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EAN : 9782070129539
139 pages
Gallimard (30/04/2010)
3.63/5   131 notes
Résumé :
Allemagne, années trente. Ulrich est un adolescent de Duisbourg comme les autres. À un détail près : sa peau est noire...

Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d'un bref amour avec une jeune Allemande.

Ils sont des centaines, comme Ulrich, à in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 131 notes
Point de vue inhabituel que celui de ce roman : c'est le fils d'un tirailleur sénégalais qui parle.
Et que nous raconte-t-il ?
Sa vie en Allemagne dans les années 30, en compagnie de sa mère, Allemande, pauvre travailleuse dans une usine de Duisbourg. Son père ? Il ne le connait pas : après avoir connu un grand amour avec sa mère durant quelques mois, lors de l'occupation française après la guerre 14-18, Amadou Diallo a dû suivre son régiment, sans savoir qu'il allait avoir un fils, Galadio/Ulrich.
Mais maintenant, le régime nazi est au pouvoir, et les métis sont persécutés. Galadio/Ulrich doit fuir, mais se fait rattraper par les SA. Il échappe de peu à la stérilisation, pour aboutir comme figurant dans les studios de cinéma à Babelsberg. Et de là, il suivra l'équipe d'un film jusqu'au Sénégal, où il partira à la recherche de ses racines, pour revenir quelques années plus tard en Allemagne et découvrir la désolation.

Le point positif ? Je suis ressortie de ce roman un peu moins ignorante. En effet, j'ai pris connaissance du
destin des tirailleurs sénégalais et des liens qu'ils ont pu créer avec des femmes allemandes. Et puis j'ai assisté avec horreur à une bêtise monstrueuse : les nazis raflaient aussi les animaux des Juifs pour les tuer ! (voir ma citation...Il faut avoir le coeur bien accroché !)

Le gros point négatif : je n'ai jamais eu d'empathie pour le héros ni pour personne, d'ailleurs. Les faits sont relatés de manière journalistique, avec énormément de descriptions. Je me suis même ennuyée.
Didier Daeninkx ? J'avais déjà lu « Cannibale », je viens de terminer « Galadio », j'en resterai là.

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Merci Monsieur Daenincks de nous faire travailler les neurones avec cette superbe narration sur la montée insidieuse de l'hitlérisme, dénonçant à la fois le racisme, le poids du colonialisme dans l'histoire africaine, et soulignant l'importance dans une vie de la fidélité à l'amour filial, de la découverte du sentiment amoureux ... Eh oui chez Mister Didier tout est là !
Il nous permet de nous rappeler un pan de l'infamie de l'idéologie nazie rarement souligné, la différence, la douleur que l'on ressent avec le "ne pas être comme les autres" et la difficulté d'apprendre à vivre avec deux prénoms Galadio et Ulrich, l'ambiguïté de la double identité !
Une façon de raconter l'histoire, de nous faire prendre conscience de notre responsabilité face à l'actualité et aux orientations futures de notre société !
Mais pour ce qui est de la collection choisie (les contemporains, classiques de demain de Larousse), est ce une erreur d'avoir choisi de lire galadio avec un dossier pédagogique très très complet ? Trop ?
Côté positif, si vous ne maîtrisez pas tout le riche vocabulaire de mister Didier, toutes les explications sont là ! Et puis quelle découverte ! Justement cette richesse avec des mots précis qui expriment si bien à la fois les sentiments, les faits historiques, la plupart inconnus ou oubliés !
Côté négatif, ces petits numéros qui à chaque fois, entraînent l'oeil vers des renvois pas forcément indispensables mais qui toutefois valorisent nos savoirs !
La morale de mon histoire, dans un bon bouquin, le texte est le plus important mais la forme influe sur notre plaisir de lecture. Lapalissade, me direz vous, oui certainement !
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Dans les années 1930, Ulrich (Galadio de son deuxième prénom) est un jeune pas tout à fait comme un autre : c'est un métis en Allemagne - fruit des amours fugaces d'une Allemande et d'un tirailleur sénégalais qui était stationné en Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale.
On l'a compris, il n'a rien d'un aryen, modèle de la perfection telle qu'elle est ventée par le Reich, le calme de ses journées est donc fortement compromis.

Une fois encore Didier Daeninckx a fait des recherches pour porter à notre connaissance le destin d'un jeune homme peu commun pendant la guerre, en quête d'identité, de valeurs et de vérités dans un monde où tout est bouleversé. de fils d'une femme a priori respectable (pour le lecteur) à fugitif en passant par figurant dans le cinéma aryen à tête brûlée qui rejoint le village d'origine de son père au Sénégal, le lecteur suit cet étonnant parcours à travers ces quelques 150 pages.

A travers ce roman, surtout dans le premier tiers, j'ai découvert des épisodes de cette période que je ne connaissais pas; que ce soit au niveau du "quotidien" des citoyens allemands avec les SA , le sort réservé aux animaux des Juifs dits "perdus pour leur race" , le sort des femmes tondues en Allemagne et celui des métis en Allemagne.

