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EAN : 9782864246855
176 pages
Editions Métailié (05/03/2009)
4/5   23 notes
Résumé :
Bert Waldeck a passé onze années dans des camps nazis au titre de Schutzhaftling, détenu de sécurité enfermé sans jugement. Il a survécu au naufrage des bateaux- cages, bourrés de déportés, coulés par les Anglais, début mai 1945. Il retrouve Berlin, sa ville natale. Un officier américain le recrute pour l'aider à retrouver un certain Hans Steiner, capitaine SS recherché comme criminel de guerre qui a été son ami d'enfance. Au cours de cette recherche, Bert va se ren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'Allemand Bert Waldeck est un survivant, une espèce rare, une curiosité biologique Flic berlinois social-démocrate, il a eu l'outrecuidance de mener une enquête contre un membre de la S.A, et de laisser parler son coeur dans des situations périlleuses. Une abomination pour le régime, qui lui a fait payer le prix fort.
Onze années dans des camps nazis comme Schutzhaftling, trimballé de Charybde en Scylla: « Je possède le titre de docteur honoris causa de l'université universelle de la famine. » Dachau, Dora, Mauthausen, Neuengamme, pour finir comme rescapé du naufrage du Cap Arcona, bateau où les survivants des marches de la mort ont été entassés dans des cages.
Alors que fin 45, il erre dans les limbes, plus mort que vivant, obsédé par ses souvenirs et les odeurs de chair brûlée, un officier américain vient interrompre sa convalescence. Doug Mayen recherche un capitaine SS du nom de Hans Steiner, que Waldeck connait bien. Steiner était son ami d'enfance, et un bourreau dans le camp où il lui a offert au nom du bon vieux temps un poste d'interprète pour qu'il puisse avoir un peu de répit. Habitué à survivre dans des conditions extrêmes, les sens perpétuellement affutés, Waldeck comprend rapidement qu'il y a anguille sous roche. Steiner n'était que du menu fretin sur l'échelle du crime de masse, et il ne saisit pas pourquoi les alliés pressés de tourner la page déploient autant d'énergie pour lui mettre la main dessus.
Il pensait avoir oublié ses réflexes de policier et tout ce qui faisait sa vie d'avant. Il va accepter de redevenir un homme dans Berlin en ruine, s'ouvrir aux souvenirs des jours heureux et des êtres aimés.
186 marches vers les nuages -le nombre de marches que comptait l'escalier de la mort de Mauthausen- est un roman policier de belle facture, un roman d'espionnage qui a pour cadre une Opération bien connue que je ne peux dévoiler ici et dans lequel se profile la Guerre Froide, une oeuvre magnifique où l'humanité de Joseph Bialot respire à chaque page. 186 marches, c'est Primo Levi dans un polar, une lecture bouleversante, comme tous les romans dans lesquels Bialot rend compte du traumatisme laissé par l'expérience concentrationnaire.
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« A l'aube du 3 mai 1945, à Lübeck, le « Cap Arcona, ex-flagship de la marine allemande de commerce, n'est plus qu'une prison flottante pour les détenus du camp Neuengamme entassés dans ses cales par les SS ».

Joseph Bialot dédie ce roman noir à Léon Jolson, rescapé du naufrage qui fut le premier à lui parler du Cap Arcona.

Né Joseph Bialobroda à Varsovie, en 1923, exilé en France avec sa famille à l'âge de 7 ans, ce môme de « Paname» connait des jours heureux. Au moment de l'Occupation, le jeune homme s'engage dans la Résistance juive. Arrêté le 25 juillet 1944, il est déporté au camp d'Auschwitz. Pendant longtemps il n'a rien dit, rien écrit et puis tardivement, à cinquante-cinq ans, les vannes se sont ouvertes. Joseph Bialot s'est mis au roman, façon d'exorciser ce qu'il a vu et ce qu'aucun être humain ne devrait voir. D'abord des polars, puis des récits où peu à peu pointait l'autobiographie. « 186 marches vers les nuages » fait partie de ces textes où le réel côtoie la fiction, où la tragédie humaine se comprend grâce à des mots justes. Après son roman « le salon du prêt à saigner » il est reconnu comme l'un des maîtres du polar français. Joseph Bialot nous a quittés en 2012 sur son faire-part de décès était indiqué :

« Matricule 193.143 à Birkenau, matricule B.9718 à Auschwitz, ces chiffres ne sont jamais sortis au loto dans cet ordre ! A vécu ! ».

Comment transformer sa propre histoire lorsque l'on a été soi-même confronté à l'indicible, Joseph Bialot l'a fait !
Comment transformer le vil plomb en or, Joseph Bialot y est parvenu.

