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EAN : 9782070462445
96 pages
Gallimard (19/03/2015)
3.95/5   160 notes
Résumé :
"Je m’égare un peu, ce livre ressemble de plus en plus à ce que ma mère me disait en me voyant sortir : tu ressembles à l'orage. Ce livre ressemble à l’orage, mais, somme toute, une promenade sous la pluie n’est jamais mauvaise, la joie y vient avec la peur."
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 160 notes
« La poésie c'est suivre son coeur en allant à la fête. »

Cette petite phrase résume à elle seule l'effet Bobin. Ouvrir un de ses livres, c'est vêtir sa petite robe de fête. C'est un rendez-vous nécessaire avec le soleil.

Si l'épuisement guette, plongez dans ce petit livre de Bobin, le magicien conteur du soleil levant.

Comme un funambule dans la toile de la Beauté, comme un baladin dansant dans les jupes de la vie, Bobin expire le souffle de ce que la vie offre de meilleur. L'épuisement guette, personne n'est à l'abris dans la machine infernale de notre société, Bobin offre ici un excellent palliatif pour voir la vie en rose. C'est au coeur du pessimisme et du malheur qu'il renverse la tendance pour nous offrir un uppercut qui résonne comme le plus beau chant qui soit: la vie qui bat dedans et dehors, la vie partout, la vie elle et seulement elle.

Il se penche ici sur divers sujets pour faire jaillir de cet épuisement un regard empreint de bienveillance et de musicalité. de la solitude, il fait jaillir l'essence du bonheur, ses quarante-trois ans à l'époque deviennent un trois ans et quarante ans, si les chômeurs sont épuisés c'est à cause de la trop grande présence du travail que corrobore notre société, si les vieux n'ouvrent plus les yeux c'est parce qu'ils ont oublié l'enfant qui sommeille en eux.

Et toujours l'amour :
« L'amour est le réel désencombré de nos amours imaginaires. »

Et aussi l'écriture :
« L'écriture c'est le coeur qui éclate en silence. »

Et évidemment des enfants : « J'aime les enfants de trois ans. Je les vois comme des fous ou des aventuriers du bout du monde. Il n'y a que l'enfance sur cette terre. »

Lire Bobin, c'est respirer la vie, c'est respirer mieux. C'est comme un enfant de trois ans, mettre ses doigts dans tout et le porter à sa bouche pour se nourrir l'âme et le corps. Lire Bobin, c'est prendre le temps de voir la vie autrement, plus doucement, de s'en imprégner tout entier. Lire Bobin, c'est un repos nourricier. C'est une danse dans le vent. C'est une caresse qui dure et dure. Et ça, ça vaut de l'or.

J'aime cet écrivain et j'aime me pelotonner dans ses lignes. J'en ressens une quiétude exceptionnelle, un éblouissement chaleureux. J'en avais tellement besoin. J'ai trouvé cela et plus encore grâce à ce livre.
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Saint- Rémy de Provence- 28 juillet 2003.- Relecture le 22 avril 2024

En reclassant et réunissant les écrits d'un de mes auteurs de prédilection, Christian Bobin, j'ai relu ce texte qui m'a éblouie aussi fort qu'à sa première lecture, il il y a près de 20 ans !!!

Curieusement et à la fois, de façon compréhensible, les mots de Christian Bobin, résonnent plus fort, plus profondément dans un monde qui s'abîme dans la technologie, le profit , le virtuel....qui se déshumanise, se dépersonnalise..

Je choisis , pour débuter, un extrait qui exprime fort l'un des thèmes si chers à l'écrivain. L'ÉCRITURE, outil de résistance et d' indépendance de Vie, dans un monde trop formaté !

