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EAN : 9782070785636
144 pages
Gallimard (17/01/2008)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière ? Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"J'avais vingt-ans. Je déambulais dans les rues de Nancy avec le -Transsibérien- dans ma poche . J'avais abandonné Ronsard et ses -Amours- inscrites au programme (...)
Dans le hall de la gare en attendant mon amoureux, j'ouvrais le livre et sa musique diffusait à chaque fois l'appel des voyages mêlé à une déchirure. "(p. 12)

Mon intérêt de longue date pour cette collection unique de Gallimard "L'Un et l'Autre"... m'a fait fouiner à la médiathèque, à la recherche des fameuses couvertures,
bleue nuit; j'ai bien fait car je suis tombée sur ce texte étonnant de Gisèle Bienne sur Cendrars, à qui elle voue une admiration sans bornes, lui rappelant ses propres grand-pères, ayant été abîmés par les saloperies de la Grande Guerre ...

Elle y évoque les innombrables victimes anonymes, mais aussi les écrivains, les artistes de tous bords, tués dans les tranchées, ou blessés, esquintés à vie....à leur retour, dont la figure centrale de ce texte magnifiquement écrit :
le "Boulingueur-écrivain", Blaise Cendrars, qui
"habite "Gisèle Bienne depuis ses 20 ans... !!

Un texte exceptionnel qui réunit des hommages à toutes les victimes de la Grande Guerre, une dénonciation implicite des horreurs de toutes les guerres, un
hommage parallèle aux hommes de sa famille...et au devoir de mémoire...Ce récit se déroule sur les lieux de bataille où Cendrars a perdu son bras...à proximité de Reims...

Bravo à Gisèle Bienne, qui dit tant sur Cendrars, mais aussi sur son ami, Apollinaire mais aussi sur les autres sujets tragiques et universels cités précédemment...

Quel style...agréable, fluide, poétique, musical... Je choisis pour clore cette chronique... les dernières lignes de cet ouvrage, particulièrement émouvantes, donnant la couleur très exacte de ce livre poignant et captivant...

"Soudain, je me remémore cette formule chaleureuse que Cendrars destinait à ses correspondants pour clore ses lettres et qui, lui venant d'Apollinaire, lui convenait mieux qu'à personne: "Avec ma main amie".
Et je me la répète, en souvenir des deux hommes. Et je la dis tout haut, comme ça, pour rien, pour les oiseaux, pour les morts. "(p. 128)

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****lien à consulter sur ce lieu de mémoire

http://www.memoire-et-fortifications.fr/memoire/cimetieres-militaires-memoriaux/la-ferme-navarin-monument-des-batailles-de-champagne/

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Gisèle Bienne réalise un voyage passionné sur les traces de Blaise Cendras qui a perdu une main à la guerre en Champagne en 1915. Cendras n'était pas français et en s'engageant volontairement il rejoint le premier régiment étranger de Paris.
L'auteur fait défiler tous les artistes qui prirent part au conflit.

Un court récit conçu comme un itinéraire mémoriel, un peu cahotant au demeurant.
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Pour appréhender ce récit, il faut se mettre d'emblée dans la peau de l'auteur et de sa quête. Sinon, on risque de se perdre dans le dédale de ses pensées et de ses allers-retours dans l'oeuvre de Cendrars.
Il faut aussi savoir que la collection « L'un et l'autre » de Gallimard proposent des oeuvres qui dévoilent «les vies des autres telles que la mémoire des uns les invente».

Passionnée par l'écrivain et son oeuvre, ayant lu dans sa jeunesse « Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France » Gisèle Bienne va à la rencontre de Cendrars, sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Partie de Reims (où elle demeure), elle prend la route de la Marne puis de l'Argonne. Elle arrive au lieu-dit ferme de Navarin, ne trouvant qu'une pancarte rouillée indiquant « Ici fut la ferme de Navarin ».
Pourquoi ce voyage ? Pourquoi ce lieu ?
Engagé dans la Légion étrangère, Blaise Cendrars a participé à la bataille de la Somme puis à l'offensive de Champagne où, le 28 septembre 2015, au nord de la ferme de Navarin, il perd la main droite au combat. Amputé jusqu'au coude, sa vie changera inexorablement.
Petite-fille de poilus, ayant grandi avec les poèmes et les récits de voyage de Blaise Cendrars, elle accomplit un pèlerinage sur les lieux mêmes de son accident, à la recherche de cette main perdue, en quelque sorte.

