin que, en dépit de son opposition totale à Goldman - elle était anarchiste et lui socialiste- il éprouvait le plus grand respect pour son courage et sa sincérité personnels; il avait donc admis l'opportunité d'un accord provisoire entre socialistes et anarchistes, ne fût-ce que pour la soirée, car les fonds recueillis à cette occasion serviraient à aider les ouvriers d'une fabrique de chemisiers, alors en grève, et ceux d'une scierie de McKeesport, en Pennsylvanie, également en grève, et l'anarchiste Francisco Ferrer, qui allait être condamné à mort et exécuté par le gouvernement espagnol pour avoir fomenté une grève générale en Espagne. En seulement cinq minutes, Evelyn fut submergée par la tonifiante terminologie de l'idéalisme révolutionnaire. Elle n'osa pas avouer à Tateh qu'elle avait toujours ignoré qu'il y eût une différence entre le socialisme et l'anarchisme ou que l'idée de rencontrer la scandaleusement célèbre Emma Goldman la terrifiait.
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Sa fille avec ses cheveux noirs, son beau-fils, aux cheveux d'étoupe, et l'enfant schwartze , dont il avait la responsabilité légale. Il eut brusquement l'idée d'un film. Une bande d'enfants, tous copains, blancs, noirs, gros, maigres, riches, pauvres, de toute espèce, petits garnements malicieux dont se multiplieraient les aventures drôlatiques dans leur quartier, une société de gamins des rues, comme nous tous, une bande, s'attirant des ennuis par leurs sottises mais s'en tirant toujours. En fait, cette vision donna naissance non pas à un film, mais à plusieurs. Ainsi s'acheva l'ère du Ragtime, dans un souffle puissant de la machine, comme si l'histoire n'était rien de plus qu'un air égrené sur un piano.
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Coalhouse Walker Junior se tourna de nouveau vers le piano et dit : "The Maple Leaf". Composé par le grand Scott Joplin. Le plus célèbre de tous les "rags" retentit à travers les airs. Le pianiste était assis derrière le clavier, le buste raide, et ses longues mains noires aux ongles roses faisaient, apparemment sans effort, jaillir des grappes d'accords syncopés et d'octaves bien frappées. C'était une composition des plus robustes, une musique vigoureuse qui éveillait les sens et dont la vitalité ne se démentait jamais. Le petit garçon la percevait comme une lumière effleurant différents points de l'espace, s'accumulant en dessins complexes jusqu'à ce que toute la pièce fût illuminée de sa présence. La musique emplissait la cage de l'escalier et montait jusqu'au deuxième étage où Sarah la muette, Sarah qui ne pardonnait pas, était assise, les mains croisées, et écoutait par la porte ouverte.
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La plupart des immigrants venaient d'Italie et d'Europe orientale. Des chaloupes les emmenaient jusqu'à Ellis Island. Là, dans un entrepôt pour matériel humain, étrangement décoré, fait de brique rouge et de pierre grise, ils étaient étiquetés, douchés, parqués sur des bancs dans des boxes d'attente. Ils prenaient tout de suite conscience de l'énorme pouvoir des fonctionnaires de l'immigration. Ces fonctionnaires changeaient les noms qu'ils ne pouvaient pas prononcer et arrachaient les gens à leurs familles, renvoyant d'où ils venaient les vieillards, les mauvais sujets, les personnages louches et également ceux qu'ils jugeaient insolents.
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Il employait de nombreux ouvriers, pour la plus grande majorité étrangers, et croyait depuis longtemps la plupart des êtres humains trop stupides pour bien gagner leur vie. Il avait conçu l'idée de morceler les opérations de montage d'une automobile en les réduisant chacune à la tâche la plus simple, afin que n'importe quel imbécile fût capable de les accomplir. (...) En contrôlant la vitesse des tapis roulants, il pouvait contrôler le taux de production de l'ouvrier. (...) Partant de ces principes, Ford établit la proposition finale de la théorie de la fabrication industrielle, - non seulement les pièces du produit fini doivent être interchangeables, mais les hommes qui fabriquent les produits doivent être eux-mêmes des pièces interchangeables.
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Vidéo de E. L.  Doctorow
Olivier Barrot présente "La machine d'eau de Manhattan" de E.L. Doctorow.
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