Joseph Bialot, une véritable révélation que son style avec sa manière d'entremêler le tragique de sa propre vie à son imaginaire d'écrivain. L'écriture est nerveuse, vivante bien qu'il dise « Je pète le feu mais à l'intérieur je suis mort ». J'ai ressenti la même fascination, le même magnétisme que j'avais éprouvé à la découverte de l'Acacia de Claude Simon. Ce moment intense je le dois au conseil de notre amie Pecosa que je remercie vivement.

Dès les premières lignes, j'ai été saisie par le bouillonnement de l'écriture, qui m'a envoyée directement rejoindre Bert Waldeck, le personnage créé par l'auteur. Cette écriture, gonflée à bloc par le vécu, m'a percutée de plein fouet. Non seulement elle est addictive mais elle est redoutable ! Je n'ai pas fini de faire connaissance avec l'auteur dont j'ai admiré le style musclé.

Nous sommes en 1946, un officier américain, Douglas Mayen, recrute Bert Waldeck, ancien flic berlinois, déporté, échoué dans les baraques de l'armée américaine à la suite du naufrage du Cap Arcona, pour l'aider à retrouver Hans Steiner, Hauptsturmführer SS, qui fut son ami d'enfance. Tous les matins, Douglas procède à un débriefing avec Bert. de cet homme qui a vécu l'horreur de près, de ce « pyjama » qui n'est plus qu'un mort vivant, trimballé de Dora, Dachau à Mauthausen pour finir à Neuengamme, le moindre indice résonne en lui et d'analepse en analepse, on suit à la fois son parcours mais aussi l'enquête.

Mais Bert a vécu « le Lager » et ce serait lui faire affront que d'oublier qu'il y a des réflexes de survie qui se sont imprimés durablement dans sa mémoire sans négliger son instinct de flic qui refait surface. Son flair se réveille. Dans ce contexte, tout le monde double tout le monde, alors méfiance….. Bert va enquêter de son côté en douce dans la ville de Berlin, totalement détruite et dont les ruines vont se révéler sous nos yeux comme va se dessiner les prémices de la guerre froide. le passé ressurgit, il traîne du côté de son ancien quartier et les évènements vont se précipiter. Impressionnant de réalisme, à la fois roman policier et roman d'espionnage, l'auteur nous introduit dans la dure réalité de l'après-guerre.

186 marches vers les nuages, ce sont les 186 marches de l'escalier de Mauthausen ou l'extermination par le travail !

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Berlin 1945, la ville est dévastée, les alliés se sont partagés la capitale du Reich, les ruines fument encore et la chasse au nazis est ouverte. Chacun tente de survivre.
Bert Waldeck lui n'est pas le berlinois type, il a passé depuis 1934 plus d'années dans les geôles et les camps de concentration que n'importe qui. Il était juste un flic qui pensait appliquer la loi, mais « loi » est un mot qui n'était pas dans le vocabulaire nazi.
Il accepte à la demande des américains de rechercher Hans Steiner, un copain d'école à lui mais aussi son tortionnaire. Rapidement il a des doutes sur les intentions des américains, Hans Steiner est un nazi soit mais ce n'est pas Himmler, alors pourquoi le rechercher avec autant de zèle ?
En déportation il a développé un sixième sens et là il se sent utilisé, piégé et ça ne lui plaît pas, alors il va faire sa propre enquête qui va lui faire toucher du doigt que les intérêts des puissances alliées ne sont pas toujours compatibles avec la simple justice.

Ce roman vaut plus pour l'atmosphère, l'écriture sobre et la sensibilité que pour l'intrigue elle-même.
Les souvenirs de Bert Waldeck sont poignants, Joseph Bialot est venu à l'écriture sur le tard, et dans ce roman il utilise avec beaucoup de talent et d'humanité sa propre expérience de déporté. Il permet de ne pas oublier que dans les camps les plus anciens déportés étaient parfois des allemands.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Oeuvre magistrale, histoire dans l'Histoire, Ô combien tragique des années de l'immédiat après-guerre, dans un Berlin détruit où les anciens alliés commencent la guerre dite “froide. On pense au “Troisième homme de Caroll Reed. Un des meilleurs livres de Bialot.
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Bert Waldeck est un rescapé des camps de concentration où il est resté prisonnier plusieurs années en tant qu'opposant politique. Dès sa libération, il est engagé par l'armée américaine pour retrouver un ancien SS dont il était un ami d'enfance et qu'il a croisé plusieurs fois dans les camps où il était prisonnier. Cependant, les maigres illusions qui restent à Bert au sujet de ses semblables volent en éclats quand il s'aperçoit que le but de l'armée américaine n'est pas de rendre justice.L'action se déroule dans Berlin en ruine, sur une courte période. L'esprit n'est déjà plus à la Seconde Guerre Mondiale mais à la guerre froide qui a déjà commencé. Tout le monde manipule tout le monde et Bert se rend vite compte qu'il n'est qu'un pion.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En 1933, L'année du cataclysme, j'avais monté une rétrospective sur la peinture allemande depuis le début du siècle. Les bruns ont déboulé en hurlant. Les visiteurs ont été éjectés à coups de poing et de matraque. J'ai été arraché de mon bureau. Ludwig Zalstein était à mes côtés. Il a fait face. Très vite, le visage en sang, il s'est retrouvé sur le pavé. Les toiles arrachées des murs jonchaient le sol. Sur un ordre, les braillards incultes ont ramassé les tableaux, les ont empilés au milieu du caniveau. Une des chemises brunes est arrivée avec un bidon d'essence. Il a aspergé les œuvres de mes protégés. Briquet ! La flamme a jailli. C'était terrible. J'avais la sensation terrifiante que chaque couleur, chaque rouge, chaque jaune, chaque bleu prenait vie et coulait sur le pavé comme des larmes. Chaque icône détruite criait sa détresse avec le matériau fourni par les artistes. Les hurlements des toiles des Inquisitions qui ont ravagé notre planète. Le feu mangeait le tissu des créations étalées sur la chaussée. Les œuvres diminuaient de taille, se racornissaient sous la chaleur. Je voyais des hommes flamber et non des tableaux. "Entartete Kunst...." Art dégénéré qu'ils gueulaient ces abrutis, art dégénéré! Ils ont mis la pensée en taule, ces crétins!
Ludwig avait connu Rosa Luxemburg. Il citait ces mots que les nazis ont effacés de leur mémoire :
"La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement!"
En Allemagne, il est interdit , depuis 1933, de penser autrement.