"Je viens de terminer la lecture d'un manuscrit.Il s'appelle " Tu
m'entends ?"
C'est une vraie question.C'est une des questions les plus intéressantes qui soient.J'ai aimé ce livre.J'ai écrit ceci à son propos, je pense que ces lignes, qui accompagneront peut-être le livre de Patrick Renou dans sa publication, peuvent également être ici, doivent être ici, dans la proximité des deux images, celle de l'oiseau, celle de l'enfant. J'aime les écrivains. J'aime les écrivains quand ils sont fous de vérité, pas de littérature,quand ils écrivent pour toucher au réel, pas seulement esthétiquement mais en vérité, dans la vérité qu'ils ont d'eux-mêmes. Voilà : la grande beauté de ce livre lui vient de sa solitude épouvantable. Ce livre est seul de son espèce (...)"

Dans cet écrit construit en deux parties,l'auteur traite de tous les thèmes permanents qu'il a traités au fil de son oeuvre, tout en formulant , répétant la force de ses admirations fidèles, dont celles éprouvées pour Antonin Artaud, André D'hôtel, Nazim Hikmet, etc

On retrouve l'amour de la Poésie dans les choses les plus modestes de notre quotidien. le rejet de l' Utile. du prosaïque, de la rentabilité, de l'économie capitaliste au détriment de l' Humain..., de l'esprit "adulte" dans ce qu'il peut avoir de figé, docile, normatif, englué dans les stéréotypes et les conventions.Comme chaque fois, Bobin parle avec feu, de l'esprit d'enfance qu'il est si précieux de protéger , de conserver !

Je trouve de plus en plus salutaire la prose de Christian Bobin, qui résonne, avertit, en écartant, rejetant un monde qui recule doucement
" humainement", n'ayant plus que vénération pour la compétition, le progrès technologique, la course économique effrénée, et accélére ainsi l' oubli de l'essentiel et de valeurs humanistes basiques ....

Cette relecture " nourrissante" m'a donné la vive envie de revoir le film de Tati, " Mon oncle", découvrir celui de Dreyer (** que je ne connais pas),
" Gertrud" et lire enfin cet écrivain qu'il défend vigoureusement : Patrick Renou...

Il y aurait encore beaucoup à dire de ce très beau texte, très dense...je préfère achever ces lignes par un extrait plus parlant que mes propres mots:

" (** À propos de l'écriture) C'est affaire de musique plus que de sens. C'est affaire de silence plus que de musique.Mon vrai désir ce n'était pas d'écrire, c'était de me taire.M'asseoir sur le pas d'une porte et regarder ce qui vient, sans ajouter au grand bruissement du monde.Ce désir est un désir d'autiste.Entre le mot
" autiste" et le mot " artiste", il n'y a qu'une lettre de différence, pas plus.

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Ecrire un billet sur ce livre, c'est comme si j'essayais de faire rentrer un nuage dans une bouteille en verre pour le conserver, l'admirer, en faire un refuge. Ce serait peine perdue car le nuage perdrait son essence, son coté duveteux, sa douceur, sa féerie. Tout comme l'enfermement dénaturerait le nuage, le billet abîmerait la parole de ce livre.

Alors, je ne vais pas essayer de partager ma lecture, pour dire ce qu'elle m'a apportée, pour une fois, je vais jouer les égoïstes des sensations générées par les mots, je vais les taire, les conserver soigneusement dans mes pensées comme un élixir de sérénité.

Mais alors, comment vous donner envie d'ouvrir ce bel objet ?
Juste en évoquant l'oiseau de la couverture , celui qui m'a prise dans ses ailes du haut de l'étagère où je l'ai trouvé entre mille livres d'occasion,
peut-être en pariant que vous aurez envie de voir ou de revoir "Gertrud" de Dreyer ou "Mon Oncle" de Jacques Tati, au fil des pages lues,
en imaginant que vous aurez envie, comme moi, de lire André Dhotel, Antonin Artaud ou Nazim Hikmet, parce qu'ils ont surgi des phrases,
en vous conviant à vous installer confortablement au milieu de coussins pour écouter Glenn Gould au piano.

