AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Christine Evain (Traducteur)Bruno Doucey (Traducteur)
EAN : 9782221250372
198 pages
Robert Laffont (10/02/2022)
3.27/5   22 notes
Résumé :
« Ces poèmes ont été écrits entre 2008 et 2019. Durant ces onze années, les choses se sont assombries dans le monde. J’ai également vieilli. Des personnes très proches de moi sont mortes.
La poésie prend pour thèmes tout ce qui se situe au coeur de l’existence humaine : la vie, la mort, le renouveau ; ainsi que l’équité et l’iniquité, l’injustice et parfois la justice. Le monde dans toute sa diversité. Le temps qu’il fait. Le temps qui passe.
Et les oi... >Voir plus
Que lire après Poèmes tardifsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'aime la poésie qui émeut, me fait vibrer. Dans ces « Poèmes tardifs », je n'ai rien trouvé de cela et cette découverte de Margaret Atwood poète est pour moi très décevante.
Dans la préface, Margaret Atwood explique que « la poésie prend pour thèmes tout ce qui se situe au coeur de l'existence humaine : la vie, la mort, le renouveau, le changement… » Mais à vouloir embrasser tant de thèmes, l'auteure finit par nous égarer.
J'ai trouvé l'ensemble très prosaïque, voire d'une platitude affligeante. Faut-il y voir des faiblesses dans la traduction ? Je ne pense pas que ce soit l'explication.
Malheureusement, je suis restée à côté et me suis bien ennuyée.
Et même les poèmes aux accents écolos ne m'ont pas émue

« Oh enfants, allez-vous grandir dans un monde sans oiseaux ?
Y aura-t-il des grillons, là où vous êtes ?
Y aura-t-il des asters ?
Des palourdes, au minimum.
Peut-être pas des palourdes. »

Bien sûr, tout cela est mon propre ressenti et j'ignore ce qu'en pensent les palourdes…


Commenter  J’apprécie          465
De l'oeuvre de Margaret Atwood, on connaît essentiellement la Servante Écarlate, en partie grâce à son adaptation télévisuelle. Mais le reste de ses écrits reste relativement peu lu semble-t-il en France, du moins d'après les statistiques Babelio. Ce recueil permet de voir toute la force et le talent de son écriture, tout en retrouvant des thématiques qui parcourent l'ensemble de son oeuvre.
"Poèmes tardifs" a titré l'éditeur, car ce sont effectivement des poèmes écrits de façon assez récente, depuis 2008 - que Margaret Atwood écrit quand elle a plus de 70 ans. Or, même si tout n'est pas triste ni tragique, on sent le passage du temps dans le recueil : le temps dominant est l'imparfait qui permet d'évoquer les souvenirs, les voyages passés, les moments évanouis. C'est aussi le temps qui sert à nommer son mari décédé. Nous sommes donc "tard" dans la vie de Margaret Atwood, qui observe ses mains vieillir et se rider, les mains qui cueillaient les mûres sont désormais les siennes : "dans les décennies à venir, vous étudierez vos propres / mains éphémères, et vous vous souviendrez. Ne pleurez pas, c'est ce qui arrive". Sa propre mère est dans une "caverne profonde et vide", dans un poème bouleversant évoquant le très grand âge et Alzheimer, les brumes et les rêves de la personne malade, et les souffrances de celle qui reste. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant "Blizzard".
La couleur dominante est donc le gris, le gris de la pluie, le gris des souvenirs qui s'estompent peu à peu dans la brume. C'est aussi la saison de l'automne. Mais s'il y a de la nostalgie, il n'y a pas de mélancolie, et la tonalité n'est pas triste. Au Canada, l'automne est aussi la magie des arbres qui flamboient, des champignons, des citrouilles d'Halloween ; l'automne permet alors de ramener de la couleur. Margaret Atwood porte donc un regard décalé et amusé, ironique aussi parfois, sur les modes de vie et les habitudes qui changent avec le passage du temps : que sont ces vieux objets ramenés en souvenir d'un voyage dont on ne se souvient plus ? qu'est-ce qu'un polaroïd ? ...
Margaret Atwood évoque aussi la nature et les grands espaces canadiens, des forêts aux lacs, des fleurs - il y a beaucoup de noms de fleurs, aux loups et aux oiseaux. Je l'avais déjà lu plusieurs fois décrire le Canada sous forme de prose poétique. Mais, me semble-t-il, sa conscience écologique s'est renforcée. "Suite plasticène" est un poème en neuf sections, placé symboliquement au centre du recueil. Il évoque de façon très belle et très inquiétante aussi les ravages du plastique sur la nature, dénonçant notre mode de vie consumériste - de façon révélatrice, j'ai déjà évoqué le peu de couleurs dans le recueil ; ici, le bac à glaçon est vert, le sceau est rouge, le canoé est jaune... le plastique est coloré. Enfin, de nombreux poèmes déplorent la disparition progressive des oiseaux, comme "O enfants", le plus fort : "Oh enfants, allez vous grandir dans un monde sans oiseau". L'oiseau qui, pour l'enfant de Jacques Prévert, représente la liberté et la joie, disparaît chez Margaret Atwood menaçant les sourires des enfants.
Enfin, on retrouve dans ce recueil les idées féministes de Margaret Atwood, qu'elle dénonce le contrôle masculin sur le regard des femmes ("Vêtements de princesse"), qu'elle convoque de grandes figures féminines comme Frida Kahlo et Cassandre, ou qu'elle représente les souffrances et les violences infligées aux femmes du simple fait qu'elles soient femmes, comme "Chanson des soeurs assassinées" qui émeut et révolte. Une enfant a été assassinée, et on ressent la rage, la "colère rouge", et la douleur de la perte : "je sais que tu n'es pas un oiseau, même si tu t'es envolée". Les femmes, comme les oiseaux, sont fragiles... J'ai d'ailleurs pensé plusieurs fois à des chansons de la grande Anne Sylvestre.
Pour conclure, un très beau recueil, j'ai été à la fois émue, touchée et amusée aussi.
Commenter  J’apprécie          123
Un peu de poésie dans ce monde de brutes... ✨ Comme beaucoup d'entre nous, je suppose, j'ai lu La servante écarlate, de Margaret Atwood, mais j'ai découvert bien plus tard qu'elle écrivait aussi de la poésie.