J'ai trouvé intéressant l'idée d'amener cette histoire qui illustre bien la peur du métissage des régimes dictatoriaux et autoritaires, en revanche j'ai regretté la structure et l'écriture trop journalistiques à mon goût. J'aurai aimé plus de romanesque dans l'écriture et le travail des personnages afin de pouvoir m'accrocher davantage à ce récit plutôt que de le traverser comme un paysage assez uniforme. J'aurai par exemple aimé plus d'introspection du personnage (ou d'autres personnages secondaires) durant certains épisodes qui s'enchaînaient parfois trop vite à mon goût avec des descriptions trop factuelles (encore une fois, à mon goût...).
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Ulrich est un adolescent qui habite Ruhrort dans la banlieue de Duisbourg, grande ville industrielle de la région de la Ruhr dans l'Allemagne de l'Ouest.
Il vit seul avec sa mère Irmgard Ruden. Dans ces années 1930, le nazisme progresse.
L'adolescent va assister, atterré à une scène dramatique : les animaux appartenant à des familles juives sont embarqués sans ménagement dans un camion et vont ensuite être massacrés. Lui aussi ne va pas tarder à devenir la proie des nazis. C'est parce qu'il est métis, né d'un père soudanais, qui est venu en tant que soldat en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du Traité de Versailles. Ulrich ne connaitra jamais son géniteur reparti, quelques mois avant sa naissance au début de 1922.
Sa mère lui a donné le prénom du grand- père mort pendant la Grande guerre. Mais le jeune homme porte aussi le prénom de son oncle paternel Galadio.
Bientôt la police le recherche, il parvient à échapper à ceux qui le traque, il se réfugie quelque temps dans une famille juive les Baschinger, mais il finit par être arrêté.
Comme Ulrich, Ils sont des centaines de jeunes métis, à incarner ce qu'Hitler et les nationalistes dénoncent comme étant la « honte noire », ils ne doivent pas polluer la race aryenne : il est conduit à l'hôpital pour y être stérilisé en vertu d'une loi de 1933 qui rend l'acte obligatoire pour les personnes considérées par le régime nazi comme malades ou déviantes (400 000 personnes environ furent victime de cette loi). Mais il échappe à cette opération grâce à une amie de sa mère.
A la sortie de l'hôpital il va être engagé comme figurant dans un film, puis dans d'autres, le cinéma allemand servant la propagande nazie. Il tient le rôle de jeune « nègre » Il devient alors véritablement « Galadio ».
Il va avoir la chance de partir tourner au coeur même de l'Afrique.
La guerre éclate et Galadio reste en Afrique. Il n'a qu'une idée en tête, retrouver son père au Soudan. Au verso de la seule photographie détenue par sa mère qui représente son père dans l'uniforme des tirailleurs sénégalais, figurait l'adresse du petit village de la famille paternelle.
Après un long périple à travers l'Afrique de l'ouest, il parvient à Sinéré et rencontre son oncle, mais ne verra jamais son père fait prisonnier par les Allemands, celui-ci a été massacré par eux près de Lyon en 1940. Galadio gagne le Sénégal et s'engage dans les Forces Françaises Libres. Il va, ainsi, participer au débarquement de Provence.
La guerre finie il rentre dans son pays, l'Allemagne.
Là, il va apprendre que sa mère arrêtée pour conduite antinationale a été transférée à Dachau où elle est morte.
La famille juive qui l'avait recueillie a été aussi déportée à Auschwitz, tous sont morts, sauf peut-être leur fille Déborah que Galadio aime. Reviendra-t-elle un jour ? c'est avec cette note d'espoir que s'achève ce roman.

L'intérêt de ce roman
Didier Daeninckx s'appuie sur une documentation très fouillée pour raconter des faits réels relativement peu connus de l'histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le sort terrible réservé aux Allemands métis dans un pays gagné par les idées xénophobes du nazisme. J'ai aussi appris comment « disparaissaient » les animaux de compagnie détenus par les familles juives… (cela m'a valu un sacré cauchemar !)
C'est un roman d'apprentissage. de sa ville natale Duisbourg en passant par les studios de cinéma de Babelsberg (Le cinéma est une industrie au service de la propagande nazie qui entretient le préjugé racial accusant les soldats africains d'être des violeurs de femmes allemandes), en découvrant l'Afrique (Guinée, Sénégal, Soudan…) , Ulrich devient un homme et découvre leur vraie nature, celle des bons comme des mauvais.
Même si les faits sont romancés, le livre regorge d'informations minutieusement collectées, précises : le cinéma allemand de l'époque, avec ses acteurs, la vie qu'on mène dans les colonies en Afrique dans ces année-là, les crimes perpétrés par le régime hitlérien …
On découvre d'autres formes de racisme, on fait le parallèle avec les pratiques de l'esclavage décrites et dénoncées par les philosophes du XVIII et celles exposées dans ce roman.
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Récit de la vie de Galadio, né d'une mère allemande et d'un père "tirailleur sénégalais" occupant l'Allemagne défaite après la première guerre mondiale, qui fuit le nazisme et le racisme envers les noirs en profitant d'une mission en Afrique pour réaliser un film en l'honneur des héros de la colonisation allemande. Galadio retrouvera ses racines et les traces du père qu'il n'a pas connu, mort pour la France au début de la seconde guerre mondiale.
Ce roman honore la mémoire de 48 tirailleurs sénégalais massacrés par l'armée allemande près de Lyon : les 19 et 20 juin 1940, pour retarder la progression des troupes allemandes vers les Alpes, des combats opposent à Chasselay, une compagnie de tirailleurs sénégalais au régiment d'infanterie Grossdeutschland qui sera victorieux. Les prisonniers seront divisés en deux groupes : 48 sénégalais sont massacrés par deux chars d'assaut, alors que les Français seront conduits en captivité.
Un roman bien documenté sur les oubliés remarquables de notre histoire, où des hommes de couleur ont été effacés pour ne laisser qu'un récit en blanc sans noirs...