page 91
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J'ai eu le privilège de barboter dans les eaux froides de la baie de Lübeck, le 3 mai 1945, lorsque la RAF, oui, la RAF, pas la Luftwaffe, a envoyé par le fond des milliers de déportés entassés dans les navires-cages des SS.
La panique a fait entendre sa voix. Un cri sans fin, un gigantesque râle d'animal égorgé, surgi de la cale du Cap Arcona, monte vers les écoutilles cadenassées. Un hurlement fou s'est abattu sur les hommes entassés dans le fond du navire avec, en contrepoint, la rafale de sons ternes qui cognent sur la coque du bateau. Plus aucun moyen d'expression n'existe soudain en dehors de cette accumulation sonore : un vacarme de marteau-pilon déclenché par des objets inconnus jouant du tam-tam sur le métal de la nef dans un bruit de crécelle.
Je n'existe plus.
Je ne suis plus que ce spasme qui sort de ma gorge dans la cascade des tonnerres qui m'enveloppent tout entier. Le bateau, les prisonniers qu'il transporte, les gardes sont devenus fracas, résonances, échos : des vibrations qui ne s'arrêtent plus, se heurtent, rebondissent sur les carcasses et transforment en tambourins humains les milliers de zombies embarqués de force sur le Cap Arcona. Avec parfois, en bref intermèdes, une rafale de mitraillette qui ajoute un nouveau signe de ponctuation à la peur. Sans doute un garde débordé.

page 14
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- 1943 - les femmes Allemandes chrétiennes descendent dans la rue , face aux SS, manifester pour réclamer la libération de leurs maris Juifs.

Un des flics lui a dit "Il est dans un camp, un truc qui s'appelle Auschwitz ".
Auschwitz ? Personne ne connaissait ce machin par ici. Le jour où les femmes sont descendues dans la rue, Carlotta y a été bien sûr. C'était sur la Rosenstrasse. Tu imagines la scène ? Les SS en tenue de combat avec, en face, des femmes aux mains nues, des épouses, fidèles à leurs bonshommes, qui défient les gardes du corps de Hitler ? Tu vois mon gars, leur tête-à-tête a duré une semaine. Oui, pendant sept jours, une poignée d'Allemandes ont sauvé l'honneur. Ca existe, l'honneur, tu sais ? Après mon dixième viol par les cosaques, je me suis dit : Maria, ton cul est foutu. Mais l'honneur est sauf, tu n'étais pas consentante.


page 103
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Mauthausen était un camp où les Espagnols, les triangles bleus, étaient très nombreux. Des gens remarquables, les républicains espagnols, surtout par leur solidarité, vraiment des durs.
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Là, devant moi, dans ces tas de pierres soigneusement alignés, une inscription à la peinture noire, sur un panneau de bois, rappelle le nom de la rue: la Goetheallée. En dehors de ces lettres maladroitement dessinées, rien. Des souvenirs, oui, mais ce sont les miens et personne ne peut y accéder.
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Video de Joseph Bialot (2) Voir plusAjouter une vidéo

Joseph Bialot : C'est en hiver que les jours rallongent
Olivier BARROT, depuis le café "Le Rostand" à Paris, présente le livre "C'est en hiver que les jours rallongent" (éditions le Seuil) de Joseph BIALOT. L'auteur parle de son livre avec Barrot.
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