Je me suis donc lancée quand je suis tombée par hasard sur cette magnifique édition, certes traduite, mais si jolie... J'aime lire la poésie en VO, mais j'aime aussi la lire sur papier, et VO + papier par chez moi c'est difficile à trouver, alors voilà.

De quoi ça parle ? de temps qui passe, de petits oiseaux, de divers animaux, de vieillissement et de mort. C'est un recueil sur l'automne de la vie, quand les êtres chers commencent à nous quitter et que notre jeunesse est loin. C'est un recueil plein de sagesse, mais pas docte, un recueil féministe avec justesse mais douceur, un recueil-soeur, plein d'une belle sororité. Un recueil sur la nature et sur notre civilisation, sur ce que nous avons fait et continuons de faire à notre mère-nature. Un recueil qui invite à laisser sa place à la mémoire, mais aussi à la réflexion.
C'est une lecture qui laisse souriant.e et mélancolique, sans amertume mais sans pour autant laisser tiré le rideau des illusions. Une belle lecture ❤️
Commenter  J’apprécie          50
POÈMES TARDIFS le titre choisi par l'éditeur est emprunté au premier poème qui s'appelle Poèmes tardifs. L'auteure, d'emblée, pose le problème du temps qui passe, de l'usure, du sentiment de détresse qui peut s'installer face à la finitude, au spectacle d'injustices dans la vie, à la manifestation d'événements non désirés qui peuvent surgir. Doit-elle continuer à écrire ? Écrire peut-il permettre d'avancer dans la vie en gardant espoir dans l'humanité ?
Le cheminement poétique de M. Atwood pour répondre à cette question va l'amener à partager avec nous ses joies mais aussi ses peines. Ainsi elle écrit au fil des mots parfois avec méthode d'autres fois en improvisant, ses inquiétudes, ses souhaits. Même s'il semble que l'aventure humaine offre des raisons d'avoir peur ou de se sentir en colère, même s'il semble qu'elle voit l'humanité mal embarquée, elle affirme son espoir dans le pouvoir constructeur des forces de vie. À l'heure ou l'égalité homme - femme n'est pas pleinement réalisée, elle en appelle à une reconstruction de la société, à un autre monde, éclairé par la poésie, pour les générations futures.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne savais pas que Margaret Atwod était une poétesse. Je n'ai pas non plus lu ses romans. J'ai découvert Circé, son poème sur la déesse. Livre que j'ai lu d'une traite à la bibliothèque et qu'il faudra que j'emprunte. J'ai pris ses Poèmes tardifs, écrits vers la fin de sa vie. Les vers sont simples, presque de la vie quotidienne mais ont une étrangeté qui m'interroge. Bien sûr beaucoup de mélancolie mais aussi le pouvoir de se mettre à la place des choses, des animaux, des éléments. "Quelqu'un veut votre corps/ c'est quoi l'affaire ?" Des interrogations surprenantes, beaucoup d'interrogations dans ses textes, l'examen du temps qui passe, des choses qui changent. "D'où vient-il ce goût du clairsemé/ qui est le nôtre ?". Son esprit vagabonde, réfléchit, passé, présent, futur, tout de mêle dans une danse, une chanson, le vol d'un oiseau.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
SEL



Les choses étaient-elles bonnes alors ?
Oui. Elles étaient bonnes.
Le savais-tu qu’elles étaient bonnes ?
À l’époque ? À ton époque ?