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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
5 hommes en uniforme trient les animaux par espèces.
En ce moment, c'est au tour des chiens. 8 à 10 SA armés de revolvers les abattent méthodiquement. Le reste de la troupe attend pour aller ramasser les cadavres et les jeter dans une benne. Ils boivent de la bière, ils fument.
Je reconnais Dieter. Il traverse la pièce dans sa longueur et se baisse pour ramasser un objet que je ne parviens pas à identifier. Ses compagnons s'esclaffent, leurs rires se fraient un chemin entre les détonations. Je comprends alors qu'ils se divisent en 2 équipes.
Dieter se place en pointe pour engager la partie. La balle qu'il a choisie a du mal à rouler sur le sol. Ce n'est qu'à la cinquième ou sixième passe que je réalise qu'il ne s'agit pas d'une balle, quand l'un des miliciens, d'un coup de botte, projette Takouze contre le mur. Sous la violence du choc, la tête de la tortue est sortie. Elle n'a pas le temps de se rétracter qu'une semelle cloutée lui écrase le cou.
Je m'affaisse sur le sol incapable de retenir mes sanglots. Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait pleurer pour une tortue.
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Un philosophe m'a appris que dans les périodes de tromperie généralisée, l'honnête homme doit s'efforcer de déceler la vérité enfouie sous le mensonge. Je lis pour rectifier, au fur et à mesure, de phrase en phrase, de manière à corriger ce que j'ai sous les yeux et ce qui s'y cache... Plus le mensonge est gros, et plus la réalité est facile à trouver. Le problème c'est que nous sommes bien peu à nous astreindre à cet exercice....
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Il m'avait fallu revenir à de nombreuses reprises dans la bibliothèque pour suivre l'évolution des évènements, et comprendre que le "régime de liberté et d'ordre" promis par le général Degoutte avait des effets immédiats sur ce que pouvaient dire les journalistes locaux. Ils se trouvaient dans la même situation que nous, en classe, avec le lieutenant Offmeister : ils écrivaient sous la dictée de l'autorité. Et c'est en élargissant mes recherches, en glissant dans l'urne de la salle de consultation une série de demandes concernant des journaux de la partie non occupée de l'Allemagne, là où la censure militaire ne s'exerçait pas, que j'avais enfin eu accès à des informations qui me touchaient au plus haut point.
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Je décide de rester dans les parages. Après avoir réussi à changer mes deux derniers billets dans une officine moins gourmande que sur le quai, je m'installe sous le porche d'un hangar à bateaux qu'une mince bande de terrain sépare de la mangrove. Au fur et à mesure que le soleil décline, des groupes de plus en plus fournis envahissent le quartier. A la nuit tombée, c'est près d'un millier d'hommes et de femmes, d'enfants, qui peuplent les quais, les trottoirs. On fait des feux pour griller du maïs, des brochettes, du poisson, on déplie des couvertures pour passer la nuit sous les étoiles. Une famille pose ses bagages, ses sacs de denrées, tout autour de moi. Je suis comme absorbé par les oncles, les cousins, les neveux, au point qu'au moment du dîner on me tend un bol de soupe. On maintient l'obscurité à distance en alimentant les brasiers, en parlant, certains chantent dans des langues mélodieuses dont pas un mot ne m'est connu. Puis le silence se fait, troublé seulement par les clapotis de l'eau et les stridulations des insectes.
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Tu crois qu'on m'a déjà permis de dormir dans un wagon couchettes, de m'asseoir à une table du wagon restaurant, de poser mon cul sur le trône des toilettes ? Je dors sur la tôle, je chauffe ma gamelle à la chaudière, je pisse par la portière.... Et ça sera comme ça jusqu'à la fin de ma vie, et tu sais pourquoi ?
Non...
Parce que quand je suis né, j'avais un billet "réservé aux indigènes" pour toute la durée de mon voyage sur terre. Voilà petit, voilà pourquoi.
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