AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782897128685
200 pages
Mémoire d'Encrier (06/01/2023)
3.81/5   18 notes
Résumé :
Une lignée de combattantes, une île en dérive. Pour venger ses ancêtres, pour libérer son propre corps, Kim est prêt à tout. Édith ne comprend pas pourquoi Kim est devenu un meurtrier. Guidée par ses ancêtres, Édith retrace les blessures qui ont amené son frère à venger les femmes de la lignée.

Nadia Chonville écrit le roman des Antilles avec "Mon cœur bat vite" : une écriture audacieuse creusant tour à tour le merveilleux, le carnavalesque et le con... >Voir plus
Que lire après Mon coeur bat viteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 18 notes
5
5 avis
4
1 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Des femmes, de mères en filles, guerrières ou sorcières, avec la Martinique pour décor. Pour venger ses ancêtres blessées dans leur chair par les hommes et pour libérer son propre corps, Kim ira jusqu'au bout.

Édith observe Kim, son frère, et le voit petit à petit sombrer dans le crime et la folie, jusqu'au plus abjecte d'entre eux, celui de trop. Guidée par ses aïeules dont elle perçoit les Souffles sous forme de voix et de visions, Édith retrace les blessures qui ont amené Kim à venger les femmes de la lignée.

D'une grande poésie, ce livre est dépaysant et foisonnant. Les végétaux luxuriants, le jardin aux mille effluves, l'heure bleue, le carnaval et sa démence ont la part belle.

Un roman cruel et puissant duquel se dégage une atmosphère tout à fait à part, sensuelle et moite, teintée de fantastique. On n'est pas loin du réalisme magique, quelque part entre « chronique d'une mort annoncée » et « cent ans de solitude». J'ai aussi pensé aux romans plus récents de Eka Kurniawan et Ali Zamir. L'auteur nous décrit un monde violent emprunt de superstition, aux habitants désoeuvrés et laissés pour compte.

Je salue à nouveau le très beau travail des éditions Mémoire D encrier pour leurs textes à la langue riche, qui donne la voix aux femmes du monde. J'avais adoré « difficult women ».
Commenter  J’apprécie          120
Le coeur d'Edith bat vite. Elle doit sauver son frère. le sauver de la vindicte populaire après qu'il ait commis l'impensable : le meurtre.

Pourtant Edith n'a pas envie de le sauver mais, elle doit le faire. C'est ce que veut lui faire comprendre Ayo, son ancêtre.

Car les Souffles communiquent avec les femmes de la famille d'Edith. Les Souffles, les ancêtres brisées par l'esclavage, la violence ancrée dans les siècles de cette terre martiniquaise. Presque mortes, coincées dans l'entre-monde.

Entre passé et présent. Souvenirs et promesses. Vengeance et amour.

Ce roman est un grand coup de coeur. Il déploie une plume d'une grande poésie, riche, nécessitant de la savourer, page après page, pour en apprécier la juste valeur.

Ce récit nous plonge dans le poids des silences, ces non-dits, qui forcent les traumatismes à se répéter.

L'histoire trouve une résonance plus large que celle du destin d'Edith et de son frère Kim. Elle interroge l'histoire de la Martinique, du poids de l'esclavage qu'il soit passé ou présent.

De féminité aussi et de masculinité. de ces hommes qui emprisonnent et martyrisent le corps des femmes. de la force des femmes à se défendre, à se venger.

Un roman éblouissant, tellement différent de ce que je lis habituellement, mais que je n'ai pas pu lâcher.
Commenter  J’apprécie          80
Kim a tué pour lui c'est normal, il fallait venger toute sa lignée. L'ouverture du procès va être le prétexte pour retracer l'histoire d'une famille martiniquaise ou plus exactement l'histoire des femmes de la famille. La narratrice principale est Edith, la soeur de Kim et Kim prend le relais le reste du temps. Edith entreprend un voyage entre deux mondes pour découvrir ce qu'à fait exactement son frère et qu'elle est l'influence de leurs ancêtres femmes dans tout ça. J'ai apprécié le côté fantastique où l'on mêle l'actuel et le passé via l'intervention des « fantômes » des ancêtres. J'ai adoré découvrir la première femme de la famille, Ayo, esclave arrivée par bateau et formée sur celui-ci pour être guérisseuse mais aussi avorteuse. La plume de Nadia Chenille est aussi une belle découverte, elle est poétique, très visuelle et permet au lecteur de se laisser porter par les mots. Une telle plume est une force mais dans mon cas c'est aussi devenu un soucis. L'autrice décrit de manière tellement précise et fluide les choses que les scènes deviennent très crues, avec beaucoup de détails et de termes chocs. Comme on peut facilement l'imaginer quand on suit une famille qui a subit de l'esclavage, la violence est extrême et pas uniquement en provenance des maîtres et descendants des blancs. C'était trop visuel et horrifiant pour moi même si j'ai trouvé particulièrement intéressant la façon d'aborder le poids qu'a le passé sur les générations suivantes. Parmi les sujets difficiles qui sont abordés, on trouve le viol, le racisme et le colorisme, l'esclavage, l'inceste, l'alcoolisme, la transphobie... Dans mon coeur bat vite, le lecteur a un instantanné de la Martinique, île au passé esclavagiste, qui produit des descendants désenchanté où le poids du passé devient étouffant et le futur semble sans issu à cause du manque d'infrastructure, du détournement, du désintérêt des pouvoirs publics…
C'est un roman choc qui bien que trop cru pour moi est important à découvrir.
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman de Nadia Chonville est une sacrée expérience !

