« Faire bonne figure fut le mot d'ordre de notre enfance ».
Fleurianne, surnommée « Fleur « a été élevée avec sa soeur Nine comme des petites filles modèles dans ce précepte péremptoire : « les apparences doivent à tout prix être sauvegardées. »
Après le décès de son père Jean, Fleur entreprend de trier les 85 boîtes de souvenirs en tout genre entreposées à la cave.
En plongeant dans le passé de son père, elle replonge dans son enfance et y découvre les secrets inavouables de sa famille.
Tout commence en 1970 par la rencontre improbable entre ses parents : Madeleine, la jolie provinciale qui aspire à une revanche des classes et Jean, le dandy parisien de 15 ans son aîné qui ne rêve que de poésie, de spectacle et de théâtre.
Le conte de fées semble à son apogée avec l'arrivée de la petite Nine, enfant prodigue, éblouissante de beauté et de talent, satisfaisant le désir de « normalité » tellement désirée au sein de sa famille bourgeoise.
Les années se succèdent au rythme de l'ouverture des boîtes, déroulant le film de sa vie. Mais c'est une autre réalité qui se dévoile dans ce réduit poussiéreux et humide…
En nettoyant cette cave, c'est en réalité son passé qu'elle tente d'assainir car à sa naissance, c'est une tout autre histoire.
Née fille au lieu du garçon tant attendu, moins jolie, une dysplasie de la hanche en prime, Fleur subit le désintérêt de son père et développe une sensibilité forte à son environnement qui la rend difficile et irritable. La petite a peur de tout : des aiguilles, du coiffeur, du contact tout court.
Sa mère, quant à elle, tente de diluer la mélancolie de son existence en multipliant les amants qu'elle affiche de manière décomplexée, ayant très vite intégré le penchant de Jean pour les jeunes éphèbes.
Spectatrices impuissantes des tribulations de leurs parents, les deux soeurs tenteront de fuir à leur manière cette famille « modèle » et ce simulacre d'éducation.
Dans ce premier roman autobiographique, l'auteure dénonce avec une écriture sans fard, lucide, poétique, ironique par moments, la valse de l'hypocrisie et des faux-semblants dans lesquels elle a ne que trop trempé.
J'ai particulièrement aimé les passages sur l'arbre symbolique qui envahit la cave.
Ce roman psychologique puissant et intimiste, véritable exutoire, nous plonge dans les méandres tortueux d'une famille « normale ». Mais qu'est-ce que la normalité ? « Il est bien difficile de démêler les fous des accompagnants dans le hall d'un hôpital psychiatrique ».
Je remercie Babelio et les éditions
Cherche Midi pour cette belle découverte.