Des femmes, de mères en filles, guerrières ou sorcières, avec la Martinique pour décor. Pour venger ses ancêtres blessées dans leur chair par les hommes et pour libérer son propre corps, Kim ira jusqu'au bout.
Édith observe Kim, son frère, et le voit petit à petit sombrer dans le crime et la folie, jusqu'au plus abjecte d'entre eux, celui de trop. Guidée par ses aïeules dont elle perçoit les Souffles sous forme de voix et de visions, Édith retrace les blessures qui ont amené Kim à venger les femmes de la lignée.
D'une grande poésie, ce livre est dépaysant et foisonnant. Les végétaux luxuriants, le jardin aux mille effluves, l'heure bleue, le carnaval et sa démence ont la part belle.
Un roman cruel et puissant duquel se dégage une atmosphère tout à fait à part, sensuelle et moite, teintée de fantastique. On n'est pas loin du réalisme magique, quelque part entre « chronique d'une mort annoncée » et « cent ans de solitude». J'ai aussi pensé aux romans plus récents de
Eka Kurniawan et
Ali Zamir. L'auteur nous décrit un monde violent emprunt de superstition, aux habitants désoeuvrés et laissés pour compte.
Je salue à nouveau le très beau travail des éditions
Mémoire D encrier pour leurs textes à la langue riche, qui donne la voix aux femmes du monde. J'avais adoré « difficult women ».