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EAN : 9782749177144
288 pages
Le Cherche midi (02/05/2024)
3.84/5   22 notes
Résumé :
Un roman saisissant sur une famille où l'obsession des apparences cache une réalité chaotique.
" Ma sœur aînée et moi avons poussé dans la vase avec peu de lumière autour. "

Messe le dimanche, robes à smocks, vacances sur la côte basque au milieu de gens distingués... Jean, Madeleine et leurs deux filles, Nine et Fleur, respectent toutes les apparences d'une famille bourgeoise à la vie rangée.
Pourtant, quand Fleur, âgée d'une quarantain... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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A la mort de son père, Fleur ne peut se résoudre à jeter les souvenirs accumulés par le vieil homme. Les cartons envahissent sa cave dans laquelle elle descend chaque jour pour se plonger dans les lettres, les photos, les cartes postales, tout le fatras qui a accompagné Jean jusqu'à la fin. Se dévoilent alors les secrets les plus enfouis d'une famille bien sous tous rapports.

Sur le papier, le mariage de Jean, bourgeois élégant et cultivé, avec la jeune et belle Madeleine a tout du conte de fée. Il est fou d'elle, elle n'en croit pas sa chance. de cette union, vont naître deux filles, Nine et Fleur. Elevées en petites filles modèles dans une famille modèle, les deux soeurs savent pourtant que derrière les joyeuses extravagances de Jean et le bon goût de Madeleine, derrière les sourires de façade, derrière les dimanches à la messe, les vacances au Pays basque, derrière ce bonheur parfait, leurs parents vivent chacun un enfer personnel. Homosexuel refoulé, Jean aime sa femme sans la désirer. Madeleine se morfond dans un mariage qui ne la comble pas sexuellement. Nine et Fleur grandissent tant bien que mal au milieu des cris, des larmes, des menaces de suicide, de la tendresse distante de Madeleine, des remarques dévastatrices de Jean.
Désormais quadragénaire et mère de trois enfants, Fleur n'est pas guérie des blessures de son enfance. Durant les heures passées à la cave, elle imagine un arbre (généalogique ?) qui pousse entre les murs. Une façon d'expliquer qu'on n'échappe jamais à sa famille ? Qu'elle peut étouffer ? Qu'on grandit avec le poids des malheurs de nos parents ? Quoi qu'il en soit, Florence Chataignier partage un peu de son fardeau avec ce roman très autobiographique qui illustre le principe d'Anna Karénine : ‘'Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon''.
Un premier roman très prometteur qui fait montre de beaucoup de sensibilité et de pudeur pour raconter une histoire familiale ‘'comme les autres'' dans ses dysfonctionnements et leurs conséquences sur les enfants. Et surtout, une histoire de survie, de pardon et de résilience.

Un grand merci à Babelio et aux éditions du cherche midi pour cette masse critique privilégiée.
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« Faire bonne figure fut le mot d'ordre de notre enfance ».
Fleurianne, surnommée « Fleur « a été élevée avec sa soeur Nine comme des petites filles modèles dans ce précepte péremptoire : « les apparences doivent à tout prix être sauvegardées. »

Après le décès de son père Jean, Fleur entreprend de trier les 85 boîtes de souvenirs en tout genre entreposées à la cave.
En plongeant dans le passé de son père, elle replonge dans son enfance et y découvre les secrets inavouables de sa famille.
Tout commence en 1970 par la rencontre improbable entre ses parents : Madeleine, la jolie provinciale qui aspire à une revanche des classes et Jean, le dandy parisien de 15 ans son aîné qui ne rêve que de poésie, de spectacle et de théâtre.
Le conte de fées semble à son apogée avec l'arrivée de la petite Nine, enfant prodigue, éblouissante de beauté et de talent, satisfaisant le désir de « normalité » tellement désirée au sein de sa famille bourgeoise.

Les années se succèdent au rythme de l'ouverture des boîtes, déroulant le film de sa vie. Mais c'est une autre réalité qui se dévoile dans ce réduit poussiéreux et humide…
En nettoyant cette cave, c'est en réalité son passé qu'elle tente d'assainir car à sa naissance, c'est une tout autre histoire.
Née fille au lieu du garçon tant attendu, moins jolie, une dysplasie de la hanche en prime, Fleur subit le désintérêt de son père et développe une sensibilité forte à son environnement qui la rend difficile et irritable. La petite a peur de tout : des aiguilles, du coiffeur, du contact tout court.

