Il est légitime d'attendre le meilleur d'un roman qui vient de recevoir le prix prestigieux
De l'Académie Française et quand sa lecture se révèle une véritable déception, on ne peut que se demander quels sont les critères qui ont présidé au choix de la lauréate, même si on écarte d'emblée l'infâme soupçon de favoritisme lié à la notoriété médiatique de l'auteur et à sa noble appartenance. Peut-être tout simplement que les autres romans proposés étaient moins bons ...auquel cas il y a vraiment du souci à se faire pour l'avenir de la littérature !
Cette histoire se déroule sur deux périodes distinctes, à New York dans les années 1970 et dans l'Allemagne nazie succombant sous le feu allié. A Dresde en 1945, une jeune femme donne naissance à un enfant avant de succomber à ses blessures et on retrouve le bébé vingt cinq ans après , sous les traits d'un beau jeune homme, Werner Zilch, à qui tout réussit.
A la suite d'un coup de foudre dans la plus pure veine romantique, il tombe follement amoureux de Rebecca, riche héritière dont la mère juive ne s'est jamais remise des sévices qu'elle a subis dans un camp de concentration. Quand Rebecca présente Werner à sa famille, sa mère croit revoir en lui la personne de son bourreau et l'idylle entre les jeunes gens tourne court, Rebecca se trouvant au centre d'un conflit de loyauté qui la conduit à quitter son amant.
A travers la narration historique dans l'immédiat après-guerre , l'auteur nous permet de reconstituer l'histoire de Werner issu d'un couple d'allemands irréprochables, lui ingénieur talentueux, elle belle et aimante, adopté à la suite de la mort de ses parents par une famille américaine.
Pour corser l'histoire, le père de Werner avait un frère , son presque jumeau physiquement , mais moralement son exacte antithèse tout en cruauté et perversion. Et la mère de Werner avait une belle soeur mariée au méchant ...
Mais de quel frère Zilch est donc issu notre héros ? Et la traque des anciens nazis menée inlassablement par les enfants de leurs victimes sera t'elle couronnée de succès ?
Ce qui est certain c'est que tout finit bien et que l 'amour triomphe ...
J'ai cru par moments m'être égarée dans un roman populaire du type de ceux que les feuilletonnistes du 19ème siècle publiaient dans les journaux, avec leurs rebondissements inattendus, leurs substitutions de personnes, leurs héros stéréotypés, mais sans retrouver malheureusement le charme surrané de cette littérature .
Je dois dire que j'ai même été agacée par la constante réussite de Werner et des siens décrite comme une parfaite illustration du rêve américain, avec le passage obligé sur la fructueuse spéculation immobilière et l'achat d'une fastueuse propriété dans les Hamptons presque sur un claquement de doigt ! ( faut-il y voir l'influence de la série à succès REVENGE qui se déroule dans ce cadre idyllique chez des gens beaux et fortunés, ce qui ne peut que faire rêver les pouilleux d'européens que nous sommes !)
Le personnage même de Werner est bien loin d'être sympathique ! Infatué de sa personne, infidèle et irrespectueux, il n'y a que l'affection qu'il porte à son chien qui peut être portée à son crédit ! Rebecca n'est guère plus aimable, avec ses silences inexplicables et son attitude foutraque . Tous deux partagent un même mépris des autres qui trouve son point d'orgue dans leur attitude à l'égard des chauffeurs de taxis !(voir la fin du livre ...)
Bref ce roman me parait avoir voulu trop obéir aux codes en vigueur et aux modes par essence éphémères pour laisser une trace durable dans les esprits. Il m'avait été chaudement recommandé et je pensais trouver dans cette lecture un moment de plaisir. Ce ne fut pas vraiment le cas, hélas !