Non, parce que je m’inquiétais
ou peut-être j’avais faim
ou j’étais endormie, la moitié du temps.
Parfois, il y avait une poire ou une prune
ou une tasse avec quelque chose dedans,
ou un rideau blanc, ondulant.
C’était joyeux.
Ou alors une main.
Imaginez : lumière tamisée,
tente orientale,
canopée, beauté, plénitude,
corps lovés et chéris,
effervescences, puis plus rien.

Mirages, à vous de décider.
Tout, jamais.
Bien que par-dessus ton épaule, le voici,
ton propre temps disposé comme un pique-nique
au soleil, toujours rayonnant
bien que ce soit la nuit.
Ne regardez pas derrière vous, disent-ils :
Vous transformerez tout en sel.
Mais pourquoi pas ? Pourquoi ne pas regarder ?
N’est-ce pas scintillant ?
N’est-ce pas joli, là derrière soi ?


/ Traduction: Christine Évain & Bruno Doucey
Commenter  J’apprécie          80
Vêtements de princesse..

I.
Trop de gens parlent de ce qu'elle devrait porter
pour être à la mode, ou du moins
pour ne pas être tuée.

Des femmes ont emménagées à côté
habillées avec des morceaux de tissu
qui ne font pas l'unanimité.

Elles donnent le mauvais exemple.
Allez chercher des pierres.

II.
La fourrure est également un problème :
la sienne et celle d'animaux.
Le monde a failli être dépouillé de plumes,
tout cela à cause des coiffures.

C'était pour quoi, mon amour,
cette arnaque faite aux oiseaux ?
Autrefois, il n'y avait rien qu'elle n'eût fait
pour se rendre séduisante.
Tant d'objets attachés à sa tête :
rubans et bateaux, tous bouclés.

Maintenant son torse repose dans le fossé
comme un gant perdu, comme un livre jeté
la plupart du temps non raconté. Non lu.
Dans le haut palais des mots, une princesse.

III.
Oh, méfiez-vous !
découvrez vos cheveux
ou bien ils mettront le feu à votre château.
Attendez une minute : Couvrez-les !
Les cheveux. C'est tellement controversé.
[...]
Commenter  J’apprécie          40
Toute la journée, la pluie s'est faite attendre.
Elle se prépare, elle se retient.
Le pouce sur nos écrans tactiles,
nous consultons les cotes
sur les cartes radar: les flaques vertes coulent
d'ouest en est,
disparaissant avant de frapper
le point que nous sommes.
Commenter  J’apprécie          110
Au petit matin, une vieille femme
cueille des mûres à l'ombre
Il fera plus chaud plus tard
mais en cette heure il y a de la rosée

Certaines baies tombent: celles-là sont pour les écureuils.
Certaines ne sont pas mûres, elles sont réservées aux ours.
D'autres vont dans le bol en métal.
Celles-ci sont pour vous, vous pouvez donc les
goûter
pour un instant.
C'est ça le bon temps: une petite douceur
une après l'autre et vite disparue.
Commenter  J’apprécie          60
La poésie prend pour thèmes tout ce qui se situe au coeur de l'existence humaine : la vie, la mort, le renouveau, le changement ; ainsi que l'équité et l'iniquité, l'injustice et parfois la justice.
Le monde dans toute sa diversité. Le temps qu'il fait. Le temps qui passe. La tristesse. La joie.
Et les oiseaux. Il y a davantage d'oiseaux dans ces poèmes qu'il n'y en avait auparavant. Je souhaite qu'il y ait encore plus d'oiseaux dans le prochain recueil de poèmes, s'il en est un ; et je souhaite aussi qu'il y ait plus d'oiseaux dans le monde.
Nous l'espérons tous.
Extrait de la préface.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Margaret Atwood (49) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (58) Voir plus



Quiz Voir plus

Margaret Atwood est-elle Lady Oracle ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne suis pas :

La croqueuse d'hommes
La voleuse d'hommes

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thème : Margaret AtwoodCréer un quiz sur ce livre

{* *}