Sa mère, quant à elle, tente de diluer la mélancolie de son existence en multipliant les amants qu'elle affiche de manière décomplexée, ayant très vite intégré le penchant de Jean pour les jeunes éphèbes.
Spectatrices impuissantes des tribulations de leurs parents, les deux soeurs tenteront de fuir à leur manière cette famille « modèle » et ce simulacre d'éducation.

Dans ce premier roman autobiographique, l'auteure dénonce avec une écriture sans fard, lucide, poétique, ironique par moments, la valse de l'hypocrisie et des faux-semblants dans lesquels elle a ne que trop trempé.
J'ai particulièrement aimé les passages sur l'arbre symbolique qui envahit la cave.

Ce roman psychologique puissant et intimiste, véritable exutoire, nous plonge dans les méandres tortueux d'une famille « normale ». Mais qu'est-ce que la normalité ? « Il est bien difficile de démêler les fous des accompagnants dans le hall d'un hôpital psychiatrique ».

Je remercie Babelio et les éditions Cherche Midi pour cette belle découverte.
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Quand je regarde les albums lorsque j'étais enfant, je vois une fillette sage, très « petite fille modèle », et affectueuse. Et je me rappelle cette période bénie où j'étais gâtée, où mes parents se penchaient sur moi en me souriant, et où j'enlaçais avec possessivité mon frère ou ma soeur plus jeunes.

Période bénie, oui ! Pas comme l'enfance de la narratrice, qui a eu des parents indignes de ce nom : un père excentrique, homosexuel refoulé et caustique abreuvant ses « amis » et sa famille de remarques impudentes et méchantes ; une mère triste et peu à sa place, voulant malgré tout faire croire que tout était bien. Elle n'a pas pu trouver une tendre intimité même avec sa soeur, avec laquelle elle n'a eu que très peu d'affinités.
Bref, une enfance sombre, une adolescence gâchée.

A la mort de « Jean » (son père), elle descend à la cave et épluche les souvenirs coincés sur les étagères : photos, lettres, tickets de toutes sortes.
Ce roman raconte les fouilles, qui vont durer plus d'un an ! Descente dans les tréfonds d'une famille, des cerveaux, des comportements, des coeurs peut-être, dans le sien certainement.
Tout nous est raconté chronologiquement, et nous découvrons avec stupéfaction et effroi les innombrables verrues de cette famille bringuebalante.
De l'espace clos de la cave, surgit alors un arbre…
Je ne suis pas psychanalyste, mais là, il y a quelque chose à décanter !

En tout cas, rien n'est superficiel, tout est écrit avec profondeur avec souvent beaucoup d'ironie.
J'ai aimé accompagner ces gens obligés de se tenir bien vis-à-vis de la société qui toujours juge. Et surtout cette femme qui a senti qu'elle était obligée de découvrir forcément des choses cachées, pour sa survie mentale.

Merci aux éditions le Cherche midi pour cet envoi dans le cadre d'une MC privilégiée.
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Une cave symbolique sert de point départ à cette histoire familiale difficile. Une cave où sont entreposés les souvenirs qui débordent, envahissent...

La narratrice remonte le temps jusqu'à l'enfance de Jean, le père. Voilà un personnage que j'ai trouvé odieux, même si les horreurs qu'il a connues petit garçon peuvent aider à comprendre certains de ses comportements. La mère, Madeleine, prisonnière de ce couple qui n'en est pas un avec Jean, et hantée par un traumatisme d'enfance, elle aussi, semble toujours ailleurs. Comment grandir dans cette famille désarticulée, où la folie rôde, malgré le semblant de bonnes manières inculquées et le respect des convenances?

Des parents mal dans leur peau, des gens s'acharnant à vivre d'apparences, une famille toujours au bord de l'implosion. L'image de l'arbre poussant dans l'imaginaire de la narratrice, étouffant tout, évoque bien cette prison familiale dont il est impossible de s'échapper.