Ce livre lu au moment opportun vaut tous les trésors : je voudrais de grandes poches pour l'y glisser chaque matin, pour avancer au fil du temps car j'ai besoin des phrases qui y sont écrites pour accepter les émotions du quotidien.
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...goûter au plaisir voluptueux de l'égarement dans la poésie de Christian Bobin, savourer l'enivrement de la musique des mots, écouter leur silence, écouter le silence et le bruit du monde pour en faire un poème, sentir le parfum des rêves, jouir du bonheur à suivre les mille visages que font les nuages, jouer avec le rire d'un enfant et le laisser nous échapper tel un papillon sauvage, revenir à la première enfance, celle qui ne meure jamais en nous et qui nous parle à mots doux dans le creux de l'oreille, lui faire confiance et continuer à la nourrir de larmes et de rires,
...aimer les miroirs, les icônes et les livres qui retiennent la lumière "avant de nous la rendre, augmentée d'une secrète gaieté", créer l'art de vivre avec son corps et ses émotions, avec ses portes ouvertes, sans craindre les courants d'air, hésiter, douter, prendre la liberté de détester, pleurer quand ça fait mal et rigoler après pour bien panser la plaie, et comme les oiseaux chagrinés par le froid qui cherchent un morceau de beurre ou de gras, cherchons les livres et les poètes et allons vers eux en vol direct, pour y trouver un baume pour nos plaies saignantes, une bouffée d'air pour nos vies essoufflées,
...trouver quelque biens du manque, les larmes et le sourire, le piano de Gould et les mots qui nourrissent de Charles Juliet, la force de la vie lorsqu'elle est empêchée de vivre, la lecture "pour rassembler son âme dans la perspective d'un nouvel élan" et pour pouvoir dire "c'est la merveille", lire et "faire l'épreuve de soi dans la parole d'un autre",
...rester gourmand du rire, l'essentiel, que "nous ne pouvons perdre même lorsqu'il est perdu", pour oublier que "l'inhumain est le propre de l'Homme", lire encore pour se nourrir les uns les autres, pour ensuite se quitter, se perdre et se retrouver, dans l'inachevé, dans sa croissance et son développement, dans son cheminement, et devant la danse du premier flocon de neige, finalement se dire "quelque chose a eu lieu dont j'ignore tout" et éclater de rire.
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Bobin, c'est comme un grand vin. Il faut, de temps en temps, boire ses paroles pour se sentir euphorique. Petit livre pour grandes idées sur son métier d'écrivain, la solitude, l'enfance, l'art, l'amour et sur nous, les lecteurs et lectrices.
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Citations et extraits (209) Voir plus Ajouter une citation
J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde.

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La solitude est une maladie dont on ne guérit qu’à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas en chercher le remède, nulle part. J’ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d’être seuls et demandent au couple, au travail, à l’amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l’amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d’être seuls fait d’eux les personnes les plus seules au monde.
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Lire pour se cultiver, c'est l'horreur. Lire pour rassembler son âme dans la perspective d'un nouvel élan, c'est la merveille. 

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La connaissance que l'on a des écrivains ne vient pas que de leurs livres, elle sort aussi de ce qu'on voit sur leurs visages --- comme si le fait d'écrire la vie changeait leur vie entière, corps et âme, en un livre battu par les vents, donné à tous. Camus, sur les photographies c'est le séducteur même, celui qui se laisse charmer par tout --- les femmes, le soleil d'Alger, la gaieté enfantine du sport, la fumée des cigarettes, la passion volage des idées. J'aime son goût adolescent de la lumière. Je l'aime aussi pour le mépris qu'il suscite chez les universitaires. Ces gens-là sont les plus morts que je connaisse. Le mort en nous c'est le maître, celui qui sait. Le vif en nous c'est l'enfant, celui qui aime, qui joue à aimer.
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La solitude est une maladie dont on ne guérit qu'à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas en chercher le remède, nulle part. J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde.
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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