Son récit empreint de poésie raconte son amour de l'auteur, son influence sur sa vie, ses propres écrits. Il décrit les régions traversées, les lieux à la géographie à jamais modifiée par le conflit, les ossuaires ne rassemblant qu'une petite partie des ossements réellement laissés dans ces innommables boucheries, ces vies perdues...
Elle relate aussi sa rencontre avec un passionné, Yves Gibeau, qui a recueilli avec soin tout ce qu'il a trouvé sur ces terres, dans ces champs. Tout ce que la nature a rendu au fil du temps.
Elle évoque la mémoire de tous les écrivains qui ont participé à ce conflit, y laissant tous une partie d'eux-mêmes, de leur jeunesse, sinon la vie. Hommage leur soit rendu : Apollinaire, Aragon, Alain-Fournier, Bernanos, Bousquet, Genevoix, Giono, Péguy...

Un récit unique, poétique et fort. Un hommage à ces soldats, anonymes ou non. Une occasion de (re)découvrir Blaise Cendrars.
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Gisèle Bienne «La ferme de Navarin» publié chez Gallimard (ISBN 978-2-07-078563-6).
Deux raisons majeures m'avaient poussé à acquérir ce livre dès que j'ai appris sa sortie dans les rubriques «livres» De La Croix ou du Monde.
D'abord, il y a des siècles, dans l'effervescence post-soixante-huitarde, vers 1976, j'avais assisté à la présentation par l'auteur, à la librairie «Le grand jeu» de Reims, de son tout premier roman largement autobiographique «Marie salope ou la jeune-fille et la vie» publiée aux «Editions des femmes» qui venaient de se lancer - c'était l'époque du féminisme militant à tout crin, qui - parmi tant d'autres mouvements -, s'auto-persuadait qu'il s'agissait de «refaire le monde».
Donc, je savais depuis tout ce temps que Gisèle Bienne était née en Champagne, et je repensais de temps à autre à cette soirée, mais en me demandant si ce premier roman avait été suivi d'autres productions. Voilà que quelques trente-cinq ans plus tard, j'ai la réponse : elle a continué à écrire, beaucoup pour les enfants aux éditions «L'école des loisirs».
Cette fois, et c'est la deuxième raison majeure de mon achat, elle écrit sur la guerre 1914-1918, plus spécifiquement en Champagne, et à travers le destin de Blaise Cendrars, l'auteur de «La main coupée», lui-même mutilé en 1915 dans les combats autour de cette «ferme Navarin».

