Je referme à l'instant
Nadja d'
André Breton.
Ce récit auto-biographique raconte un épisode de la vie de l'auteur : sa rencontre avec une je
une femme qu'il va ensuite retrouver régulièrement dans différents lieux parisiens. Autour de
Nadja pour laquelle on sent qu'
André Breton éprouve de l'amour et une immense admiration, divers événements et coïcidences se produisent constamment. Vers la fin du récit, on apprend que
Nadja est finalement internée dans un asile.
Que d'impressions diverses j'ai ressenties à la lecture de ce livre! La réflexion qui m'est ensuite le plus souvent venue étant "Il est très difficile de prendre ensuite soi-même la plume après ce genre de lecture tant la langue française est maîtrisée." A mes yeux, elle est sur-maîtrisée, sur-jouée, elle se regarde écrire, elle commente ce qu'elle est en train de dire avant même de l'avoir totalement exprimé. Les mots ne sont plus les serviteurs d'une pensée ; la recherche d'une belle langue préside au sens. J'ai à la fois admiré cette belle langue et eu constamment le sentiment qu'elle était artificielle : rempart à une immense pudeur?
Cette langue, pour belle qu'elle soit, m'a inspiré d'emblée de l'antipathie pour l'écrivain. Pourquoi se commoufle-t-il tant derrière les mots? On trouve cependant quelques passages sublimes, d'une finesse extrême, tel celui qui figure sur le quatrième de couverture. "J'ai vu ses yeux de fougères s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distingent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terre et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer".
Contrairement à
André Breton, je n'ai éprouvé vis-à-vis de
Nadja qu'un sentiment de rejet. Je n'ai pas non plus ressenti d'empathie pour l'auteur lui-même. Quelle vie mène-t-il donc pour passer son temps à errer dans Paris? Je n'ai commencé à me sentir bien qu'à partir du moment où j'ai enfin lu "J'avais, depuis assez longtemps, cessé de m'entendre avec
Nadja.". Jusqu'ici, je ne pouvais supporter qu'il soit si béat d'admiration, si amoureux d'une personne si inconsistante. S'il peut s'agir d'un génie, nul ne le saura jamais car ses réalisations semblent se limiter à quelques dessins à l'allure d'inachevé. Nous sommes loin de Camille Claudel telle qu'elle est par exemple dépeinte dans
Une femme d'
Anne Delbée. A chaque page de
Nadja, j'étais révolté par l'aveuglement dont l'auteur faisant preuve en l'aimant.
Si lire ce livre n'a pas été agréable, il m'a cependant donné le goût et montré le besoin d'affiner ma façon de m'exprimer, tout en me faisant entrevoir le risque qu'il y peut y avoir à trop raffiner un language.
24.09.2011