"J'avais vingt-ans. Je déambulais dans les rues de Nancy avec
le -Transsibérien- dans ma poche . J'avais abandonné
Ronsard et ses -Amours- inscrites au programme (...)
Dans le hall de la gare en attendant mon amoureux, j'ouvrais le livre et sa musique diffusait à chaque fois l'appel des voyages mêlé à une déchirure. "(p. 12)
Mon intérêt de longue date pour cette collection unique de Gallimard "L'Un et l'Autre"... m'a fait fouiner à la médiathèque, à la recherche des fameuses couvertures,
bleue nuit; j'ai bien fait car je suis tombée sur ce texte étonnant de
Gisèle Bienne sur
Cendrars, à qui elle voue une admiration sans bornes, lui rappelant ses propres grand-pères, ayant été abîmés par les saloperies de la Grande Guerre ...
Elle y évoque les innombrables victimes anonymes, mais aussi les écrivains, les artistes de tous bords, tués dans les tranchées, ou blessés, esquintés à vie....à leur retour, dont la figure centrale de ce texte magnifiquement écrit :
le "Boulingueur-écrivain",
Blaise Cendrars, qui
"habite "
Gisèle Bienne depuis ses 20 ans... !!
Un texte exceptionnel qui réunit des hommages à toutes les victimes de la Grande Guerre, une dénonciation implicite des horreurs de toutes les guerres, un
hommage parallèle aux hommes de sa famille...et au devoir de mémoire...Ce récit se déroule sur les lieux de bataille où
Cendrars a perdu son bras...à proximité de Reims...
Bravo à
Gisèle Bienne, qui dit tant sur
Cendrars, mais aussi sur son ami,
Apollinaire mais aussi sur les autres sujets tragiques et universels cités précédemment...
Quel style...agréable, fluide, poétique, musical... Je choisis pour clore cette chronique... les dernières lignes de cet ouvrage, particulièrement émouvantes, donnant la couleur très exacte de ce livre poignant et captivant...
"Soudain, je me remémore cette formule chaleureuse que
Cendrars destinait à ses correspondants pour clore ses lettres et qui, lui venant d'
Apollinaire, lui convenait mieux qu'à personne: "Avec ma main amie".
Et je me la répète, en souvenir des deux hommes. Et je la dis tout haut, comme ça, pour rien, pour les oiseaux, pour les morts. "(p. 128)
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****lien à consulter sur ce lieu de mémoire
http://www.memoire-et-fortifications.fr/memoire/cimetieres-militaires-memoriaux/la-ferme-navarin-monument-des-batailles-de-champagne/