Il me semble que Gisèle Bienne est quelque peu passée à côté de son sujet : comment se mettre à la place de ces combattants dans les tranchées sans l'avoir soi-même vécu ?
Plus je lis sur ce sujet, plus je scrute l'histoire familiale autour de ces soldats qui furent mes proches ancêtres, plus je suis convaincu qu'il y a là une impossibilité. L'esprit humain ne peut pas imaginer (i.e. forger des images) la réalité de l'horreur de ces combats, et d'un sens c'est mieux ainsi. D'autant plus probablement - et heureusement - pour une femme : l'auteur ne peut que passer rapidement sur l'attirance morbide que Cendrars ressentit pour ce type de combats sanglants, c'est un triste «privilège» masculin (voir "la main coupée").
Peut-être que Gisèle Bienne pourrait écrire sur cette même période mais en centrant son récit sur d'humbles poilus champenois ?
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Gisèle Bienne s'arrête au pied du monument, au lieu-dit La Ferme de Navarin, et repense à Blaise Cendrars. Elle a découvert à vingt ans La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, son long poème illustré par Sonia Delaunay, et ne peut s'empêcher de se souvenir aussi de ses grands-pères, d'Yves Gibeau, auteur de Allons z'enfants, des peintres, poètes, écrivains engagés d'un côté ou de l'autre, indifféremment, dans la Grande Guerre et qui combattaient dans ce secteur.
J'ai aimé savourer à petites gorgées ce texte passionné, érudit sans jamais être lourd ou pompeux, reconnaître les paysages champenois, on pourrait presque dire dans l'absence de paysage, les molles ondulations, les chemins de craie blanche rectilignes, les rares bosquets, les immenses cimetières avec leurs rangées de croix uniformes, retrouver des fragments de textes de poètes morts ou blessés au front, ressentir leur douleur de longues années après. Il ne me restait qu'à compléter par la vision de peintures évocatrices comme celles d'Otto Dix que Gisèle Bienne cite, et qui sont visibles à l'Historial de la grande Guerre de Péronne, et pourquoi pas aussi un extrait du film d'Abel Gance, J'accuse, où Blaise Cendrars a tenu un rôle en 1918, celui d'un mort qui se relève pour se regrouper avec d'autres et chanter.
Vous pouvez voir que ce livre ouvre beaucoup de perspectives, toutes passionnantes, et qui toutes, rappellent de ne surtout pas oublier…
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
C'est en 1918, quand s'achève la guerre, que paraît son bref et percutant -J'ai tué- Son ami Fernand Léger l'a illustré de cinq dessins. (...)
Il fait preuve ici d'une franchise qui gêne beaucoup de monde et que j'apprécie. Je pense à nouveau à mon grand-père; il s'est débattu, après la guerre, contre des hallucinations récurrentes qui l'ont finalement terrassé et n'ont laissé derrière elles, pesant longtemps sur la famille, qu'un silence accablant. (...) Qu'est-ce qui fait qu'on résiste à la violence, qu'on s'y soumet, qu'on la sert, qu'elle nous exalte ou qu'elle nous brise ? Une forme d'exorcisme est-elle possible ? L'écriture a-t-elle aidé Cendrars ? Il écrit vite, comme s'il craignait de manquer son but ou comme si, seule, la vitesse en écriture lui permettait d'aller au fond des choses. (p. 102-103)
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S'il s'est engagé, il le dira dans -La Main coupée-, c'est pour tenir un fusil et non un porte-plume, et puis "la guerre est une saloperie", mais il pense constamment à Moravagine, son double noir (...) "Ni de jour ni de nuit Moravagine ne m'a jamais quitté dans la vie anonyme des tranchées."Dans ce livre publié en 1926, Raymond, mutilé, visitant le centre neurologique du fort Sainte-Marguerite où l'on envoyait "les fous de l'armée, les archifous, les incurables", dit sa honte profonde d'être homme et d'avoir collaboré à ces choses horribles qu'ont servies les philosophies, les religions, les arts, les techniques et les métiers. (p. 59-60)
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Je lis -La Prose- [du Transsibérien] à vingt ans, la nuit, dans une chambre à moi. Les livres sont notre meilleur avenir, je le crois. Je travaille pour m'en acheter, l'été, à l'usine des verreries mécaniques. Et tout à coup cette nuit-là, je suis heureuse. (...) Je sèche les cours. Bonheurs de jeunesse. Questions sur la valeur et le sens de la vie, sur le temps, le temps que l'on ne veut pas perdre, dont on voudrait actionner toutes les clés dans la même seconde. Quelque chose vient de m'arriver. Je me réchauffe à la braise de Cendrars. (p. 76)
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Et quand Pierre Lazareff le met en boîte : " Hé, Blaise, tu l'as vraiment pris, le Transsibérien ? ", Blaise lui renvoie une jolie balle : " Qu'est-ce que ça peut te faire puisque je vous l'ai fait prendre à tous ! " Et c'est juste. J'ai l'impression, grâce à Cendrars, d'être montée dans le Transsibérien l'année de mes vingt ans. (p. 110)
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La -Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France- paraît en 1913 aux éditions des Hommes nouveaux dont Blaise s'occupe, avec des couleurs "simultanées" de Sonia Delaunay au pochoir. Poème-tableau (...)
Il était prévu que la -Prose du Transsibérien - soit publiée à cent cinquante exemplaires qui, mis à bout à bout, égaleraient la hauteur de la Tour Eiffel. Ce magnifique livre-objet destiné aux artistes et aux enfants a été écrit six années après le séjour de Frédéric Sauser en Russie. C'est Sonia Delaunay qui a conçu la forme du livre, vertical, avec "une harmonie de couleurs qui se déroulait parallèlement au texte " Blaise lui en lisait des strophes ; il lui racontait Moscou, son travail d'apprenti joaillier à Saint-Pétersbourg et, de Moscou à Kharbine, lui parlant en russe, il lui a fait vivre l'aventure du Transsibérien. (p. 22)
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Videos de Gisèle Bienne (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gisèle Bienne
Dans ses "Récits de la Kolyma", un recueil de nouvelles écrites après sa libération, l'écrivain russe Varlam Chalamov témoigne de l'enfer des goulags staliniens, auquel il a survécu après une vingtaine d'années de pénitence. L'histoire de Varlam Chalamov a été source d'inspiration pour Gisèle Bienne et Michaël Prazan, invités de Nicolas Herbeaux pour transmettre ce témoignage marquant et essentiel.
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