Un premier roman acide et triste, sans doute inspiré par la propre famille de l'auteure, quand on lit le postface. Si j'ai trouvé la mise en place de l'histoire originale, et l'écriture riche et imagée, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, et l'ensemble se révèle trop sombre. Merci en tout cas à Babelio et aux éditions le Cherche Midi pour cet envoi. L'auteure participe à la production de l'édition des " Rencontres du Papotin", émission que j'aime beaucoup.
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Contre toute attente, j'ai sincèrement apprécié ma lecture. Je partais avec un a priori négatif car en lisant le pitch, j'y ai découvert l'énième histoire d'une femme qui, à la mort d'un de ses parents, se plonge dans les correspondances, albums photos, souvenirs, etc. pour mieux comprendre le défunt et revoir sa relation à lui à la lumière d'une belle et profonde introspection.

"Des gens comme il faut" est tout cela mais avec un petit quelque chose de plus. C'est sans doute dû à l'écriture que j'ai trouvé brillante. le style de Florence Chataignier m'a rappelé celui de Marie-Hélène Lafon. Direct, sans fioritures, mais en même temps pas du tout racoleur, sans envie de choquer. Il n'y a d'ailleurs pas de vraie tension psychologique dans ce roman mais une forme larvée d'autobiographie. Est-ce parce que le décès prématuré de ma propre mère est encore récent que ce récit a résonné en moi ? Peut-être. Sans doute. J'ai laissé l'alchimie opérer.

Fleurianne, la narratrice, s'attache à retracer la chronologie de ses aïeux en y mêlant des souvenirs visuels, olfactifs, charnels, etc. L'atmosphère se fait intime, familiale pour mieux révéler - sans pathos - les drames, les secrets, les rendez-vous manqués d'une famille somme toute assez ordinaire à laquelle beaucoup pourront s'identifier.


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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ici, dans l'obscurité de mon réduit, je vis totalement entre le passé et le futur. Je suis sous terre, invisible et silencieuse, avec ma vie entièrement retenue par ces murs porteurs, au point mort. Lucide, je me vois faire, j'assiste à cette pause dans mon existence et ne fais aucun geste pour redémarrer la machine.
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Faire bonne figure fut le mot d’ordre de notre enfance. Le sens de la marche n’était jamais prononcé à voix haute. Mais tout dans l’attitude de Madeleine et, le plus souvent, dans celle de Jean, nous guidait, ma sœur et moi, vers ce triste précepte : les apparences doivent à tout prix être sauvegardées.
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p. 15-16
« Faire bonne figure fut le mot d'ordre de notre enfance. Le sens de la marche n'était jamais prononcé à voix haute. Mais tout dans l'attitude de Madeleine et, le plus souvent, dans celle de Jean, nous guidait, ma sœur et moi, vers ce triste précepte : les apparences doivent à tout prix être sauvegardées.
Robe à smocks, médaille de baptême autour du cou, impeccablement coiffées comme le veut la tradition familiale, Nine et moi, Fleur, étions deux petites filles modèles de 7 et 9 ans. Nous faisions montre de manière irréprochable en société. Nous souriions de toutes nos dents sur les photos. Une véritable réclame pour la famille Cyrillus, la perfection dont Madeleine rêvait. Elle montrait l'exemple en la matière, donnait le change en public, affichait un air neutre de mère réglementaire. Modèle de femme au foyer garchoise, jupe en tartan aux genoux, chemisier en soie blanc, escarpins raisonnablement hauts, blonde juste ce qu'il faut, quelques bijoux discrets, jamais rien de voyant pour être plus sûre, Madeleine se fondait dans le lot. Avec la fantaisie modérée de celles qui veulent bien faire. »
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p. 72 :
« En revanche, la relation avec la petite n'est pas réparable. Elles cohabitent, se rendent à la messe ensemble. La mère coud la robe de la fille. La fille dessine une carte pour la fête des mères. Les apparences sont respectées. Mais l'amour, la confiance, la tendresse, tout le gros de la fonction maternelle ne se fabrique pas, de se reprise pas. »
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J’ai souffert toute ma vie d’une ponctualité maladive. Le désir abyssal d’être aimée, appréciée, reconnue à ma valeur, m’a fait, développer l’exactitude infaillible des bonnes élèves. Ainsi, en ouvrant la porte, immanquablement le maître ou la maîtresse de maison s’écrie : Ah, Fleur ! C’est toi, je le savais, tu es toujours la première. Depuis quelques semaines cette manie m’est passée. Je n’arrive plus à l’heure nulle part, souvent même je n’arrive plus. C’est bien grâce à l’arbre, je me concentre enfin sur l’essentiel.
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