La vie de Kim... racontée par sa soeur Edith. Une histoire de famille, brutale, aux prises avec les violences de l'Histoire de la Martinique. de l'esclavage aux plus âpres scories postcoloniales.
Kim est pris dans un tourbillon destructeur, ivre de vengeance, prêt à tout - vraiment à tout.

Les fantômes des femmes de la lignée accompagnent le récit et influencent tant qu'elles le peuvent Kim et Edith. Je dis "fantômes" par facilité, mais l'affaire est plus subtile.

L'écriture de Nadia Chonville est d'une poésie étourdissante tant elle percute. C'est assez saisissant.
La fin du premier chapitre nous dévoile l'acte majeur de Kim, et l'autrice tisse tout au long du livre le cheminement l'y ayant mené. C'est incroyablement exécuté.

Le propos est dur, l'action tragique, la fin à votre libre interprétation quant aux choix qui s'annoncent.

Tragédie d'une trajectoire, ce roman mérite la lecture mais ne vous épargnera pas.
Commenter  J’apprécie          60
Par où commencer ? Franchement je ne savais pas trop dans quoi je m'aventurais quand j'ai ouvert ce livre mais je suis très contente de l'avoir. Je découvrais la plus de Nadia Chonville, forte, structurée, exigeante, mais surtout pleine de poésie. Il y a tout un passage sur la colère (que j'ai d'ailleurs mis en citation) qui m'a beaucoup parlé et qui m'a agrippé les tripes. Ce passage était si juste.

Sans parler directement de l'histoire des Antilles, Nadia Chonville explore le passé des îles à travers le corps et l'existence des femmes esclaves et de leurs descendances. Chacune d'entre elles ont une résonnance sur les enfants et petits enfants et qui iels sont aujourd'hui. On n'apprend pas le passé ici, on le vit.

Bref c'est une excellente découverte !
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
LeDevoir
27 février 2023
Dans son premier roman, Nadia Chonville, née en Martinique en 1989, nous entraîne dans une histoire familiale aussi envoûtante que sanglante où l’on croise sorcières et spectres féminins.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
C’est pas des blagues ! Faut arrêter de se raconter des conneries. Mais ce sont pas les békés les pires. Non. Le pire c’est les Nègres qui emploient des Nègres en les faisant bosser comme des esclaves. C’est-à-dire pour rien. Donc pour moi béké c’est pas une couleur de peau. J’ai dit ils bossent pour des békés j’ai pas dit ils bossent pour des Blancs, faut pas venir me dire je suis raciste, non, mwen pa rasis pies, pa vini di mwen ni rasism kont blan ! Je m’en fous qu’ils soient blancs là, non. Y’a des gens dans ce pays qui croient que c’est encore l’esclavage.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne suis pas en colère, je n’offre pas cela à Kim. Je le regarde dans les yeux quand il me parle, et je pars. Là où je vais, au-dessus de mon corps, je ne ressens rien que le vide et le silence. Je ne souffre pas : je ne peux pas éprouver de douleur pour un drame que j’interdis d’exister. Mais demain je ne pourrai plus taire ce souvenir. Ni celui-là ni les autres d’ailleurs. Je devrai, à la barre, dire ce que je ressens. Kim a fait ça, il m’oblige à vivre ça, il m’oblige à faire vrais les souvenirs que j’avais exilés.
Commenter  J’apprécie          30
Je hurle.
Mes côtes écrasent mes entrailles et tous mes organes remontent dans ma gorge que je tends vers le plafond étoilé de mon sanctuaire. Je crache les cinq litres de mon sang, ma chair ma lymphe mes os ma bile en ébullition. Ma langue asséchée par le cri se tord de douleur et mes yeux éperdus ne retrouvent plus leurs gonds. Je veux mourir. Je veux faire sortir de mon propre corps cette âme étranglée, cet esprit affolé, ce restant de moi qui pousse son dernier soupir avant de disparaître. (183)
Commenter  J’apprécie          30
Ils lavent, rangent, bâtissent, protègent et aseptisent le monde que les gens venus du sud doivent faire fructifier. Le monde ne tourne pas sans ces gens qui tournent le matin. Ils le savent, elles le savent, et les voilà dans le calme. Ces gens sifflent parfois, et les oiseaux s’inquiètent de ce sifflement humain et de ses facéties. Plus souvent les gens marchent en silence, avec déjà le souci de leur journée. Chaque jour, le même ballet de bottes, de baskets épuisées et de cannes perdues. Et dans l’humble silence des humains, l’odeur du café.
Commenter  J’apprécie          20
La haine, c'est une réponse simple à des questions compliquées. La haine, c'est une voie facile à suivre pour les êtres abandonnés dans le labyrinthe d'une hsitoire mensongère. La haine, Léonide l'offre à Kim en bonbon à sucer quand il a faim de savoir.
Commenter  J’apprécie          50

autres livres classés : esclavageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (64) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3703 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}